Bonsoir,
Je note que les avis sont partagés
J'ai personnellement beaucoup aimé
"La solitude des nombres premiers" parce que les 2 personnages sont très touchants et leur déséquilibre est palpable; lequel est très bien décrit par ce jeune auteur.
Je vous mets à la suite mes impressions :
Mes impressions :En 1983 Alice est encore une enfant. Son père tient à ce qu'elle apprenne à skier et l'oblige à être la meilleure mais alors qu'elle n'a aucune envie de prendre des cours, un jour c'est l'accident qui la laissera légèrement handicapée...depuis la froideur et la gêne qu'il y avait entre la père et la fille ne cessent de s'étoffer.[/size][/font]
Mattia et Michela sont jumeaux, Mattia est un enfant surdoué et taciturne alors que Michela est handicapée mentale.
Alors qu'ils sont invités à un anniversaire, Mattia « oublie » sa sœur sur un banc dans un parc, parce qu'il en a honte, il ne souhaite pas qu'elle participe à la fête. En sortant de la maison de son amie, elle n'est plus à l'endroit où il l'avait laissée....
Entre les parents et le fils le fossé du malaise déjà creusé, s'élargit. Les non-dits perdurent.
Alice est anorexique et « boiteuse » et Mattia se scarifie; il passe son temps à étudier les nombres et l'arithmétique comme si celle-ci apaisait sa profonde culpabilité, et elle s'initie à la photographie comme pour figer le temps.
A l’adolescence, tous les deux l'âme en peine se retrouvent dans la même lycée...
Chacun possède un secret mais ont des difficultés à se livrer, à parler d'eux mêmes.
Ils sont l'objet de railleries et d’exclusion.
Ainsi leur deux solitudes vont se rejoindre et ils vont apprendre à se connaître sans vraiment parler; les regards et les distances suffisent presque.
Ils se reconnaissent dans leurs différences et leur similitude.
Ils sont tous deux inaptes à l'existence, qu'ils trainent comme un fardeau telle une plaie béante, comme celle de leur âme d'enfant à jamais marquée; mais quelque part ils se comprennent.
Au fil des pages Mattia, s'ouvre à Alice et confie son passé et lui parle de la disparation de sa sœur.
Tous deux sont attirés par l'autre, mais comment se l'avouer et faire le premier pas lorsque chacun souffre dans son corps, dans son esprit et dans leur monde étriqué.[/size][/font]
Les années passent, ils deviennent adultes; ils se croisent, s’éloignent, se retrouvent puis se rapprochent.
Chacun garde en lui les stigmates de l'autre; ils ne s'oublient pas et ce même quand ils sont séparés par les années et la distance kilométrique.
Derrière la douleur des situations et les non-dits, se cachent une sensibilité à fleur de peau, les lecteurs restent happés par la lecture, parce que l'écriture est fluide et les mots choisis gardent l'espérance d'un avenir possible.
La plume de Paolo
Giordano est grave, elle est sans fioriture et bien souvent elle dérange.
Il s'appuie sur les émotions et les affects des deux adolescents pour décrire leur univers; ainsi le lecteur touche du doigt leur mal être.
Dans la silence des mots des adolescents se cache une vraie histoire d'amour et d'amitié; sans grande description mais toujours avec un écrit fuyant et une plume frêle, Paolo
Giordano nous fait entrer de plein fouet dans l'existence douce et amère de Mattia et d'Alice. Deux êtres qui s'accordent dans la solitude de leur souffrance et qui en se liant, se sentent moins seuls.
Un livre superbe sur la différence,et sur ce qu'elle occasionne.
La fin laisse un goût d'inachevé mais garde en elle les promesses de l'amitié et de l'amour.
Ce livre m'a bouleversée, il ne peut pas laisser indifférent, tant il est poignant.
Un premier roman réussi pour ce jeune auteur.