Zoé Valdès [Cuba]

[b]Le néant du quotidien[/b]

Un titre qui m'a attirée.
Encore plus quand on sait que le héros du livre, en quelque sorte, est un pays : Cuba.
Certes, une femme s'exprime, qui a vu s'exiler tous ses amis et reste dans ce pays misérable, mais le thème est bien la déchéance d'un pays, la déliquescence imposée par une idéologie délirante.
"Révolutionnaire" ne signifie pas "meilleure"
L'écriture est très accrocheuse, parfois flamboyante, avec de belles métaphores, virulentes, directes. Le manque matériel engendre un vide chez les êtres qui habitent l'île, mais aussi une rage.
C'est très sombre. Sans issue.
Si, peut-être, une. Le sexe.
C'est le seul espace de liberté.
D'où quelques pages très bien écrites avec 2 ou 3 scènes très chaudes.
Puis, l'amour bien sûr.
Mais il y a une tension sous-jacente qui broie tous les espoirs.

Ce n'est pas une lecture inoubliable, à mon avis. Mais à voir comme un témoignage, raconté avec les tripes.

Si ça t'intéresse tina, tu as la suite avec Le Paradis du néant où on retrouve le personnage principal en exil en France. Le style est un peu différent en revanche mais j'avais bien aimé aussi.

PHOTO DE ROBERT VAN DER HILST - TEXTE DE ZOE VALDES


Lucinda s'est baignée et a mis une blouse d'intérieur propre, verte tachetée de motifs orange. Dans son fauteuil, sous le vieux lustre du plafond, la vieille femme attend sa petite fille en écoutant la radio. Irénita et sa mère tardent à rentrer. Lucinda s'assoupit et rêve de son jeune temps, de l'époque où elle était amoureuse de Calixto et où la maison était encore en bon état. Il n'y avait pas autant d'humidité et les murs ne s'effritaient pas en lui faisant tomber sur la tête des miettes de plâtre.
Elle ouvre les yeux en entendant des pas dans l'escalier. Dans le miroir circulaire, elle distingue une ombre blanche, puis une silhouette enfantine.
Lucinda plisse les paupières pour mieux voir. Oui, c'est une fillette joliment habillée. Mais ce n'est pas Irenita sa petite fille.

- Qui va là? Tu es seule? Je ne te connais pas s'inquiète Lucinda.

- Prépare-toi, Lucinda, je suis venue te chercher, souffle la fillette.

Lucinda comprend et et supplie :

- Je t'en prie, laisse-moi encore un peu de temps, juste une demi-journée , pour dire au-revoir aux êtres que j'aime.

Avec le sourire, la fillette fait non de la tête.

ça donne envie de connaitre la suite...

Je n'ai pas lu grand chose d'elle. J'ai parcouru des articles (qui n'étaient pas de son bord) où elle était décriée tant comme écrivain que sur ses choix et positions politiques. C'est sur qu'elle ne va pas dans le sens du poil chatouillé habituellement en Europe et surtout dans une certaine intelligentsia qui n'a jamais vu que la facette de ce pays qu'on a bien voulu leur faire voir. Je pense qu'elle a eu tort de prendre parti si ouvertement dans le sens où elle même avait participé du régime, elle a craché dans la soupe en quelque sorte. Je préfère mieux la position de Padura qui suggère et fait s'interroger, de plus mon opinion est que le blocus soit levé pour aider le peuple et surtout mettre le regime castriste face à ses vraies responsabilités et là on verra bien les mensonges....

Merci pour tous ces renseignements!

Moi, j'ai lu d'une traite La Nuit à rebours de Zoé Valdés hier après-midi, et je me suis retenue de pleurer. Là, on ne s'ennuie pas, et on apprend que les techniques épouvantables de la dictature communiste - toujours les mêmes - n'avaient pas lieu qu'en URSS et en Chine mais aussi à Cuba. D'ailleurs il me semble que ça continue en Corée du Nord et que ça ne gêne personne !
La Nuit à rebours est un récit publié aux éditions Arthaud, 2013.

toutes les dictactures quelles qu'elles soient ( politiques, religieuses, économiques......)sont condamnables sous toutes latitudes.

C'est la phrase la plus vraie du monde ! Or tout le monde ne la partage pas : certains tapent sur les nazis et adorent les communistes, d'autres c'est le contraire, d'autres disent : ah oui, mais sous cette dictature les choses n'allaient pas si mal , ou encore pire : mais là il n'y a eu que XXX morts alors que là il y en a eu XXXX !! L'un des signes de la dictature, et Zoé Valdès dans La Nuit à rebours, l'exprime à la perfection, c'est l'interdiction de sortir de son pays. Et l'argument qui justifie une telle horreur, c'est : on ne quitte pas un aussi beau pays, ce serait un crime ! Car sous la dictature, on doit afficher un air radieux : c'est ça qui donne le plus envie de vomir. Sous la dictature, on n'a pas le droit de choisir : il y a une seule sorte d'école, une seule sorte de commerce (quand il y a encore des commerçants...), une seule sorte de farine, une seule sorte de lit, une seule sorte d'individu. Tout est prévu par le "papa" du peuple, un type sympa qui fait tuer et torturer enfants, femmes, intellectuels, artistes, avec un beau sourire.

bien résumé, mais il faut reconnaître que Cuba s'en éloigne tout doucement, sur la pointe des pieds...Par contre pour le Vénézuela quelle rapidité depuis la mort de Chavez, reste à voir si cela va durer...

coqderoche a écrit:

D'ailleurs il me semble que ça continue en Corée du Nord et que ça ne gêne personne !

Ça me paraît très excessif. Il me semble que ça dérange pas mal de gens, pourtant, outre les Coréens du Sud.

Tu peux aller voir du côté d'Amnesty international (cf http://www.amnesty.fr/Nos-campagnes/Liberte-expression/Actualites/Coree-du-Nord-ONU-denonce-des-crimes-contre-humanite-10903?prehome=0 )
As-tu lu Pyongyang, de Guy Delisle ? (fil ici). C'est édifiant.

Ah, XP merci. Je suis contente que cette horreur soit stigmatisée. Cependant j'ai l'impression qu'on n'en parle pas assez. Merci aussi pour la référence que tu me proposes, mais j'ai hélas un problème traumatique qui m'empêche de lire ou voir des choses trop horribles, et j'ai l'impression que le livre auquel tu fais allusion serait trop dur pour moi.