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| Brillante Mendoza | |
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Auteur | Message |
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traversay Flâneur mélancolique
Messages : 10160 Inscription le : 03/06/2009 Age : 66 Localisation : Sous l'aile d'un ange
| Sujet: Re: Brillante Mendoza Sam 22 Mai 2010 - 16:24 | |
| - Marko a écrit:
- Lola
Un des plus beaux films de ces derniers mois et une étape esthétique supplémentaire dans le cinéma de Brillante Mendoza.
Marko et Li en ont si bien parlé qu'il est difficile d'ajouter quoi que ce soit. Me voici donc réconcilié avec Mendoza. Après Serbis, Tirador et Kinatay (que globalement je n'ai pas aimé), j'ai retrouvé des sensations proches de John John. Maintenant, par rapport aux parfumés susnommés, j'ai un enthousiasme plus tempéré, je pense que le potentiel de Mendoza ne s'est pas encore complètement concrétisé, dans l'attente d'un film au scénario encore plus fort. Et je l'attends aussi dans un style et des thèmes différents pour l'adouber grand cinéaste (avis tout personnel, dois-je le préciser, Marko ne m'arrache pas les yeux !). J'aime assez les interviews de Mendoza où celui-ci dévoile ses secrets de fabrication. Il a beau faire un cinéma proche du documentaire, il a une vision très claire de ce qu'il veut montrer, voire démontrer. "J'ai tourné ce film pendant la saison des pluies. Je tenais vraiment à ce ciel sombre et couvert pour susciter la douleur qu'éprouvent les deux grands-mères durant tout le film. Nous avons recréé la pluie et le vent au cours du tournage. Nous ne pouvions dépendre des averses réelles, car les caméras et les éclairages auraient été mouillés." Et puis également : "Au fond, tous les philippins sont des survivants. Pour eux, l'épreuve fait partie de la vie. Ils gardent toujours espoir. Les dépenses accordées à la vie et à la mort dépendent de notre statut social. Plus vous êtes riche, plus la mort coûte cher. Mais si vous êtes pauvre, la vie peut-être négociable, comme on le voit dans le film." Mendoza a étudié la publicité et les beaux arts à l'université de Manille. Il finance ses films en tournant des publicités (je serais curieux d'en voir d'ailleurs). Il est question de sincérité dans le propos de Li, un peu plus haut. Je suis d'accord mais je crois qu'il est aussi malin (voir la scène que tout le monde attend, de la conversation entre les deux grands-mères, qui dure 5 minutes et se concentre sur des ... problèmes d'arthrite), voire roublard. Pour moi, ce n'est pas un défaut, tous les cinéastes, et surtout les grands, le sont. Le cinéma c'est du mensonge, non ? D'autant plus fort s'il sonne comme authentique, véridique et réel. | |
| | | Li Main aguerrie
Messages : 462 Inscription le : 09/05/2009
| Sujet: Re: Brillante Mendoza Sam 22 Mai 2010 - 17:32 | |
| - traversay a écrit:
- "J'ai tourné ce film pendant la saison des pluies. Je tenais vraiment à ce ciel sombre et couvert pour susciter la douleur qu'éprouvent les deux grands-mères durant tout le film. Nous avons recréé la pluie et le vent au cours du tournage. Nous ne pouvions dépendre des averses réelles, car les caméras et les éclairages auraient été mouillés."
Et puis également : "Au fond, tous les philippins sont des survivants. Pour eux, l'épreuve fait partie de la vie. Ils gardent toujours espoir. Les dépenses accordées à la vie et à la mort dépendent de notre statut social. Plus vous êtes riche, plus la mort coûte cher. Mais si vous êtes pauvre, la vie peut-être négociable, comme on le voit dans le film." Intéressant! - Traversay a écrit:
- Mendoza a étudié la publicité et les beaux arts à l'université de Manille. Il finance ses films en tournant des publicités (je serais curieux d'en voir d'ailleurs). Il est question de sincérité dans le propos de Li, un peu plus haut. Je suis d'accord mais je crois qu'il est aussi malin (voir la scène que tout le monde attend, de la conversation entre les deux grands-mères, qui dure 5 minutes et se concentre sur des ... problèmes d'arthrite), voire roublard. Pour moi, ce n'est pas un défaut, tous les cinéastes, et surtout les grands, le sont. Le cinéma c'est du mensonge, non ? D'autant plus fort s'il sonne comme authentique, véridique et réel.
Je suis d'accord, la conversation entre les grands-mères est un joli pied de nez, à contre-courant de ce que l'on attend et sûrement verrait dans beaucoup de films. Trouvé trois pubs sur lesquelles à travaillé Mendoza, sur un blog, par ici | |
| | | Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
| Sujet: Re: Brillante Mendoza Sam 22 Mai 2010 - 18:04 | |
| Et c'est surtout que ces mamies se reconnaissent et se comprennent dans leurs douleurs respectives. Ce n'est pas de la roublardise mais la vision la plus juste de ce qui les anime. Une vision de grand cinéaste . Donc je ne t'arracherai pas les yeux Traversay! juste la langue pour l'instant | |
| | | traversay Flâneur mélancolique
Messages : 10160 Inscription le : 03/06/2009 Age : 66 Localisation : Sous l'aile d'un ange
| Sujet: Re: Brillante Mendoza Sam 22 Mai 2010 - 19:04 | |
| - Li a écrit:
Trouvé trois pubs sur lesquelles à travaillé Mendoza, sur un blog, par ici Super, merci ! | |
| | | Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
| Sujet: Re: Brillante Mendoza Mar 21 Sep 2010 - 17:32 | |
| Lola et Kinatay sortent pratiquement en même temps en DVD à partir du 6 octobre .
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| | | Marie Zen littéraire
Messages : 9564 Inscription le : 26/02/2007 Localisation : Moorea
| Sujet: Re: Brillante Mendoza Mer 6 Avr 2011 - 5:36 | |
| LolaVous avez dit tout ce j'ai éprouvé en voyant ce très beau film et ces deux femmes qui trottinent sous une pluie battante pour, chacune à leur façon, faire ce qu'elles peuvent faire pour leur petit fils respectif, lui apporter à manger en prison, ou lui offrir un enterrement décent. ce qui les réunit, c'est leur amour, et ,finalement, quand elles se rencontrent, elles le savent bien. Tous les petits détails de leur vie quotidienne ( et de celle de leur quartier avec ces inondations!) comme le disait Li, font le film , c'est vraiment une merveille. Mendoza parle des conditions de tournage dans le bonus, en particulier de la scène tournée à l'entreprise de pompes funèbres où le patron avait laissé les morts en place, ce qui fait que la réaction de la jeune femme n'a rien d'un jeu d'acteur! | |
| | | Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
| Sujet: Re: Brillante Mendoza Lun 11 Avr 2011 - 22:27 | |
| - Marie a écrit:
- c'est vraiment une merveille.
Je me rends compte que j'ai oublié de mettre Mendoza dans ma liste des incontournables des 20 dernières années. | |
| | | Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
| Sujet: Re: Brillante Mendoza Dim 22 Mai 2011 - 16:31 | |
| - traversay a écrit:
Brillante Mendoza a tourné 9 films en 5 ans (John John était déjà son quatrième) et il semble bien que son ambition soit d'être présent dans les grands festivals parce que ce n'est pas localement qu'il risque de faire recette avec une vision sociale de son pays qui a peu de chances d'être sponsorisé par l'office de tourisme philippin. Après un Tirador (sorti en DVD), ennuyeux à mourir, Kinatay reprend ce qu'on peut déjà appeler des recettes : plongée documentariste dans les rues de Manille, images quotidiennes des quartiers populaires... C'est un domaine dans lequel Mendoza est plutôt doué mais Kinatay n'apporte rien de neuf. Pendant la dernière partie, une bande de mafieux tue, démembre et disperse les restes d'une pauvre prostituée. Ce n'est pas gore, ce n'est qu'un ressort dramatique, et cela fait de nous des voyeurs. Personnellement, je ne trouve pas ça abominable (on a vu d'autres depuis Salo) mais simplement sans intérêt d'autant que l'image est particulièrement sale et la mise en scène inexistante. Le meilleur film philippin que je connaisse reste L'éveil de Maximo Oliveros (2005) d'un certain Aureus Solito qui a, depuis, tourné trois autres films, tous inédits en France, hélas. Prix de la mise en scène à Cannes en 2009. L'intégrité une fois perdue est perdue à jamais. Je me suis enfin décidé à voir Kinatay dont je redoutais la violence après les échos un peu effrayants de la presse. Certains semblaient dire qu'on assistait en direct à un massacre et qu'une femme se faisait dépecer devant nos yeux. Alors autant dire que si le film est très oppressant et dérangeant, il a le mérite d'avoir recours davantage à la suggestion qu'à un traitement frontal ou gore de l'horreur à l'exception de quelques rares plans durs mais très brefs. C'est d'ailleurs ce qui provoque certainement cet effroi et le sentiment d'avoir vu davantage que ce qui est réellement montré. La mise en scène apparait de fait très impressionnante et justifie le prix reçu à Cannes. Le film oppose une première partie familière dans l'univers de Mendoza. Immersion quasi documentaire dans le quotidien d'un jeune couple qui doit se marier mais a peu de moyens pour s'occuper de leur enfant. Il y a de l'espoir et une joie de vivre malgré une certaine misère et des conditions difficiles. Et puis le soir tombe et notre jeune étudiant en école de "Justice Criminelle", Peping (Coco Martin l'acteur récurrent de pratiquement tous ses films), découvre le monde de la nuit et des trafiquants de drogue pour se faire un peu d'argent. Le voilà embarqué malgré lui dans l'enlèvement d'une prostituée qui a une dette envers ses fournisseurs bien décidés à lui en faire payer le prix... La séquence d'enlèvement est filmée en temps réel dans la semi-pénombre d'une camionnette éclairée par les lumières de la ville. Certains la trouvent ennuyeuse et interminable alors qu'elle me semble impressionnante et fait basculer le film dans une dimension d'autant plus horrifique qu'elle surgit dans la banalité quotidienne. Elle permet surtout de laisser monter la peur et les doutes du jeune homme dont on ressent tous les états d'âme et qui tente de se sortir de ce cauchemar à plusieurs reprises sans y parvenir. Et c'est bien tout l'enjeu de cette histoire qui montre qu'un "innocent" peut perdre son intégrité dans un contexte de peur, de menace, et surtout de besoin d'argent. Dans Lola l'argent servait à acheter la famille de la victime par impossibilité de faire appel à un avocat. Ici cette nécessité vitale ouvre la porte vers l'enfer. Toute cette seconde partie est bien un film d'horreur où Peping est témoin de violences inouïes mais ne peut intervenir. Le bref échange avec la prostituée, dont il découvre la photo de son enfant, est terrible du fait de l'impuissance du jeune homme à la sauver. Kinatay est une étape vers un travail plastique de plus en plus riche dans son cinéma. Le récent Lola montrant des qualités de cadre et de photographies remarquables. Le traitement de la lumière, du montage et de la bande son durant tout le parcours en camionnette crée une nouvelle forme de suspens cauchemardesque. Et la montée d'horreur dans la maison isolée est tétanisante. Il y a des plans très forts sur les regards, des déplacements de caméra qui fragmentent le décor pour révéler et surtout dissimuler. La barbarie survient comme une déflagration quasi subliminale dont on ne nous montre pratiquement que le résultat. Le final montre le retour du jour et de la banalité tranquille du quotidien. Peping par contre est changé à jamais. Un film puissant qui n'est pas aimable et dont on peut vouloir se dispenser mais qui est un moment de cinéma particulièrement intense et marquant. A noter que Kinatay signifie Massacre... Massacre d'une femme et de l'innocence d'un jeune homme. | |
| | | Marie Zen littéraire
Messages : 9564 Inscription le : 26/02/2007 Localisation : Moorea
| Sujet: Re: Brillante Mendoza Lun 23 Mai 2011 - 4:34 | |
| Je crois que je vais attendre un peu avant de voir Kinatay, je viens d'avoir mon content de dépeçage avec Out de Natsuo Kirino. Mais j'ai vu Serbis! D'accord avec Queenie pour trouver le titre mal choisi, bien sûr ce film parle de la prostitution des jeunes et de la misère sexuelle assouvie à la hâte dans un ciné glauque de Manille, mais pas que de cela, loin de là! Et pas d'histoire, Traversay? Je trouve que si, la vie quotidienne est une suite de petites histoires ,et, ici, des histoires il y en a à tous les étages dans ce ciné délabré où on n'arrête pas de monter et de descendre ces étages! - Citation :
C'est profondément tendre, humain, chaleureux. C'est le désordre, les emmerdes, les problèmes, les frustrations, mais c'est surtout plein d'amour, et de solidarité, et d'avancer parce qu'à chaque jour suffit sa peine (ça aurait pu être le titre du film... j'aime pas trop le titre d'ailleurs, je trouve qu'il ne correspond pas à l'aspect général du film. Oui.. on retrouve d'ailleurs cette société matriarcale vue dans Lola avec ces femmes fortes qui avancent et assument minute après minute, celle qui m'a le plus fascinée dans ce film est la fille, qui fait absolument tout et essaie de protéger tout le monde, et de ménager les susceptibilités de sa mère.. Les personnages de sexe masculin ont un peu plus de mal à se situer, à part le cuisinier et son snack , et bien sûr le petit garçon aux lunettes qui attire le sourire de tous, l'espoir de la famille! C'est le deuxième film de Mendoza que je vois, je me suis demandé pourquoi j'éprouvais autant de ..tendresse, je crois que c'est le mot, à les voir. Je pense que c'est l'attention apportée aux détails du décor , un joyeux bordel qui va du plus sordide dans les toilettes, au kitsch des statues religieuses de la chambre de la grand-mère, ou au mélange d'objets disparates d'un rebord de fenêtre. Décor que je croise tous les jours , la chèvre dans le cinéma ne me surprend pas du tout ! Un film dans lequel tout se mélange ,c'est à la fois très cru , très tendre,c'est vrai, et plein d'énergie. | |
| | | Queenie ...
Messages : 22891 Inscription le : 02/02/2007 Age : 44 Localisation : Un peu plus loin.
| Sujet: Re: Brillante Mendoza Lun 23 Mai 2011 - 9:00 | |
| - Marie a écrit:
- je me suis demandé pourquoi j'éprouvais autant de ..tendresse, je crois que c'est le mot, à les voir. Je pense que c'est l'attention apportée aux détails du décor , un joyeux bordel qui va du plus sordide dans les toilettes, au kitsch des statues religieuses de la chambre de la grand-mère, ou au mélange d'objets disparates d'un rebord de fenêtre. Décor que je croise tous les jours , la chèvre dans le cinéma ne me surprend pas du tout !
C'est aussi parce que, dans mon souvenir en tout cas, les personnages n'ont pas de méchanceté en eux, non ? Ils me font penser à des papillons de nuit, un peu foufous, qui sont attirés par la lumière, et s'y brûlent. Kinatay a l'air durdur. | |
| | | Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
| Sujet: Re: Brillante Mendoza Lun 23 Mai 2011 - 10:13 | |
| - Queenie a écrit:
- Kinatay a l'air durdur.
Oui c'est pas une partie de rigolade! On sent bien que son propos dans tous ses films est de montrer les dérives que la misère sociale engendre. La nécessité du recours à la prostitution dans Le Masseur ou dans Serbis, l'odyssée des 2 mamies dans Lola pour faire justice elles-mêmes, les enfants qu'on doit vendre à défaut de pouvoir financièrement s'en occuper dans John John, la drogue et la violence dans Kinatay où il est allé le plus loin dans l'horreur. Mais ce que j'aime c'est que ça n'est jamais gratuit et provocant, il y a une vie incroyable dans ses films sous toutes ses formes. Et des personnages devant des conflits moraux qui font le choix de la survie. | |
| | | Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
| Sujet: Re: Brillante Mendoza Jeu 20 Sep 2012 - 14:50 | |
| Je vais devoir attendre dimanche pour voir Captive. Enfin un film qui me motive vraiment. | |
| | | traversay Flâneur mélancolique
Messages : 10160 Inscription le : 03/06/2009 Age : 66 Localisation : Sous l'aile d'un ange
| Sujet: Re: Brillante Mendoza Dim 23 Sep 2012 - 0:00 | |
| Et que tu vas apprécier, Marko, je n'en doute pas. Moi, comme d'habitude avec Mendoza, j'ai beaucoup plus de mal. Captive - Citation :
- Thérèse Bourgoine est une citoyenne française qui travaille comme humanitaire bénévole pour une ONG sur l’île de Palawan aux Philippines. Alors qu’elle apporte des provisions au siège de l’ONG à Puerto Princesa en compagnie d’une autre bénévole philippine, les deux femmes sont kidnappées avec une vingtaine d’autres touristes étrangers par le groupe Abu Sayyaf, des musulmans terroristes qui se battent pour l’indépendance de l’île de Mindanao…
Tous les ingrédients d'un film d'action se retrouvent dans Captive, avec un arrière-plan politique et religieux très présent. Le film de Brillante Mendoza fait plus que s'inspirer d'événements réels, datant de 2001, l'enlèvement d'un groupe d'occidentaux par une escouade d'islamistes qui revendiquent l'indépendance d'une île des Philippines. Au point que le film a un côté réaliste très marqué avec ses fusillades incessantes et les cris de terreur des otages qui vont passer plus d'un an à crapahuter dans la jungle dans l'attente d'une hypothétique rançon à régler. Il y a d'un côté le Mendoza qui fustige les dysfonctionnements de la société philippine et de l'autre le cinéaste élégiaque et viscéral qui filme les forêts et les montagnes avec un talent certain. Cela fait beaucoup d'aspects pour une seule oeuvre, qui tente de nous mettre en immersion dans ce groupe de captifs totalement déboussolés. Isabelle Huppert n'est pas l'héroïne du film et l'intelligence du réalisateur, couplé au talent de l'actrice, évitent qu'elle tire la couverture à elle même s'il lui arrive, en deux ou trois occasions, de surjouer. Captive est un nouvel opus déroutant du maître phillipin, dont la longueur excessive et l'éparpillement des thèmes constituent sa faiblesse. Quoique la fascinante forme de l'ensemble, son aspect quasi organique, lui ralliera à coup sûr les suffrages des thuriféraires de son cinéma. | |
| | | Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
| Sujet: Re: Brillante Mendoza Dim 23 Sep 2012 - 0:44 | |
| Alors le thuriféraire de son cinéma que je suis devrait y trouver son bonheur... À suivre. | |
| | | Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
| Sujet: Re: Brillante Mendoza Mar 30 Oct 2012 - 22:02 | |
| La jungle est ma maison (le petit Hamed, jihadiste convaincu, se confiant à Isabelle Huppert) J'ai effectivement adoré Captive qui m'a passionné de bout en bout. Pourtant j'avais un peu peur au départ avec l'impression que je n'arriverais pas à y croire et à entrer dedans (le côté prise d'otage hyperréaliste mais dont on ne pourrait pas s'empêcher de penser que c'est du cinéma). Et puis il m'a embarqué dans son odyssée et j'ai été époustouflé par la maitrise d'ensemble, la richesse d'observation, la relative complexité des personnages (en tout cas leurs paradoxes), la vie grouillante aussi bien de la nature magnifiquement filmée, des animaux, des insectes, des reptiles... que de ce groupe d'hommes et de femmes dans la tourmente. Je pensais souvent à Ingrid Betancourt racontant sa captivité. La cruauté de certains actes (jamais complaisants) coexistant avec des élans de générosité et de compassion, la peur et les moments de solidarité, de révolte, d'hystérie... Je n'ai d'ailleurs pas trouvé qu'Isabelle Huppert sur-jouait mais bien qu'elle pétait les plombs à juste titre dans des moments dramatiquement intenses. Elle n'est pas tout le temps juste dans la peur (elle crie très mal) mais formidable dans l'émotion. Un film monde où tout me semble juste et incroyablement habité. Jusqu'à des échappées discrètement poétiques avant le déferlement de violence. Car on ressent l'attente, l'espoir puis l'effroi devant l'intervention des forces armées qui semblent davantage venir exterminer tout le monde que de sauver les otages. On y traverse un hôpital, une école dans la jungle, un cours d'eau régénérateur... De multiples épreuves d'un réalisme impressionnant. Et une fois de plus la misère et la soif d'argent sont le moteur destructeur de toute l'entreprise. C'est finalement le leit-motiv de tous ses films, décliné de diverses façons. C'est presque un portrait de la population de ce pays et de ses paradoxes. Ces mercenaires islamistes sont à la fois menaçants et tout puissants et de vrais gamins se réjouissant de retrouver un copain, d'avoir leur photo dans le journal ou de se blottir le temps d'une nuit contre une maman improvisée (scènes très émouvantes entre Isabelle Huppert et Hamed). Tout sonne juste et le film ménage des montées de tension scotchantes (notamment le final). Viva Mendoza! | |
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