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| Emmanuelle Pagano | |
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Auteur | Message |
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Cachemire Sage de la littérature
Messages : 1998 Inscription le : 11/02/2008 Localisation : Francfort
| Sujet: Re: Emmanuelle Pagano Dim 17 Nov 2013 - 15:35 | |
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| | | coline Parfum livresque
Messages : 29369 Inscription le : 01/02/2007 Localisation : Moulins- Nord Auvergne
| Sujet: Re: Emmanuelle Pagano Dim 17 Nov 2013 - 16:19 | |
| - Cachemire a écrit:
- Une forme non conventionnelle, cela ne me fait pas peur, cela aurait plutôt tendance à m'attirer.
J'espère qu'il va te plaire....C'est vraiment la somme de tous ces fragments qui donne sa valeur au livre. | |
| | | coline Parfum livresque
Messages : 29369 Inscription le : 01/02/2007 Localisation : Moulins- Nord Auvergne
| Sujet: Re: Emmanuelle Pagano Lun 9 Déc 2013 - 18:44 | |
| Un renard à mains nues
Sur la quatrième de couverture, ces mots d’Emmanuelle Pagano me semblent dirent parfaitement ce que l’on trouve dans le recueil « Un renard à mains nues » :
« Les personnages de ces nouvelles ne se trouvent pas au milieu du récit, ils marchent dans les marges, se tiennent au bord de leurs vies, de leur maison, de leur pays, au bord des routes, à côté de leurs familles, de leur mémoire, à la lisère de l'ordinaire et de la raison, comme il leur arrive de faire du stop : au cas où on s'arrêterait pour les prendre. Je les ai pris dans mon livre. »
Oui, Emmanuelle Pagano les a « pris dans son livre », avec beaucoup d’empathie et de sensibilité (mais pas de sensiblerie !), en 34 nouvelles. Des solitaires, esseulés ou non. Des douloureux. Des silencieux. Des fragiles. Des simples. Parfois des liens entre eux se révèlent d’une nouvelle à une autre. On change de point de vue tandis qu’une unité se crée entre toutes ces histoires. On a déjà croisé certains dans d’autres ouvrages de l’auteur. Ainsi cet homme, que la douleur a rendu fou, appuyé tous les jours à la même heure, dangereusement, contre une glissière de sécurité sur une route de montagne, à l’endroit même où sa femme et sa fille ont trouvé la mort en basculant dans le précipice quarante ans plus tôt. « Il ne dérangeait pas et dérangé il l’était déjà tellement. ». Cet homme déjà dans Les adolescents troglodytes. Et déjà dans ce précédent roman, l’omniprésence du lac et l’invisible présence d’un village englouti sous ses eaux.
C’est comme si Emmanuelle Pagano avait croisé ces êtres de douleur qui ont l’habitude de circuler au cœur des rues ou des rumeurs de villages, sur les chemins de campagne. Sur leurs destinées on ne pose pas toujours des mots surs… On sait que peut-être…ou bien on ne sait pas…On raconte que…On suppose… Leurs vies sont tristes, rudes, ou même cruelles. Emmanuelle Pagano nous restitue ces existences dans leur violence ou leur étrangeté, mais avec beaucoup de grâce et de douceur, de rêve aussi.
Son regard s’est attardé sur des petites gens, des petits riens, des sensations, ou des lieux désolés. Elle s’est mise à l’écoute. « Moi qui suis seule, moi qui suis en haut, je ne suis isolée de rien. Tout me vient et me prend. » fait-elle dire à un de ses personnages, une femme isolée sur une corniche au-dessus d’une plage. Emmanuelle Pagano nous ouvre les yeux, les cœurs, nous captive, et nous voilà bouleversés.
Les trente-quatre personnages de ses nouvelles vont nous rester en mémoire, c’est certain. Comme cette femme qui supplie le chiropracteur qui l'a guérie de lui rendre son infirmité, la douleur sans laquelle elle ne sait plus vivre. Ce marcheur sur une route déserte qui porte dans ses bras un cycliste lourdement accidenté, agonisant, qui lui décrit encore la nature. Cette clocharde qui parle seule pendant des heures, tous les jours, dans un téléphone portable hors d'usage. Cette enfant qui étrangle à mains nues un renard pris au piège afin d’abréger ses souffrances. Cet éboueur qui fouille dans les poubelles de son amour perdu. Ce père qui découvre le corps de sa fillette broyé par une herse rotative dont il avait oublié d’arrêter le moteur. Et puis « La préférée du lac »… Et tant d’autres… Et des livres, et des lecteurs, souvent…
J’ai adoré ce livre. J’espère avoir trouvé les mots pour retenir votre attention sur ce titre.
vidéo: Emmanuelle Pagano parle de Un renard à mains nues
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| | | églantine Zen littéraire
Messages : 6498 Inscription le : 15/01/2013 Age : 59 Localisation : Peu importe
| Sujet: Re: Emmanuelle Pagano Lun 9 Déc 2013 - 19:10 | |
| Objectif atteint Coline : les mots ont touché juste ! Superbe commentaire mais faut-il t-en remercier ? Nos PAL vont nous avaler !!!! Je vais essayer de l'avoir par la médiathèque ...... | |
| | | coline Parfum livresque
Messages : 29369 Inscription le : 01/02/2007 Localisation : Moulins- Nord Auvergne
| Sujet: Re: Emmanuelle Pagano Lun 9 Déc 2013 - 19:31 | |
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| | | odrey Sage de la littérature
Messages : 1958 Inscription le : 27/01/2009 Age : 46
| Sujet: Re: Emmanuelle Pagano Mer 11 Déc 2013 - 19:26 | |
| Mon attention est retenue, ça fait d'ailleurs un moment que je tourne autour d'Emmanuelle Pagano (enfin... de ses livres). Je me demande quand même s'il ne faut pas avoir un moral d'acier pour se lancer. | |
| | | shanidar Abeille bibliophile
Messages : 10518 Inscription le : 31/03/2010
| Sujet: Re: Emmanuelle Pagano Mer 11 Déc 2013 - 20:05 | |
| - odrey a écrit:
- Mon attention est retenue, ça fait d'ailleurs un moment que je tourne autour d'Emmanuelle Pagano (enfin... de ses livres). Je me demande quand même s'il ne faut pas avoir un moral d'acier pour se lancer.
Moral d'acier ? je ne crois pas, à part peut-être pour Les mains gamines sinon il s'agit plutôt de textes dont la beauté l'emporte très largement sur la dureté. Il y a dans les livres de Pagano, une écoute de l'autre, belle, limpide, touchante, sincère qui me les font aimer et les éloignent de toute tentation de la douleur (même si elle existe, elle est en quelque sorte sublimée par tout l'amour qui émane de l'auteure). | |
| | | odrey Sage de la littérature
Messages : 1958 Inscription le : 27/01/2009 Age : 46
| Sujet: Re: Emmanuelle Pagano Mer 11 Déc 2013 - 21:46 | |
| Bon, je regarderai pour emprunter un de ses romans la prochaine fois que j'irai à la bibliothèque. De toute façon, la noirceur ne me fait pas peur, il suffit d'être en condition. | |
| | | coline Parfum livresque
Messages : 29369 Inscription le : 01/02/2007 Localisation : Moulins- Nord Auvergne
| Sujet: Re: Emmanuelle Pagano Mer 11 Déc 2013 - 23:26 | |
| - Shanidar a écrit:
- il s'agit plutôt de textes dont la beauté l'emporte très largement sur la dureté. Il y a dans les livres de Pagano, une écoute de l'autre, belle, limpide, touchante, sincère qui me les font aimer et les éloignent de toute tentation de la douleur (même si elle existe, elle est en quelque sorte sublimée par tout l'amour qui émane de l'auteure).
Odrey, c'est très juste ce que dit Shanidar. Si tu veux tenter Emmanuelle Pagano, je te suggérerais plutôt, en toute modestie, de commencer avec Les adolescents troglodytes ou Un renard à mains nues. | |
| | | Cachemire Sage de la littérature
Messages : 1998 Inscription le : 11/02/2008 Localisation : Francfort
| Sujet: Re: Emmanuelle Pagano Jeu 19 Déc 2013 - 21:18 | |
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Nouons-nous
On dit que les gens heureux n'ont pas d'histoire mais ce livre démontre que parfois on peut trouver des mots pour raconter le bonheur et surtout celui de l'amour. Enfin des histoires qui ne sont pas tristes et compliqués, qui arrivent à décrire les relations tendres et affectueuses qui naissent et s'épanouissent entre les êtres, petits miracles du quotidien. L'écriture de Pagano, toute en délicatesse, permet une émotion teintée d'émerveillement pour ces bonheurs qui donnent tout son prix à l'existence. Même les quelques exemples de relations râtées n'arrivent pas à corrompre l'impression d'ensemble. Un bonheur!
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| | | shanidar Abeille bibliophile
Messages : 10518 Inscription le : 31/03/2010
| Sujet: Re: Emmanuelle Pagano Jeu 19 Déc 2013 - 21:57 | |
| - Cachemire a écrit:
Nouons-nous
On dit que les gens heureux n'ont pas d'histoire mais ce livre démontre que parfois on peut trouver des mots pour raconter le bonheur et surtout celui de l'amour. Enfin des histoires qui ne sont pas tristes et compliqués, qui arrivent à décrire les relations tendres et affectueuses qui naissent et s'épanouissent entre les êtres, petits miracles du quotidien. L'écriture de Pagano, toute en délicatesse, permet une émotion teintée d'émerveillement pour ces bonheurs qui donnent tout son prix à l'existence. Même les quelques exemples de relations râtées n'arrivent pas à corrompre l'impression d'ensemble. Un bonheur! et bien voilà qui donne envie, d'autant plus que cette description du bonheur semble assez éloignée des livres de Pagano (mais à la réflexion peut-être pas tant que ça... elle est capable de d'écrire aussi de beaux moments de plénitude, d'écoute et de partages). | |
| | | coline Parfum livresque
Messages : 29369 Inscription le : 01/02/2007 Localisation : Moulins- Nord Auvergne
| Sujet: Re: Emmanuelle Pagano Ven 20 Déc 2013 - 12:11 | |
| - shanidar a écrit:
- Cachemire a écrit:
Nouons-nous
On dit que les gens heureux n'ont pas d'histoire mais ce livre démontre que parfois on peut trouver des mots pour raconter le bonheur et surtout celui de l'amour. Enfin des histoires qui ne sont pas tristes et compliqués, qui arrivent à décrire les relations tendres et affectueuses qui naissent et s'épanouissent entre les êtres, petits miracles du quotidien. L'écriture de Pagano, toute en délicatesse, permet une émotion teintée d'émerveillement pour ces bonheurs qui donnent tout son prix à l'existence. Même les quelques exemples de relations râtées n'arrivent pas à corrompre l'impression d'ensemble. Un bonheur! et bien voilà qui donne envie, d'autant plus que cette description du bonheur semble assez éloignée des livres de Pagano (mais à la réflexion peut-être pas tant que ça... elle est capable de d'écrire aussi de beaux moments de plénitude, d'écoute et de partages). Quelques extraits encore de Nouons-nous pour s'en convaincre? Emmanuelle Pagano...une voix très particulière dans la littérature. Je ne la ressens pas comme la voix du bonheur, mais celle d'une attention aux choses et aux êtres, si simples soient-ils, d'une grande tendresse et d'une belle humanité. Souvent ses mots simples en sont si beaux qu'ils me font venir des larmes: « Avant de la connaître, je parlais seul chez moi. J’étais un célibataire endurci et maniaque. Je me faisais la conversation tout seul tout haut tout le temps. Elle m’a enlevé cette manie. Depuis qu’elle n’est plus là, c’est le silence, qui est fait de l’absence de sa voix, de la mienne y répondant. ».
«Il avait une manière apaisante de vivre les silences. Je n’avais jamais peur de me taire avec lui.»
« Tout ce que je ne lui ai pas donné, je ne l’ai pas gardé, tout ce que je ne lui ai pas donné je l’ai perdu. »
« Nous n’avons jamais pleuré en même temps. »
«Il y a longtemps sans elle maintenant. Je commence à m’habituer à la solitude, à la petite tristesse de sept heures du soir.»
« Il est si loin de moi, il n’est plus qu’une idée dans mes rêves, il est ce qu’il y a de plus loin »
« Nous vieillissons. J’aime les changements de l’âge sur lui, les rides et les plis, l’apparition de grains de beauté et de taches de vieillesse. Je me demande si ces motifs naissent tout d’un coup, ou petit à petit. Je guette les traces de ces éclosions sur lui. Le temps pollinise sa peau de fleurs, d’ocelles, d’étoiles. » | |
| | | topocl Abeille bibliophile
Messages : 11706 Inscription le : 12/02/2011
| Sujet: Re: Emmanuelle Pagano Sam 31 Mai 2014 - 21:15 | |
| Le travail de mourir photos de Claude RouyerC'est un tout petit livre, 45 pages y compris les photos C'est une histoire qui ressemble aux nôtres. Petite, Emmanuelle Pagano devait rendre visite à des « oncles et tantes obligatoires » , mais avait une « tante préférée » chez qui « je m'ennuyais, mais je ne m'ennuyais pas comme chez ces autres tantes et oncles auxquels on était obligé de passer dire bonjour ». Bien qu 'habitant un village et une maison tout gris, et mariée à un croque-mort, cette tante , joyeuse et indifférente au jugement des autres était considérée par tous comme une originale. Elle tricotait sur une machine à tricoter , une « machine de paresseuse » et l'auteur pense que ce n'est pas étranger au fait qu'elle a fini par écrire/tricoter des livres, sur une machine à écrire. Ce n’est pas beaucoup plus que cela - encore que cela soit raconté avec précision et douceur - mais c'est assez plaisant. Les photos , pour lesquelles ladite tante a posé dans des mises en scènes vaguement surréalistes, sont assez saugrenues et moins sages que le récit. | |
| | | topocl Abeille bibliophile
Messages : 11706 Inscription le : 12/02/2011
| Sujet: Re: Emmanuelle Pagano Mar 20 Jan 2015 - 17:02 | |
| En cheveuxA l'occasion de l'ouverture du Musée des Confluences, celui-ci s'est allié aux éditions invenit pour lancer une collection de quatre petits livres, où, partant de quatre objets du musée, quatre auteurs écrivent un texte. Quelques explications ici Emmanuelle Pagano parle d'un carré de soie - une soie un peu particulière, la soie de mer - dont la photo orne l'entrée du livre. Comme avec une vieille photo, à partir d'un objet, on peut écrire une histoire, créer une ambiance, retrouver des personnages. A partir de ce carré de soie qu'elle a donné à un musée, la narratrice se remémore sa tante Nella, enfant puis jeune femme fantasque, vieille femme étrange, toujours rebelle, rejetant les conventions et les compromis dans une famille italienne fasciste, Elle vit une relation complexe faite d'amour passion et de haine rejetante avec son frère beaucoup plus âgé qu'elle, fasciné et horrifié à la fois par les choix de sa sœur. Cela, donne une belle ambiance à ce récit écrit d'une plume poétique à la fois douce et intransigeante. Il révèle plus d’attachement au personnage qu'à l'objet de départ de l’œuvre, et j'ai regretté que cet aspect n'ait pas été plus creusé. On apprend des choses intéressantes sur la soie de mer, dont je ne connaissais pas l'existence, mais le lien avec l'histoire est finalement assez léger. Il n'en demeure pas moins que la tante Nella fascine avec ses promenades en forêt, ses récoltes et accumulations d'objets inutiles, qui sont autant de clins d’œils aux cabinets de curiosité mis en avant dans le musée. On aurait sans doute aimé en savoir un peu plus sur elle. N'ayant ni tablette, ni smartphone, je n'ai pas pu bénéficier de la Réalité Augmentée proposée en parallèle à la lecture et l'ai profondément regretté. Mais quand on choisit de vivre dans une caverne, on l'assume (par contre j'ai parfois des visiteurs dans ma caverne donc je ne désespère pas – je dois dire que je piaffe un peu !) | |
| | | kenavo Zen Littéraire
Messages : 63288 Inscription le : 08/11/2007
| Sujet: Re: Emmanuelle Pagano Mar 20 Jan 2015 - 21:38 | |
| - topocl a écrit:
- éditions invenit
ah, cette maison d'édition a toujours de bonnes idées (cf. collection Ekphrasis) merci pour cette présentation, et hop dans le panier avec les autres de cette collection | |
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| Sujet: Re: Emmanuelle Pagano | |
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| | | | Emmanuelle Pagano | |
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