Kate O'Riordan

"Un autre amour", c'est le premier roman de Kate O'Riordan que je lis.

Il y a tant de superbes analyses d'Epi, D'Aeriale, de Traversay.

Dommage que je ne connaisse pas les precedents...Mais celui-ci , je le trouve juste, subtil et extremement fort sur les souffrances et les douleurs du coeur et les drames du quotidien que chacun aurait pu vivre.
Un roman sur le couple et sa faillite sous le poids du passe.
Un roman dur et pessimiste sur la nature humaine, ou les hommes se font souffrir.
Un roman qui va droit au coeur.

Les relations entre les hommes sont souvent beaucoup plus compliquees qu'elles n'y paraissent.
Au depart, passive, Connie attend que son mari Matt lui revienne de Rome ou il est avec Greta, son premier amour revue apres des dizaines d'annees. Connie fait jouer la corde sensible de son amour, de ses enfants aupres de lui.
Et puis elle refuse a son tour l'acceptation passive de son mari et de tout ce qu'il a provoque.
Matt reviendra-t'il ou pas ? Je vous laisse le découvrir. Dans tous les cas, Connie finira par ne plus supporter le bouleversement que Greta provoque chez son mari. Car loin de simuler, Matt fait montre d'une transparence et un refus du mensonge qui se reveleront bien pire pour Connie. La verite est le plus souvent plus douloureuse que la dissimulation.
Mais qui est le plus mensonger des deux - Matt ou Connie ? Matt qui assume ses sentiments tout en ne voulant pas faire souffrir sa femme ?

Citation :

Les peines les pires sont celles qu'on ressent quand quelqu'un ne veut surtout pas vous en faire.

Ou Connie qui s'est illusionnee dans un mariage, en esperant pouvoir effacer le passe ?

Citation :

Il ne l'a jamais oubliée (il s'agit de Greta). Pas un seul jour. Je crois qu'il ne le savait même pas. Moi, si, j'ai toujours compris.

J'admire Connie qui prend en main son destin, seule ou pas. Acceptant l'ecroulement de ses illusions, brisee en pleine de regret sur ce qui a ete et aurait pu etre, elle trouvera malgre tout la force de continuer.
Une phrase que j'adore:

Citation :

Regarder un feu mourant tard le soir - il y avait toujours cette autre vie qu'on aurait pu vivre. Celle qui s'était éclipsée quand on ne regardait pas. Celle qui continuait à se dérouler le long d'une langue de flamme presque invisible qu'on n'aperçoit que du coin de l'oeil.

Super commentaire Orientale, je suis contente que tu aies aimé. O'Riordan fait de plus en plus d'adeptes, c'est trop chouette

J'ai aussi découvert Kate O'Riordan avec Un autre amour...j'en suis sorti marqué et éprouvé, avec quelques réserves. L'écriture est très belle quand elle évoque les relations entre les êtres, avec brutalité et franchise. O'Riordan s'empare de chaque voix, et Connie, Matt, Greta, expriment leurs contradictions, leurs fragilités, avec une saisissante impression de proximité affective.
Cependant, je suis moins convaincu par la description d'un environnement proche, notamment celui des enfants. La douleur est vive, brûlante, lorsqu'elle est intériorisée, mais le roman perd en sensibilité quand il se greffe dans un quotidien. Au final, je ne suis pas complètement emporté par la violence du choix qui déchire chaque personnage.

Le garçon dans la lune

Toujours quelques regrets...un récit qui manque parfois de subtilité dans l'évocation d'un poids familial et de souvenirs d'enfance, avec une insistance qui m'a semblé maladroite. Le style m'a aussi gêné à certains moments, ne parvenant pas à trouver une unité dans le comportement des protagonistes, mais ces incertitudes sont forcément liées à leurs contradictions, à leurs refoulements.
Si cette légère distance est un ressenti dont j'ai eu du mal à trouver la source, le roman m'a quand même beaucoup marqué. Cette sensibilité écorchée est rare, poignante et d'une violence bouleversante. Le garçon dans la lune pose beaucoup de questions tant les relations sont évoquées avec leur flot de souffrances et d'incompréhensions. On retient toujours la force d'une pulsion de vie, la capacité à puiser en soi pour surmonter des épreuves. Avancer pour comprendre, et atteindre une forme d'apaisement.

Si tu veux tenter un autre roman de Kate O'Riordan, je te conseille Pierres de mémoire, je pense que tu y trouveras mieux ton compte.
Ou pas

Mon avis est tout de même loin d'être négatif : j'en attendais sans doute plus, mais avoir enchaîné quelques lectures mémorables accentue forcément une exigence.
J'ai été emporté par certaines descriptions (et notamment le portrait du patriarche tyrannique, à la source du noeud dramatique), alors que d'autres aspects m'ont davantage frustré (le caractère de Brian, trop caricatural dans ses outrances).
J'emprunterai prochainement Pierres de mémoire.

Pierres de mémoire

Nell, qui mène une vie paisible à Paris, est soudain contrainte de retourner dans son Irlande natale, suite à un coup de fil alarmant des voisins de sa fille. La voilà confrontée de nouveau à un passé qu’elle avait tenté d’oublier en fuyant sa maison, son pays, et surtout sa mère.
Le roman s’articule autour de la vie de quatre femmes sur quatre générations :
Agnes, la mère de Nell, qui a vécu un drame lors de la noyade d’une de ses deux filles. Elle est morte depuis quelques années, mais Nell n’est pas venue à son enterrement ;
Nell, qui a fui l’Irlande à seize ans, alors qu’elle était enceinte d’Ali. Parisienne accomplie, elle est devenue une œnologue réputée ;
Ali, qui a été un temps héroïnomane, et a depuis peu repris le pub d’Agnes ;
Grace, la fille d’Ali, qui a huit ans, craint pour sa mère si fragile et élève des douzaines de chats pleins de puces !
Autour de ces personnages féminins, les pères sont quasi inexistants : celui de Nell est mort de maladie quand elle était petite. Celui d’Ali est toujours resté inconnu. Celui de Grace est toujours là, mais souffre d’une mystérieuse maladie qui le rend très faible.
On découvre peu à peu les relations difficiles entre Nell et Ali, ainsi qu’entre Ali et Grace, qui ne parvient pas à s’intégrer à l’école et préfère la compagnie des animaux. Curieusement, Nell se souvient avoir été rejetée de la même manière par les autres, à la mort de sa sœur Bridgett. Ali est tout le contraire de Nell, dont l’appartement est impeccable (presque trop) : le pub est souvent en désordre, la cuisine est crasseuse, et même Grace a des poux ! Et Ali est une cuisinière déplorable. Nell se retient d’intervenir, ne voulant pas créer de conflit avec sa fille. Comme le lui dit Ali « je voudrais que tu sois fière de moi, et juste après, je m’en veux de le vouloir » . Ce à quoi lui répond sa mère « parfois, on dirait que ce qu’on n’a pas donné est la seule chose dont les enfants choisissent de se souvenir ».
On découvre également, tout à la fin, la vraie raison pour laquelle Nell n’est jamais revenue chez elle, pourquoi elle en voulait malgré tout à sa mère. Une longue souffrance qu’elle a portée, des années durant.
J’ai trouvé ce roman absolument magnifique. Les relations filiales sont particulièrement détaillées, avec beaucoup de subtilités, on sent beaucoup de tendresse entre les personnages mais aussi beaucoup de non-dits, de craintes, des choses du passé qui ressurgissent. Et les paysages irlandais, sous la plume de Kate O’Riordan, ont un côté magique.

Krys a écrit:

J’ai trouvé ce roman absolument magnifique. Les relations filiales sont particulièrement détaillées, avec beaucoup de subtilités, on sent beaucoup de tendresse entre les personnages mais aussi beaucoup de non-dits, de craintes, des choses du passé qui ressurgissent. Et les paysages irlandais, sous la plume de Kate O’Riordan, ont un côté magique

Plaisir de te lire Krys! J'avais tout comme toi adoré ce roman, où l'amour peine à se dire, et les personnages restent enfermés dans leurs manques et leurs secrets. Mais Kate O' Riordan a le don de creuser derrière cette souffrance, de les forcer à se libérer de leurs silences pour enfin réapprendre à s'aimer. C'est une merveilleuse conteuse qui sait approcher les recoins de l'âme avec infiniment de pudeur.
Tu devrais tout autant apprécier Le garçon dans la lune, pour moi (et certains par ici ) c'est vraiment une auteure à découvrir!

oui je l'ai lu aussi, grâce aux conseils des parfumés

Aeriale a écrit:

-Pierres de mémoire-

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Kate O' Riordan est une magicienne, sous sa plume ardente et à la fois si subtile, elle distille tous ces doutes et la complexité des rapports filiaux où chacun se protège, évite les vérités qui font mal de peur de tout compromettre. Personne n'est dupe et tous camouflent des blessures. Parce qu'il n'est pas si facile d'aimer, que rien n'est évident ni acquis, que l'on doit d'abord se libérer de ses propres entraves avant de pouvoir donner à l'autre cet amour vers lequel on tend. Chez Kate O' Riordan on grandit dans la douleur, comme dans la vie, et ses histoires, si sombres soit-elles, révèlent aussi un peu la nôtre, simplement parce qu' elle a ce don de frapper juste, de respirer la vie.

Oui tout cela est vrai Aériale et je ne peux qu'approuver tous ce qui a été écrit sur ce roman par vous tous !
Hélas malgré tout  , je n'ai pas su rentrer dans l'histoire ......
Peut-être parce que ça ressemble trop à la vie ,
Peut-être parce que l'écriture , pourtant très juste pour exprimer les sentiments manque un brin d'originalité ,
Peut-être parce que tout semble si prévisible finalement dans cette histoire qui s'étire jusqu'à épuisement ,
Peut-être parce que l'architecture du roman avec ses retours dans le passé pour éclairer le présent m'a légèrement agacée : c'est si convenu ....
Peut-être parce que ça ne correspondait pas à mes attentes du moment tout simplement .......... 

Dommage mais chacun ses attentes, forcément! J'ai remarqué qu'on n'avait pas les mêmes...

C'est sans doute ça qui t'a le plus lassée

Citation :

Peut-être parce que ça ressemble trop à la vie ,

Le reste découle (le manque d'originalité, l'aspect prévisible, à ton sens) O' Riordan parle de la vie et des ses ratés, moi ça me plait mais je peux comprendre qu'on puisse vouloir autre chose. Le rêve, la poésie, quelque chose de plus éthéré en tout cas dans lequel tu sembles te plaire davantage!

Cela fait un moment que je ne l'ai plus lue d'ailleurs, il faudrait que je retente. Mais je me souviens d'une écriture au cordeau, serrée et presque tranchante parfois, qui m'avait beaucoup touchée. A relire (pour moi)

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Tant pis Eglantine   

Aeriale a écrit:

O' Riordan parle de la vie et des ses ratés, moi ça me plait mais je peux comprendre qu'on puisse vouloir autre chose. Le rêve, la poésie, quelque chose de plus éthéré en tout cas dans lequel tu sembles te plaire davantage!

C'est ce que j'aime justement chez elle, elle parle de la vie et ne fait pas dans la dentelle mais c'est vrai que ça peut être dur et ne pas plaire à tous.

Aeriale a écrit:

Cela fait un moment que je ne l'ai plus lue d'ailleurs, il faudrait que je retente. Mais je me souviens d'une écriture au cordeau, serrée et presque tranchante parfois, qui m'avait beaucoup touchée. A relire (pour moi)

Pareil, je ne l'ai pas lue depuis un moment et il me reste The Angel in the House dans ma PAL que je vais ressortir pour la nouvelle année.

Hé hé ,  contente je suis....... de voir remonter ce fil ....par un avis pas forcément positif !  
Comme quoi, il est nécessaire de s'exprimer , que ce soit en bien ou en moins bien !      

Et puis , voilà  un auteur qui devrait plaire à beaucoup de parfumés car il est indéniable qu'il ya quelque chose de percutant dans le regard qu'elle porte sur la vie souvent impitoyable .........

églantine a écrit:

Et puis , voilà  un auteur qui devrait plaire à beaucoup de parfumés car il est indéniable qu'il ya quelque chose de percutant dans le regard qu'elle porte sur la vie souvent impitoyable .........

Oui et il y a déjà pas mal d'avis positifs sur ses différents livres et ce n'est pas grave s'il y en a qui le sont moins  

Epi a écrit:

Oui et il y a déjà pas mal d'avis positifs sur ses différents livres et ce n'est pas grave s'il y en a qui le sont moins  

Oui et en plus, je note Pierres de mémoire.