Jean Giono

finalement tu nous a rejoint Pia !

Merci pour nous Lilou!

Et oui...Toujours un peu en retard!! Mais je vous rejoins finalement!!

Un roi sans divertissement
Quel plaisir de retrouver Giono après tant d’années et de retrouver son style qui donne toute sa beauté à ses paysages, sa nature et ses habitants rudes par la force des choses, cachant dans leur cœur une sentimentalité que, pour rien au monde, ils n’oseraient afficher. Avec Giono, on veut voir et sentir sous sa semelle les cailloux des chemins se perdant aux venelles des crêtes, se faire égratigner par les branches, ressentir la râpe des vêtements sur sa peau blanche de sueur. Lire du Giono, ça se vit, ça se sent, ça se ressent donc …
Et on commence par un narrateur végétal, un hêtre magnifique, qui pourrait être le roi de ces contrées, non ? Vallons, clairières, futaies sont observées et inspectées par ce roi majestueux. Cela donne envie d’aller faire un tour dehors. Combien de kilomètres jusque Manosque ?
Mais le récit se poursuit avec des meurtres mystérieux, sans corps. Un roi dément à l’œuvre ?
Puis arrive le justicier, Langlois. Et le narrateur passe du végétal à la Saucisse (vous aurez noté la majuscule qui a toute son importance). Le récit se focalise dorénavant sur Langlois, au point que le meurtrier se fait exclure par une exécution des plus sommaires qui m’a laissé un certain temps dans l’expectative. Sonnez les cloches, voici le roi, notre roi, car il est tel et chacun le reconnait pour tel de la plus humble servante à l’impressionnant et ventripotent procureur du roi. Chacun le courtise et espère de lui parfois juste un salut, une approbation, un hochement de tête.
Pour un final en apothéose, à tout faire péter car comme le dit si bien Pascal dans ses Pensées, retenez le bien : « un roi sans divertissement est un homme plein de misères. »
Maintenant j’ai bien envie de voir l’adaptation éponyme au cinéma à laquelle Giono a collaboré et où il aurait donné sa voix à l’assassin …

je n'ai pas encore lu celui-ci, ton commentaire m'incite à le faire, merci !

"Pour un final en apothéose, à tout faire péter car comme le dit si bien Pascal dans ses Pensées, retenez le bien : « un roi sans divertissement est un homme plein de misères. »

mais certains divertissememts du Roi apportent la misère au Peuple !

as-tu lu Batailles en montagne ? très puissant !

Et bien ton commentaire GGG me donne envie de replonger dans du Giono. Cela faisait quelques temps que cela me taraudait !

Bédoulène a écrit:

as-tu lu Batailles en montagne ? très puissant !

Pas celui-là ... Je le note donc  

4ème couverture de Batailles dans la montagne a écrit:

«- Toute la côte de Verneresse s'effondre. Tout le dessus de Sourdie s'effondre. Tout le flanc de Chènerilles. La terre est comme du lard. Les forêts se replient dans la terre. L'eau fume le long des rochers. Les pierres coulent comme des fontaines. Il a essayé de détourner la boue. Elle a renversé la grange. Il a essayé de sauver quelque chose. La maison était comme une barrique sur un bassin ; elle dansait et il semblait qu'elle tournait, elle s'enfonçait, elle remontait, je lui disais : "Non, n'y allez plus." Mais il sauvait le sien. Il était devenu quelque chose, Antoine. Il peut être fier !»

Ce 4ème de couverture donne envie, non ?

GrandGousierGuerin a écrit:

Un roi sans divertissement
Quel plaisir de retrouver Giono après tant d’années et de retrouver son style qui donne toute sa beauté à ses paysages, sa nature et ses habitants rudes par la force des choses, cachant dans leur cœur une sentimentalité que, pour rien au monde, ils n’oseraient afficher. Avec Giono, on veut voir et sentir sous sa semelle les cailloux des chemins se perdant aux venelles des crêtes, se faire égratigner par les branches, ressentir la râpe des vêtements sur sa peau blanche de sueur. Lire du Giono, ça se vit, ça se sent, ça se ressent donc …
Et on commence par un narrateur végétal, un hêtre magnifique, qui pourrait être le roi de ces contrées, non ? Vallons, clairières, futaies sont observées et inspectées par ce roi majestueux. Cela donne envie d’aller faire un tour dehors. Combien de kilomètres jusque Manosque ?
Mais le récit se poursuit avec des meurtres mystérieux, sans corps. Un roi dément à l’œuvre ?
Puis arrive le justicier, Langlois. Et le narrateur passe du végétal à la Saucisse (vous aurez noté la majuscule qui a toute son importance). Le récit se focalise dorénavant sur Langlois, au point que le meurtrier se fait exclure par une exécution des plus sommaires qui m’a laissé un certain temps dans l’expectative. Sonnez les cloches, voici le roi, notre roi, car il est tel et chacun le reconnait pour tel de la plus humble servante à l’impressionnant et ventripotent procureur du roi. Chacun le courtise et espère de lui parfois juste un salut, une approbation, un hochement de tête.
Pour un final en apothéose, à tout faire péter car comme le dit si bien Pascal dans ses Pensées, retenez le bien : « un roi sans divertissement est un homme plein de misères. »
Maintenant j’ai bien envie de voir l’adaptation éponyme au cinéma à laquelle Giono a collaboré et où il aurait donné sa voix à l’assassin …

Le meilleur Giono pur moi. L'adaptation cinématographique est très bien. Les premiers plans avec le cavalier qui surgit puis disparaît dans un paysage de neige embrumé, le tout accompagné par la chanson de Brel est superbe !

4ème couverture de Batailles dans la montagne a écrit:

«- Toute la côte de Verneresse s'effondre. Tout le dessus de Sourdie s'effondre. Tout le flanc de Chènerilles. La terre est comme du lard. Les forêts se replient dans la terre. L'eau fume le long des rochers. Les pierres coulent comme des fontaines. Il a essayé de détourner la boue. Elle a renversé la grange. Il a essayé de sauver quelque chose. La maison était comme une barrique sur un bassin ; elle dansait et il semblait qu'elle tournait, elle s'enfonçait, elle remontait, je lui disais : "Non, n'y allez plus." Mais il sauvait le sien. Il était devenu quelque chose, Antoine. Il peut être fier !»

Ce 4ème de couverture donne envie, non ?[/quote]
Grand roman épique de la période d'avant-guerre

j'ai remplacé par un extrait.

pour un peu ça me ferait penser au Grand silence... une idée de film à voir en tout cas.

animal a écrit:

pour un peu ça me ferait penser au Grand silence... une idée de film à voir en tout cas.

J'ai beaucoup aimé le livre et voilà une belle idée de soirée avec ce film alors ! Merci Arensor !

églantine a écrit:

animal a écrit:

pour un peu ça me ferait penser au Grand silence... une idée de film à voir en tout cas.

J'ai beaucoup aimé le livre et voilà une belle idée de soirée avec ce film alors ! Merci Arensor !

Pareil ... Déjà prévu de le regarder et cela ne fait que confirmer mon envie première ....
Et de belles affiches aussi je trouve

GrandGousierGuerin a écrit:

Un roi sans divertissement
ça se vit, ça se sent, ça se ressent donc …

Puis arrive le justicier, Langlois.

Oui en effet. ça se vit, ça se sent et se ressent.

Tiens sans lire ton commentaire, j'ai trouvé que Langlois avait un "petit" côté justicier aussi.

Je n'ai pas encore pu comparer avec le film.

Maintenant mon commentaire.

Un roi sans divertissement


Je suppose que vous savez où l’automne commence ? Il commence à 235 pas de l’arbre marqué M 312, j’ai compté les pas.


Et bien voilà je suis happée par son écriture qui rend la nature palpable, vivante, La nature est toutefois sombre, menaçante. Il  fait des protagonistes de la nature des personnages à eux tout seul. L’écriture n’est pas déliée et l’utilisation des temps la rend parfois bancale, c’est une écriture très directe. Une écriture étrange, un peu rugueuse. Il écrit comme pourrait parler quelqu’un qui connaitrait la région dans ses moindres recoins.

Marie Chazottes a tourné l’angle de la grange et depuis on ne la trouve plus. Tout le monde la cherche. Il y a un homme qui rôde et qui  enlève les gens du village, qui découpe le cochon pour le plaisir. Un personnage étrange qui échappe à tout. Un dieu ? Un demi-dieu ?

-Ma place est là, monsieur le curé, nous sommes de service tous les deux ce soir, dit-il.
-Vous ne croyez cependant pas que le monstre…dit le curé.
-Ce n’est peut-être pas un monstre, dit Langlois.

Je m’attendais à voir ce que je n’avais jamais vu. C’était un homme comme les autres ! Même , je vous le répète, il avait un air familier.

Quel mystère tout de suite. Giono sait nous introduire dans cet univers, créer l’étau qui se referme sur les gens du coin. Il sait raconter leur fragilité, leur impuissance à se défendre et leur obligation à cotoyer cette nature tous les jours qui les expose au danger. Il raconte bien aussi la confiance qui revient, le fait de ne pas pouvoir rester tout le temps en état d’alerte. Ça tient en haleine, comme un policier littéraire le ferait.
Puis les choses évoluent. On fait connaissance de Langlois qui va élucider  le mystère du tueur de villageois. A la manière d’un justicier qui se s’encombre pas de remords pour se débarrasser du  « gêneur criminel ». Et il reste, s’installe, aide les gens et les fait se sentir bien. Il est le véritable sujet du livre. C’est lui le roi sans divertissement.



La tentation de St Antoine de Joos van Craesbeeck

Superbe commentaire ! Tu as vraiment bien su mettre en avant cette nature si essentielle dans ce roman.
Allez plus que le film à visionner maintenant

Giono t' a inspirée, c' est sur, Pia. C' est un livre qui laisse des traces, des images. Rien à voir avec celles qu' on nous prodigue beaucoup trop facilement.
Signe des temps !