Parfum de livres… parfum d’ailleurs
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 Céline Minard

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MessageSujet: Céline Minard   Céline Minard EmptyJeu 12 Avr 2007 - 4:02

Céline Minard Minard10

Biographie de l'auteur
Née en 1969, Céline Minard a étudié la philosophie. Elle est l'auteur de deux fictions R (2004) et la Manadologie (2005).


Bibliographie

2004 R.,
2005 La Manadologie,
2007 Le Dernier Monde,
2008 Bastard battle,
2010 Olimpia,
2011 So Long, Luise,
2011 Les Ales, en collaboration avec scomparo,
2013 Faillir être flingué,


le dernier monde de Céline Minard
Broché: 514 pages Editeur : Denoël (4 janvier 2007)
ISBN-10: 2207259218 ISBN-13: 978-2207259214

Présentation de l'éditeur
Cosmonaute, Jaume Roiq Stevens accomplit diverses missions dans une station spatiale en orbite autour de la Terre, quand soudain l'évacuation est ordonnée depuis la base en raison d'un incendie. Refusant d'obéir, il demeure seul à bord pendant quelques mois, le temps d'observer une série d'étranges phénomènes terrestres, mais le silence radio persistant le force à rentrer. De retour à la base, bien des surprises l'attendent la Floride apparaît désertée de tous ses habitants, dont les vêtements gisent abandonnés, comme après une inexplicable catastrophe. Les animaux, eux, semblent avoir retrouvé leur liberté. Stevens doit se rendre à l'évidence : l'espèce humaine a disparu. Fou de désespoir et comme possédé par une sorte d'ivresse schizophrénique, il entreprend alors, des plaines d'Asie centrale à la Chine, en passant par l'Inde, l'Alto Parana et l'Afrique, un voyage hallucinant dans l'espace mais aussi le temps et la culture de tous ces mondes disparus. Mêlant suspense et poésie, cette odyssée du dernier homme sur la Terre emprunte avec une étonnante puissance verbale à la technologie contemporaine comme aux plus anciennes sagas de l'humanité.

Mon commentaire :
En mission dans sa station spaciale, Jaume Roiq Stevens ne pouvait pas deviner combien sa situation particulière aurait pu le mettre à l’écart du reste du monde. Après avoir désobéi «  au sol », devenu déserteur en orbite durant le retour de la raison, il décide de reprendre contact avec la terre. Combien il est étrange pour un homme d’atterrir  sur une planète familière pourtant si bouleversée par les derniers évènements : la race humaine a disparu de la surface du globe. Habitué au vide intersidéral, il connaît le vide transcontinentale.

Le propos est certainement très bien présenté, argumenté par de nombreuses références originales : le Llano en flammes page125, Shakespeare page 159, citation d’Epictète à propos des enfants quand ils sont seuls, les contes africains avec la légende angolaise de la reine Zingha page 403 (alors celle-ci il fallait déjà la trouver, à moins de s’intéresser particulièrement à ce pays) et bien d’autres exemples qui prouvent les qualités de recherches approfondies de Céline Minard pour écrire un tel ouvrage.

Au cours du récit, les personnages fantomatiques, naissent, accompagnent le héros, donnant à ses dialogues un style particulier   assurément bien formulés. Les aventures dantesques, voire mégalomaniaques sont follement mises en page. Tout cela pour dire combien la solitude pèse à un individu qui vit cette aventure, combien l’ennui emprunte la voie de l’énorme désert du trop plein culturel proposé par ce roman très lourd, rebondissant dans le néantissime tréfonds des affres de l’oubli. Je m’enlise entre chaque tableau décrit qui furent péripéties originales au début, et deviennent peu à peu sujet de redites loufoques.

Petit extrait :
« Ô Albe, ô rage !
Approuvez ma faiblesse et souffres ma douleur,
Elle n’est que trop juste en un si grand malheur !
Le Styx est partout, partout où l’eau coule,
Rome la noire qui marie ses filles à ses ennemis,
Rome à ses proches ne consent qu’une détresse ravie.
Lourde héritière de ooh fucking Greek, vulgaire, Rome a formé un fils qui fut un frère qui fut un guerrier qui fut une ordure. J’appelle l’errance sur la tête des Romains, j’appelle les Barbares par-delà les mers, les Satrapes, les Vandales, et détruire pierre à pierre, porter le glaive, défaire, ne suffira pas : I put a spell on you, Horace. »


Je vous passe la présence de Rotko à Oulan-Bator en Asie, le cochon grand maître incontesté de l’éxécutive Bulding, qui, groin collé au sol, conduit sa troupe porcine aux ravitaillements quotidiens (page 166), avant d’affronter l’armée de soldats rose-soie soulevée par Steven.

Je ne conteste pas la forme de l’écriture de Céline Minard, plaisante, recherchée, travaillée. L’argument devient bancal, car trop long. Cherchant à combler le vide, Jaume sous la plume de Céline, rempli son journal d’aventure clownesque, très triste, tant il y a de misère à dévoiler, d’injustice à crier, de honte à étouffer. A trop vouloir en dire, le discours se perd dans les méandres des incontournables ennuis.

Je veux appuyer ce livre pour son style narratif complexe. Je demande à Céline Minard d’expurger ses idées, d’en trouver les mots forts, les phrases percutantes. Car dans le degré ultime de la solitude, n’est ce pas le silence qui dérange le plus ? Ici, le trop de paroles tue le sujet.

A moins qu’elle ne soit une descendance directe des surréalistes. Dans cette exception là, je tire mon chapeau à cette femme à l’esprit tourmenté, écrivant ses rêves pour vaincre un ennui profond.
De déduction en similitude, je rapproche son travail de celui d’un cinéaste fantasque « Terry Gilliam, avec son film « Tideland », pour le moins dans le délire extra sensoriel empruntant un autogyre à propulsion sidérante.(bertrand-môgendre)
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MessageSujet: Re: Céline Minard   Céline Minard EmptyJeu 12 Avr 2007 - 13:15

bertrand-môgendre a écrit:
[Je vous passe la présence de Rotko à Oulan-Bator en Asie, le cochon grand maître incontesté de l’éxécutive Bulding, qui, groin collé au sol, conduit sa troupe porcine aux ravitaillements quotidiens (page 166), avant d’affronter l’armée de soldats rose-soie soulevée par Steven.

(bertrand-môgendre)

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MessageSujet: Re: Céline Minard   Céline Minard EmptyJeu 12 Avr 2007 - 13:24

ne te gratte pas ainsi la tête, je n'avais tout simplement pas envie de raconter le soulèvement de la race porcine, mené par Rotko, contre l'armée de cochon menée en train par le seul être sur terre homo sapiens sapiens dérangé, en passe de devenir cinglé.
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MessageSujet: Re: Céline Minard   Céline Minard EmptyJeu 12 Avr 2007 - 13:33

bertrand-môgendre a écrit:
ne te gratte pas ainsi la tête, je n'avais tout simplement pas envie de raconter le soulèvement de la race porcine, mené par Rotko, contre l'armée de cochon menée en train par le seul être sur terre homo sapiens sapiens dérangé, en passe de devenir cinglé.

Des noms! Des noms! Laughing Laughing Laughing
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MessageSujet: Re: Céline Minard   Céline Minard EmptyJeu 12 Avr 2007 - 22:25

Bertrand, quel beau billet! Je vais me garder ce titre dans un petit coin car je suis alléchée par ce "style travaillé et recherché" qui devient denrée rare de nos jours.
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MessageSujet: Re: Céline Minard   Céline Minard EmptyJeu 19 Avr 2007 - 9:21

Amis (-es) auditeurs, auditrices de web radio telerama, écoutez l'auteur(e) parler de ses écrits (et tout ça sans lire)
http://www.teleramaradio.fr/article.php3?id_article=747
Sur le même site vous pourrez également entendre de la lecture à voix haute. Une manière plaisante de découvrir les romanciers que l'on ne lira jamais.
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MessageSujet: Re: Céline Minard   Céline Minard EmptyJeu 19 Avr 2007 - 10:48

bertrand-môgendre a écrit:
Amis (-es) auditeurs, auditrices de web radio telerama, écoutez l'auteur(e) parler de ses écrits (et tout ça sans lire)
http://www.teleramaradio.fr/article.php3?id_article=747
Sur le même site vous pourrez également entendre de la lecture à voix haute. Une manière plaisante de découvrir les romanciers que l'on ne lira jamais.

Merci de cette indication...je ne connaissais pas...
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MessageSujet: Re: Céline Minard   Céline Minard EmptyLun 4 Juin 2007 - 19:25

"Le Dernier Monde"

Jaume Roiq Stevens est astronaute et accomplit une mission en orbite autour de la terre à bord de la station spatiale internationale. Lorsqu'un incendie se déclare, et après avoir rapidement maîtrisé celui-ci, l'équipage est invité par les autorités à évacuer la station et à retourner sur Terre. S'opposant à cette décision, Stevens décide de rester seul à bord.
C'est alors qu'il constate à travers les hublots que des phénomènes étranges se passent à la surface de la Terre. Puis soudainement toutes les communications s' interrompent et, face à ce silence inquiétant, Stevens se résout enfin à abandonner la station et à rejoindre le plancher des vaches.
Sa capsule s'étant écrasée dans un marais de Floride, il constate avec stupeur qu'aucun comité d'accueil ne l'attend. Il réalise alors peu à peu que l'espèce humaine a totalement disparu de la surface du globe, ne laissant derrière elle que des vêtements vides, preuve d'une disparition aussi soudaine qu'inexplicable.

Commence alors pour Stevens une incroyable odyssée qui va le mener à travers le monde, des steppes de Mongolie et de la Chine à l'Inde, de l'Afrique à l'Amérique du Sud en un voyage halluciné qui le reliera aux cultures et aux grands mythes fondateurs des civilisations nées sur ces différents continents.
Etant devenu l'ultime représentant de l'espèce humaine et condamné pour cela à la plus extrême solitude, Stevens va retranscrire ses faits et gestes dans un carnet où il se décrira à la troisième personne du singulier afin de s'auto-observer et de surveiller sa santé mentale : « Je vais simplement prendre un peu de distance, je vais écrire tout ce que fait Jaume Roiq stevens, je vais l'écrire. Il a fait ci, il a fait ça. Comme si je me voyais de loin. »

Il va également entamer un dialogue imaginaire avec des êtres issus de son propre passé mais aussi avec des personnages qu'il recréera à partir des quelques vêtements et papiers d'identité laissés derrière eux, maigres vestiges d'individualités anéanties mais qui reprendront peu à peu de plus en plus d'épaisseur et de réalité au fur et à mesure de l'évolution schizophrènique du récit de Stevens.

On suit alors Jaume Roiq Stevens et ses « doubles » dans un périple halluciné où il se mettra, dans un but prophylactique, à la tête d'une immense armée de cochons lâchée sur les steppes d'Asie afin de nettoyer la surface de la planète des détritus engendrés par l'espèce humaine. On assistera aux luttes dynastiques auxquelles se livrent diverses espèce porcines ainsi qu'aux titanesques et sanglants combats qui les opposeront afin d'affirmer leur suprématie.
On assistera aussi à la destruction par Stevens des barrages hydro-électriques, destructions qui assureront, par la violente submersion des terres, un nettoyage rapide et efficace des zones exploitées par la défunte espèce humaine.

On le voit, c'est à un "trip" hallucinant que nous convie Céline Minard, une odyssée post-apocalyptique bien éloignée des références du genre. Certes, on ne peut s'empêcher au début de penser à « Je suis une légende » de Richard Matheson ainsi qu' à « Ravage » de Barjavel , deux romans essentiels de la littérature d'anticipation.

Mais là où « Le Dernier Monde » se différencie de ces deux romans, c'est tout d'abord par sa résolution à tirer un trait définitif sur l'espèce humaine. Pas d'espoir chez Céline Minard, Jaume Roiq Stevens – Robinson Crusoe du futur, ne sera pas sauvé par ses pairs car il n'y a plus une seule personne vivante sur la surface du globe.
La flore et la faune sont désormais libres de reprendre leurs droits sur la planète et le genre humain n'est plus qu'un mauvais souvenir, une souillure, qui peu à peu s'atténue jusqu'à disparaître.
Stevens ne sera donc pas un nouvel Adam qui serait à l'origine d'un nouveau départ de l'humanité. Il n'y a pas d'Eve sur son monde et le Créateur a apparemment décidé de changer son fusil d'épaule. Exit les Homo Sapiens !
C'est pourquoi Stevens, au fil de ses pérégrinations, évoquera les grands mythes originels forgés par les civilisations les plus anciennes, il récitera et réinterpretera ceux-ci dans une vaine tentative de réamorcer peut-être un processus de Création.
Mais c'est sans comptersur les multiples personnalités dont est constituée la conscience de Stevens : parmi celles-ci l'une tente de faire un travail de conservateur et de recueillir tout ce qui fit la grandeur du genre humain : l'art, la littérature, la philosophie... Tandis que l'autre n'aspire qu'à faire table rase du passé et à enterre définitivement jusqu'au dernier souvenir de cette espèce maudite et nuisible.

Roman de Science-Fiction ? Conte cruel ? Fable philosophique ? « Le Dernier Monde » de Céline Minard c'est un peu tout cela. C'est aussi une forme de testament de l'humanité, un Requiem pour le genre humain, espèce ambivalente qui mériterait cent fois l'extinction en punition de ses actes mais qui, au contraire, mériterait aussi d'être sauvée pour sa créativité sans limites, la perfection de ses arts, la richesse de son imaginaire.
C'est avec une écriture remarquable que Céline Minard nous entraîne dans son « Dernier Monde », une écriture ciselée, bondissante, érudite sans être prétentieuse, regorgeant de références culturelles, mythiques, littéraires et philosophiques. On pourra reprocher à ce roman certaines « longueurs » et quelques impasses dans la narration mais l'impression d'ensemble laissée par ce roman est celle d'un récit que l'on voudrait reprendre maintes fois et sur lequel on voudrait incessamment s'arrêter afin de goûter les allusions disséminées au détour de chaque phrase.

Voyage halluciné au bout de la raison, périple surréaliste à travers les mythes et les cultures humaines, « Le Dernier Monde » est une accusation portée conte le genre humain et ses excès ainsi qu'un hommage à notre si fragile, si redoutable et si vénéneuse espèce.
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MessageSujet: Re: Céline Minard   Céline Minard EmptyVen 19 Sep 2008 - 10:30

Nouveau livre de Céline Minard, qui n'a apparemment rien à voir avec Le dernier monde mais qui a également attisé ma curiosité :

Bastard Battle et une lecture par l'auteur ici

Source Evene.
Citation :
un court récit vertement envoyé, l’écrivain empoigne pêle-mêle Villon, Rabelais, Kurosawa, Tarantino... pour un résultat presque aussi indéfinissable qu’il est jouissif et brillant.
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MessageSujet: Re: Céline Minard   Céline Minard EmptyMar 6 Avr 2010 - 9:54

Céline Minard = attention talent !

Ouvrir un Céline Minard c'est toujours partir pour une aventure inattendue, une écriture toujours différente, un monde toujours réinventé. Dans R., le narrateur se prenait pour un J.J. Rousseau moderne tout en conservant le style du 18ème siècle (surprenant, inventif, bel objet édité par Compact), dans Le dernier des mondes, le narrateur se retrouvait le dernier homme sur terre aux commandes d'un hélicoptère... (entre science-fiction et surréalisme, torride, j'ai juste regretté la fin, je m'attendais à un feu d'artifices et il n'a pas illuminé le ciel). Dans Bastard Battle, nous nous retrouvions au Moyen-Age à vivre des aventures de manga ! Travail d'artiste sur la langue, rythme parfait, court texte jubilatoire !
J'apprends que Coline a lu le dernier en date : Olimpia ? Alors ?

Dans le Matricule des Anges (mensuel de littérature contemporaine), on peut lire un article dithyrambique de Gilles Magniont (qui lance rarement des fleurs, ou avec des épines). Extrait : Se saisissant d'une figure historique, Olimpia la papesse insoumise et "déesse de chair aux colères redoutables", Céline Minard déroule une extraordinaire prosopopée: 50 pages qui menacent de noyer Rome, et qui suffiront en tout cas à régner sur les Lettres françaises".
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MessageSujet: Re: Céline Minard   Céline Minard EmptyMar 6 Avr 2010 - 11:56

Je crois que la prochaine fois que je tombe sur un de ses livres, je l'achète.
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MessageSujet: Re: Céline Minard   Céline Minard EmptyMar 6 Avr 2010 - 17:26

Je n'ai pas pu finir Le dernier des mondes jypeurien
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MessageSujet: Re: Céline Minard   Céline Minard EmptyMar 6 Avr 2010 - 17:48

L'avantage avec Céline Minard, c'est que ses livres sont tous tellement différents que même si on n'a pas aimé, pas fini, pas pu et bien on peut tenter l'expérience pour le suivant...
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MessageSujet: Re: Céline Minard   Céline Minard EmptyMar 6 Avr 2010 - 23:50

shanidar a écrit:
Céline Minard = attention talent !


J'apprends que Coline a lu le dernier en date : Olimpia ? Alors ?

Dans le Matricule des Anges (mensuel de littérature contemporaine), on peut lire un article dithyrambique de Gilles Magniont (qui lance rarement des fleurs, ou avec des épines). Extrait : Se saisissant d'une figure historique, Olimpia la papesse insoumise et "déesse de chair aux colères redoutables", Céline Minard déroule une extraordinaire prosopopée: 50 pages qui menacent de noyer Rome, et qui suffiront en tout cas à régner sur les Lettres françaises".


Mon commentaire va venir...Elle m'a sciée... content

Extraits:

"Que la peste les étouffe, que la peste les broie, les meule, les perce, qu'ils jettent leur dernier souffle en un pet par le cul en ensemble et qu'ainsi Rome en tremble !"

«Le peuple m’a suffisamment comblée en m’appelant Pimpaccia et impia et putain de pape et suceuse d’Innocent et vamp, vampiria et femme à sceptre…»


"Mais je ne t'ai pas laissé crever mon Innocent, mon dit X, mon Didi, tout au contraire, je t'ai taillé, je t'ai insufflé, je t'ai porté comme un gant de chair au sommet du pouvoir, comme un masque, comme une forme de ma volonté sur l'estrade du grand cirque. Tu étais laid et je t'ai paré, tu étais pauvre et je t'ai enrichi, tu étais mol et je t'ai bandé. Sans moi, mon autorité, tu serais resté un petit nonce avachi, un monseigneur-je-ne-peux-pas, [... ]"
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MessageSujet: Re: Céline Minard   Céline Minard EmptyMer 7 Avr 2010 - 19:53

OLIMPIA

Voilà un petit livre qui déménage !...
Je ne m’y serais peut-être pas intéressée si je n’avais pas lu une bonne critique dans…Télérama ! Oui, dans Télérama…

Céline Minard Pam68_10

Que je vous présente d’abord cette chère Olimpia Maidalchini (1592-1657)
…Enfin…chère…je ne sais pas pour qui…Pour son beau-frère peut-être (et amant aurait-on dit) le Pape Innocent X : son « Didi » qu’elle a, de main de main de maîtresse, aidé à assurer son Pontificat.…Au point que l’on disait à l’époque qu’il y avait à la tête de l’Eglise catholique une papesse…Et pire encore que cette femme était « Papesse, impie, courtisane, prostituée »
Femme d’autorité, Olimpia Maidalchini aimait le pouvoir et le luxe. C’est à elle que l’on doit l’aspect de la Place Navona avec sa « Fontaine des quatre fleuves ». Elle y avait son palais.

Céline Minard Place-10


Le livre de Céline Minard est un diptyque . Et ses deux parties, très différentes, dressent le portrait d’Olimpia .

Dans la première, c’est la voix d’Olimpia Maidalchini que l’on écoute…Oui, on l’écoute !…Comment faire autrement ?...
«Le peuple m’a suffisamment comblée en m’appelant Pimpaccia et impia et putain de pape et suceuse d’Innocent et vamp, vampiria et femme à sceptre…»
Tombée en disgrâce à la mort d’Innocent X (le 7 janvier 1655, après onze ans de pontificat), condamnée à l’exil à Viterbe, Olimpia maudit son fils Camillo, sa belle-fille, le nouveau Pape et Rome :

« Si elle m’enlève le masque, cette ville de théâtre boursouflé, gonflée d’or et de stuc, hérissée de colonnes roides, de colonnes torses, gravées, plantées d’arcs à tout bout de champ grosse d’elle-même et de ses cirques innombrables, bouches et bouches de marbre purulentes, cette ville d’artifices avec sa grosse verrue dorée, sa perruque poudrée, le Vatican, je l’arrache, cette ville de carnaval continu, cette ville masque qui figura l’empire jusqu’à ce qu’il l’écrase, je l’arrache, cette ville masque que les papes remontèrent sur leur face sous les boucles de la coupole, le gros chapeau triple, la tiare, ce masque devant le monde, si elle me l’enlève, je l’arrache ».

Elle maudit aussi son Didi, feu le Pape Innocent X :

« Mais je ne t'ai pas laissé crever mon Innocent, mon dit X, mon Didi, tout au contraire, je t'ai taillé, je t'ai insufflé, je t'ai porté comme un gant de chair au sommet du pouvoir, comme un masque, comme une forme de ma volonté sur l'estrade du grand cirque. Tu étais laid et je t'ai paré, tu étais pauvre et je t'ai enrichi, tu étais mol et je t'ai bandé. Sans moi, mon autorité, tu serais resté un petit nonce avachi, un monseigneur-je-ne-peux-pas, [... ] »

Ses imprécations sont d’une violence et d’une trivialité inouïes…Le débit intarissable est imprégné de haine, de fureur…Il est à la fois châtié et cru, plein d’insanités et magnifique à la fois…Olimpia jure, elle menace, et à travers le flot de sa parole, le lecteur se voit indiquer les éléments importants de sa vie…
Olimpia en appelle à la peste et aux inondations par le Tibre, les fontaines, les égoûts.
Il faut tuer tout le monde!

"Que la peste les étouffe, que la peste les broie, les meule, les perce, qu'ils jettent leur dernier souffle en un pet par le cul en ensemble et qu'ainsi Rome en tremble !"

«Tous ceux qui m’ont baisé les mains et les pieds se convulseront ce soir ».

«Par toutes les bouches que les Pont Max qui m’ont précédée ont baptisées, je la noie, l’immense salope pourrie de mouches qui crut secréter la civilisation… »


La seconde partie est d’un tout autre style.
On passe au récit historique, à une courte biographie, de style très littéraire.

Céline Minard a écrit ce court roman pendant l’année 2008 alors qu’elle était pensionnaire à la Villa Medicis .
L’inspiration lui est venue ainsi qu’elle l’a expliqué:

"Un jour où je visitais la Galleria Doria Pamphili, à l'angle d'une galerie, non loin du grand portrait d'Innocent X peint par Vélasquez, j'ai été arrêtée par le buste d'une matrone assez belle, sévère, la tête recouverte d'une coiffe s'écartant, large, autour de son visage. La fermeté des traits était telle que j'en ai été saisie. J'ai voulu savoir qui était cette femme." Le marbre, sculpté par Alessandro Algardi, représente Olimpia Maidalchini. "J'ignorais tout, ou presque, d'elle. J'ai cherché, j'ai lu, j'ai écouté. J'ai découvert sa vie et les légendes qui l'entouraient."
"De ce que j'avais appris d'elle, je n'ai vraiment inventé que cette exécration qu'elle vomit sur la ville. Appelant la peste et la mort noire sur ceux qui restent lorsqu'elle s'en va. Davantage que par son histoire, je me suis laissé emporter par la langue qui charrie tout cela."

Céline Minard Olimpi10

Quelle verve virtuose que celle de Céline Minard!

Célèbre portrait d’Innocent X par Velasquez :
Céline Minard Velazq10

Portrait repris par Bacon :
Céline Minard Tchand10

(NB :La peste fera ensuite cent soixante mille morts dont Olimpia !).

Et...euh...qui a dit ici que nos lectures nous ressemblaient?... rire
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