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| Eduard von Keyserling [Allemagne] | |
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Auteur | Message |
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bix229 Parfum livresque
Messages : 24639 Inscription le : 24/11/2007 Localisation : Lauragais (France)
| Sujet: Eduard von Keyserling [Allemagne] Mer 5 Aoû 2009 - 19:21 | |
| portrait peint par Lovis Corinth (1858-1925)Le comte Eduard von Keyserling (né en 1855, décédé en 1918) était un écrivain allemand. Il est né dans une famille allemande originaire de Westphalie installée aux confins de la Prusse orientale et de la Russie, dans le gouvernement de Courlande, à Hasenpoth (aujourd'hui Aizpute). Ses romans ont pour cadre la Courlande et ses forêts et pour milieu l'aristocratie de langue allemande aux mœurs prussiennes qui gouverna ces régions jusqu'au début du XXe siècle. Il se sert de la lumière et des subtiles variations de la nature pour peindre les derniers beaux jours de l'aristocratie balte, ses châteaux, ses chasses, ses rituels, tout un art de vivre raffiné qui illustre l'impossibilité de l'amour et l'impuissance à contenir les passions exacerbées d'une société encore somptueuse mais déjà consciente d'un déclin irréversible. Considéré comme un maître par Thomas Mann il est incontestablement l'écrivain le plus représentatif de l'impressionnisme allemand. Oncle du philosophe Hermann von Keyserling, il meurt à Munich en 1918. Bibliographie1903 Beate et Mareile, 1906 Eté brûlant, Pages 1, 2, 1906 Son expérience de l’amour, 1908 Dumala, 1909 Cœurs bigarrés, 1911 Le murmure des vagues, Page 1, 1914 Maisons du soir, Page 1, 1914 Harmonie, 1916 Versant sud, Page 2, 1917 Altesses, Page 2, source: wikipedia - Citation :
- mise à jour de l'index le 06/09/2016 page 3
MAISONS DU SOIR : Eduard von Keyserling. - J. Chambon La Courlande est un petit pays mystérieux et meme mythique. En tout cas pour moi, mais je sais qu' il a été annexé parplusieurs pays au cours de son histoire. En tout cas, il étais annexé par la Russie au début de 20e siècle. Dans ce pays vivait alors, si l' on peut dire, une noblesse en pleine déliquescence. Hors du temps hors de tout.C' est ce milieu qu' a décrit Eduard von Keyserling dans toute son oeuvre.Dans Maisons du soir, il met en scène quelques unes de ces familles.Une sorte de torpeur létale semble envelopper ces vieux nobles repliés sur eux-memes dans leurs vieilles demeures, leurs codes désuets, leur morale aspyxiante et arrogante, leur autorité dérisoire parce qu' elle tourne à vide.Toute manifestation de vie, de mouvement, de gaieté est ressentiecomme une traitrise et une catastrophe.En fait, ils sont déjà morts et oubliés, mais ils ne le savent pas oufont semblant de l' ignorer.Chez ces gens-là, les filles sont condamnées à prolonger la traditionet éventuellement, à se marier. Pas d' autre alternative.Et c' est ainsi qu' elles vivent, à l' attache. Meme si elles s' éloignent et tirent sur la corde un moment, lacorde les ramène, plus mortes que vives.Leur jeunesse s' épuise dans la névrose, la mélancolie, après avoir ressassé vainement reves et souvenirs.Les hommes jeunes, couvés qu' ils sont par les femmes de la famillevoient leurs vélléités d' indépendance rater elles-aussi.L' alcool, la chasse, le jeu, les amours adultères sont des tentativesde transgression qui finissent mal. Très mal. Dans le sang.Et le piège se referme sur les survivants.Seule la nature omniprésente sert de décor souverain à ces petitsdrames intimes. Le style de Keyserling tout en nuances subtiles est superbe. | |
| | | bix229 Parfum livresque
Messages : 24639 Inscription le : 24/11/2007 Localisation : Lauragais (France)
| Sujet: Re: Eduard von Keyserling [Allemagne] Mer 5 Aoû 2009 - 20:29 | |
| Citations :
Chaque chose était là, rien n' avait changé et pourtant tout semblait pali, plus décoloré que l' image qu' elle en avait gardée dans son souvenir, les boiseries paraissaient plus sombres, la soie des sièges plus fanée, les cristaux du lustre moins transparents. Cela lui rappelait les objets que nous enfermons soigneusement et dont nous nous étonnons, qu' ils soient devenus vieux et passés.
Maisons du soir, p. 21
Ces existences autour d' elle, qui allaient tranquillement vers leur fin, affaiblissaient son sang, lui otaient la force de continuer à vivre. Nous somme assis en silence et nous attendons, jusqu' à ce que nous tombions en poussière, l' un après l' autre.
Maisons du soir, p. 24
Egloff regarda ses mains... "Oui, commença t-il lentement, ne sentez-vous pas combien, tout ce qui est passionné et plein de vie est aussitot éteint, tué par, comment dire, cette atmosphère de crépuscule, de grands mères...
Maisons du soir, p. 5O
Gertrud sourit : Je n' ai rien dit, il m' est quand meme permis de me réjouir que dehors il exsiste des vies dans lesquelles se passent des évenements plus interessants que que les foins qui viennent bien. La baronne haussa les épaules...: Dehors, dehors, tu y es allée dehors, et Fastrade aussi et à quoi cela a t-il servi ? Vous avez du revenir, vous ne pouvez meme pas y vivre.
Maisons du soir, p. 156
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| | | eXPie Abeille bibliophile
Messages : 15620 Inscription le : 22/11/2007 Localisation : Paris
| Sujet: Re: Eduard von Keyserling [Allemagne] Dim 9 Aoû 2009 - 19:44 | |
| - Citation :
- "Lorsque, en 1907, il fut frappé de cécité, il continua à dicter ses oeuvres qui devinrent plus intériorisées, empreintes d'une sorte de résignation sereine, mais sans rien perdre de leur délicatesse. Le monde décrit par Eduard von Keyserling est un monde quelque peu décadent, où des personnages hautement civilisés, mais faibles de caractère, aux nerfs usés, évoluent dans un milieu primitif mais fort et sain."
(Roger Lescot, dans le Dictionnaire de auteurs, tome II). | |
| | | eXPie Abeille bibliophile
Messages : 15620 Inscription le : 22/11/2007 Localisation : Paris
| Sujet: Re: Eduard von Keyserling [Allemagne] Dim 9 Aoû 2009 - 19:45 | |
| Eté brûlant (Schwüle Tage, 1904). 78 pages. Babel. Traduit de l'allemand par Jacqueline Chambon et Peter Krauss. - Citation :
- "Quand nous prîmes le train pour Fernow, notre propriété de campagne, la mélancolie à laquelle je m'attendais était déjà du voyage. Il tombait sans discontinuer une fine pluie oblique qui semblait vouloir effacer l'été. J'étais seul avec mon père dans le compartiment. Il ne me parlait pas, il m'ignorait. [...] Je me faisais tout petit et me sentais misérable. Je venais d'échouer à mon baccalauréat à la suite de je ne sais quelle manigance des professeurs. A presque dix-huit ans, c'était grave. On m'avait reproché ma paresse, si bien qu'au lieu d'aller passer d'agréables vacances à la mer avec maman et mes soeurs, j'étais condamné à accompagner mon père à Fernow pour y racheter ce qu'il nommait mon incurie pendant que lui vérifiait les comptes et surveillait les récoltes. [...] Mais le pire était encore de passer l'été seul avec mon père. Nous ressentions toujours, nous les enfants, une grande gêne en sa présence. Le plus souvent, il était en voyage. A chacun de ses retours, la maison changeait d'aspect. Une atmosphère solennelle en transformait la vie comme si l'on avait attendu des visiteurs." (pages 7-8 ).
Mais tout n'est pas négatif. - Citation :
- "N'y avait-il pas la moindre petite joie à attendre de cet été ? Si ! Il y avait Warnow, juste à une demi-heure de chez nous. De là viendrait le souffle frais des vacances" (page 9).
Eh oui, il y a sa tante, mais surtout ses cousines. Voici le narrateur, le comte Bill, arrivé : - Citation :
- "Ma chambre était située à l'autre extrémité de la maison. Les pièces vides en enfilade craquaient. Les grillons chantaient pareils à de petits êtres laborieux occupés à limer de fines chaînes. Mes fenêtres étaient largement ouvertes sur le parc. Dans le crépuscule brillait la blancheur des lis. La lune déjà haute dans le ciel jetait sur le gazon, à travers les branches des châtaigniers, des taches de lumière jaune. En bas, dans le bassin du parc, les grenouilles coassaient." (page 13).
"Une lune tardive se leva derrière les arbres du parc. Elle tirait à sa suite un vent qui déchira les nuages et en fit passer des lambeaux noirs et ronds devant elle. Ce fut sur la campagne un va-et-vient de lumière et d'ombres. Les branches et les roseaux gémissaient d'exaltation. Un canard s'éveilla dans la roselière qui adressa à tue-tête de furieux reproches à la nuit." (page 71). Mais toute cette beauté ne plaît pas au père : - Citation :
- "La nuit d'été, les lis et la solitude, c'est beau, mais pour ma part, en voyage, quand tout est doux et suave autour de moi, je ne pense plus qu'à faire mes valises. J'ai peur de succomber, peur de n'avoir plus envie d'aller plus loin, tu comprends ? On craint de se faire prendre au piège par ce qui rend heureux. Il faut toujours tirer un peu sur ce qui veut nous retenir. Peut-être pour voir si l'on n'est pas trop étroitement lié. Non ?"
Le comte Bill va découvrir son père, au-delà de l'homme rigide qui lui répète de "se tenir". - Citation :
- "[...] mon père ne me devint pas plus sympathique mais il me parut plus intéressant." (page 23).
Un très joli texte d'apprentissage, de passage à l'âge adulte, nostalgique et, in fine, assez triste. On pense parfois au Tourgueniev de Premier amour. | |
| | | kenavo Zen Littéraire
Messages : 63288 Inscription le : 08/11/2007
| Sujet: Re: Eduard von Keyserling [Allemagne] Mer 19 Aoû 2009 - 0:05 | |
| Wellen / Le murmure des vagues - Citation :
- Quatrième de couverture
La belle Doralice a quitté son vieux mari, le comte Köhne-Jasky, pour vivre avec Hans, le peintre. Mais au bord de mer, non loin de la maisonnette où les amants se sont réfugiés, la générale von Palikow a loué toute une pension pour y accueillir, le temps de l'été, son abondante famille. Et Hilmar, lieutenant des hussards, futur gendre de la générale, a tôt fait de repérer Doralice... Eduard von Keyserling met en scène, cette fois encore, des personnages d'une aristocratie déjà menacée par les bouleversements de l'histoire. Ses héros, affrontés dans des dialogues subtils où domine l'implicite, font partie d'un paysage traité de manière impressionniste. Et la magie de l'écriture, qui a tant séduit Thomas Mann, joue dès les premières lignes. On se rend compte ainsi qu'on n'a pas fini de découvrir ce Keyserling-là. On se retrouve dans un monde où bon nombre de femmes n’ont pas mieux à faire que d’avoir des migraines pour occuper leurs jours.. et où les hommes se retrouvent souvent avec des femmes qui lui ont été 'désignées' Ecrit en 1911 le roman se déroule lors d’un été à la mer baltique. Keyserling aime parler d’artistes, ici il y a le peintre mélancolique. Souvent il y a des femmes aristocrates qui tombent amoureuses de ces artistes, ici il s’agit de Doralice. On boit beaucoup de thé, ils font de longues promenades, de préférence au long de la mer, ils gardent souvent un silence et aiment regarder la mer ou le paysage. Mais Keyserling est un bon narrateur. Le lecteur ne s’ennuie pas. Sans trop d’action il y a un flot dans l’histoire qui donne envie de suivre ce chemin.. et retrouver du calme qui fait du bien. Très bon moment de lecture. Merci à Bix et eXPie d’avoir parlé de lui, je ne l’aurais pas trouvé intéressant à découvrir sans leurs commentaires. Des lecteurs de Elizabeth von Arnim pourraient aussi aimer cet auteur | |
| | | Arabella Sphinge incisive
Messages : 19316 Inscription le : 02/12/2007 Localisation : Paris
| Sujet: Re: Eduard von Keyserling [Allemagne] Mer 19 Aoû 2009 - 7:55 | |
| - kenavo a écrit:
- Des lecteurs de Elizabeth von Arnim pourraient aussi aimer cet auteur
Une remarque toute innocente, n'est-ce pas Kenavo | |
| | | kenavo Zen Littéraire
Messages : 63288 Inscription le : 08/11/2007
| | | | Arabella Sphinge incisive
Messages : 19316 Inscription le : 02/12/2007 Localisation : Paris
| Sujet: Re: Eduard von Keyserling [Allemagne] Mer 19 Aoû 2009 - 10:48 | |
| Je l'avais noté de toute façon Et puis tu vois, finalement, c'est une bonne chose que ton libraire n'ait pas eu les nouveautés de la rentrée littéraire, tu as été obligée de prendre un livre avec de la poussière, et ça en vaut le coup, non | |
| | | kenavo Zen Littéraire
Messages : 63288 Inscription le : 08/11/2007
| | | | Arabella Sphinge incisive
Messages : 19316 Inscription le : 02/12/2007 Localisation : Paris
| | | | kenavo Zen Littéraire
Messages : 63288 Inscription le : 08/11/2007
| Sujet: Re: Eduard von Keyserling [Allemagne] Mer 19 Aoû 2009 - 18:44 | |
| - Arabella a écrit:
- Enfin presque, parce que moi il me faut un peu de poussière, au moins celle de l'année dernière
la poussière concernant Keyserling ne me gêne plus.. je vais en tout cas essayer un autre livre de lui | |
| | | bix229 Parfum livresque
Messages : 24639 Inscription le : 24/11/2007 Localisation : Lauragais (France)
| Sujet: Re: Eduard von Keyserling [Allemagne] Mer 19 Aoû 2009 - 19:17 | |
| Je ne parlerai pas de poussière... Les livres qui vieillissent bien sont comme les vins... Bonifiés ! | |
| | | kenavo Zen Littéraire
Messages : 63288 Inscription le : 08/11/2007
| | | | Queenie ...
Messages : 22891 Inscription le : 02/02/2007 Age : 44 Localisation : Un peu plus loin.
| Sujet: Re: Eduard von Keyserling [Allemagne] Mer 19 Aoû 2009 - 22:46 | |
| - bix229 a écrit:
- Je ne parlerai pas de poussière...
Les livres qui vieillissent bien sont comme les vins... Bonifiés ! Personnellement je ne bois ni ne mange le livre, ni la poussière qu'il renferme d'ailleurs... alors j'ai jamais remarqué qu'ils se bonifiaient avec le temps... 'Tain j'ai intégré une secte de nudiste des saunas avaleurs de papiers tartinant de chocolat les chambres roses... ça fait peur. | |
| | | Arabella Sphinge incisive
Messages : 19316 Inscription le : 02/12/2007 Localisation : Paris
| Sujet: Re: Eduard von Keyserling [Allemagne] Jeu 24 Sep 2009 - 18:10 | |
| Eté brûlant Le livre a déjà été résumé, comme il s'agit d'une longue nouvelle plus que d'un roman, je ne vais pas en dire plus. Cela rappelle en effet un peu Tourgeniev, l'écriture est belle et j'ai plongé avec délices dans ce récit. C'est nostalgique, doux amer, et très agréable à lire. Mais j'ai quelques petites réserves. Cela tient un peu à la façon dont l'auteur déroule le récit, je trouve qu'il nous en dit un peu trop, il n'y a pas d'ambiguités, on sait parfaitement ce qui arrive, alors qu'un peu d'incertitude et de doute, aurait été plus riche, pour pouvoir se poser des questions après la lecture. Là, on renferme le livre avec des certitudes, et donc une fois la lecture finie, on n'y pense plus, aucun questionnement qui nous ferait y repenser, imaginer, et qui ferait que le livre mettrait d'avantage de temps à nous quitter. Pour résumer ma sensation, je trouve que cela manque un peu de subtilité, mais la belle écriture et l'univers auquel l'auteur arrive très bien à donner naissance, font que j'ai pris plaisir à cette lecture, et que je vais sans doute essayer autre chose de lui. | |
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