Le piano bar

Igor a écrit:

Grande est la planète Jazz, parfois paisible, parfois en ébullition...

Et Truffaz faisait partie de ma liste

Une musique ouverte, exploratoire, qui défriche de nouveaux territoires...

Igor a écrit:

Une musique ouverte, exploratoire, qui défriche de nouveaux territoires...

ça me plait beaucoup! En me rappelant un peu certains morceaux de David Sylvian qui aime aussi être à la frontière du jazz, de l'électro et de l'ethnique dans des climats très éthérés.

Dans la famille Potter, voici Chris ! Légèrement plus épicé...

eXPie a écrit:

Henryk Górecki. 16/12/1933 - 12/11/2010.
C'était l'un des compositeurs contemporains les plus connus... et l'un des rares ayant eu un vrai succès en terme de ventes de CD, avec la Symphonie n°3, dont voici un extrait :

Je me rends compte que j'ai lu ton post partiellement et je n'ai pas réalisé qu'il était décédé le 12 novembre! Triste nouvelle... Alors encore un article sur lui et deux extraits de ses "Three pieces in old style":

Citation :

Décès du compositeur polonais Henryk Mikolaj Gorecki
VARSOVIE, 12 nov 2010 | Le célèbre compositeur polonais Henryk Mikolaj Gorecki est décédé à Katowice (sud) à la suite d'une longue maladie à l'âge de 76 ans, a déclaré à l'AFP vendredi une responsable de l'orchestre national de la Radio publique de Katowice, Beata Jankowska-Burzynska.


AFP | 12.11.2010 | 13:44

Le célèbre compositeur polonais Henryk Mikolaj Gorecki est décédé à Katowice (sud) à la suite d'une longue maladie à l'âge de 76 ans, a déclaré à l'AFP vendredi une responsable de l'orchestre national de la Radio publique de Katowice, Beata Jankowska-Burzynska.

"Nous sommes tristes de devoir confirmer que Henryk Mikolaj Gorecki est mort", a-t-elle dit par téléphone. Gorecki était hospitalisé depuis le mois de septembre.

Né le 6 décembre 1933, le compositeur est mondialement connu surtout pour sa Symphonie numéro 3, dite Symphonie de complaintes, pour soprano et orchestre, composée en 1976 et créée à Royan en 1977.

Après sa réédition de 1992, le disque est monté dans les hit-parades des ventes en Grandes-Bretagne et aux Etats-Unis et s'est vendu à plus d'un million d'exemplaires dans le monde entier.

La symphonie est composée de trois mouvements. Le premier est une lamentation polonaise du XVe siècle, le deuxième évoque des invocations à la Vierge Marie retrouvées sur le mur d'une prison de la Gestapo à Zakopane dans le sud de la Pologne, alors que le troisième, reprend une chanson traditionnelle de la région d'Opole (sud-ouest).

"L'oeuvre de Gorecki est comme une énorme pierre posée sur notre chemin qui nous oblige à un effort spirituel et émotionnel", a déclaré, cité par l'agence PAP, Eugeniusz Knapik le recteur de l'Académie de musique de Katowice, dirigée par Gorecki dans les années 1975-1979.

Parmi les oeuvres les plus connues de Henryk Gorecki figurent également "Genesis I-III", Trois Pièces dans le style ancien, La Musiquette, Cantate, Refrain ou Beatus vir.

Récemment, il a également composé des oeuvres spécialement dédiés au quatuor à corde américain Kronos Quartet.

Ma préférée des 3 pieces in old style:


et la 1ère:

Je ne savais pas non plus qu'il était décédé le 12 novembre
Je ne connais que la symphonie n°3, je l'ai écoutée récemment, toujours la même émotion.

Déjà posté il y a un moment mais la sortie d'un double album de Cecilia Bartoli "Sospiri" me donne envie d'en reparler (Ce double CD est d'ailleurs un best of idéal pour découvrir la beauté incroyable de sa voix dans son registre le plus nuancé).



Myung Whun Chung a dirigé ce qui est peut-être la plus belle version des Requiems de Fauré et de Duruflé. Il choisit un tempo assez lent mais d'une profondeur inégalée. Je n'ai pas trouvé d'extrait du Pie Jesu de Duruflé qui est mon préféré mais voici celui de Fauré. Quelle voix sublime de Bartoli!

Piano bar ?
Mc Rebennack est au piano, qui fait le barmen ?

Désolé de revenir au classique... mais cette fois côté musique (très) contemporaine (bien que le compositeur se soit suicidé en 1970 alors qu'il devenait aveugle). Après avoir regardé "Die Soldaten" de Bernd Alois Zimmermann j'ai eu envie de mieux le connaitre et je ne suis pas déçu! Et comme il n' y a pas de hasard, j'ai découvert que sa dernière oeuvre était une adaptation du fameux passage du Grand Inquisiteur dans les frères Karamazov de Dostoïevski que j'ai lu très récemment...

Citation :

Bernd Alois Zimmermann est né en 1918 à Bliesheim, Allemagne. Issu d'une famille de cultivateurs catholiques, Zimmermann suivit, de 1929 à 1936, l'enseignement strict des Salvatoriens au couvent de Steinfeld mais, les nazis ayant fermé l'établissement, il achèva sa scolarité à l'Apotelgymnasium, lycée catholique de Cologne. Renonçant à la carrière ecclésiastique à laquelle le destinait sa famille, il entreprit, à l'Université de Bonn et à l'Université de Cologne, des études d'instituteur et d'éducation musicale, qu'il fut contraint d'interrompre en 1939. Il participa alors, sous l'uniforme de la Wehrmacht, aux campagnes de Pologne, de France et de Russie mais, en juillet 1942, il fut réformé en raison de dermatoses chroniques contractées, qui occasionnèrent de longs séjours en hôpital militaire. Dès 1942, Zimmermann reprit toutefois ses études musicales à la Musikhochschule de Cologne et, jusqu'en 1950, il étudia aussi, de manière discontinue, la musicologie, la littérature allemande, la philosophie et la psychologie. Les premières exécutions d'aeuvres de Zimmermann datent de 1944 ; se reconnaissant alors volontiers dans les oeuvres Luigi Dallapiccola (1904-1975) et de Karl-Amadeus Hartmann (1905-1963), il suivit, en 1949 et en 1950, les séminaires de Wolfgang Fortner (1907-1987) et de René Leibowitz (1913-1972) aux Cours d'été de Darmstadt. Professeur de théorie musicale à l'Institut de musicologie de l'Université de Cologne de 1950 à 1952, Zimmermann fut nommé, en 1956, sur recommandation de Karl Amadeus Hartmann, président de la section allemande de la Société internationale de musique nouvelle, dont il démissionna toutefois l'année suivante, estimant avoir échoué à établir un dialogue entre les générations. Il succèda à Franck Martin (1890-1974) en 1957 au poste de professeur de composition à la Musikhochschule de Cologne, tout en travaillant assidûment à son opéra "Les soldats". Son état de santé physique et psychologique se dégrada, et le "Requiem für einen jungen Dichter" fut créé en 1969 en l'absence du compositeur, alors en cure de sommeil dans une clinique psychiatrique. Ami de Heinrich Böll et Walter Biemel, Zimmermann était aussi lecteur de L'Ecclésiaste, des Confessions de saint Augustin, de la Légende du Grand Inquisiteur de Fédor Dostoïevski, des Cantos d'Ezra Pound ou de l'Ulysse de James Joyce. Il se donna la mort le 10 août 1970 à Gross-Könisgdorf, alors qu'il préparait un opéra, "Medea", d'après la pièce éponyme de Hans Henny Jahnn.

Citation :

On répartit habituellement les œuvres de Zimmermann en quatre périodes successives (néoclassique, sérielle, pluraliste, statique). On note cependant une certaine continuité de style d'une "période" à l'autre : expressionnisme, utilisation de formes anciennes de la musique, introduction de musiques de jazz et de citations allant du grégorien à Messiaen en passant par Bach, Mozart ou Debussy.

Pour démarrer doucement:

Citation :

Un petit rien, musique légère, lunaire et ornithologique d'après "Les oiseaux de lune" de Marcel Aymé (1964)

1. Ouverture des belles de la nuit
2. Métamorphose lunaire I
3. Pas trop militaire
4. Petite valse lunaire
5. Berceuse des petits oiseaux qui ne peuvent pas s'endormir
6. Métamorphose lunaire II
7. Booge-woogie au clair de lune

Plus étrange et proche du spectralisme (j'ai pensé aussi à Ligeti et Giacinto Scelsi):

Citation :

"Photoptosis", Prélude für grosses Orchester (1/2)
Rundfunk-Sinfonieorchester Saarbrücken,
Hans Zender, direction.

Et un imposant concerto pour violon:

Pas super fan de Zimmermann... Ca part un peu trop dans tous les sens à mon goût. En metal, il existe un courant qui ressemble assez fort (c'est amusant, d'ailleurs, de faire le parallèle entre le metal et le "classique"), le "noisecore" (et le "mathcore", dans une certaine mesure), un genre dont je ne suis pas très fan... ce sont des musiques très fouillées, mais vraiment trop agressives pour moi. (ch'tit exemple de noiscore/mathcore)

Sinon, pour ne revenir au piano, j'aime énormément cette fugue de Bach:



Certes, c'est une oeuvre pour orgue... et elle est bien plus jolie à l'orgue!

Cette version est un peu trop "agressive". (il expédie vraiment le morceau comme une fusée! Heureusement que c'est une belle vidéo!)

Celle-ci, à l'inverse, un peu trop molle...

Celle-là déjà un peu meilleure!

Ezechielle a écrit:

Celle-là déjà un peu meilleure!

Bonne idée les écoutes comparatives! On se rend bien compte à quel point l'interprétation peut complètement transformer une composition, la sublimer ou la massacrer...

Ezechielle a écrit:

Pas super fan de Zimmermann... Ca part un peu trop dans tous les sens à mon goût.

Pour Zimmermann, tu es probablement dérouté par le sérialisme en lui-même. Il l'utilise pour donner une cohérence à un ensemble de textures sonores personnelles et de collages ou de citations d'oeuvres d'autres compositeurs (ou de styles musicaux différents, dont le jazz). Il est un des rares à faire ça avec Berio et quelques autres. Mais je trouve qu'il ne s'en dégage pas un grand n'importe quoi qui partirait dans tous les sens. C'est l'impression qu'on a quand on découvre le dodécaphonisme mais il y a une grande cohérence dans tout ça en même temps qu'une liberté incroyable par rapport à la musique tonale. Et il ne fait pas que des citations évidemment. J'ai écouté la plupart de ses concertos et quelques oeuvres orchestrales depuis quelques jours et ce qui est le plus frappant c'est cette fusion entre des climats complètement apocalyptiques et des plages beaucoup plus profondes, presque mystiques, souvent très belles et moins dissonantes. Die Soldaten est un opéra fabuleux qu'il me tarde de voir sur scène. J'aime de plus en plus des musiques polytonales qui gardent une forme de séduction et de pouvoir émotionnel tout en explorant des territoires sonores inhabituels (notamment le spectralisme qui me plait beaucoup). Sinon on finit par se lasser. Vivaldi composait à la pelle et même s'il a écrit des choses très belles on a vite l'impression de tourner en rond. Je ressens ça pour bon nombre de compositions baroques qui séduisent l'oreille immédiatement (et dont certaines sont sublimes) mais qui obéissent à des lois d'écriture trop limitées et répétitives. La musique contemporaine a ouvert des horizons qu'on ne fait qu'à peine explorer et qui nécessitent une découverte progressive. Quand on pense que les viennois (Berg, Schönberg, Webern...) déroutent souvent encore presque 100 ans après! Même Stravinski! Mais c'est un vaste débat!

J'aime bien cette vidéo qui fait de la pub pour le dodécaphonisme

Pour info (des idées cadeaux pour les fêtes?)... Le palmarès Classica des "chocs" de l'année 2010:



Et 3 DVD:



Don Giovanni



Artiste de l'année: Jonas Kaufmann pour Lohengrin, Werther, La belle meunière et "Verismo Arias".



Francesco Cilea: È LA SOLITA STORIA (L'Arlesiana, acte 2)

Je me permet d'y rajouter deux articles qui ont été mes chocs personnels:

La maestria au bout des doigts


Des interprétations somptueuses, une qualité de son et de présence rare...

Igor a écrit:

Je me permet d'y rajouter deux articles qui ont été mes chocs personnels:

Et n'hésite pas à en ajouter d'autres (même en jazz... je ne demande qu'à découvrir mieux).

Allez un petit top 10 de l'année (je vais forcément en oublier mais tant pis):


Une version idéale des 4 symphonies de Roussel


Parce que je suis dingue du 2e concerto pour piano de Prokofiev et qu'elle s'en sort incroyablement bien même si ma version préférée est celle d'Ashkenazy/Previn


Un peu de Berg, un peu de Ligeti, j'aime beaucoup ces nocturnes de Jean Derbès


Les 7 solos pour orchestre de Pascal Dusapin. Un de nos meilleurs compositeurs qui sait donner de l'émotion. C'est très beau.


Thierry Escaich, autre excellent compositeur qui a crée une musique accessible, séduisante et très onirique (là je vois plutôt Bartok comme influence).


Garrido dirige L'orfeo comme je ne l'ai jamais entendu. Les sonorités sont fabuleuses. (je triche un peu. Je l'ai déjà depuis longtemps mais il reste dans le top 10 des top 10)


Boulez chez Szymanowski? Juste parfait!


La musique magique de Bohuslav Martinu


Interprétation subtile et complètement bluffante de Mikko Franck chez Debussy. Un "Prélude à l'après midi d'un faune" idéal!


Autre coup de coeur inattendu d'un jeune chef qui monte qui monte!