Le piano bar

La mort de Melisande selon Sibelius. À éviter un soir de cafard mais c'est très beau.

Après Lulu je reste avec Alban Berg et son concerto à la mémoire d'un ange.


Manon Gropius sur la pochette du disque

On l'a déjà posté mais je ne m'en lasse pas. Berg a démontré qu'on pouvait faire une oeuvre profondément belle et sensible avec l'écriture dodécaphonique même s'il y introduit de la tonalité (comme souvent dans ses compositions). Ici le final qui exprime la libération de Manon Gropius décédée à 18 ans des suites douloureuses d'une poliomyélite. Le reste du concerto évoquant la douceur de son enfance, le combat contre la maladie puis la délivrance dans la mort. L'ascension finale avec cette note tenue dans l'aigu est sublime. Chant d'amour et de deuil et l'un des plus beaux concertos du XXe siècle.

Merci Marko pour cet extrait...un des plus beaux concertos pour violon.

Hans Werner Henze, 1926-2012.

Citation :

Le compositeur allemand Hans Werner Henze est mort

L'un des plus grands compositeurs allemands contemporains Hans Werner Henze est mort, a annoncé samedi l'un des leaders mondiaux de l'édition musicale, Schott. Né en 1926, Hans Werner Henze, "l'un des compositeurs les plus variés de notre époque" est mort samedi à Dresde (est), indique son éditeur Schott, sur son site internet.
Henze a aussi bien produit pour le théâtre, l'opéra, le cinéma, avec notamment de nombreuses musiques de films du Français Alain Resnais et de l'Allemand Volker Schlöndorff. Il aussi composé une dizaine de symphonies (de 1947 à 2000), des concertos, parmi lesquels le cycle de concertos sacrés intitulé Requiem (pour trompette, piano et orchestre de chambre), de nombreuses pièces de musique de chambre et solistes.

"Il voulait prendre position sur des questions politiques à travers la musique", écrit Schott, citant parmi les événements qui ont marqué le compositeur l'Allemagne nazie, mai 1968, et la révolution à Cuba.

(Source ici).

La musique de Vinteuil selon Schlondorff/Henze a rejoint les limbes du souvenir. Reste à découvrir ou redécouvrir son œuvre qui n'est pas des plus facile. J'avais vu un des ses opéras, Phaedra, à sa creation en 2007. Il m'avait à la fois fasciné et laissé perplexe. Je vais en profiter pour m'y replonger.

Musique rare, delicate et extraterrestre du silence et de la transparence par un compositeur unique, Salvatore Sciarrino, qui aime les souffles des instruments à vent et a créé un des opéras les plus singuliers de la fin du XXème siècle Luci Mie Traditrici . Le traitement des voix est hallucinant. On dirait des chants d'oiseaux. Quand on entre dedans il nous embarque dans un voyage sonore étonnant.

Citation :

Sciarrino a souvent recours à des titres formulés comme des expressions poétiques. Luci mie traditrici (Ô mes yeux trompeurs) est un court opéra en deux actes créé lors du Festival de Schwetzingen en 1998. Le livret s'inspire d'un drame baroque de Giaconto Andrea Cicognini, Il tradimento per l'onore (1664), une sorte de témoignage sur la tragédie du prince de Venosa, le compositeur Carlo Gesualdo. Ce drame a été réduit à sa substantielle moelle : un serviteur, le prince, sa femme et son amant, quelques scènes au dialogue rare. Toute référence à Gesualdo a disparu. Même plus, au début de la partition, on entend une élégie de Claude Lejeune sur un texte de Ronsard. Cette musique de Claude Lejeune reviendra hanter les interludes de l'opéra. Une fois de plus, on reconnaît le style musical très marqué de Sciarrino avec ces sons au bord du silence, ces effleurements, ces jeux sur l'inspiration et l'expiration du souffle des musiciens à vent. Après avoir vu et entendu cette oeuvre en représentation à La Monnaie, après avoir vécu cette position de "guetteur de son", je mets en garde contre le réflexe qui pousse à augmenter le volume sonore, à surexposer la partition, alors que cette musique doit apparaître comme un son lointain, perdu dans la profondeur de la nuit, comme une trace de bruit entendu derrière une fenêtre fermée. Ce n'est qu'à cette condition que Luci mie traditrici prend toute sa force poétique.

Vu dans un magasin dont je tairai le nom le nouveau disque de Fazil Say : Istanbul Symphony, pas en tant qu'interprète, mais comme compositeur.

On peut écouter sa Symphonie en entier (pas avec la même distribution que le CD nouvellement sorti) :

J'ai vu Fazil Say en concert et il est impressionnant de virtuosité (et de charisme). Je suis moins enthousiaste sur ses propres compositions même s'il y a de beaux moments.

Une découverte récente: L'œuvre d'Alfons Diepenbrock.

Ici son Hymne à la nuit pour soprano et orchestre

Marko a écrit:

J'ai vu Fazil Say en concert et il est impressionnant de virtuosité (et de charisme). Je suis moins enthousiaste sur ses propres compositions même s'il y a de beaux moments.

Il a un côté "pompier", oui... mais ça semble finalement lui correspondre, non ? Il en fait parfois beaucoup comme interprète, ce qui peu agacer (mais au moins, c'est différent d'une interprétation classique), et là comme compositeur.

Alphons Diepenbrock, tiens, je n'en avais jamais entendu parler.

Citation :

Alphonsus Johannes Maria Diepenbrock (né le 2 septembre 1862 à Amsterdam – mort le 5 avril 1921 dans la même ville) est un compositeur, essayiste et classiciste néerlandais.

[...]

Son activité de compositeur a été entièrement autodidacte.
Il créa une langue musicale qui, d'une façon très personnelle, combina la polyphonie du xvie siècle avec le chromaticisme wagnérien, auxquels il ajouta plus tardivement un raffinement impressionniste qu'il découvrit dans la musique de Claude Debussy..
Sa production musicale, essentiellement consacrée à la musique vocale, se distingue par la grande qualité des textes qu'il a utilisés. Mis à part les sources provenant du théâtre grec antique et de la liturgie latine, il s'inspira de Goethe, Novalis, Vondel, Brentano, Hölderlin, Heine, Nietzsche, Baudelaire et Verlaine.
Il dirigea également de nombreuses œuvres de ses contemporains, dont la Symphonie nº 4 de Mahler (au Concertgebouw), ainsi que des œuvres de Fauré et Debussy. [...]

(Wikipedia).

et un peu de lecture?


Alain Lompech, Les Grands Pianistes du XXe siècle

Citation :

Alain Lompech rassemble ici quarante-quatre pianistes dont l’art et la personnalité ont marqué le XXe siècle. Il se fait biographe, quand il nous permet de revivre la formation et la carrière de chacun, les caractères de son répertoire et de sa discographie, et même historien, quand il retrace l’évolution du jeu, n’hésitant pas à combattre les idées reçues à ce sujet. Mais il ne renonce jamais à la liberté du critique, qui fait partager ses expériences fondatrices, et dont les choix engagés ont souvent compté pour la mélomanie. À la fois guide d’écoute et essai sur l’interprétation, cet ouvrage entend donner des clefs pour découvrir ou redécouvrir les plus grandes figures du piano du siècle passé et quelques-unes de celles qui accompagnent notre temps.
Le livre est accompagné de deux CD au format MP3, contenant au total seize heures de musique. Les œuvres choisies, toujours données dans leur intégralité, font entendre l’interprète dans un moment particulièrement significatif de son art.

Journaliste et critique musical au Monde de la musique et au Monde pendant plus de trente ans, Alain Lompech est aujourd’hui conseiller des programmes à la direction de France Musique. Auteur d’un grand nombre d’articles sur l’histoire de l’interprétation pianistique, il participe régulièrement à des jurys de concours internationaux.

Henry Desmarest, compositeur baroque qui trouva refuge en Lorraine. Compositeur peu connu, mais qui ne manque pas d'atout. Ses deux grands motets lorrains sont de toute beauté. Son opéra Venus et Adonis fut donné à Nancy, dans le cadre des festivité de la rénovation de la Place Stanislas

Plutôt que le coup de cœur du jour, je préfère le confort du piano bar pour écouter cette "musique de chambre"de Paul Hindemith

Sympas les découvertes Mimi et Igor!

De mon côté j'écoute la musique du ballet Ondine de Hans Werner Henze. Après Prokofiev, Bartok ou Stravinsky le ballet continue à inspirer les compositeurs au XX/XXIe siècle. Un Henze étonnement presque neo-classique avec des envolées plus abstraites. C'est une réussite dans le genre. Quelques réminiscences du Sacre du printemps. Henze est décidément à découvrir.

En ce moment sur mezzo live HD L'affaire Makropoulos de Janacek par Esa Pekka Salonen. Le DVD est aussi disponible. Angela Denoke (qu'on avait vue à Paris dans le rôle de Marie pour Wozzeck) est impériale. Marthaler met en scène et c'est réussi. L'ouverture en extrait:

En même temps que Hans Werner Henze un autre très grand compositeur de musique contemporaine vient de mourir (le 5 novembre): Elliott Carter. Je vous épargne un extrait, il vaut mieux être préparé avant d'écouter sa musique...

Citation :

Il étudie la littérature anglaise et la musique à l'université Harvard.
Il travaille à l'École normale de musique de Paris (1932-1935) avec Nadia Boulanger, puis devient enseignant, notamment à l'université Columbia et la Juilliard School of Music.
Dans les années 1930, Carter se rapproche du style néoclassique, sous l'influence de Stravinski, d'Hindemith et de Nadia Boulanger. Ce n'est qu'à la fin des années 1940 qu'il parvient à trouver son propre langage, fondé sur le sens de la continuité et sur l'individualisation des différentes couches de la composition.
Écrivant une musique exigeante, loin du style américanisant d'un Copland ou d'un Bernstein, mais loin aussi de l'expérience sérielle, Carter a construit son œuvre dans un grand esprit d'indépendance.
Sa rencontre avec le compositeur américain Charles Ives a été très importante. En effet, c'est Ives qui l'a poussé à être compositeur.
Il a réalisé une synthèse entre les diverses tendances de la musique du xxe siècle et entre des conceptions musicales appartenant à des époques ou à des cultures très différentes. Les orchestres les plus renommés et les plus grands solistes, de même que de nombreux ensembles, lui ont commandé des partitions.
En 1954 et en 1963, il est lauréat du prix de Rome américain (Rome Prize) en composition musicale.
Il est élu membre de l'Académie des arts de Berlin en 1971.

Sa dernière interview autour de son concerto pour violoncelle:



Bon allez! Un extrait quand même... Son Concerto pour orchestre