Je viens de finir Malevil.
Et à chaud, je suis un peu mitigé.
La lecture de la première partie, avant l' "évènement", m'a paru pénible et interminable sur le moment. Après, c'est un choix clairement assumé puisqu'il permet de faire monter la tension rapidement, puisqu'on parle de l'évènement dès le début. Disons donc que cette irritation est anecdotique, car bien dans l'esprit de l'œuvre.
Encore une fois, il vaut mieux irriter, détester, que laisser indifférent!
Ensuite, tout s'enchaine bien, avec de nombreux rebondissements, interrompus par des phases d'introspection d'Emmanuel, parfois de Thomas, sur le sens de cette (micro-)société qui doit se construire sur de l'inédit. Ce n'est pas un nouveau cylce, mais une nouvelle ère qui s'ouvre à la communauté, puisque contrairement aux comparaisons qui peuvent être faites dans le roman avec le moyen-âge, où les connaissances progressives permettaient de faire avancer la technologie, là les connaissances existent! Mais tout doit être repensé (ordre moral, religieux, militaire...). La clairvoyance et l'empathie, un peu exagérées d'Emmanuel permettent également de s'identifier à ses compagnons, et c'est un beau tour de force pour un roman du "je". C'est d'ailleurs un exercice favori pour Merle!
Ce qui m'a déçu un peu, c'est la fin. Non pas qu'elle soit abrupte. Mais qu'elle regorge de nouvelles idées à explorer...Il y a quasiment autant d'interrogations sur les 15 pages finales que sur les 550 premières. Comment restaurer une autorité non-militaire? Que laisser aux futures générations, en commençant de façon très pragmatique par la génération numéro 2? Quel aura reste-t-il d'un personnage devenu légendaire comme Emmanuel sur ce microcosme? Mais peut-être est-ce également un parti pris.
D'ailleurs, concernant la religion, je vois les choses d'une autre façon que certains avis sur ce fil. Au contraire, il n'y a aucune allusion à la religion catholique, en ce sens que nous avons affaire à des usurpateurs dès le départ (post "évènement" donc), et que cette pseudo-religion pourrait s'appeler la religion Fulberolicisme ou Emmanuelangelique que ce serait la même. Et la fin suggérée, avec l'Aura supposée de Emmanuel, le place en prophète d'un Dieu pour les générations futures. En cela, c'est effectivement pour moi l'IDEE géniale de l'œuvre. Et très contemporaine.
Voilà en quelques mots me concernant, je vais attendre quelques mois pour me relire et voir ce qu'il en reste à ce moment là, pour conclure si j'ai aimé ou pas! :)