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| Asghar Farhadi | |
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Auteur | Message |
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Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
| Sujet: Re: Asghar Farhadi Mer 8 Juin 2011 - 19:55 | |
| Petite parenthèse, je n'ai pas pu m'empêcher de penser un peu à l'affaire DSK en regardant "Une séparation" même si ce n'est pas du tout dans le même contexte. Mais il y a cette impossibilité de se faire une idée précise de ce qui s'est réellement passé puisque certains éléments nous sont cachés (et le film nous manipule quand même un peu pour le plus grand plaisir). Difficulté également à percevoir les vraies motivations des uns ou des autres. Le même cauchemar que constitue la procédure judiciaire qui semble une mécanique en marche implacable. Avec la vérité qui se situe peut-être ailleurs que dans un clivage basique coupable/innocent. | |
| | | Avadoro Zen littéraire
Messages : 3501 Inscription le : 03/01/2011 Age : 39 Localisation : Cergy
| Sujet: Re: Asghar Farhadi Mer 8 Juin 2011 - 23:49 | |
| De très beaux moments....Une séparation est un film d'une intensité dramatique peu commune. Mais je n'ai pu m'empêcher de ressentir une certaine frustration, peut-être parce que j'en attendais beaucoup. L'interprétation est dense, mais seule Leila Hatami m'a véritablement touché. Et j'ai trouvé le scénario trop "écrit", dans ses rebondissements et ses allers-retours. Les thèmes sont forts (des perception d'une même réalité, insaisissable...la multiplicité des "séparations"), mais à force de renouveler une tension, le film risque l'épuisement. Malgré tout, j'ai été bousculé, et souvent impressionné. Mon avis est simplement le reflet d'une légère déception...à voir comment cela évolue avec le recul.
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| | | Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
| Sujet: Re: Asghar Farhadi Jeu 9 Juin 2011 - 0:00 | |
| - Avadoro a écrit:
- Malgré tout, j'ai été bousculé, et souvent impressionné. Mon avis est simplement le reflet d'une légère déception...à voir comment cela évolue avec le recul.
Moi c'est la manipulation du récit qui m'a un peu donné l'impression de quelque chose de trop "fabriqué" (la fameuse scène qui nous a été cachée notamment). Mais tout ce qu'il arrive à dire sur la société iranienne à travers cette trame dramatique est impressionnant. Les commentaires que j'ai pu entendre à l'issue de la projection laissaient entrevoir une multitude de choses qui échappent au spectateur occidental. | |
| | | Aeriale Léoparde domestiquée
Messages : 18120 Inscription le : 01/02/2007
| Sujet: Re: Asghar Farhadi Jeu 9 Juin 2011 - 8:09 | |
| - Marko a écrit:
- Je trouve qu'il y a une manière assez proche de diriger un groupe d'acteurs de façon très réaliste et avec une grande maîtrise. Je crois qu'ils ont un peu la même méthode qui consiste à faire répéter de façon théâtrale les scènes en laissant une part d'improvisation même si c'est très écrit. Il y a une même fébrilité en laissant se dilater certaines séquences. Il en résulte une force dramatique très impressionnante. Ils traitent aussi chacun de leur côté de sujets sociaux tout en leur donnant une dimension universelle. Un côté Pialat c'est vrai mais qu'on retrouve ici aussi par moment. Dans A propos d'Elly il y avait déjà cette formidable circulation émotionnelle entre les personnages qu'on ne lâchait plus du début à la fin.
La méthode part sans doute de la même idée, coller le plus possible à la réalité en partant de sujets sociaux, mais chez Abdellatif Kechiche je n'ai pas ressenti de construction, tout m'a paru désordonné, trop improvisé en tout cas, et cela m'a beaucoup génée. Ici les acteurs sont de vrais acteurs, ils pourraient jouer autre chose, dans un autre contexte, il y a de l' intensité dans leurs émotions. Alors que dans ce film, La graine et le mulet, je ne les vois que mimer leur quotidien, notamment la scène du repas, tout le monde crie et parle en même temps comme si la caméra se trouvait là par hasard et au bout d'un moment ça m'est devenu intolérable, j'ai coupé. - Marko a écrit:
- Petite parenthèse, je n'ai pas pu m'empêcher de penser un peu à l'affaire DSK en regardant "Une séparation" même si ce n'est pas du tout dans le même contexte. Mais il y a cette impossibilité de se faire une idée précise de ce qui s'est réellement passé puisque certains éléments nous sont cachés (et le film nous manipule quand même un peu pour le plus grand plaisir). Difficulté également à percevoir les vraies motivations des uns ou des autres. Le même cauchemar que constitue la procédure judiciaire qui semble une mécanique en marche implacable. Avec la vérité qui se situe peut-être ailleurs que dans un clivage basique coupable/innocent.
C'est drôle, en sortant je faisais exactement la même remarque à l'amie qui m'accompagnait (Et qui est persuadée de la culpabilité de DSK) afin de justement la mettre face au doute. Tu as tout à fait raison, dans ces cas de figure il est très délicat d'asséner des vérités en ne se référant qu'aux dires du plaignant. Le film nous en fait une belle démonstration. Il peut y avoir des tas de raisons qui peuvent expliquer une confrontation en apparence violente entre deux personnes. Et cette complexité interdit selon moi toute accusation définitive du public que nous représentons... | |
| | | darkanny Zen littéraire
Messages : 7078 Inscription le : 02/09/2009 Localisation : Besançon
| Sujet: Re: Asghar Farhadi Jeu 9 Juin 2011 - 13:46 | |
| Aeriale tout comme toi dans la scène du repas du film "La graine et le mulet", j'ai failli tout arrêter vu ma patience habituelle et puis soudain tout s'est apaisé et j'ai trouvé le film limpide et plutôt bien construit, sachant que l'on est dans des situations proche du cinéma vérité, c'est normal que ça fasse un peu bordellique, mais l'ensemble tient.
Par contre je ne vois pas de rapport entre le cinéma de Kechiche et Farhadi, la prolifération de dialogues ne suffit pas à les comparer, la mise en scène non plus. Je me souviens d'une caméra légèrement affolée chez kechiche et non chez Farhadi. | |
| | | Aeriale Léoparde domestiquée
Messages : 18120 Inscription le : 01/02/2007
| Sujet: Re: Asghar Farhadi Jeu 9 Juin 2011 - 13:54 | |
| - darkanny a écrit:
- Aeriale tout comme toi dans la scène du repas du film "La graine et le mulet", j'ai failli tout arrêter vu ma patience habituelle et puis soudain tout s'est apaisé et j'ai trouvé le film limpide et plutôt bien construit, sachant que l'on est dans des situations proche du cinéma vérité, c'est normal que ça fasse un peu bordellique, mais l'ensemble tient.
Alors il faudrait que je passe cette fameuse scène et que je reprenne ensuite. Le personnage du petit vieux était très attachant par contre. Et j'ai eu l'impression de rater quelque chose vu les avis contraires au mien, c'est sûr. - darkanny a écrit:
- Par contre je ne vois pas de rapport entre le cinéma de Kechiche et Farhadi, la prolifération de dialogues ne suffit pas à les comparer, la mise en scène non plus.
Je me souviens d'une caméra légèrement affolée chez kechiche et non chez Farhadi. Oui, c'est le terme qui convient. La caméra balaie tout chez le premier, comme si on se trouvait au milieu de la pièce et que l'on faisait partie de cette famille, mais c'est vraiment difficile de suivre, ça ressemblait davantage à un docu filmé en temps réel. Chose que que je n'ai jamais éprouvé chez Farhadi. Les réparties fusent, on se retrouve témoin des deux camps, mais en gardant le recul nécessaire et ça c'est la grande classe... | |
| | | Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
| Sujet: Re: Asghar Farhadi Jeu 9 Juin 2011 - 20:57 | |
| J'ai entendu aussi que l'acteur qui joue le juge est un cinéaste ami du réalisateur (sauf erreur de souvenir) et qu'il trouvait très difficile et inconfortable cette position d'arbitre dans ce type de litiges. C'est vrai que ce doit être terrible de trouver l'équilibre entre la loi et l'humanité. Bien difficile et superbe métier si on l'exerce avec intégrité. | |
| | | Avadoro Zen littéraire
Messages : 3501 Inscription le : 03/01/2011 Age : 39 Localisation : Cergy
| Sujet: Re: Asghar Farhadi Jeu 9 Juin 2011 - 22:35 | |
| Il y a en effet une position de recul très nette chez Farhadi, qui lui permet de saisir une violence relationnelle avec beaucoup de lucidité. La mise en scène interroge en permanence les actes et les paroles des protagonistes. Cependant, je trouve que le dispositif laisse parfois trop de place à une efficacité instantanée, au détriment d'une ampleur. | |
| | | traversay Flâneur mélancolique
Messages : 10160 Inscription le : 03/06/2009 Age : 66 Localisation : Sous l'aile d'un ange
| Sujet: Re: Asghar Farhadi Ven 10 Juin 2011 - 22:55 | |
| - Marko a écrit:
Ours d'or à Berlin et Prix d'interprétation collectif pour les actrices et acteurs du film.
Allez y sans trop connaître la trame à l'avance. L'impact émotionnel n'en sera que plus fort. Beaucoup de choses ont été déjà été écrites ici sur ce film formidable et, comme elles sont pertinentes et intelligentes, je n'ai que peu à ajouter. Si ce n'est que je ne peux m'empêcher de faire le parallèle avec A propos d'Elly, dont il me souvient que certains l'avaient jugé "occidentalisé", ce qui n'est pas du tout mon avis. Pour faire court, je dirais que Elly était un film de metteur en scène, avec une image très léchée alors qu'une séparation est davantage un film de scénariste, avec une mise en scène moins flamboyante, qui s'adapte parfaitement au sujet, qui est somme toute, une sorte de thriller social dont l'intensité va crescendo. Je connais un tout petit peu l'Iran et, pour moi, il est représentatif d'une réalité qui aura une influence sur l'avenir du pays : la lutte des classes. Il y a un monde entre la classe moyenne, cultivée, presque bourgeoise, et, disons, la foule des employés, ouvriers ou chômeurs. Pas les mêmes modes de pensée, pas le même rapport à la religion (très bien montré dans le film) et, évidemment au pouvoir des mollahs, mais ça, c'est évidemment seulement sous-jacent dans le film de Farhadi. Avec la jeunesse, qui représente une part importante de la société iranienne, c'est une des clés pour la future révolution iranienne, que l'on attend avec impatience. Pour en revenir à Une séparation, l'interprétation y est incroyable, elle l'était déjà dans Elly, c'est une des qualités majeures du réalisateur que de savoir diriger et obtenir la note juste de l'ensemble de ses comédiens, enfants et vieillard compris. C'est un de mes trois ou quatre films préférés depuis de le début d'année et je rêve maintenant de voir La fête du feu (2006) qui ressort à Paris, début juillet. Je conseille Une séparation à tous les parfumés, en insistant sur la phrase de Marko : allez-y en sachant le moins de choses possibles ! | |
| | | darkanny Zen littéraire
Messages : 7078 Inscription le : 02/09/2009 Localisation : Besançon
| Sujet: Re: Asghar Farhadi Sam 18 Juin 2011 - 20:44 | |
| Moi aussi je n'ai que peu à ajouter si ce n'est que j'ai éprouvé ce film "physiquement" tant le climat de tension est fort et prend aux littéralement aux tripes. Les scènes se déroulent la plupart dans des appartements étriqués ou pas super bien conçus avec cloisons, recoins, portes etc...ce qui confère au tout un sentiment d'inextricable comme ce conflit qui oppose ces 2 familles. Sinon on est dans le bureau d'un juge ce qui n 'est guère mieux et quand on est dans la rue, on est dans une file de voitures en attente ou dans le chaos de la rue. La caméra est au plus près des personnages mais pas du visage forcément ce qui aurait pu vite devenir pénible mais près des corps qui bougent sans cesse et qui luttent. Le rythme de ce récit est incroyablement maîtrisé.
Les personnages m'ont tous paru animés d'une bienveillance qui a été mise à mal par ce quotidien épuisant qui peut miner une famille pauvre (chômage, dépression, dettes) comme une famille de la bourgeoisie moyenne (maladie d'Alzheimer, mésentente du couple). C'est cela qui m'a frappé et qui fait la grande force de ce film, personne ne peut juger les agissements des uns et des autres, tous sont victimes et coupables à la fois Personne n'en sortira vainqueur, chacun se voit renvoyé à ses propres erreurs.
Bien sûr il y a une opposition de classe et de moeurs et de culture aussi entre ces deux familles iraniennes, mais c'est sous jascent, je ne suis pas sûre que dans notre pays "occidental" le même genre de conflit ne puisse pas se produire et finalement aboutir aux mêmes luttes (de classe). | |
| | | animal Tête de Peluche
Messages : 31548 Inscription le : 12/05/2007 Age : 43 Localisation : Tours
| Sujet: Re: Asghar Farhadi Sam 25 Juin 2011 - 23:03 | |
| Une séparation
Difficile de rester de marbre ou désintéresser devant ce film. Point de vue cinéma on remarque à peine la sobriété de l'ensemble : décors "naturels", pas d'effets de musiques ou de babioles stylistiques trop voyantes, et pas seulement parce qu'on se questionne sur les vérités possibles de cette histoire. Les faits comptent moins au fur et à mesure, le doute étant acquis ou inévitable, que les positions morales qui vont avec. Le film est très construit mais derrière les rebondissements de l'intrigue je trouve le glissement plutôt finement mené, d'autant qu'on sort d'un rustique enjeu binaire. Et est porté par ses personnages criants de naturel. Peu habitué à voir des films iraniens (4 ou 5 maxi) je me pose encore la question de la vision extérieure et là aussi le spectre d'une tentation occidentale (moderne) est présent. Mais l'histoire aussi, et surtout les gens, les humains, les familles, voisins, tout le monde, une société... dans laquelle le film nous fait naviguer entre des stéréotypes obligatoires qui ne sont pas cinématographiques et une paranoïa certaine qui entraine vers la violence très liée ici au mensonge, qui recule sans cesse. Le film n'a pas l'air taillé pour l'export ressemblant d'abord à un film en lui même (ça c'est beau et ça a l'air marqué dans ce cinéma). Il n'y a pas l'impression d'une opposition entre un rêve occidentalisé et une vision cauchemardée du pays, sans angélisme une présence autre, plus vraie sans doute et propre. Pour revenir à l'autre contenu (ça doit être lié malgré tout), les notions de courage et de responsabilité reculent aussi de façon frappante pour rebondir entre les hommes et les femmes et donner en fin de compte l'impression de tomber sur les épaules des gamines.
Très beau film au contenu très riche. Et cette étrange présence du grand-père désincarné, avec de beaux moments de cette présence. | |
| | | Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
| Sujet: Re: Asghar Farhadi Dim 26 Juin 2011 - 0:44 | |
| - animal a écrit:
- Peu habitué à voir des films iraniens (4 ou 5 maxi) je me pose encore la question de la vision extérieure et là aussi le spectre d'une tentation occidentale (moderne) est présent.
Mais le film vise effectivement cette portée universelle même s'il s'ancre et prend tout son sens dans une réalité sociale localisée dont les codes sont potentiellement en partie obscurs pour les non iraniens. Tu parlais bien de la "tentation" du réalisateur ou de celle du spectateur? | |
| | | animal Tête de Peluche
Messages : 31548 Inscription le : 12/05/2007 Age : 43 Localisation : Tours
| Sujet: Re: Asghar Farhadi Dim 26 Juin 2011 - 9:57 | |
| du spectateur surtout bien que ce soit présent derrière (ou stimulé et questionné par) les motivations possibles du départ de la mère. et l'identité forte du film (plus que dans le Hunter parti dans les bois qui partage aussi cette identité). Le rapport entretenu entre cette universalité et cette identité est assez... beau. | |
| | | eXPie Abeille bibliophile
Messages : 15620 Inscription le : 22/11/2007 Localisation : Paris
| Sujet: Re: Asghar Farhadi Mar 5 Juil 2011 - 23:01 | |
| Vu Une Séparation aujourd'hui. Le film est sorti depuis plusieurs semaines, et pourtant la salle était pleine (de retardataires, comme moi, et puis demain, c'est mercredi, peut-être ne sera-t-il plus à l'affiche ?). Des extraits que j'en avais vu, j'avais peur du syndrome de la caméra qui bouge un peu pour montrer que c'est "vrai". Mais ça passe à peu près. Elle aurait pu osciller encore un tout petit peu moins. Tout fiche le camp en notre monde, c'est bien connu, nous sommes en période de régression : bientôt, les Américains n'auront plus de navette spatiale, nous n'avons plus de Concorde, et les caméras n'ont plus de stabilisateur d'images. Ou bien elle sont des oscillateurs d'images intégrées ?
Bref, c'est un excellent film qui sonne vrai (pour ce que l'on peut en deviner), les acteurs et actrices sont vraiment excellent, et le film n'a pas cette aridité auteuriste que l'on retrouve parfois dans le cinéma iranien (Ten, par exemple). Il n'y a pas de musique pendant le film, et ça aussi, c'est bien, elle n'aurait eu que faire. Et j'aime bien la petite pointe d'humour qui perce de temps à autre.
Un film que j'aurais regretté de ne pas être allé voir. | |
| | | Queenie ...
Messages : 22891 Inscription le : 02/02/2007 Age : 44 Localisation : Un peu plus loin.
| Sujet: Re: Asghar Farhadi Mer 6 Juil 2011 - 20:21 | |
| Pour Une séparation, je penche plutôt du côté "dubitatif" d'Avadoro. Peut-être est-ce dû à ce côté naturel, sobre des images, on a l'impression qu'il n'y a aucun artifice. Même pas l'artifice de faire croire qu'il n'y en a pas (comme dans les cinéma "réalistes"). Du coup, ça m'a semblé presque froid. Chirurgical. Peut-être aussi, comme vous le soulignez, parce que le récit est mené au millimètre, une vraie mécanique, qui s'imbrique, et qui nous manipule. Donc, je ne suis pas à mort emballée. Cela dit, ce film est intéressant, et je vous rejoins sur l'aspect découverte de ce mode de vie en Iran, de ces problèmes entre modernité, carcan religieux, différences homme-femme... C'est bien foutu, on ne peut en effet pas tellement prendre parti (quoique ça me fait légèrement grincer le sourire les bloquages religieux de la femme). Mais je ne suis pas très tolérante face à des aberrations dogmatiques. Les acteurs sont vraiment impeccables, et moi aussi j'ai un petit coup de cœur pour Leila Hatami (qu'on ne voit pas assez, et dont le voile, je trouve, cache un peu les traits, les expressions, coupe le visage), et le personnage de vieux père. Sa présence massive, encombrante, attendrissante, occupe toute la place pleine d’ambiguïté que tient son personnage. L'intrigue m'a semblé très littéraire. Ça aurait été un bouquin que ça ne m'aurait pas étonnée. Et le parallèle avec des œuvres comme le Procès de Kafka ou Justice de Dürrenmatt. Cet imbroglio administratif où l'humain fout encore plus de bordel, c'est vraiment universel. Et un film sans fin. Et ça... moi ça me saoule un peu. (La veille j'avais vu La dernière piste de Kelly Reichardt, même effet). Je comprends l'ouverture de ne rien arrêter, mais... ça me laisse vraiment trop frustrée, et l'impression d'une petite supercherie. D'une arnaque.
Dernière édition par Queenie le Ven 8 Juil 2011 - 10:45, édité 1 fois | |
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| | | | Asghar Farhadi | |
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