Asghar Farhadi

Je vous rejoins, Farhadi est avec Panahi, mon réalisateur préféré iranien préféré.. Espérons juste qu'il n'ait pas le même destin...

uolav a écrit:

Je vous rejoins, Farhadi est avec Panahi, mon réalisateur préféré iranien préféré.. Espérons juste qu'il n'ait pas le même destin...

Il ne lui arrivera pas la même chose : il a choisi de venir tourner à l'étranger, puisque son prochain film sera tourné au moins en partie en France, avec Marion Cotillard et Tahar Rahim.
Espérons par contre qu'il ne s'"anonymisera" pas par la même occasion, je veux dire qu'il ne faudrait pas que son prochain film ne soit qu'un banal film qui aurait pu être réalisé par n'importe qui ou presque.

Je rageais de ne pas avoir ce dernier film visible à proximité mais je me rends compte que je l'ai déjà en DVD sous le titre "Beautiful City". Je l'avais commandé à l'époque d'Une séparation... Je vais vite me faire une projection maison pendant que l'orage m'éloigne de la plage

uolav a écrit:

Je vous rejoins, Farhadi est avec Panahi, mon réalisateur préféré iranien préféré.. Espérons juste qu'il n'ait pas le même destin...

Mon préféré reste de loin Abbas Kiarostami.

Beautiful City/Les enfants de Belleville

Je retrouve les mêmes qualités et défauts de ce cinéaste, en mode mineur pour les premières et en plus appuyé pour les seconds. Il sait créer une dynamique chorale et filmer des regards et des visages, dépeindre des lieux de façon très néoréaliste, construire une dramaturgie intense et mélodramatique sur fond d'enjeux moraux assez complexes. Mais il ne lésine pas non plus sur certaines ficelles scénaristes un peu lourdes, manipulatrices et pas toujours convainquantes (je pense notamment à ce qui se joue autour de la jeune handicapée jusqu'au malaise...c'est un peu trop). La musique bontempi est inutile et surligne les moments d'émotion. C' est étrange ce mélange de subtilité dans les interactions sociales très codifiées et de facilites scénaristiques. Je reste sur ma faim et trouve À propos d'Elly et Une séparation bien plus aboutis. Un cinéaste passionnant en tout cas et dont je vais guetter les prochains films.

P.S. Il utilise le même procédé que dans Une séparation qui consiste à ne donner au spectateur qu'une partie des informations dans chaque scène. Cela oblige à interpréter ce qu'on voit sur la base de préjugés ou de schémas narratifs conventionnels. Par exemple on hésite sur l'identité de cet homme à qui on rend visite (juge? Sage de village? Parent de la victime?), idem pour la mère de la jeune handicapée... Mais il joue aussi à désamorcer d'autres préjugés qu'on pourrait avoir en nous mettant immédiatement en empathie avec le jeune criminel. Ensuite chacun a ses raisons et motivations et le public occidental se trouve en décalage par rapport à ces codes traditionnels qui servent d'enjeu. La contrepartie de cette construction habile est celui d'une forme de manipulation qui n'est pas toujours aussi subtile qu'elle en a l'air.

J'avais noté cette phrase dans Albertine disparue de Proust qui illustre bien le propos de la plupart des films de Fahradi. Le narrateur y est accusé à tort de détournement de mineur alors qu'il cherchait juste un peu de réconfort en berçant une petite fille rencontrée dans la rue. Comportement non coupable mais pourtant équivoque malgré tout...

Et en pensant que je n'avais pas vécu chastement avec elle, je trouvai, dans la punition qu m'était infligée pour avoir bercé une petite fille inconnue, cette relation qui existe presque toujours dans les châtiments humains, et qui fait qu'il n'y a presque jamais ni condamnation juste, ni erreur judiciaire, mais une espèce d'harmonie entre l'idée fausse que se fait le juge d'un acte innocent et les faits coupables qu'il a ignorés.

A propos d'Elly

J'ai été très touché par ce film, davantage que pour Une Séparation. Je suis cependant davantage convaincu par le premier tiers, sur la retenue mais extrêmement intense dans la perception d'un malaise au-delà d'une insouciance. La suite est aussi passionnante mais plus largement dépendante des mécanismes du scénario. L'ensemble maintient une cohérence tout en accentuant peu à peu une dimension démonstrative....elle représente une force émotionnelle tout en étant un peu trop visible à mon goût.
Ces regrets sont tout de même assez minces par rapport à l'ampleur de l'observation d'un microcosme de société. L'interprétation est exemplaire et le huis clos particulièrement suffocant. Si l'eau dessine une menace omniprésente, l'isolement des pièces au sein d'une maison réparée à la hâte saisit avec autant de pertinence la sensation d'un étouffement.

C'est vrai que cette première partie du film est impressionnante.

eXPie a écrit:

uolav a écrit:

Je vous rejoins, Farhadi est avec Panahi, mon réalisateur préféré iranien préféré.. Espérons juste qu'il n'ait pas le même destin...

Il ne lui arrivera pas la même chose : il a choisi de venir tourner à l'étranger, puisque son prochain film sera tourné au moins en partie en France, avec Marion Cotillard et Tahar Rahim.
Espérons par contre qu'il ne s'"anonymisera" pas par la même occasion, je veux dire qu'il ne faudrait pas que son prochain film ne soit qu'un banal film qui aurait pu être réalisé par n'importe qui ou presque.

Finalement, Bérénice Bejo remplace Cotillard (cf ici)
Ça n'est pas forcément un mal...

La fête du feu

Il faut encore souligner une maîtrise dans la conduite du récit et le maintien d'une tension au fil des rebondissements. La mise en scène est cependant plus abrupte que pour les films suivants et le film ne se laisse pas apprivoiser facilement. Farhadi perd en précision ce qu'il gagne en intensité, offrant aux déchirements du quotidien une dimension tragique et emblématique.
L'attention aux visages transcende les émotions, de la colère à l'incompréhension et les interprètes sont particulièrement intenses dans leur jeu. La fête du feu se déroule longtemps dans un espace clos, saisissant le poids des relations et d'un enfermement avant de tenter d'ouvrir la porte d'un avenir, d'une libération.

Les enfants de Belleville

Déçue par ce film, je ne suis pas rentrée dedans, l'histoire et les protagonistes ne m'ont pas convaincue.
Est-ce que la mécanique Farhadi ne m'atteint plus ? quand je repense à "A propos d'Elly "ou à "Une séparation", l'ensemble me semblait beaucoup plus abouti.
Peut-être tout simplement que l'histoire, celle d'un jeune homme cherchant désespérément à obtenir la grâce de son ami coupable d'un crime, n'ait pas provoqué en moi une étincelle d'intérêt.

Dommage, je suivrai encore ce réalisateur cependant.

J'ai bien fait de le zapper alors.

Peut-être que non.
Ce n'est pas "mauvais", c'est juste que l'histoire m'est restée étrangère en tous points.

Vu Le passé. J'ai beaucoup de réserves malgré l'intensité de la direction d'acteurs. Ça m'a empêché de me laisser emporter par l'émotion. Mais on peut y prendre beaucoup de plaisir. Je développerai plus tard.

J'étais déjà moyennement tentée
Je vais attendre ton post.