Asghar Farhadi

mimi54 a écrit:

Le figaro avait décerné le prix du pire acteur à Tahar Rahim

C'est vrai qu'il n'est pas très bon.

Mmmh faut voir. il a le mérite de ne pas avoir l'air à sa place, maladroit, avec une pas moche évolution de son mauvais rôle.

je pense qu'il y a bien pire dans ce qui se fait par chez nous.

Le passé


J’aurais aimé adorer ce film qui a un scénario assez prodigieux tournant autour de la culpabilité et de l’absence de vérité.

Des broutilles d'abord : une femme qui a mal au poignet au point de ne pouvoir passer les vitesses et qui se bagarre à fond avec un gamin sans la moindre souffrance. Un homme qui ramasse avec une éponge un plein pot de peinture renversé et se retrouve avec les mains propres . Deux gars assis dans une voiture qui cherchent une jeune fille en fugue, discutant entre eux, et qui ne jetant pas un coup d’œil à l’extérieur (Là, je joue mon eXPie)

Mais il y a plus ennuyeux..
D'abord les décors. C’est sûr, ils sont magnifiquement travaillés et ils donnent des images magnifiques. Seulement les 3 appartements qu’on visite, tous le siège de splendides désordres sont quand même vraiment trop léchées : le désordre ce n'est pas un assemblage harmonieux d’une foule de beaux objets qui se correspondent, dont les lignes et les couleurs s’arrangent à la perfection. Le vrai désordre, c’est laid et plein de saletés qui traînent . Et il fallait en plus que, quand Ahmad va discuter à la fin avec son ami, celui-ci soit pour une scène unique, et sans que cela apporte rien à l'histoire, dans son atelier de dorure, sublime organsiation de cadres et d’outils… Tout cela donne de bonnes images, mais il nous en fait un peu trop, le chef décorateur. J’ai saturé.

Le jeu des acteurs, il y a quand même un contraste entre une volonté de calme réflexif, de réaction parfaite, et des débordements à la limite de l'hystérie. Ça, je peux l’admettre même si cela m’a mise par moments mal à l’aise. Mais franchement, je n'ai pas trouvé Bérénice Béjo si géniale (ah ! le moment où elle accueille Ahmad, alors qu’on voit la pluie battante par la fenêtre en lui disant « Ah ! tu es mouillé ? »). J'ai trouvé Lucie complètement ratée (a-t elle fumé pendant toute la durée du tournage?). Quant au pauvre petit Fouad, il devait avoir des courbatures le soir à force qu'on lui demande de baisser la tête, froncer les sourcils et gonfler les joues pour montrer qu'il est malheureux et en colère.

Enfin la scène finale, outre qu'elle est inutile, elle est carrément grotesque

Malgré cela, je suis sortie plutôt contente du film, ce qui doit vouloir dire quand même qu'il a de bonnes qualités pour étayer le tout.

ET est-ce que quelqu'un peut me dire si l'histoire de la douleur au poignet a un sens ?

topocl a écrit:

(Là, je joue mon eXPie)

Le film risque de m'agacer un petit peu si je vais le voir, alors...

eXPie a écrit:

topocl a écrit:

(Là, je joue mon eXPie)

Le film risque de m'agacer un petit peu si je vais le voir, alors...

Un petit peu, mais de te plaire un petit peu aussi, qui sait.

topocl a écrit:

ET est-ce que quelqu'un peut me dire si l'histoire de la douleur au poignet a un sens ?

Déformation professionnelle.

Arabella a écrit:

topocl a écrit:

ET est-ce que quelqu'un peut me dire si l'histoire de la douleur au poignet a un sens ?

Déformation professionnelle.

Tu crois?

topocl a écrit:

(Là, je joue mon eXPie)

Oui complètement C'est vrai que l'histoire du poignet, on se demande un peu. Elle dit que c'est suite à la peinture: elle est en train de repeindre son appartement, en vrac depuis sans doute que son ex est parti, ce qui veut peut-être dire qu'elle mise tout sur sa nouvelle histoire? Je n'ai pas été dérangée par tous ces détails, je suis moins perfectionniste surement, mais j'ai quand même trouvé qu'il y avait (pardonnez l'expression) un beau bordel. Pas sûr que j'aurais adoré en voir plus (c'est pas censé être un squat non plus, hein)

Par contre pour le second chapitre, là je te suis plus. Moi aussi Bérénice Béjo ne m'a pas emballée. J'ai trouvé son hystérie excessive, mais bon, je n'aime pas l'hystérie au cinéma (ni dans la vie d'ailleurs!) Ca me saoule vite. Et d'accord aussi pour Lucie, dont les yeux glauques et les cernes assorties lui donnent droit à une admission directe en centre d'accueil pour enfance maltraitée. Elle m'a vite plombée. Le petit Fouad j'ai bien aimé par contre.

En gros, pour moi c'est un bon film, j'ai aimé la tension qui s'en dégageait, et ces questions de culpabilité et de non dits refoulés, je les ai trouvé plutôt bien analysées. Farhadi maîtrise avec finesse l'ensemble je trouve, c'est un cinéma qui nous sort un peu de ce qu'on a l'habitude de voir, et surtout qui nous fait réfléchir, même si j'avais préféré La séparation sur des thèmes approchants, qui se passait lui en Iran.

La scène finale elle devait l'être (grotesque et inutile) parce que je l'ai carrément oubliée...

...

PS: Topocl a dû me rafraîchir la mémoire, sur le coup je ne voyais plus. C'est vrai qu'elle peut faire cliché. Je l'ai trouvé assez ouverte pourtant, on se demande quel sera le choix de Tahar Rahim (oublié le nom de son personnage) et donc pour moi elle n'est pas inutile. Ce type se retrouve coincé devant des choix engageant sa responsabilité. C'est quand même pas si mal comme fin..

indépendamment de l'aspect médical plutôt discutable, j'ai trouvé ça mélo à souhait, cette fin. Et le regard de Tahar Rahim à sa femme à travers le hublot me suffisait avec une sobriété de bon aloi.

(je ne parle pas du fait qu'un médecin de soins intensifs à mon avis, est capable d'affronter les questions des familles sans leur fermer la porte au nez. C'est tellement facile, cet effet. Mais là je suis partiale et très susceptible sur ce sujet, je le sais.)

animal a écrit:

Mmmh faut voir. il a le mérite de ne pas avoir l'air à sa place, maladroit, avec une pas moche évolution de son mauvais rôle. je pense qu'il y a bien pire dans ce qui se fait par chez nous.

topocl a écrit:

Le jeu des acteurs, il y a quand même un contraste entre une volonté de calme réflexif, de réaction parfaite, et des débordements à la limite de l'hystérie. Ça, je peux l’admettre même si cela m’a mise par moments mal à l’aise. Mais franchement, je n'ai pas trouvé Bérénice Béjo si géniale

Idem. Je ne comprends pas son César de la meilleure actrice, elle en fait trois caisses, c'est lourd.

Et d'accord avec toi aussi concernant la fin, c'est clairement le gros défaut du film à mes yeux. Non seulement elle est grotesque et mélodramatique mais surtout, elle s'étire en longueur, c'est pas possible.

En revanche, le petit Fouad je l'ai trouvé très bon. Ali Mosaffa également.

Aeriale a écrit:

En gros, pour moi c'est un bon film, j'ai aimé la tension qui s'en dégageait, et ces questions de culpabilité et de non dits refoulés, je les ai trouvé plutôt bien analysées. Farhadi maîtrise avec finesse l'ensemble je trouve, c'est un cinéma qui nous sort un peu de ce qu'on a l'habitude de voir, et surtout qui nous fait réfléchir

Tout pareil.

Le film gagne à être revu. J'en profite pour revenir sur le jeu de Tahar Rahim que j'ai observé plus attentivement. Je l'ai finalement trouvé très bon dans sa pudeur et sa frustration contenue. Même Berenice Bejo m'a semblee plus complexe et nuancée. Comme quoi on ne voit pas nécessairement le même film d'une vision à l'autre...

P.S. Tahar Rahim est invité par Michel Ciment dans sa dernière émission de Projection Privée sur France Culture. Il est très intéressant à écouter sur son parcours de cinéma et sur le film de Farhadi.

Je vous trouve bien durs sur Le passé!

Avadoro a écrit:

L'éclatement de la cellule familiale est un thème passionnant cependant survolé tant Farhadi passe d'un personnage à un autre sans ligne directrice.

Il y a sans doute trop de rebondissements, oui, mais cela permet de donner tous les points de vue, et de ne surtout pas porter de jugement. Car le jugement semblait facile, au départ.
Je retiens encore une fois le regard des enfants sur ces adultes qui se déchirent.

Je vois que seul traversay semble l'avoir vu, aussi, pour ceux que cela intéresserait, je vous informe qu'Arte rediffusera La fête du feu mercredi 12 février à 3h10. Disponible également sur Arte + 7 et en VOD.

J'ai vu à la fois Une séparation et La fête du feu mardi, lors de la soirée consacrée par Arte à Asghar Farhadi. Une séparation a été une vraie claque, un film qui m'a touchée et tenue en haleine comme très rarement ces derniers temps. Farhadi a un talent fou pour décrire ces êtres au bord de la rupture, et pour maintenir cette tension tout au long du film, avec une attention portée aux détails qui rend le tout tellement "réel" que je suis restée scotchée devant ma télé. Qu'importent les "ficelles" du scénario, pour moi, c'est magistral !
Je n'avais pas ressenti cela avec A propos d'Elly, j'étais restée bien plus en retrait. Il faudrait que je le revoie.


La fête du feu est un ton en dessous côté tension dramatique, mais quand même, quels portraits de femme ! L'actrice jouant l'épouse rongée par la jalousie et la dépression est formidable de vulnérabilité. Quant à la jeune domestique, qui bien malgré elle apprend les compromissions de la vie de couple, elle est aussi fantastique en ingénue dont les yeux se dessillent.