Joyce Carol Oates

Ben zut alors! Moi qui espérais te faire lire un jour Mon Coeur mis à nu ou Bellefleur

Comme j'en ai essayé déjà deux, j'ai pour règle de m'arrêter là si je n'ai vraiment pas du tout accroché. Mais si tu trouves des arguments imparables, qui sait. Mais il me faut un petit peu plus de temps pour effacer le traumatisme des Chutes, et surtout prendre le risque d'une critique assassine...On verra, un jour peut être.

Mon impression sur JCO est qu' elle écrit trop et parfois mal.Une romancière compulsive...

Moi aussi j' ai décroché depuis longtemps... Mais j' ai des souvenirs de Haute enfance.
Et j'ai acheté deux Poches de petit format !!

Au commencement était la vie et Reflets en eau trouble. On verra !

bix229 a écrit:

Mon impression sur JCO est qu' elle écrit trop et parfois mal.Une romancière compulsive...

Balzac aussi et on ne l'en blâmera pas trop. Je suis sûr qu'elle sera l'équivalent pour notre époque de ces auteurs prolixes et inspirés. Sa boulimie est à mon avis plus un signe de créativité foisonnante que de débordement stérile. Elle est forcément inégale mais elle laissera une oeuvre considérable. On en reparle dans 50 ou 100 ans?

J'aime bien comment tu défends ceux que tu aimes Marko

Epi a écrit:

J'aime bien comment tu défends ceux que tu aimes Marko

Surtout elle... Elle m'a procuré parmi mes plus grands plaisirs de lecteur.

J'ai trouvé cet extrait d'article d'un blogueur qui va dans le sens de ce que tu disais à propos de Cameron, Arabella, et que je trouve très juste même si ce minimalisme m'a un peu frustré:

Citation :

C’est un miniaturiste, un artiste de la nuance, du quotidien infime, en contraste radical avec le tapage qui fait souvent le succès des écrivains made in USA (faut-il des noms ?). Pourtant, il gagne à être lu : ses talents de dialoguiste, son sens du détail, son humour discret sont un vrai bonheur.

C'est tout à fait ça, merci pour cet extrait Marko.

Nous étions les Mulvaney

Que dire... à part que je ne suis pas du tout convaincue par ce deuxième essai avec Oates...
Ah si, j'ai des choses à dire ! (Vous n'allez pas y échapper !)


Alors, déjà c'est un brin caricatural.
Le père évidemment, grand chef bien costaud qui vire alcoolo et violent.
Les femmes, victimes innocentes, qui attendent gentiment qu'un homme leur dise : mais vas-y tu peux lever la tête et être heureuse, avec moi tu peux (sans moi... bof, ta vie ça sert qu'à m'attendre).
Les jeunes mecs qui sont beaux, intelligents, super doués chacun dans leur domaine (pas du tout des fils de bouseux de paysans à l'esprit étriqué et grossier, nonon).
Les seuls êtres vraiment bons et purs sont ceux qui ont souffert sans penser à se venger ni à se défendre.... (Ouais, ok. Vive les martyrs!)

Oates qui balance des bribes de vie, parce qu'il y en a tellement à raconter, qu'elle ne raconte plus grand chose, et finit par tracer de grands traits sur des aspects psychologiques importants, alors qu'elle s'attarde trois plombes et demi à nous énumérer tous les animaux du zoo pour animaux abandonnés, maltraités et tutti quanti.

Et tous ces retours en arrière sur des anecdotes, à croire qu'Oates, avec son pavé de 700 pages avait peur que son lecteur ne soit paumé, oublie des choses, du coup elle se répète gentiment, de plus en plus souvent, avec un systématisme énervant.

Alors oui, ça dépeint une famille, toute parfaite et merveilleuse, et son déclin. Mais alors j'ai pas été émue par tout ça. Et non, je ne me suis pas attachée aux personnages. Ils ne font qu'attendre que "ça passe". Ils ne savent même pas quoi d'ailleurs, et en plus "ça passe pas".

Ah mais Oates est balèze parce qu'elle glisse tout ce qu'il faut pour nous amadouer : un peu de religion (mais juste ce qu'il faut pour ne pas nous effrayer, juste ce qu'il faut pour nous rassurer), un peu d'excentrisme (la maman est fana d'antiquités dont elle s'entoure sans pouvoir les revendre), un peu de drame (la tragédie "suggérée" par la même phrase répétée une dizaine de fois sur 200 pages je dirais), un peu d'amour (la mère, folle dingue de son mari), un peu d'élitisme (le frère hypra intelligent qui finit fan de météo), un peu de patriotisme (le fils qui devient soldat, grand, fort et bôô), [ils sont tous beaux]... etc...

Je n'ai pas senti particulièrement les États-Unis (alors que ça s'effrite un peu de-ci de-la), je voulais que ça avance, et ça n'avançait pas, je voulais que ça se bouscule et ça restait dans ses rails.

Cela dit Oates est balèze pour mener tout ce monde, parvenir à tenir l'équilibre de manière à n'être ni dans le glauque ni dans l'illumination ni dans le fleur bleue... etc... mais du coup, elle me semble ne pas prendre de parti pris. Elle fait comme ses personnages : elle constate, attend que ça passe, que ça vienne... moi, j'attends toujours.

J'essayerais encore le Gang de filles un jour, juste pour le titre... mais c'est pas demain la veille !

Si je devais en repêcher un ce serait Patrick. L'intello refermé sur lui-même qui est le seul à agir pour tenter d'éliminer ce qui est la racine du mal, et qui, pour lui, y parvient. Dommage qu'après ça Oates le laisse tomber et lui cède trois lignes pour nous dire : il a tout abandonné de sa vie passée, à parcouru les États-Unis, les boulots, et à trouver l'amour dans un panier à salade. Ça c'est une histoire que j'aurais aimé qu'elle me raconte, et pas comment Judd est allée au supermarché acheter deux kilos de maïs et a mis 10 pages à reconnaître son frère sur un terrain de baseball improvisé où les coups de batte frappaient plus ou moins fort la balle...

Comme toi Queenie je n'ai pas été convaincue par tous les romans de JCO, mais les Mulvaneys ne m'avaient pas laissée sur le bord de la route autant que toi. Je reconnais que la distanciation de l'auteur avec ses personnages ne fait rien pour nous en rapprocher et et que nous restons très spectateurs sans être vraiment touchés. Je n'avais pas été convaincue, mais moins déçue tout de même ! Bellefleur m'avait fait le même effet, des personnages beaucoup plus forts que les Mulvaneys, plus extraordinaires aussi, mais l'impression d'avoir été laissée à l'écart de ne jamais les cerner, de les voir à peine brossés devant moi, pourtant avec plus de 800 pages, il y avait le temps !

Je viens de finir La Fille du Fossoyeur - je mettrai un post d'ailleurs, avant d'oublier trop, mais pour celui-là, je n'ai pas du tout éprouvé la même impression. J'étais plus impliquée dans le récit, moins distante des personnages. J'en garde une bonne impression. Mais le plus fort pour moi c'était 'Blonde', un grand et beau roman, une véritable oeuvre littéraire.

Marie N'Diaye aime Blonde de Joyce Carol Oates mais n'a pas le temps d'en dire beaucoup dans les conditions de cette émission:

Merci marko ! Moi aussi Blonde est un des romans qui m'a marqué ces dernières années.

The Gravedigger’s Daughter
Joyce Carol Oates

Un pavé, mais un qui n’a m’a pas déçue, ce qui n’est pas toujours le cas avec JCO. L’histoire en bref est celle d’une petite fille d’immigrés allemands aux USA arrivés au moment des persécutions nazies. Le père était un professeur respecté, et la mère une musicienne. Arrivés en Amérique, le seul travail que le père parvient à trouver est celui de fossoyeur dans une petite ville de province. La famille vit très repliée sur elle-même, traumatisée par cet exil forcé et le père, d’intellectuel raffiné, tourne à la brute épaisse et fruste jusqu’au drame violent qui laissera Rebecca orpheline. Plus tard elle est séduite par Niles Tignor, un mauvais garçon qui parvient à l’éblouir, mais lui aussi se révèlera être une brute et Rebecca disparaîtra dans la nature avec son petit garçon. Elle fuira de ville en ville, sous une identité fabriquée, pour finalement se poser toujours avec la peur au ventre, celle que Niles la retrouve. C’est cette fuite que nous suivons pas à pas, jusqu’à ce qu’elle trouve un refuge et que petit à petit la confiance revienne, mais jamais tout à fait...

Il parait que dans ce livre JCO s’est inspirée de la vie de sa grand-mère, ou du moins de ce qu’elle en savait, pour le reste elle a du inventer pour combler les vides laissés par la mémoire familiale. J’ai aimé cette double histoire de fuite, celle des parents de Rebecca, puis la sienne, pour brouiller les pistes, effacer son image, pour effacer sa mémoire, pour renaître enfin. J’ai un peu peiné dans la première partie du livre, l’histoire me semblait un peu convenue et parfois les personnages des parents me paraissaient trop poussés,pas tout à fait crédibles. Mais dans la seconde partie j’ai trouvé que JCO rebondissait bien, et que bon sang, elle savait nous raconter une histoire, et nous emmener exactement là où elle en avait envie. Petit bémol pour la fin que j’aurais placée un trentaine de pages avant, un peu convenue elle aussi. Un bon gros roman, pas extraordinaire, mais un de ceux que l’on a vraiment plaisir à lire.

Tiens je ne savais pas que Confession d'un gang des filles avait été adapté au cinéma il y a quelques années par Annette Haywood-Carter avec Angelina Jolie... Et ça s'appelle Foxfire. Je ne le sens pas trop mais bon...

Marko a écrit:

Tiens je ne savais pas que Confession d'un gang des filles avait été adapté au cinéma il y a quelques années par Annette Haywood-Carter avec Angelina Jolie... Et ça s'appelle Foxfire. Je ne le sens pas trop mais bon...
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Tu m'étonnes... et tu comptes donc le regarder ?