Parfum de livres… parfum d’ailleurs
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 Joyce Carol Oates

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Igor
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MessageSujet: Re: Joyce Carol Oates   Joyce Carol Oates - Page 33 EmptyVen 6 Juil 2012 - 16:36

petitepom a écrit:
confessions d'un gang de filles
Après avoir peiné à lire « nous étions les Mulvaney », lors de paragraphes longs et détaillés. J’ai eu envie de replonger dans son univers, fastidieux, soit, mais si riche. Le titre de celui-ci m’a attirée, marié le récit d’un gang de fille et la belle écriture de J.C.Oates devait être une réussite.

Le sujet est en effet intéressant : lire la vie des adolescentes des années 50, sans milieu familiale stable, qui décident de former un gang est peu commun. Legs est la meneuse, elle décide, de qui ont doit se venger ; elle devient populaire et elle prennent de la confiance, et vont donc voler la voiture d’un garçon pour se venger. Cette virée va amener legs en maison de correction, cette partie est instructive. Puis le gang se reforme et décide de vivre ensemble mais il leur faut de l’argent…

A travers ce livre, c’est l’Amérique des années 50, la délinquance, les maisons de redressement, le racisme, etc. L’écriture de J.C. Oates est là encore peu linéaire, alors qu’on lit un évènement présent, un souvenir, un dialogue nous éclaire sur le passé ou sur la vie d’une des filles ; puis on passe à autre chose du présent ; comme un puzzle, l’histoire se met en place, ce style est un peu hachuré, lasse un peu le lecteur. J’ai voulu connaître le fin de l’histoire, j’ai été au delà des descriptions trop détaillées, et une fois finie, je ne regrette pas ma persévérance.

En lisant ton commentaire de "confessions d'un gang de filles" et sa temporalité dans les années 50, j'ai réalisé ce qui me gène le plus dans "Nous étions les Mulvaney". C'est le fait que l'histoire se situe dans les années 70/80. J'ai beaucoup de mal à la relier à cette époque. Un exemple: la description de la tenue vestimentaire de Marianne lors de le triste soirée du drame ainsi que l'ambiance de cette "fête". Aussi cette religiosité QQ la praline de mère & fille. Nous sommes pourtant dans l'état de New York et pas au fin fond du Texas ou de l'Arizona...
JCO cite dans ce roman deux groupes de rock: The Grateful Dead et Plastica.
Pour Plastica, aucune résonance, ou il n'existe pas ou il est très local (introuvable sur la toile). Mais peut être pour une histoire de droits s'agit-il de Metallica, la description du chanteur pourrait correspondre. Quoique formé en 81, JCO situe le concert le 25/10/78 ? (un champ de recherche pour les spécialiste !)
Pour le Grateful Dead il existe bien (encore aujourd'hui. JCO ne semble pas les porter dans son cœur puisque elle les cite pour la description de l'abominable Zacharie:
Citation :
Zachary Lundt apparut dans l'escalier. Il portait un jean délavé, un sweat-shirt des Grateful Dead - Les Morts reconnaissants. Ses longs cheveux raides lui tombaient sur les yeux...
Pourquoi avoir choisi justement ce groupe qui dans son éthique est plutôt un groupe psychédélique de San Francisco porte voix du mouvement Hippies de la fin des années 60. Groupe qui n'a rien à voir avec la période plus violente qui à suivie et pas davantage avec celle qui l'a précédée (la genèse du Grateful Dead dans Acid Test de Tom Wolfe)
...
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Igor
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MessageSujet: Re: Joyce Carol Oates   Joyce Carol Oates - Page 33 EmptySam 7 Juil 2012 - 10:52

Voici la dernière page de "Nous étions les Mulvaney" tournée et je doit l'avouer: j'ai été scotché!
Dans la dernière partie du livre, la narration m'a parue plus resserrée, le temps se dilate, les personnages se dispersent. Chacun se reconstruit (ou se déconstruit).
Des précisions sont apportées qui éclairent des passages parfois obscur. Sans doute dus à la chronologie particulière de ce roman.
Le chapitre de la vente et du déménagement dans cette maison minable et placée dans le pire endroit possible est terrible.
L'utopie Mulvaney est terminée comme quoi ici, l'importance du lieu est primordiale!
La rencontre des deux Michael père et fils est un modèle du genre.
Bien sûr Marianne qui à force d'échouer ici et là finit par trouver son paradis. Et là je n'ai pas trouvé au contraire d'Aeriale ce passage longuet, certes, JCO insiste sur le fait que ces animaux sont à l'image de Marianne, tous blesses par l'existence... J'ai seulement senti que JCO avait une empathie particulière pour ce lieu (Stump Creek Hill) et ces pauvres bêtes, j'ai eu un peu peur d'être entrainé dans une sensiblerie bon marché à la B.B. hexagonale mais non.
Enfin, le Bouclé qui arrive au bout de son chemin. Descendu très bas, un dernier sursaut le ramène au centre Mulvaney duquel il s'éclipse rapidement leur laissant un simple conseil de bon sens:
Citation :
Veille à avoir le vent dans le dos, petit! Pas question de commettre une erreur à un moment aussi crucial, il n'y aura pas de seconde fois.

Et enfin la reconstruction du clan. Un 4 juillet bien sûr. Tout et tout le monde est là, famille, amis, voisins, le mach amical de base ball et les nappes aux couleurs de la nation. Tout le monde se retrouve, le fondateur ayant tiré sa révérence de façon magistrale et pris avec lui le ressenti et les blessures, les retrouvailles et l'amour renaît: encore un lieu unique, paradisiaque (il est nommé: New Canaan Road - faut oser quand même!) où au fond du prés viennent s'abreuver.
Une fin sans doute insupportable au cinéma mais qui marche ici.
Les éditeurs pourraient y appliquer allègrement en bannière: Le livre qui a fait pleurer l’Amérique! mais sans verser une larme on y prends un plaisir de lecture réel.

Un genre toutefois récurent dans le roman américain, une impression de déjà lu tout au long du livre et me reviennent en mémoire des auteurs et des livres comme La montagne en sucre de Wallace Stegner, Dalva de Harisson, Spivet de Reif Larsen, Les Corrections et Freedom de Franzen et une bonne centaine d'autres si je réfléchis bien. Des histoire, finalement pareilles mais à chaque fois uniques où les qualités de l'auteur y font résonner souvent des éléments de notre propre histoire.

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darkanny
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MessageSujet: Re: Joyce Carol Oates   Joyce Carol Oates - Page 33 EmptySam 7 Juil 2012 - 11:28

Et puis si tu lis Pat Conroy, tu vas encore avoir des histoires similaires et sa touche personnelle bien sûr.
Je suis dans Charleston Sud et c'est l'impression que j'ai, conflits de famille, enfance perturbée, une certaine middle-class voir upper class décrite .....comme avec bien d'autres auteurs américains que tu viens de citer.

La question est: vais-je avoir un effet de lassitude, de déjà vu ?
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MessageSujet: Re: Joyce Carol Oates   Joyce Carol Oates - Page 33 EmptySam 7 Juil 2012 - 11:37

Igor, me voila rassurée
Darkanny je note Charleston Sud
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MessageSujet: Re: Joyce Carol Oates   Joyce Carol Oates - Page 33 EmptySam 7 Juil 2012 - 12:50

dans Charleston Sud il y a quand même un humour caustique bien propre à l'auteur.
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MessageSujet: Re: Joyce Carol Oates   Joyce Carol Oates - Page 33 EmptySam 7 Juil 2012 - 12:58

krys a écrit:
dans Charleston Sud il y a quand même un humour caustique bien propre à l'auteur.
C'est peut être ce qui manque chez JCO. Je note aussi Charleston Sud et Pat Conroy que je ne connais pas.
Je prends garde de varier les lectures pour éviter la lassitude dont parle Darkanny sourire
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darkanny
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MessageSujet: Re: Joyce Carol Oates   Joyce Carol Oates - Page 33 EmptySam 7 Juil 2012 - 13:48

Oui je varie aussi mes lectures (en ce moment également je lis l'histoire d'une servante d'un marquis normand au 17ème siècle, avec un vaste sujet sur la vigne et les déboires dûs au climat)

Mais.....je reviens systématiquement à la littérature anglosaxonne, on va dire 1 livre lu sur 5 n'est pas anglosaxon en moyenne.

Et Krys effectivement, il y a un humour bien particulier chez Pat Conroy que je trouve caustique pour ne pas dire vachard, ce qui m'amène à avoir une certaine distance vis à vis des personnages, que je ne trouve pas, c'est le moins que l'on puisse dire, animés des meilleures intentions.
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MessageSujet: Re: Joyce Carol Oates   Joyce Carol Oates - Page 33 EmptySam 14 Juil 2012 - 19:38

Des Gens chics (Expensive People)
Joyce Carol Oates - Page 33 418gd710

Premier roman de JCO qui date de 1968 et qui a reçu le National Book Award à l'époque.

Des Gens chics sera certainement réédité comme ils le font progressivement avec tous les romans de cette période des débuts. Mais actuellement il est difficile à trouver en français. Sur amazon il doit y avoir un livre de bibliothèque un peu pourri qui traine à plus de 40 euros. Mais il y a de formidables médiathèques et j'ai donc enfin pu le découvrir... et ça valait la peine!

C'est formidable pour un fan de Oates de lire ce roman après plein d'autres parce qu'on a l'impression de revenir aux fondamentaux de son oeuvre. Tout est déjà là dans ce portrait de gamin assassin qui raconte son histoire, de banlieue chic américaine, de mère instable et égocentrique, d'enfants malmenés, mal aimés, livrés à leurs névroses. Elle y ajoute plus que jamais cette distance qui est en même temps une réflexion sur l'acte d'écrire, de créer, de s'interroger sur cet univers qu'on est en train de faire sortir de soi-même.

Le premier chapitre joue avec les attentes du lecteur en proposant 3 portes d'entrées possibles qui apparaitront ensuite successivement au cours du récit (procédé qu'elle utilise régulièrement depuis). On retrouve les débuts de cette petite voix en italique qui exprime les obsessions et l'inconscient du personnage principal, les descriptions physiques qui nous font éprouver viscéralement le malaise névrotique de l'enfant (Richard a souvent des nausées, il est devenu obèse et transpire beaucoup...). Un autre chapitre s'amuse à pasticher des critiques littéraires célèbres qui commenteraient Des Gens Chics. Autodérision d'une jeune femme qui apporte déjà son talent considérable et prend les devants pour jouer avec ses détracteurs potentiels. Il y a aussi des considérations psychologiques et scientifiques qu'elle s'approprie ou dénonce (j'ai retrouvé la charge antipsy qui réappparait dans Petite Soeur mon amour par exemple et qui lui ressemble à pas mal d'égards).

L'ensemble est brillant, prenant (d'autant plus qu'il est assez court: 300 pages), parfois inégal mais pour un début c'est impressionnant d'intelligence et d'originalité. L'intrigue y est comme souvent ténue mais c'est volontaire et elle s'en explique d'ailleurs. L'important est dans l'incarnation de ce mal être adolescent à travers ce personnage qui est déjà la Marylin de "Blonde" et tous ces héros et héroïnes qui habitent tout son monde douloureux et moralement violent qui est celui d'une Amérique souffrante.

Il faut le lire évidemment!!
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MessageSujet: Re: Joyce Carol Oates   Joyce Carol Oates - Page 33 EmptyJeu 30 Aoû 2012 - 16:21

Marko a écrit:
La traduction en français de son essai De la Boxe qui semble être un de ses écrits incontournables. Ils ont tardé à le sortir mais ça est!

Joyce Carol Oates - Page 33 41agdt10

Oui, il est effectivement très bien, son essai.

Il était déjà sorti en français, mais n'était plus disponible. De plus, depuis, elle a écrit d'autres articles, qui étaient disponibles sur le net.
Je ne sais pas s'ils seront intégrés ou non dans cette ressortie.
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MessageSujet: Re: Joyce Carol Oates   Joyce Carol Oates - Page 33 EmptyLun 15 Oct 2012 - 10:24

Attention : critique teintée d'une certaine dose de partialité !
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Petit oiseau du ciel

Zoe Kruller est décédée. Assassinée une nuit de février 1983 dans sa maison de Sparta – NY. A 34 ans, elle aimait chanter avec son groupe et espérait enregistrer un disque. Percer. Etre heureuse. « Petit oiseau du ciel » est sa chanson qui a eu le plus de succès. Un succès néanmoins local. C’est également le surnom qu’elle avait donné à son fils. Zoé était belle, sexy et avait des rêves de carrière. D’ailleurs, ne devait-on pas l’emmener à Végas un jour prochain (preuve que ces espoirs n’étaient pas infondés) ?
La police a deux suspects (qui ne seront jamais arrêtés). Delray, le mari d’avec lequel elle vivait séparée : un homme peu bavard, un peu rustre à l’ascendance indienne Seneca incontestable. Et Eddy Diehl, un « blanc » comme elle : l’amant. Ou un des amants comme l’affirment les mauvaises langues. Car Zoe, après avoir travaillé comme vendeuse à la laiterie locale, était employée dans un bar. Et pas seulement comme serveuse à ce qu’on dit. Qui est le coupable ? Delray ou Eddy ?
Dans la première partie du livre, le lecteur suit les traces de Krista, la fillette d’Eddy. Agée de 11 ans à l’époque des faits. Elle adore son papa malgré son penchant pour l’alcool. Et son papa l’adore en retour. Lui aussi à surnommé son enfant chérie « Petit oiseau du ciel ». A la suite du meurtre (pudiquement appelé « les ennuis de papa »), le lecteur assiste à ses côtés à l’explosion de la bulle familiale. Papa qui quitte la maison pour s’installer chez un oncle. Ben, le grand frère se met à détester son père qui les a « abandonné ». Maman qui critique papa (adultère) à chaque occasion. Elle a d’ailleurs obtenu du juge une ordonnance interdisant à Eddy d’approcher maison, femme et enfants. Maman cherche à préserver les enfants. Elle s’enferme pour parler au téléphone. On ne regarde plus la télévision (surtout les actualités). Le journal ne traine plus sur la table. Mais Krista est une jeune fille intelligente : elle perçoit le malaise ambiant, elle voit sa mère pleurer, ses camarades de classes répéter ce qu’ils entendent chez eux. La haine de Ben est également dirigé contre les Kruller, les criminels responsables de leurs « ennuis » : rien de bon à espérer avec ces indiens. Pourquoi ne pas les maintenir dans leur réserve comme le demandent certains ? Bien sûr, il déteste Aaron qui a le même âge que lui. Même âge mais une classe d’écart car Aaron a redoublé. Même âge mais bâti bien plus solidement : un bagarreur, un délinquant multirécidiviste (déjà !) qui sait à peine lire et écrire et qui finit par être exclu définitivement du lycée (bon débarras).
La seconde partie donne la parole à la seconde famille. L’autre face de la médaille : comme un droit de réponse pour mettre en avant les spécificités, les différences mais aussi tous les points communs. Après Krista, la narration est confiée à Aaron. C’est lui, âgé de 15 ans qui a découvert le corps de sa mère : il venait chercher son cadeau de Noël que sa mère n’avait pas encore trouvé le temps de lui remettre. Le lecteur assiste cette fois à la séparation du couple Zoe/Delray, à l’admiration générale (et pas toujours muette) que la population masculine de la ville voue à la jeune femme. A l’antipathie et la discrimination tout aussi générales que son père et lui-même doivent subir au quotidien de la part des « blancs ». Les difficultés d’argent, le garage du père que les clients désertent un peu plus à chaque nouvelle publication de la photo de Delray à la une. Aaron, cet adolescent ténébreux, secret, qui fascine les filles et que les garçons craignent. Que les professeurs rabrouent sans cesse. Que la police surveille de loin attendant le faux pas non sans une certaine fébrilité malsaine. Le lecteur fait alors corps avec ce « sang-mêlé », gêné de la condescendance des « blancs » bienveillants, offusqué de l’injustice des plus radicaux (délit de « sale-gueule »). Irrité de l’indifférence du plus grand nombre.
A l’occasion de ce crime, Joyce Carol Oates nous décrit les deux mondes qui vivent côte à côte, se détestant souvent, se mélangeant rarement. L’affaire policière demeure à l’arrière plan : un simple fil conducteur jalonnant le livre. Le lecteur ne fera qu’apercevoir les enquêteurs, ne lira que quelques manchettes. Un prétexte, donc : un simple point de départ comme un autre pour initier une critique de la société américaine, ces environs des Chutes du Niagara, du lac Ontario et des Adirondacks que JCO connaît si bien. L’omniprésence du qu’en-dira-t-on, la force des rumeurs colportées de bouches à oreilles et qui font le tour de la ville en quelques heures. Les esprits rarement critiques toujours prêts à accepter une nouvelle (surtout les mauvaises), à croire l’incroyable. Les langues peu charitables promptes à invectiver, critiquer, calomnier. A répéter sans analyse et sans retard.
Une nouvelle fois, l’auteur étudie davantage les répercussions d’un évènement sur la population que l’évènement lui-même. Malgré son crime initial, ce livre n’a rien d’un roman policier mais reste une étude de mœurs dans laquelle JCO excelle. Comme à son habitude, elle distille ses indices par petite touches impressionnistes et ne n’attache pas trop d’importance pour la chronologie, sautant fréquemment d’une époque à l’autre, ajoutant une à une les pièces du puzzle. Un opus haut de gamme, à mi-chemin entre « Nous étions les Mulvanney » et « Johnny Blues » et qui, selon moi, rivalise avec les meilleurs. Un des JCO les plus noirs que j’ai eu l’occasion de lire. Un moment de lecture exceptionnel.

bravo bravo aime


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MessageSujet: Re: Joyce Carol Oates   Joyce Carol Oates - Page 33 EmptyLun 15 Oct 2012 - 10:30

Un bon cru donc Very Happy Je le réserve pour de futures vacances.
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MessageSujet: Re: Joyce Carol Oates   Joyce Carol Oates - Page 33 EmptyLun 15 Oct 2012 - 10:45

Marko a écrit:
Un bon cru donc Very Happy Je le réserve pour de futures vacances.
Pourras-tu attendre ?
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MessageSujet: Re: Joyce Carol Oates   Joyce Carol Oates - Page 33 EmptyLun 15 Oct 2012 - 10:47

encore une tentation ! et je n'ai toujours pas lu Zombi, qui m'attend dans ma liseuse dentsblanches
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MessageSujet: Re: Joyce Carol Oates   Joyce Carol Oates - Page 33 EmptyLun 15 Oct 2012 - 11:34

Harelde a écrit:
Attention : critique teintée d'une certaine dose de partialité !
dentsblanches


Tu fais bien de le préciser, on n'y aurait pas pensé tous seuls sourire !

Harelde a écrit:


bravo bravo aime
Ca fait quand même bien envie!
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MessageSujet: Re: Joyce Carol Oates   Joyce Carol Oates - Page 33 EmptyMer 7 Nov 2012 - 9:02

Etouffements

Un recueil de dix nouvelles dans lesquelles JCO décortique les bassesses humaines : jalousie, vengeance, cruauté, alcoolisme, drogue, convoitise… Les personnages ont tous un point commun : ils étouffent, cherchent de l’air, manquent de se noyer, cherchent à fuir par tous les moyens, quel qu’en soit le prix. Désespérément. Le lecteur est fréquemment mal à l’aise car fréquemment amené à éprouver de l’empathie pour le personnage torturé. Une JCO en verve pour un autre récit d’une noirceur infinie. Comme si la plèbe n’avait aucun moyen de se sortir de la fange des bas quartiers, rattrapée malgré elle par ses bas instincts. Que ce soit la boisson, la drogue ou le sexe, ses travers sont les plus forts et les condamnent irrémédiablement au chaos.
Je regrette les pavés de l’auteur. Ces nouvelles, courtes, sont quelque peu frustrantes : la plupart méritait un roman à part entière. Un recueil qui me laisse un peu sur ma faim.
Une lecture néanmoins de qualité dans laquelle on retrouve la marque de fabrique de JCO : l’analyse de la société américaine de l’ouest de l’état de New York, ses personnages déchirés, profondément marqués par la vie, sa manière de distiller les détails les uns après les autres sans chronologie (du moins pour les nouvelles les plus longues), son écriture magnifique… Et toujours la magie des petites phrases en italique.

Donnez-moi votre cœur. Nouvelle sous la forme d’une lettre, d’une femme à un homme, d’une amante à son premier amour perdu 23 ans auparavant. On pense d’abord qu’elle cherche à renouer le contact, puis a faire renaître un passé pourtant révolu. Mais bientôt le ton devient inquiétant, oppressant. Menaçant.

Cerveau/fendu. Une femme veille son mari hospitalisé. Chaque jour elle se rend à la clinique et demeure près de lui. Atmosphère lourde, mûrs nus, odeurs, maladie, silhouette jadis vigoureuse et devenue chétive. Déclin. Et cette femme rentrée à l’improviste à une heure où elle devrait être absente et qui sent dans son intérieur une présence hostile qui n’a rien à faire là.

Le premier mari. Par hasard, un homme découvre dans les affaires de sa femme des polaroïds de sont premier mari. Pourquoi les garde-t-elle ? Pense-t-elle toujours à lui ? Depuis quand lui ment-elle ? Et pourquoi ? L’homme cogite seul dans son coin, observe sa femme du coin de l’œil, cherche à la confondre (discrètement). Madame devient une adversaire détentrice d’un secret à percer. Où l’anodin prend artificiellement des proportions gigantesques, démesurée.

Strip poker. La narratrice est une ado de quatorze ans. Un peu rebelle : conflit de génération. En vacances au bord d’un lac, dans le bungalow de tonton. Quand sa mère lui fait remarquer qu’il est l’heure de rentrer, elle rechigne : pas maintenant, trop tôt, plus un bébé tout de même ! Au contraire, elle choisit de suivre quatre garçons bien plus âgés (25 ans) dans une partie de poker. La bière coule à flot et elle est rapidement ivre. Et quand elle eut perdu son dernier dollar (qu’on lui avait gentiment prêté), on a commencé à lui réclamer un vêtement en paiement de ce qu’elle devait…

Etouffements. Une femme est sujette à des cauchemars dans lesquels elle voit un bébé de deux ans, mort étouffé et abandonné dans un parc urbain. Réminiscence d’un fait divers sordide, d’un traumatisme personnel datant de son enfance ? Subitement, elle accuse ses parents de meurtre. Interrogatoire, contre interrogatoire. Qui a raison ?

Tétanos. Un jeune garçon de onze ans. Ultra violent. Défoncé à la colle. Garde à vue. Interrogatoire éprouvant.

La chute. Une jeune épouse arrive dans une famille respectée. Un veuf, deux grands enfants, une ferme. Et bientôt un neveu « attardé » rejeté par sa mère et confié aux bons soins de son oncle et sa tante. Quatre grossesses, le ménage, les repas, les courses, les enfants, l’exploitation familiale… Et toujours ce neveux devenu adulte. Gentil, dévoué. Mais un peu inquiétant tout de même avec ses regards…

Nulle part. Une jeune fille de 15 ans se retrouve dans un bar en soirée. Elle traine avec des garçons beaucoup plus âgés qu’elle. Alcool, drogue, musique assourdissante. Ambiance abrutissante durant laquelle l’auteur revient sur le passé trouble de la famille : frères ayant fui le domicile parental, l’aîné servant sous les drapeaux en Irak, père emprisonné pour coups et blessures, mère adultère…

Sang. Un ado, marqué par une ou deux affaires sordides qui se sont déroulées dans son entourage (violence sur mineurs). Il n’a bien sûr rien à voir avec ces crimes, c’est un élève brillant, promis à de belles études universitaires. Un gars sérieux. Quand, à l’âge de 23 ans, il remarque une fillette errant en pleine nuit à peine vêtue…

Veine cave. Le caporal-chef (Dennie) rentre de la guerre. Complètement déglingué, rafistolé de partout, il réintègre à 27 ans un cercle familial qu’il ne reconnaît pas, qu’il n’aime plus et auquel il n’est plus adapté. Il reste militaire (les siens sont qualifiés de « civils »). Il rentre paranoïaque, fait des cauchemars, est persuadé que son fils n’est pas le sien, ne se souvient pas d’avoir épousé cette femme-ci (mais une autre). Déficient visuel. Déficience auditif. Prisonnier dans un corps atrophié. Prisonnier dans un monde qui n’est plus le sien.
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