Parfum de livres… parfum d’ailleurs
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 Joyce Carol Oates

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topocl
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MessageSujet: Re: Joyce Carol Oates   oates - Joyce Carol Oates - Page 27 EmptyVen 2 Sep 2011 - 18:21

Crazy évoquait aussi ce genre de personnages. A éviter si tu veux te laisser séduire par Oates, IzaBzh!
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MessageSujet: Re: Joyce Carol Oates   oates - Joyce Carol Oates - Page 27 EmptyVen 2 Sep 2011 - 18:23

Merci du tuyau, Topocl Wink Elle m'a déjà dans sa manche, mais je sais qu'elle change facilement de style, c'est pour ça que je ne me décourage pas !
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MessageSujet: Les mystères de Winterthurn   oates - Joyce Carol Oates - Page 27 EmptyLun 19 Sep 2011 - 15:25

Les mystères de Winterthurn

Je viens juste de refermer ce beau livre, gothique parodique, eh oui gothique ?, de JCO, lu il y a des années en partie, m'étais arrêtée à la fin de la première histoire, impressionnante.
Au fil de mes lectures de ses romans dits gothiques ou victoriens (déjà lu La légende de Bloodsmoor, ici le manoir s'appelle Gwen Mowr...), j'ai de plus en plus l'impression que JCO, excellent écrivain, non encore nobelisé, dommage, ne donne pas toutes les explications, et laisse les mystères (de Winterthun ou d'ailleurs) affleurer. Idem pour la "Légende de Bloodsmoor" : toutes ces irruptions du fantastique, ces démons meurtriers, qu'en est il ? JCO nous laisse comme dans la vie, il y a plein de choses qu'on ne comprend pas, et elles ne nous sont jamais expliquées. Dosage entre le rationnel, les faits (policie scientifique au XIXe etc.) et les possibles motivations d'ordre immanent, possessions, envoutements et autres gothiqueries.
Me rappelle "Lost", la série : tant de mystères dont les explications ne sont jamais venues...
C'est bien, mais quand on a passé tant et tant de temps à lire ces pavés, avec bonheur d'ailleurs, on est un peu frustré, voire énervé, devant ces fins en queue de poisson. Ok on a bien compris que c'est plutôt de la parodie, on est pas à lire du pur pulp fiction à la chaîne, même si les amateurs de gore et de traces sanglantes peuvent se senir rassasiés, mais JCO n'a pas pitié de nous, quelques explications ne seraient pas du luxe. Ou alors ne faut il pas du tout en chercher ? Le propos n'est pas là ? Mais le plaisir du lecteur, l'envie d'aller au bout ? Une succession de teasers brillantissimes alors...

Alors, si vous aussi vous avez bien lu et aimé ce roman (3 novels en fait), ce beau livre, comment comprenez vous Xavier Kilvargan ? Il faut lire les toutes petites phrases, les interventions minimes de témoins, entre des lignes de pure action dévorante de suspense se glissent des détails certainement signifiants et non gratuits.
Par ex, ce visage "ciselé, au profil de médaille" qui apparait à la servante Nell au cours d'une nuit de cauchemar de Perdita, ne pourrait il pas être celui du démon Xavier, versus ange, double véritable ou non de l'infâme Valentine ? Et l'enfant abandonné un soir de Noël celui des deux amants ayant depuis longtemps consommé leur union, pendant leurs transes amnésiques ? Ou bien est ce le père incestueux qui revient ? Les sables mouvants, comment s'en sort-il ? Et qui est vraiment Perdita ? Possédée elle aussi, l'histoire de la cave, du cachot, c'était Elias Fenwick dedans ? Etc etc. Tant de mystères sans réponse, ah non même si le livre est sorti dans les années 80 j'aimerais avoir ma dose d'interprétations, ou de ressentis. Y a t'il des interviews de JCO ? Merci d'éclairer ma lanterne, par courrier privé si vous voulez, merci, merci !!
Donc, ne pas croire tout au 1er degré ? Grands dieux non. Donc ni démons ni anges n'existent, on s'en doutait, ça se saurait depuis le temps. Mais quand on écrit des histoires avec cette dimension surnaturelle, eh bien on va jusqu'au bout, même si on y croit pas, Madame JCO ! Sinon je crois que je vais me retenir de lire "Bellefleur" (le 1er de la série gothique ?). Pour éviter déception et perte de temps, et ne pas encore une fois me trouver devant un brillant objet, sans plus de fond qu'une affiche dans le métro présentant le Père Noël sous les traits de Vanessa Paradis par les soins de Jean-Paul Goude. On sait bien que les magiciens ne dévoilent pas leurs tours, mais la littérature de genre c'est la littérature de genre...
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Harelde
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MessageSujet: Re: Joyce Carol Oates   oates - Joyce Carol Oates - Page 27 EmptyLun 19 Sep 2011 - 17:24

sopsch a écrit:
tant de mystères dont les explications ne sont jamais venues...
C'est bien, mais quand on a passé tant et tant de temps à lire ces pavés, avec bonheur d'ailleurs, on est un peu frustré, voire énervé, devant ces fins en queue de poisson.
En queue de poisson... Tu y va fort tout de même.
Tu n'étais pas adepte de Mulder et de Scully ?
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MessageSujet: Re: Joyce Carol Oates   oates - Joyce Carol Oates - Page 27 EmptyMer 21 Sep 2011 - 16:18

OOps Shocked pardon d'avoir oublié le titre du livre, implicite pour moi car en objet, mais mieux vaut deux fois qu'une... Merci aux relectrices !

Harelde a écrit:
En queue de poisson... Tu y va fort tout de même.
Tu n'étais pas adepte de Mulder et de Scully ?

Concernant mes allusions à des queues de poisson, j'y vais fort certainement, car j'ai adoré ces Mystères de Winterthun, mais reste quand même pas mal sur ma faim. Any ideas des autres lectrices sur lesdits mystères ? Quant aux Xfiles (c'est ça Mulder et Scully je crois ?), jamais trop regardé... Y a t'il prescription pour ces mystères oatiens ? Je voudrais bien savoir s'ils sont étudiés dans des cours de littérature anglo-saxonne...
J'ai trouvé sur le site www.goodreadings.com cette critique à laquelle j'adhère assez :

"I have read the first two books in this combined novel. I have to say I have been disappointed. There are so many loose ends in the books and so much is left to the reader to explain. I understand that the author started from the idea that crimes do not all have tidy endings, but some major plot elements, even ones that lead to the conclusion are just left dangling. I could write a "locked-room" myster if I didn't have to explain how the murder was committed or who did it, and I am not a writer. I expected more from this author and I think if this were her first novel, it would never have been published.

There are vivid characters and plot elements that are developed and concluded, so the books are not a total waste, it is just better to go into them prepared that to keep expecting that everything will be revealed.

I have finished the third book in the series and I can't say that I am much more enlightened. I understand the third book and perhaps the ending, but a part of me wants to say, "What was the point?" There may be some who like mysteries written like this, but I am not one of them. This was pretty much a waste of time...and the waste of a good story. By that, I mean that there was a good plot going if it had just come to a better conclusion. I felt like I should give this 3 stars because Oates is such a good writer, but I just can't...so, alas, it's two.
like flag [quote]
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MessageSujet: Re: Joyce Carol Oates   oates - Joyce Carol Oates - Page 27 EmptyMer 21 Sep 2011 - 16:46

Citation :
Harelde a écrit:
En queue de poisson... Tu y va fort tout de même.
Tu n'étais pas adepte de Mulder et de Scully ?

J'ai traduit "loose ends" (voir critique en anglais d'une lectrice) par ces appendices fishaux, sans regarder le dictionnaire... Mais oui il y a un peu de ça quand même !! impatient content impatient content
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MessageSujet: Re: Joyce Carol Oates   oates - Joyce Carol Oates - Page 27 EmptyDim 25 Sep 2011 - 15:45

Aeriale a écrit:
Viol, Une histoire d'amour-

oates - Joyce Carol Oates - Page 27 41rftb10


Quel titre, qui interpelle d'emblée!
Une histoire d'amour accolé à un viol. L'histoire d'amour de qui? on suppose de la petite Berthie, témoin du viol de sa mère, envers le policier justicier (et peut-être de celui-ci envers Tina) Mais on n'en saura guère plus. Joyce Carol Oates aime bien les ellipses, nous laisser notre vision des faits, le trouble qu'ils peuvent susciter.

Sur ce thème fort du viol collectif, jamais elle ne tombe dans le scabreux. Chacun tour à tour donne sa version et le lecteur est pris à rebours. On assiste bien à la déchéance de cette fille qui peu à peu se renie elle-même, mais les phrases sont brèves et presque sèches. Aucun pathos.

C'est un récit super efficace, terrible et dérangeant qui met à jour les failles d'un système où les droits de la victime sont bafoués au profit d' accusés couverts eux par l'hypocrisie de toute une société bien pensante. "Elle l'a bien cherché, elle était provocante" etc... Ces phrases que chacun a entendu reviennent régulièrement dans le texte, et appuient la démonstration de l'auteure.

Les dés sont pipés d'avance, il y a là un constat effrayant, et une morale qui ne l'est pas moins mais qui soulage. Le héros vengeur guidé par sa soif de justice (mais pas que?) achèvera sa tâche et Bethie gardera son secret enfoui en elle (et épousera un homme plus agé aussi...)
Ca reste en suspens, tout n'est pas dit et le reste est à interpréter.

Une phrase que je note parce qu'elle dépeint assez bien son style
Citation :
Et un matin halluciné, il avait vu son âme se recroqueviller et mourir comme une chenille arpenteuse dans le sable brûlant du désert

Quel talent, très fort bravo
Merci aux Parfumés pour la découverte de cette auteure!

J'ai bien aimé aussi, sans avoir de coup de coeur pour ce récit. Mais j'ai passé un bon moment, et le style est bien là !
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MessageSujet: Re: Joyce Carol Oates   oates - Joyce Carol Oates - Page 27 EmptyMar 11 Oct 2011 - 14:39

J'ai déjà lu environ 80 pages de J'ai réussi à rester en vie.
Encore un peu tôt pour vous livrer un avis définitif, mais déjà se dessinent des impressions.

Un JCO atypique qui ne ressemble pas aux autres que j'ai pu lire.
Première différence qui saute immédiatement aux yeux (et qui est évidente vu le sujet) est ce "je", omniprésent.
JCO ne nous conte plus une fiction à la troisième personne. Elle parle d'elle. Elle est au centre du livre, à la fois personnage principal et sujet du livre. Elle n'a plus du tout ce recul dont elle use pour décrire ses personnages, leurs vies, leurs oeuvres. On pénètre cette fois son cercle intime.

Une différence de taille donc qui en entraine beaucoup d'autres. Une émotion bien plus importante. Un récit bouleversant qui prend aux tripes. On espère à ses côtés, puis on souffre pour (et avec) elle. Elle se livre, nous confiant ses angoisses, ses terreurs, ses peurs... et ses souvenirs.

A nouveau un livre qui vous kidnappe corps et âme. Je suis entièrement dedans. En immersion totale.
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MessageSujet: Re: Joyce Carol Oates   oates - Joyce Carol Oates - Page 27 EmptyMer 19 Oct 2011 - 10:33

J’ai réussi à rester en vie

Joyce Smith rentre de voyage (elle s’est absentée deux jours, en visite à une université qui l’avait invitée). Retrouvailles avec son mari, Ray. Dîner préparé par lui pour elle. En tête à tête. Intimité. Le lendemain, Ray s’est levé avant l’aube. Quand Joyce se réveille, il n’est plus à ses côtés dans le lit conjugal. C’est inhabituel. Elle s’en étonne plus qu’elle ne s’en inquiète. Elle part à sa recherche à travers la maison qu’ils habitent à Princeton depuis de longues années et le découvre… pas très en forme. Elle insiste pour l’emmener immédiatement aux urgences. Et signe que Ray ne se sent vraiment pas bien, celui-ci accepte et se laisse conduire. Le verdict tombe : pneumonie. Ray est aussitôt hospitalisé et Joyce commence sa longue veille auprès de son époux gravement malade. L’inquiétude grimpe, puis s’estompe et oscille ainsi durant toute la semaine durant laquelle Ray est alité. Mais la rémission se profile finalement et un transfert vers un centre de convalescence est envisagé. L’espoir renaît quand Ray décède brutalement le 18 février 2008 à 0h50.
Joyce est anéantie. Après un mariage de 47 ans et 25 jours durant lesquels ils ne se sont jamais quittés, le vide laissé par sa disparition est incommensurable. La douleur inimaginable. L’auteur narre son combat. Sur tous les plans : contre le commerce de la mort, contre l’administration pour les formalités interminables, contre les amis, les tombereaux de lettres et de cadeaux de condoléance qu’ils lui font parvenir à un moment où elle n’aspire qu’à rester seule… Et surtout contre elle-même et sa culpabilité d’avoir conduit son époux dans cet hôpital où ce dernier est mort d’infection nosocomiale, contre sa culpabilité de lui survivre, contre ses envies de se retirer elle aussi. Car elle flirte constamment avec ses idées noires, à chaque instant sur la ligne, réfléchissant au suicide. Ses amis l’aident néanmoins à tenir, jouant un rôle fondamental dans sa survie. Chaque minute supplémentaire de vécu constitue à elle seule une petite victoire : une journée après l’autre, une nuit (d’insomnie) après l’autre. Manquant de se noyer à tout moment, elle parvient au prix de mille efforts à redresser la tête, peu à peu.
Tout en nous contant sa lutte présente, Joyce revient en de fréquentes digressions sur sa vie passée aux côtés de Ray. Souvenirs heureux, tendres. Une histoire d’amour magnifique et bouleversante qui débute à l’automne 1960 sur le campus universitaire que les deux étudiants de jadis fréquentaient à l’époque. Elle ne parle que très peu de leur vie antérieure à leur rencontre comme si celle-ci constituait véritablement le début de sa vie, une seconde naissance. Et parce que « J’ai réussi à rester en vie » est avant tout un livre sur son mari (et qu’elle lui a dédié). Un hommage vibrant.
Un livre qui m’a beaucoup ému et dans lequel j’ai souffert à ses côtés. Un livre atypique qui ne ressemble en rien à tout ce que je connaissais de Joyce Carol Oates (Joyce Carol Oates est en faite son nom de jeune fille. Et Joyce Smith son nom de femme mariée, son nom « officiel »). Une grande différence de ton. Elle n’écrit plus à la troisième personne du singulier, mais à la première. Elle ne décrit plus avec détachement la vie de ses personnages (fictifs) d’avec lesquels elle garde toujours une certaine distance. Elle parle d’elle, employant le « je » qui personnalise tant le texte. Elle est cette fois au cœur de la tourmente et ne se contente plus de la contempler.
Ce livre n’est pas un roman. C’est un récit autobiographique dans lequel on découvre une femme fragile et forte à la fois, une épouse de 8 ans plus jeune que son mari, une épouse effacée, discrète qui cherche à contenter son mari en toute circonstance, une femme qui veut être aimée. Une femme peu sûre d’elle qui a besoin d’être aimée, de se savoir aimée. Un récit lequel JCO se livre corps et âme comme elle ne l’avait (à ma connaissance) jamais fait. Elle nous décrit son amour, sa perte, ses peurs sans fausse pudeur. Crûment.
Un livre magnifique que je recommande à ses fans principalement (ce n’est, à mon sens, pas le plus indiqué pour découvrir l’auteur) : après avoir appris à connaître et à aimer l’écrivain, on apprend cette fois à connaître et à aimer la femme.
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MessageSujet: Re: Joyce Carol Oates   oates - Joyce Carol Oates - Page 27 EmptyMer 19 Oct 2011 - 11:13

je ne vais pas manquer d'y jeter plus qu'un oeil
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MessageSujet: Re: Joyce Carol Oates   oates - Joyce Carol Oates - Page 27 EmptyMer 19 Oct 2011 - 11:44

Ou comment me donner l'envie de lire Joyce Carol Oates!! bravo
Je vais me procurer "Blonde "pour commencer, ensuite je lirai "j'ai réussi à rester en vie" qui me donne l'eau à la bouche.
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MessageSujet: Re: Joyce Carol Oates   oates - Joyce Carol Oates - Page 27 EmptyMer 19 Oct 2011 - 14:51

Mieux vaut, je pense, s'immerger dans le monde de Oates avec 2, 3, 4... bouquins avant de lire son dernier.
De manière à connaître son écriture, savoir ce qu'elle écrit avant de lire sa vie. Le récit autobiographique est d'autant plus touchant qu'on connait la personne. Et qu'on l'aime.

Encore que dans J'ai réussi à rester en vie, JCO, qui nous parle à plusieurs reprises de ses cours à Princeton, déclare éprouver du soulagement à se trouver face à des étudiants n'ayant jamais lu ses livres.
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MessageSujet: Re: Joyce Carol Oates   oates - Joyce Carol Oates - Page 27 EmptyLun 24 Oct 2011 - 16:14

Je choisi de poster ici ma dernière lecture, mais ce n'est peut-être pas le meilleur endroit.

Emmène-moi, emmène-moi de Lauren Kelly

Bien sûr, je n'ai pas lu Lauren Kelly par hasard. Mes chances de la trouver sans connaître sa véritable identité aurait été bien faibles.

Avec la narratrice (Lara/Lorraine), le lecteur navigue dans la région natale de l’auteur : le nord-est de l’état de New-York, les monts de Chautauqua, ce petit coin dans lequel résidaient les Mulvanney qui ont eu tant de problèmes dans un autre opus de la grande dame.
On navigue entre l’année 1993 (le présent) et les souvenirs d’enfant de Lara/Lorraine entre 1970 et 1971 alors qu’elle était âgée de 5 et 6 ans. En voiture : Ryan (9 ans) est à l’avant, Lara/Lorraine à l’arrière. La mère conduit. Elle ne semble pas dans son état normal et met tout en œuvre pour percuter le train qui arrive au passage à niveau. Dans les semaines qui ont précédées ce terrible accident, la mère semble terrorisée par son mari qui, dit-elle, la poursuit. Elle harcelle ses enfants, joue à les étrangler. L’ombre du père absent plane.
Mais on sait rapidement que Lara/Lorraine survit à la catastrophe car on la retrouve à l’Université de Princeton (encore un lieu cher à l’auteur) vingt-deux ans plus tard alors que celle-ci vient de recevoir un billet pour un spectacle de musique classique. Un billet envoyé par un généreux donateur qui ne s’est pas fait connaître.
Un thriller psychologique à l’atmosphère lourde, oppressante. Un drame familial qui diffère toutefois des Mulvanney et que je trouve plus proche de l’ambiance d’un livre de Dennis Lehane (Sutter Island), haletante, stressante…
Un livre très différent de ceux déjà lus. Une tension bien plus importante avec un personnage principal qui parle à la première personne, directement impliqué au cœur de l’intrigue. Un personnage qui nous livre ses sentiments, ses angoisses. Le lecteur n’est plus du tout dans le schéma d’un narrateur extérieur qui rapporte à la troisième personne des faits sans forcément les juger. On retrouve néanmoins la marque de fabrique de JCO, ses célèbres petites phrases en italiques, sa très belle écriture, ses références littéraires, philosophiques qui émaillent le texte.
Un livre que j’ai pris beaucoup de plaisir à le lire même s’il n’atteint pas, selon moi, les sommets de livres tels que Les Chutes.
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MessageSujet: Re: Joyce Carol Oates   oates - Joyce Carol Oates - Page 27 EmptyMer 16 Nov 2011 - 4:37

oates - Joyce Carol Oates - Page 27 Jco10
A Widow's story
Traduit de l'anglais ( Etats-Unis) par Claude Seban
Ed Philippe Rey

Citation :

Souffre! Ray en valait la peine.
Je n'en suis pas si sûre. Non du fait que Ray mérite que l'on souffre pour lui- mais de la valeur de la souffrance en soi. La douleur physique, la douleur affective et psychologique..ont-elle la moindre raison d'être? Dans cette salle d'attente, bien des visages- des visages bruns, des visages en majorité hispaniques et asiatiques- sont tendus, marqués, sinon par le chagrin d'un deuil , par une autre sorte de deuil, une autre sorte de chagrin. Bien que j'écrive ce récit de la façon la plus rigoureusement détaillée afin de voir ce qui peut être fait du phénomène de " chagrin", je ne suis plus convaincue qu'il y ait une quelconque valeur inhérente au chagrin; s'il y en a une, si subir une telle perte procure une certaine sagesse, c'est une sagesse dont on pourrait se passer.

Harelde a très bien parlé de ce récit de deuil , je n'ai pas grand chose à ajouter!
Sauf encore une fois contester le titre français, très mélo à mon goût, alors que le livre ne l'est pas du tout. Bien au contraire. Il est plein d'amertume,de douleur bien sûr, de remords, de panique,de colère mais aussi - et on la reconnait bien là- de dérision , d'auto-dérision avec en permanence - et malgré l'état quasi stuporeux qu'elle se prête-des envolées d'humour ( noir, c'est vrai, mais j'ai souri souvent!). Et toujours cette attention aux détails, qui lui permet de décrire de façon quasi clinique ce qu'elle éprouve au jour le jour .

Citation :
une épouse effacée, discrète qui cherche à contenter son mari en toute circonstance, une femme qui veut être aimée. Une femme peu sûre d’elle qui a besoin d’être aimée, de se savoir aimée.
dit Harelde
oui...et c'est très surprenant pour moi ,alors que dans mon souvenir cela n'apparaissait pas dans son Journal, de constater à quel point elle semble fragile et complètement perdue indépendamment du deuil même, mais de par sa solitude soudaine. De son statut de veuve, qu'elle déteste .

Encore un petit extrait de la fin, avec un clin d'oeil à Bix:

Citation :
Ce que Ray serait curieux de voir ici dans son jardin, c'est ce que j'ai planté. Je crois qu'il admirerait ce que j'ai fait- j'ai placé les nouvelles plantes dans le sol avec soin, et veillé à ce que les racines restent humides. Il y a des échinacées pourpres- ces " rustiques des Grandes Plaines" et des hostas aux fleurs blanches et violettes. Et quelque chose de nouveau pour moi- des iris de Sibérie. La moitié du jardin de Ray est maintenant plantée. La sauge de Sibérie prospère. Les belles-de-jour, semées en graines, donnent de minces tiges tendres. Je suis stupéfaite d'avoir réussi à accomplir autant en quelques semaines, d'avoir arraché une sorte d'ordre au chaos des mauvaises herbes... Cela me rappelle une conversation que j'avais eue avec Ray au sujet du roman court de D.H.Lawrence, L'homme qui était mort , que j'avais enseigné à l'université de Windsor dans un séminaire de troisième cycle sur la prose et la poésie de Lawrence- cette parabole très poétique et provocante de la " véritable" résurrection de Jésus où l'on trouve cette question De quoi et pourquoi ce tourbillon infini pourrait-il être "sauvé"?

Nous étions tombés d'accord sur le fait qu'il n'y a pas de salut, pas plus que de besoin de salut. Le monde, comme le jardin, est, tout simplement.

Dans un jardin, il est facile d'être heureux. Ou d'oublier le malheur, ce qui revient au même.
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MessageSujet: Re: Joyce Carol Oates   oates - Joyce Carol Oates - Page 27 EmptyJeu 17 Nov 2011 - 15:50

Marie a écrit:
Il est plein d'amertume,de douleur bien sûr, de remords, de panique,de colère mais aussi - et on la reconnait bien là- de dérision , d'auto-dérision avec en permanence - et malgré l'état quasi stuporeux qu'elle se prête-des envolées d'humour ( noir, c'est vrai, mais j'ai souri souvent!). Et toujours cette attention aux détails, qui lui permet de décrire de façon quasi clinique ce qu'elle éprouve au jour le jour .
Ce qui fait le sel de ce livre.
Heureux qu'il t'ai plu !
bonjour
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