Joyce Carol Oates

Une sorcière !
Et alors, tu lui pardonnes d'être une sorcière ? elle t'a envoûté ?

colimasson a écrit:

Une sorcière !
Et alors, tu lui pardonnes d'être une sorcière ? elle t'a envoûté ?

C' est ça ! J' ai eu beau froncer les sourcils et grommeler dans ma barbe, elle m' a eu. Bel et bien.

Le style n' est pas spectaculaire ni dérangeant, mais la conteuse qu' elle est, sait ménager des
 pauses, chambouler la chronologie et vous tenir en haleine.

Quant à ses personnages féminins, tel un caméléon femelle, elle finit par les phagocyter jusqu' à ce
qu' ils ressemblent au résultat souhaité !
Et, Dieu merci, meme si la mère disparue disparait elle triomphe quand meme dans le souvenir de
ceux qui l' ont connue et surtout dans celui  de sa fille préférée...
 Et celle-là (pour qui connait JCO), elle s' en sort bien !

A Bloodsmoor Romance
Joyce Carol Oates

Bon sang que c’était long ! Comme j’ai eu du mal à arriver au bout des 750 pages de ce pastiche de roman du 19ème siècle. Et pourtant, comme JCO est une sacrée raconteuse d’histoires, on vogue sans trop de peine sur la saga familiale fantastique de la très bourgeoise famille Zinn. Il faut dire que l’histoire peu commune de chacun de ses membres mérite vraiment d’être contée et que le livre démarre sur un coup de tonnerre : l’une des quatre filles de la famille est enlevée par une montgolfière noire lors d’une garden-party ! Et personne n’entendra plus parler d’elle.

C’est sur ce mystère que débute ce roman fleuve, l’enlèvement mélodramatique d’une jeune fille. C’est à partir de cet évènement que JCO explore en détail le passé de chaque membre de la famille tout en nous contant les 30-40 années suivantes des membres la famille, et surtout des femmes de la très respectable famille Zinn. Respectable ? Ce sera de moins en moins vrai puisque trois d’entre elles tenteront de vivre un destin plus conforme à leurs attentes alors que celui généralement décidé pour elles est un mariage solide avec un homme du même milieu social.

J’ai eu quelque plaisir à lire ce livre, mais j’aurais aimé qu’il fasse environ 100-150 pages de moins et que les considérations historico-philosophiques un peu basiques en soient écartées, de même que les retours en arrière trop minutieux à mon goût. On se fatigue sur la longueur et pourtant je ne dédaigne pas les pavés. Ce n'est pas pour moi l'un des meilleurs romans de cette auteure.

Ouch...

ZOMBI


Ouuhhh.....
Un livre monstrueux. A ne pas conseiller à tous.
L'auteur entre dans la tête d'un psychopathe, pédophile et homosexuel, ayant l'obsession de la lobotomie, qu'il pratique à vif et la sodomie (idem).

Un prédateur.

Au-delà de l'horreur du personnage, de ses actes, ce qui étonne est l'abîme qui le sépare des autres. D'une famille aisée, intellectuelle totalement aveugle. Ce type n'a aucune émotion, aucun affect, sa vie est un jeu d'apparences servant à masquer ses perversités solitaires. Il est seul, à part.

Ecriture hachée, haletante, convulsive.

Pulsionnelle, quasi sexuelle. Un mental chaotique, justement comparé à la matière noire cosmique.

Intense et éprouvant.

J'en suis ressortie sonnée.


   

tina a écrit:

J'en suis ressortie sonnée. 

Il y a de quoi !

Le thème me plait, aller dans la noirceur à un tel point... Peut-être que ce sera mon ultime tentative avec Oates...

Cela étant, pour les sensation fortes, je ne connais rien de PIRE que Le nécrophile de Wittkop.

Oates s'est pourtant inspirée de Jeffrey Dahmer, qui cumule cannibalisme, nécrophilie et autres charmantes manies qui font regretter d'appartenir au genre humain.

tina a écrit:

Cela étant, pour les sensation fortes, je ne connais rien de PIRE que Le nécrophile de Wittkop.

Oates s'est pourtant inspirée de Jeffrey Dahmer, qui cumule cannibalisme, nécrophilie et autres charmantes manies qui font regretter d'appartenir au genre humain.

Je ne sais pas, j'ai trouvé Zombi "pire". Parce que, dans la nécrophilie, même si on ne peut pas dire que l'autre soit vraiment consentant... comment dire... il n'y a pas mort d'homme, en somme.
Par contre, Zombi, c'est autre chose. Les petites réjouissances se font avec des gens vivants qui eux non plus ne sont pas consentants, mais qui sont vivants !

D'un point de vue littéraire, évidemment, c'est très différent, les deux livres sont presque aux antipodes l'un de l'autre. Le Nécrophile est très bien écrit. Zombi est efficace.

Ah oui, l'écriture de Wittkop, c'est quelque chose ! C'est grâce à ça qu'on "tient" d'ailleurs.

Parfois, je me dis qu'il faut être complètement maboul pour lire (ou écrire) des trucs pareils.

Dans les 2 cas, ce sont des femmes qui se glissent dans les fantasmes masculins. Chez Oates, c'est particulièrement bien décrit. A se demander si elle n'est pas hermaphrodite pour savoir tout ça...    

Ces petites phrases entre parenthèses sont une figure de style habituelle de JCO. Elles traduisent souvent la pensée ou l'inconscient du personnage. Elles sont parfois répétitives comme des obsessions ou des traumas. Elles sont des espoirs et des doutes, des commentaires des actes qui encouragent ou découragent. Des souvenirs ou des fantasmes. Mais je n'ai pas lu Mudwoman et peut-être fais tu allusion à autre chose. Des parenthèses dans le récit? Ce qui me plait chez elle c'est qu'elle nous immerge mentalement et physiquement dans ses personnages au point d'en ressentir tous les frémissements qui font l'expérience humaine. La vérité s'y dissous parfois sous la relativité des perceptions et des interprétations. C'est flagrant dans Petite Sœur mon amour qui est raconté du point d'un vue d'un adolescent très perturbé.

Non, je ne fais pas allusion aux parenthèses nombreuses qui sont la marque de fabrique de J.C.Oates...j'adore !

Mais dans Mudwoman, il y a des paragraphes où l'héroïne commet des actions qui se révèlent inexistantes quelques pages plus loin...sans doute des fantasmes ou des cauchemars de Mérédith...j'ai été un peu perplexe ...j'ai lu beaucoup de ses romans, j'aime beaucoup cet auteur, mais il me semble qu'elle ne pratiquait pas si souvent ce tour de passe-passe en quelque sorte   

" Ce qui me plait chez elle c'est qu'elle nous immerge mentalement et physiquement dans ses personnages au point d'en ressentir tous les frémissements qui font l'expérience humaine."

Tu as très bien décrit ce qu'on ressent à la lecture de ses romans, c'est tout à fait ça  

Mudwoman est vraiment un bouquin à part. Et j'avoue que je n'ai pas non plus été transporté.

Si mes souvenirs sont bons, les parenthèses sont un peu différentes cette fois. Ce ne sont pas les sentences habituellement en italiques qui signent notre écrivain préféré. Ce sont plus des prolongements de phrases, de dialogues. Des non-dits plus que des réflexions.
J'ai même détesté qu'elle ajoute systématiquement secret entre parenthèse derrière le terme amant. La première fois, d'accord : elle nous met au parfum que la liaison est intime mais discrète. La seconde fois, passe encore. Mais au bout de la 300e fois, c'est lourdingue !

(secret) répété, j'aime beaucoup je dois dire, c'est vraiment son style...ça m'amuse justement ces répétitions, au moins tu es sûre bien de comprendre   

Par contre, lorsque Mérédith est censée tomber en panne, être dépouillée par une bande de péquenots...vrai, faux ? Lorsqu'elle découpe en morceaux l'universitaire on y croit '(difficilement) jusqu'au moment où il lui envoie des fleurs à l'hôpital...c'est ce que j'ai trouvé un peu bizarre...sans doute une façon de démontrer à quel point son héroïne part en vrille ?

T'en dis quoi ?