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| Joyce Carol Oates | |
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Auteur | Message |
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coline Parfum livresque
Messages : 29369 Inscription le : 01/02/2007 Localisation : Moulins- Nord Auvergne
| Sujet: Re: Joyce Carol Oates Sam 11 Oct 2008 - 0:30 | |
| Mais finalement tu sais , nous sommes déjà pas à avoir lu du Joyce Carol Oates... Personnellement j'ai beaucoup aimé Les chutes et beaucoup moins Délicieuses pourritures... Mais je reviendrai, c'est sûr à cette auteure... | |
| | | Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
| Sujet: Re: Joyce Carol Oates Sam 11 Oct 2008 - 0:47 | |
| Ce qu'il faut faire c'est changer d'époque avec elle en lisant Mon Cœur mis à nu par exemple. Ou revenir à ses petits livres (par la taille) Viol, Une histoire d'amour, qui est particulièrement réussi sur un sujet terrible, ou encore Reflets en eaux troubles. Ses nouvelles aussi. Celles de Femelles sont assez fortes. | |
| | | Marie Zen littéraire
Messages : 9564 Inscription le : 26/02/2007 Localisation : Moorea
| Sujet: Re: Joyce Carol Oates Sam 11 Oct 2008 - 0:52 | |
| J'ai fouillé dans mes AAL, j'en ai extrait Nous étions les Mulvaney, Le pays des merveilles, Aile de corbeau, et Marya... Je crois que je lirai d'abord Marya, c'est son histoire, n'est-ce pas? | |
| | | Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
| Sujet: Re: Joyce Carol Oates Sam 11 Oct 2008 - 1:04 | |
| Oui Marya est autobiographique. Pas son meilleur mais très éclairant sur son univers intérieur.
Les Mulvaney c'est vraiment bon... Je garde un faible pour Johnny Blues et son récit collectif sur un drame banal érigé en mythe local. C'est plein de nostalgie et de justesse sur le temps qui passe, les amours manquées, le besoin qu'on a d'enjoliver les anecdotes d'une vie. Il y a un côté incantatoire qui me plait et je l'ai lu en une journée tellement j'étais absorbé. Je ne l'ai pas lâché. | |
| | | LaurenceV Agilité postale
Messages : 813 Inscription le : 25/02/2007 Age : 41 Localisation : Liège
| Sujet: Re: Joyce Carol Oates Mar 21 Oct 2008 - 20:16 | |
| J'ai lu il y a quelques semaines Délicieuses pourritures et je n'ai pas du tout aimé. Oui c'est malsain et provocant mais c'est morne et plat. Je n'ai pas du tout accroché à son écriture. Je me suis même ennuyée durant cette lecture. J'aime les lectures fortes et intenses mais ce ne fut pas le cas.
J'ai toutefois envie d'essayer d'autres livres de cette auteure :Blonde ou Nous étions les Mulvaney. | |
| | | Queenie ...
Messages : 22891 Inscription le : 02/02/2007 Age : 44 Localisation : Un peu plus loin.
| Sujet: Re: Joyce Carol Oates Mar 21 Oct 2008 - 20:34 | |
| - LaurenceV a écrit:
- J'ai lu il y a quelques semaines Délicieuses pourritures et je n'ai pas du tout aimé. Oui c'est malsain et provocant mais c'est morne et plat. Je n'ai pas du tout accroché à son écriture. Je me suis même ennuyée durant cette lecture. J'aime les lectures fortes et intenses mais ce ne fut pas le cas.
J'ai toutefois envie d'essayer d'autres livres de cette auteure :Blonde ou Nous étions les Mulvaney. Je garde un peu les mêmes impressions que toi pour Délicieuses Pourritures (peut-être n'est-ce vraiment pas le livre pour "entrer" dans le monde de Oates), mais apparemment il faut vraiment essayer d'autres trucs d'elle... alors moi aussi, je la garde "sous le coude". | |
| | | eXPie Abeille bibliophile
Messages : 15620 Inscription le : 22/11/2007 Localisation : Paris
| Sujet: Re: Joyce Carol Oates Mar 21 Oct 2008 - 22:33 | |
| Délicieuses Pourritures, c'est quand même typique, du point de vue style et du contenu, d'un des courants de l'oeuvre de J.C.Oates... (Viol... et même un peu Premier Amour, qui relève également du gothique, avec un style un peu plus élaboré. Zombie a un style plus déglingué, il est plus "extrémiste", mais je le rangerais dans la même catégorie).
Délicieuses Pourritures n'est quand même pas, à l'intérieur de cette veine, ce que JCO a écrit de mieux, c'est un peu trop typique, en fait, ça ronronne un peu. | |
| | | eXPie Abeille bibliophile
Messages : 15620 Inscription le : 22/11/2007 Localisation : Paris
| Sujet: Re: Joyce Carol Oates Mar 21 Oct 2008 - 22:38 | |
| Délicieuses pourritures (Beasts, 2002). Traduit en 2003 Claude Seban, Editions Philippe Rey, 171 pages. Le roman (dont le titre provient d'une poésie de D.H.Lawrence, Nèfles et sorbes - Medlars and sorb-apples : I love you, rotten/Delicious rottenness -, cité en exergue), se situe dans la deuxième moitié des années 1970, sur le campus d'une université pour filles de Nouvelle Angleterre. Le rôle du serpent - le Mal (mâle) - est ici tenu par un professeur de littérature, Andre Harrow, qui fascine les étudiantes. Andre Harrow est marié à une sculptrice dont les oeuvres s'inspirent de totems primitifs - symboles des pulsions qui agitent le couple ? Une tension traverse tout le texte ; de temps à autre, un pyromane allume un feu ; le plus souvent, il s'agit de fausses alertes, toutes les étudiantes descendent en pleine nuit, dans le froid, les pompiers arrivent pour rien... Le personnage principal est Gillian, une étudiante un peu coincée dont les poèmes sont brillants mais trop pensés ; elle a du mal à extériorier ses sentiments et notamment ceux qu'elle porte à son professeur. Ses petites camarades n'ont pas ce problème : - Citation :
- "Dans notre atelier de poésie, qui ne comptait que dix étudiantes, sélectionnées, disait-on, parmi quarante postulantes, certaines des plus hardies, dont Dominique, Marisa et Sybil, appelaient M. Harrow "Andre" comme si cette familiarité était parfaitement naturelle. Je regardais avec amusement - en fait, avec une jalousie brûlante - mes amies se pencher effrontément vers M. Harrow, épaules rejetées en arrière pour mettre leurs seins en valeur, tête subtilement inclinée. Regarde-moi! Aime-moi." (page 46).
On retrouve un thème souvent utilisé chez Joyce Carol Oates : l'innocence ou la timidité qui rencontre le mal, la perversion, et qui en est totalement fascinée, désarmée. Gillian se fait même dépouiller de son prénom, contre celui de Philomèle (prénom Nothombien dans son originalité revendiquée). - Citation :
- "Nous avions lu quelques passages des Métamorphoses. Philomèle était une des vierges violentées d'Ovide qui avait - au sens propre - perdu sa langue et fini métamorphosée en oiseau". (page 50).
Un court roman (novella) pas mauvais, qui se lit quasiment d'une traite, un style par moment incantatoire - comme souvent chez l'auteur - bref : tous les ingrédients qui font qu'on la lit - ou qu'on ne la lit pas, d'ailleurs. Il faut aimer ce plat. | |
| | | eXPie Abeille bibliophile
Messages : 15620 Inscription le : 22/11/2007 Localisation : Paris
| Sujet: Re: Joyce Carol Oates Mar 21 Oct 2008 - 22:42 | |
| Premier amour (First Love - A Gothic Tale, 1996). Traduit en 1998 par Sabine Porte et illustré par Barry Moser, Actes Sud, 90 pages. La narratrice, Josie, est une fille de onze ans. Sa mère a quitté son mari et a emmené sa fille avec elle dans la maison de sa grand-tante, Esther. Esther est la veuve d'un Révérend d'une église presbytérienne. Dans la maison, il y a également son petit-fils, Jared Jr., un jeune homme de vingt-cinq ans qui suit des études dans un séminaire de Rochester. Il est là pour l'été. - Citation :
- "Au loin, au travers d'un labyrinthe de portes entrouvertes, reflétée dans des miroirs et des surfaces lustrées, glissait la silhouette de Jared Jr. Silhouette élancée, effacée, aperçue par hasard, détournant la tête comme s'il soupçonnait que je l'observais et s'en offusquait ; toujours un livre à la main, parfois plusieurs." (page 24).
Bien habillé de chemises blanches "parfaitement amidonnées et repassées" par sa mère, Jared est une sorte d'incarnation du mal (on pourrait un peu le comparer au Frère Justin Crowe de la très bonne série Carnivàle, en plus jeune). Non loin de la maison se trouve une rivière ainsi qu'un marais. - Citation :
- "Tu pénètres dans le marais d'un pas timide, étrange sensation de flottement à mesure que tu avances sur les planches ; le marais est vivant, le sombre limon fertile gorgé d'eau produit un bruit de bulles visqueux." (page 10).
- Citation :
- "La première fois que tu le vois dans le lieu secret, le soleil cogne si fort que tu imagines une bouche ouverte, haletante. Tu t'es faufilée dans le marais, au bord de la rivière. Te croyant seule. Ici, à Ransomville, en cette canicule d'août, tu es toujours seule. Mais il est là - torse nu, le dos tourné vers toi, regardant la rivière. Il est étendu, immobile sur la berge, appuyé sur ses coudes. Sur sa nuque, les boucles humides de ses cheveux fumés, filetés de gris argent. Comme il est maigre ! Dans son dos, les minuscules articulations de ses vertèbes saillantes, l'empreinte de ses côtes ondulant sous sa peau d'une translucide pâleur. Enfuis-toi! Rentre à la maison! C'est un après-midi d'août embrasé de lumière, sur la rivière le soleil scintille en écailles de serpent." (page 33).
On retrouve le style à la première personne puis, parfois, à la deuxième personne : il y a danger, fuis !! - Citation :
- "Il est bon d'avoir peur, il est normal d'avoir peur. La peur te sauvera la vie" (page 9).
Sa mère ne se pose pas trop de questions. - Citation :
- "Les cellules du cerveau sont formées à quatre-vingt-dix pour cent de solution saline - c'est un miracle que nous nous souvenions de quoi que ce soit" (page 26).
Elle s'absente souvent avec des hommes pendant plusieurs jours, laissant Josie se débrouiller toute seule avec la grand-tante Esther et Jared Jr. La petite Josie est donc laissée seule. Elle est fascinée par son cousin. Jared Jr a une sorte de pouvoir sur Josie, tel un serpent noir qui l'hypnotise, il peut dans une certaine mesure contrôler ses actes, du moins c'est ce qu'il dit. "Qu'y a-t-il, petite ? Tu as perdu ta langue ?" demande Jared Jr (page 34), annonçant un autre serpent, Andre Harrow de Délicieuses pourritures. Petite traduction perso d'une interview : - Citation :
- "Premier amour est une romance gothique parce qu'il traite de sujets tabous : le désir romantique d'une enfant d'avoir une relation avec un jeune homme ; l'enchantement d'une victime par un homme qui l'abuse, et sa dévotion. De telles émotions sont compliquées - et mettent les gens très mal à l'aise. Et le cadre vient de la tradition gothique : une maison isolée, interdite, avec des secrets de famille. [...] Je crois qu'il y a un fort élément masochiste dans la plupart des femmes. Josie est une jeune femme impliquée et fascinée par son propre avilissement. Elle est fascinée par le mystère de Jared, ce mâle imposant. Elle est aussi sans mère et sans père, voulant désespérément l'attention, désireuse d'être exploitée. Regardez les membres de cultes, les suiveurs de David Koresh [le chef des Davidiens... tristement célèbre à cause des 80 morts de Waco en 1993]. Les gens peuvent endurer beaucoup d'avilissements pour obtenir de l'attention, de l'amour.[...] La mère de Josie ne veut pas "jouer" à la mère, elle ne veut pas être une mère. C'est une femme d'une grande volonté propre, et très narcissique. Elle n'est pas méchante, mais elle n'est pas présente pour Josie. Premier amour parle aussi de cela."
On pourra trouver toute l'interview en anglais, ainsi qu'un extrait de l'oeuvre, surhttp://jco.usfca.edu/works/novels/love.html | |
| | | Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
| Sujet: Re: Joyce Carol Oates Mar 21 Oct 2008 - 23:23 | |
| - eXPie a écrit:
- Sa mère ne se pose pas trop de questions.
- Citation :
- "Les cellules du cerveau sont formées à quatre-vingt-dix pour cent de solution saline - c'est un miracle que nous nous souvenions de quoi que ce soit" (page 26).
Tu résumes très bien un certain nombre d'éléments de son univers et de son style. J'aime cette façon qu'elle a d'aborder le monde et le fonctionnement psychique de ses personnages au travers des 2 pôles antagonistes qu'elle fait coexister et que sont: Une perception et une vision intuitives, irrationnelles, abstraites des émotions et des échanges sociaux. Il y a ces petites voix intérieures qui interfèrent, rassurent ou inquiètent, animent ou freinent... Une dimension fantastique, parfois gothique, romantique même dans une certaine mesure. et une analyse plus rationnelle, matérialiste, concrète et pragmatique où elle offre d'intéressants passages (ou digressions) sur des théories scientifiques rendant compte de certains comportements ou perceptions de l'existence. Le mélange des 2 et cette faculté incroyable d'adopter le langage et les schémas de pensée d'un enfant, d'un vieillard, d'un fou... donnent un cocktail détonnant qui en font une romancière profondément moderne et novatrice. Je ne trouve pas le style plat. Il est moderne, incisif, drôle et souvent incantatoire effectivement. Et puis elle pénètre mieux que quiconque dans l'univers de la névrose, des traumatismes intimes. Sa propre histoire y contribue et ses romans font certainement fonction d'analyse... Viol, un histoire d'amour que tu cites est assez impressionnant dans la façon dont elle raconte cette agression au travers du regard d'une enfant qui n'a pas vu le viol de sa mère mais tout ressenti... Idem pour l'héroïne de Nous étions les Mulvaney qui reste certainement le livre idéal pour la découvrir même si je lui préfère Johnny Blues.
Dernière édition par markofr le Mer 22 Oct 2008 - 0:14, édité 2 fois | |
| | | coline Parfum livresque
Messages : 29369 Inscription le : 01/02/2007 Localisation : Moulins- Nord Auvergne
| Sujet: Re: Joyce Carol Oates Mer 22 Oct 2008 - 0:06 | |
| - eXPie a écrit:
- Premier amour Bien habillé de chemises blanches "parfaitement amidonnées et repassées" par sa mère, Jared est une sorte d'incarnation du mal .
La mère s'absente souvent avec des hommes pendant plusieurs jours, laissant Josie se débrouiller toute seule avec la grand-tante Esther et Jared Jr. La petite Josie est donc laissée seule. Elle est fascinée par son cousin. Jared Jr a une sorte de pouvoir sur Josie, tel un serpent noir qui l'hypnotise, il peut dans une certaine mesure contrôler ses actes, du moins c'est ce qu'il dit.
Petite traduction perso d'une interview :
- Citation :
- "Premier amour est une romance gothique parce qu'il traite de sujets tabous : le désir romantique d'une enfant d'avoir une relation avec un jeune homme ; l'enchantement d'une victime par un homme qui l'abuse, et sa dévotion. De telles émotions sont compliquées - et mettent les gens très mal à l'aise. Et le cadre vient de la tradition gothique : une maison isolée, interdite, avec des secrets de famille. [...] Je crois qu'il y a un fort élément masochiste dans la plupart des femmes. Josie est une jeune femme impliquée et fascinée par son propre avilissement. Elle est fascinée par le mystère de Jared, ce mâle imposant. Elle est aussi sans mère et sans père, voulant désespérément l'attention, désireuse d'être exploitée. Regardez les membres de cultes, les suiveurs de David Koresh [le chef des Davidiens... tristement célèbre à cause des 80 morts de Waco en 1993]. Les gens peuvent endurer beaucoup d'avilissements pour obtenir de l'attention, de l'amour.[...] La mère de Josie ne veut pas "jouer" à la mère, elle ne veut pas être une mère. C'est une femme d'une grande volonté propre, et très narcissique. Elle n'est pas méchante, mais elle n'est pas présente pour Josie. Premier amour parle aussi de cela."
On pourra trouver toute l'interview en anglais, ainsi qu'un extrait de l'oeuvre, surhttp://jco.usfca.edu/works/novels/love.html Le pire des malheurs va fondre sur elle avec l’arrivée de cet étrange cousin Yared. Un futur pasteur de 25 ans, froid, autoritaire et énigmatique qui fascine la fillette. « -Jared est malade ? Il va mal ? - « Malade » ? C’est quoi « malade » ? Qui va bien ? Crois-tu vraiment que si l’on nous examinait attentivement, l’une ou l’autre, nous irions « bien » à cent pour cent ? »Ce texte court est d’une force extrême…d'une violence diffuse qui m'a laissée "sonnée"... | |
| | | Marie Zen littéraire
Messages : 9564 Inscription le : 26/02/2007 Localisation : Moorea
| Sujet: Re: Joyce Carol Oates Mer 22 Oct 2008 - 2:59 | |
| - Citation :
- mais c'est morne et plat.
Je ne pourrais pas parler de Délicieuses pourritures, que je n'ai pas encore lu, mais je comprends ce que j'avais déjà remarqué dans Les chutes, et que Marko dit ici: - Citation :
- Quelle puissance quand elle suggère la violence et la souffrance des traumatismes de l'existence par touches subtiles, par des détails infimes en montrant les conséquences plutôt que l'horreur frontale, en nous faisant littéralement éprouver physiquement le mal être ou la névrose de ses protagonistes
Et c'est peut être cela qui peut apparaître "morne et plat"? Par exemple dans Marya, que je suis en train de lire, une des-nombreuses- scènes importantes est le viol collectif subi , suivi par une coupe de cheveux, des cheveux dont Marya est très fière, à la cisaille.. Ca tient en quelques lignes, ce n'est absolument pas décrit. Ce n'est que quelques pages plus loin que Marya en reparle, oh pas du viol, mais des cheveux, il est dit que ses cheveux repoussent tant bien que mal.. Et c'est vrai que c'est-pour moi- beaucoup plus puissant qu'une description détaillée . Cela fait partie intégrante du personnage. | |
| | | sousmarin Zen littéraire
Messages : 3021 Inscription le : 31/01/2007 Localisation : Sarthe
| Sujet: Re: Joyce Carol Oates Mer 22 Oct 2008 - 12:11 | |
| Son style de narration est résolument celui des personnages donc le lecteur doit se positionner plus comme acteur que comme spectateur. Si on ne s’identifie pas, au moins en partie, on ne peut apprécier son style.
Ses textes courts sont en général les plus violents avec une entrée très rapide dans le vif du sujet, il faut donc pour y entrer plonger dans le personnage principal…c’est pour cela que je préfère ses textes longs, plus construits, avec une description plus détaillée de tous les personnages (ce qui facilite l’identification) et prenant des détours réfléchis, non seulement dans les conséquences des actes mais aussi dans leur survenance. Ils ne sont pas moins dérangeants mais ils sont plus subtils et, par là même, plus efficaces, ne prenant pas le lecteur inaccoutumé à rebrousse-poil… | |
| | | Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
| Sujet: Re: Joyce Carol Oates Mer 22 Oct 2008 - 14:46 | |
| - sousmarin a écrit:
- Son style de narration est résolument celui des personnages donc le lecteur doit se positionner plus comme acteur que comme spectateur. Si on ne s’identifie pas, au moins en partie, on ne peut apprécier son style.
C'est très vrai. Elle nous fait entrer à chaque fois, comme par effraction, dans un cerveau en ébullition. C'est ce qui fait qu'elle s'intéresse moins aux péripéties car l'aventure est toujours intérieure. Ceci dit un roman comme Mon Coeur mis à nu est très dense y compris au niveau strictement narratif. | |
| | | LaurenceV Agilité postale
Messages : 813 Inscription le : 25/02/2007 Age : 41 Localisation : Liège
| Sujet: Re: Joyce Carol Oates Mer 22 Oct 2008 - 20:16 | |
| Ce que vous dites me donne envie de me plonger dans un autre de ses romans. C'est le premier roman que je lis de Joyce Carol Oates car intriguée par la quatrième de couv et par les nombreux avis enthousiastes sur ce livre. Malheureusement, je n'ai pas réussi à me glisser dans le personnage, je n'ai rien ressenti physiquement, je n'ai pas réussi à le lire d'une traite. Je l'ai trouvé morne et plat parce que les paroles, les mots de Gillian ne me touchaient pas. Je ne comprenais pas son comportement... C'est peut-être trop subtil pour moi. Ou ce n'était pas le bon moment pour le lire. J'aime quand c'est fort, quand le style ne me laisse pas respirer, quand les mots me frappent. Ici, ce n'était pas le cas. | |
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