Parfum de livres… parfum d’ailleurs
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 Léon Tolstoï [Russie]

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bix229
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MessageSujet: Re: Léon Tolstoï [Russie]   Léon Tolstoï [Russie] - Page 5 EmptyDim 28 Nov 2010 - 22:58

Oui, mais c' est plutot une sorte de rééquilibrage... Pendant longtemps, c 'était Tolstoi l' auteur de référence et pas seulement en France. Cf les biographies de Troyat, Zweig et autres...
Dostoievski était considéré comme un malade, un fou... Et en plus, il écrivait mal !

Peut etre que le Tolstoi de Guerre et Paix et d' Anna Karenine a pris un coup de vieux, tandis que
Dostoievski est désormais plus que présent...

Oh et puis ça va ça vient. je me demande quand viendra l' heure de Tchékhov qui n' est pleinement
reconnu ici que pour son théatre, alors que ses nouvelles sont incomparables.
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MessageSujet: Re: Léon Tolstoï [Russie]   Léon Tolstoï [Russie] - Page 5 EmptyDim 28 Nov 2010 - 23:03

bix229 a écrit:
Oui, mais c' est plutot une sorte de rééquilibrage... Pendant longtemps, c 'était Tolstoi l' auteur de référence et pas seulement en France. Cf les biographies de Troyat, Zweig et autres...
Dostoievski était considéré comme un malade, un fou... Et en plus, il écrivait mal !

Peut etre que le Tolstoi de Guerre et Paix et d' Anna Karenine a pris un coup de vieux, tandis que
Dostoievski est désormais plus que présent...

Oh et puis ça va ça vient. je me demande quand viendra l' heure de Tchékhov qui n' est pleinement
reconnu ici que pour son théatre, alors que ses nouvelles sont incomparables.

Oui, tu as sans doute raison, Dosto et ses tourments intérieurs sont peut-être plus proche de la littérature d'aujourd'hui que le classicisme (apparent, du moins) de Tolstoï.

Dominique Fernandez a donné des exemples de traduction qui affadissaient le texte, c'était intéressant. Quand l'Opéra est vu par les yeux d'une béotienne, tous les termes employés pour décrire ce qu'elle voyait étaient volontairement simple, approximatif, il parle de "vêtements" au lieu de "costumes", etc., c'est une des grande qualités de Tolstoï de pouvoir se couler dans la peau et la subjectivité d'un personnage... Mais la plupart des traducteurs ont mis "costumes", et tous les termes techniques de la scène dans le texte français, ce qui va à l'encontre de la volonté de l'auteur...
Les traductions changent énormément le résultat que nous lisons, mais ça ce n'est pas vraiment un scoop...
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MessageSujet: Re: Léon Tolstoï [Russie]   Léon Tolstoï [Russie] - Page 5 EmptyDim 28 Nov 2010 - 23:15

Je me demande aussi si les romans fleuves sont toujours d' actualité. Avec toutes les digressions,
descriptions des lieux et personnages...
Je lis le forum et je me rends compte aussi que les plus jeunes vont plutot dans le sens des livres
courts ou moyens.

On vit vite, on lit peut etre trop vite -je trouve- on a tendance à oublier ce qu' on lit ou qu' on a lu.
Mais c' est ainsi.
Je me demande si les écrivains élliptiques et sobres ne refletent pas mieux notre société.
Personnellement, les romans fleuves, j' en ai lu des masses, et je ne le ferai plus désormais.
Sauf exceptions.
Je préfère lire ou relire en prenant mon temps qui sera forcément trop bref... Et donc...
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Adèle
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MessageSujet: Re: Léon Tolstoï [Russie]   Léon Tolstoï [Russie] - Page 5 EmptyMer 9 Mar 2011 - 12:36

Contrairement à vous, je n'ai pas encore suffisamment lu de littérature russe pour pouvoir comparer l'œuvre de Tolstoï à Dostoïevski ou Tourgueniev...

Je peux juste parler d'Anna Karénine comme je l'ai ressenti. Je me réjouissais pour lire ce roman, malgré sa consistance (même pas édité chez Plomb, cf. Inconnus). Mais bref, j'ai été déçue. Il a traîné presque deux mois sur ma table de chevet, rien ne me poussant à le rouvrir.

J'ai trouvé les personnages fades, même Anna. Fades et faibles. Est-ce parce qu'ils sont d'une autre époque ? J'en doute, ce n'est normalement pas ce qui m'arrête.

Anna est belle, elle a du savoir-vivre, elle sait aimer, elle piétine les conventions. C'est peut-être parce que l'auteur à développé trop de perfections chez elle que je n'ai pas adhéré à ses crises de jalousie et son refus d'un bonheur trop simple. Sa personnalité n'est pas cohérente.
Kitty est la femme au foyer parfaite. A ce titre, elle est transparente. Un simple pion destiné à réaliser le bonheur - tout relatif ! - de Lévine.
Ce dernier est un essayiste qui a planté sa tente dans une parcelle qui n'y était pas destinée. La voix du maître... Et après avoir lu La sonate à Kreutzer, je commence à trouver Tolstoï un peu hypocrite de se cacher derrière ses personnages. Et diantre, quel machiste.
Vronskï est la pomme du péché, un Dom Juan russe aristocrate ; il a plus d'étiquette que de caractère.

Il me manquait aussi un fil auquel je puisse me raccrocher, une intrigue que je n'ai pas trouvée, même à la 900ième page. Et les digressions de Lévine ne m'ont pas aidée à m'imprégner de l'histoire.

Ce n'est que mon avis ; je ne peux apprécier un roman qui ne m'a pas coupée de la réalité et tant que je ne me suis pas attachée aux personnages.
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MessageSujet: Re: Léon Tolstoï [Russie]   Léon Tolstoï [Russie] - Page 5 EmptyMer 9 Mar 2011 - 23:28

Il faut vraiment que je le lise cette année, Anna Karénine... J'espère que j'accrocherai plus que toi, Adèle !
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MessageSujet: Re: Léon Tolstoï [Russie]   Léon Tolstoï [Russie] - Page 5 EmptyMar 1 Nov 2011 - 22:03

Léon Tolstoï [Russie] - Page 5 Tolsto10

Anna Karenine (1873-1877). Préface de Louis Pauwels. Traduction et notes d'Henri Mongault. 909 pages.

Le livre commence par une très bonne introduction (plus à Tolstoï qu'à Anna) de Louis Pauwels.
Citation :
"Mais, après Anna Karénine, Tolstoï cesse d'être un artiste. Ou, tout au moins, s'y efforce. Quand il échoue, on reçoit encore de belles pages. [...]
« Léon travaille toujours, comme il dit. Mais, hélas, il rédige des discussions philosophiques quelconques... Je souhaite que cela passe comme une maladie » (Mme Tolstoï à sa soeur). [...]
Il écrit des diatribes contre l'art qui nous maintient dans l'égoïsme et l'impureté. Dans la grosse colère contre l'art, il entre toujours quelque haine sourde de la vie, une névrose suicidaire. A la fin de sa vie, Tolstoï appelle le martyre. Il souhaite disparaître dans la vague de sang qui s'annonce et que son angélisme a contribué à gonfler." (page IX).

L'histoire se déroule de 1872 à 1876, c'est-à-dire qu'elle est contemporaine à l'écriture.

On commence par faire connaissance avec Stépane Arcadiévitch, le frère d'Anna Karénine.
Citation :
"Comme il vivait dans une société où une certaine activité intellectuelle est considérée comme l'apanage de l'âge mûr, les opinions lui étaient aussi nécessaires que les chapeaux." (page 10).
Grâce à la protection de son beau-frère (le mari d'Anna), il a un poste bien rémunéré, celui de "président de section dans une administration publique" (page 18).
Citation :
"Les qualités qui lui valaient cette estime générale étaient, tout d'abord, une extrême indulgence envers ses semblables fondée sur le sentiment de ses propres défauts ; [...] enfin - et surtout - une parfaite indifférence pour les affaires dont il s'occupait, ce qui lui permettait de ne point se passionner et par conséquent de ne point commettre d'erreur." (page 19).

Le début est donc très bon, mais il n'y a pas trace d'Anna. Elle arrive vers la page 70.
Et c'est la rencontre entre l'officier Vronski et Anna. Vronski est venu attendre sa mère à la gare. Il laisse sortir une dame d'un wagon.
Citation :
"Après un mot d'excuse, il se retourna, ne pouvant résister au désir de la regarder encore ; il se sentait arrêté, non point par la beauté pourtant très grande de cette dame ni par l'élégance discrète qui émanait de sa personne, mais bien par l'expression toute de douceur de son charmant visage. Et précisément elle aussi se détourna. Un court instant ses yeux gris et brillants, que des cils épais faisaient paraître foncés, s'arrêtèrent sur lui avec bienveillance, comme s'ils le reconnaissaient ; puis aussitôt elle sembla chercher quelqu'un parmi la foule. [...] Regard et sourire décelaient une abondance de force refoulée ; l'éclair des yeux avait beau se voiler, le demi-sourire des lèvres n'en trahissait pas moins le feu intérieur." (page 72).
On sait tout de suite que le feu couve.

Il y a toujours des petites annotations amusantes.
Citation :
"Si la princesse Miagki ne manquait jamais son effet, c'est qu'elle disait avec bon sens, mais pas toujours avec à-propos, des choses fort ordinaires. Dans le monde où elle vivait, ce gros bon sens tenait lieu d'esprit. Son succès l'étonnait elle-même, ce qui ne l'empêchait pas d'en jouir." (page 153).

Ou encore de nombreux passages comme celui-ci, très réjouissants.
Citation :
"- Nul n'est content de sa fortune, ni mécontent de son esprit, insinua le diplomate, citant un aphorisme français" (page 154).
Une note nous apprend qu'il s'agit d'un mot de Mme Déshoulières.

Les notes d'Henri Mongault sont très bonnes. Peu nombreuses, elles ne hachent pas la lecture. Elles expliquent quand il le faut, et citent des lettres de Tolstoï, des mémoires de son entourage. Le lecteur, lorsqu'il a lu un chapitre, peut ensuite savoir quelle en a été la réception à l'époque (ce qui a choqué, ce qui a été critiqué, ce qui a frappé), le livre ayant été publié par épisodes.
Pour continuer dans les aphorismes et autres, à un moment Tolstoï fait référence à un joli dicton, là encore explicité par une la note de la page 425 : "On reçoit des gens d'après leur mise, on les reconduit d'après leur esprit".

A un moment, l'humour est un petit peu facile, lorsque quelqu'un dit à Anna : "Elle voit en vous une véritable héroïne de roman [...]" (page 333).


Dernière édition par eXPie le Mar 1 Nov 2011 - 23:19, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Léon Tolstoï [Russie]   Léon Tolstoï [Russie] - Page 5 EmptyMar 1 Nov 2011 - 22:04

Le mari d'Anna Karénine (qui a vingt ans de plus qu'elle) est un fonctionnaire de haut vol, très consciencieux et très occupé. C'est un homme qui a le sens du devoir. Il aime sa femme, mais il l'aime plus par devoir que par passion.
Citation :
"Là, tandis qu'il regardait le bureau d'Anna avec son sous-main en malachite et un billet inachevé, ses idées prirent un autre cours : il songea à elle, se demanda quelles pensées elle pouvait avoir, quels sentiments elle pouvait éprouver. Pour la première fois, son imagination lui présenta la vie de sa femme, les besoins de son esprit et de son coeur : et l'idée qu'elle devait avoir une existence personnelle le frappa si vivement qu'il s'empressa de la chasser. C'était le gouffre qu'il n'osait sonder du regard. Pénétrer par la pensée et le sentiment dans l'âme d'autrui lui semblait une fantaisie dangereuse." (page 163).

Donnons la parole à la défense. C'est Anna qui pense à son mari :
Citation :
"Ils vantent sa piété, sa probité, son intelligence, mais ils ne voient pas ce que j'ai vu ; ils ignorent que pendant huit ans il a étouffé tout ce qui palpitait en moi, sans jamais s'apercevoir que j'étais une créature vivante et que j'avais besoin d'amour ; ils ignorent qu'il me blessait à chaque pas, et n'en restait que plus satisfait de lui-même. [...] N'ai-je pas fait mon possible pour l'aimer, et quand je n'ai pu y réussir, n'ai-je pas reporté mon amour sur mon fils ?" (page 327).

Dans ces conditions, Vronski va devenir l'amant d'Anna. Anna, de caractère passionné, ne pourra pas se contenter d'un amour à la sauvette, comme tant d'autres femmes.

Mais il n'y a pas que la ville et la bonne société dans le livre. Il y a aussi (et l'on pourrait presque dire surtout) la campagne où vit Constantin Lévine, un personnage aussi important, sinon plus, qu'Anna : il est un peu le Pierre Bezoukhov de La Guerre et la Paix, le représentant de Tolstoï. Il a donc beaucoup de choses à dire, à penser (problèmes de politique, d'économie, d'organisation des campagnes, d'éducation des paysans), autrement plus intéressantes pour le lecteur que les pensées d'Anna. Il a aussi beaucoup de doutes sur le sens de sa vie.

Les pages consacrées à Constantin sont l'occasion de lire de beaux passages sur la campagne.
Citation :
"On était à ce tournant de l'été où la récolte se dessine, où la fenaison approche, où déjà l'on se préoccupe des semailles. Les épis déjà formés, mais encore légers et d'un gris verdâtre, se balancent au souffle du vent ; les avoines mêlées aux herbes folles sortent irrégulièrement de terre dans les champs semés tardivement ; les premières pousses du sarrasin couvrent déjà le sol ; les jachères, avec leurs mottes quasi pétrifiées par le piétinement du bétail et leurs sentiers où ne mord point l'araire, ne sont encore qu'à demi labourées ; les monticules de fumier mêlent, à l'aurore, leur odeur au parfum de la reine-des-prés ; cependant que dans les fonds s'éploie, impatiente de la faux, la houle verte des herbages, où les tiges déjà dépouillées de l'oseille sauvage font de-ci de-là de grandes taches noires." (pages 270-271)

Citation :
"La double intrigue, voulue dès le début, qui lui permet d'étudier le mariage de deux points de vue différents (les premiers brouillons étaient intitulés Deux Mariages, Deux Couples), laisse beaucoup de jeu à l'écrivain, créant tout un monde et lui évitant les détours d'une démonstration." (Sylvie Lunneau, Notice, page 873).

Dans cette double intrigue, l'histoire entre Vronski et Anna est, de loin, la moins intéressante. Vronski est "dominé par elle" (page 395), "alors qu'auparavant il aurait pu par un effort de volonté arracher son amour de son coeur, il se sentait maintenant, tout en croyant ne plus la chérir, enchaîné pour toujours à cette femme" (page 398).

Lorsque paraît Anna, tout le monde tombe sous son charme... mais le lecteur a beaucoup de mal à le ressentir, ce charme, cette séduction.
Par contre, on entend bien les pensées d'Anna, et là ce n'est pas très beau. Elle s'imagine souvent qu'on la regarde avec condescendance, ce qu'elle ne supporte pas.
Elle s'imagine également que Vronski ne l'aime plus, elle le traite comme un chien, il part pour la journée, elle se dit : ah la la, mon Dieu, qu'ai-je fait, comment vais-je vivre sans lui ; et puis il revient ; elle est alors tellement soulagée, c'est le bonheur, c'est promis-juré, elle ne recommencera plus avec ses crises de jalousie... et bien sûr c'est reparti pour un tour, elle se remet à l'accuser de ne plus l'aimer. Et encore. Et encore... cette relation amour-haine pathologique est vraiment très lassante.

Citation :
"Les décrets de la société ne durent qu'un temps ; ce qui intéresse Tolstoï, ce sont les exigences éternelles de la morale. Alors apparaît sa véritable intention morale : l'amour ne peut être exclusivement charnel parce qu'il est alors égocentrique et devient par conséquent destructeur. [...]
Nous chercherions en vain dans les pages d'Anna Karénine les transitions subtiles de Flaubert, d'un personnage à un autre, au sein des chapitres. La structure d'Anna Karénine est d'un genre plus conventionnel, bien que l'ouvrage ait été publié vingt ans après Madame Bovary" (Nabokov, page 707)
Mais, comme Nabokov l'écrit plus loin : "Nous noterons toutefois que Tolstoï a sur les bras beaucoup plus de vies que n'en avait Flaubert" (page 765).

Citation :
"Ainsi, le roman que Tolstoï croyait achevé en mai 1873 restera encore sur le métier pendant plus de quatre ans: la méthode du romancier l'a transformé peu à peu en une fresque de la société russe contemporaine, à l'image de ce que Guerre et Paix voulait être pour l'époque napoléonienne. La multiplicité des personnages n'est pas moindre, et chacun d'eux a tendance à s'émanciper et à vivre d'une vie autonome." (Histoire de la Littérature russe, Le XIX° siècle, volume 2, Fayard, page 1212).

C'est bien vrai, et c'est une grande différence entre ces deux romans : Madame Bovary, c'est surtout l'histoire de Madame Bovary, tandis que Anna Karénine, ce n'est qu'un peu l'histoire d'Anna, et beaucoup l'histoire d'une multitude d'autres personnages.
Mais, autant je peux comprendre Madame Bovary, psychologiquement parlant, autant Anna paraît rapidement peu intéressante, et semble plutôt être un cas de psychiatrie qu'une analyse psychologique fouillée. Heureusement, il y a tous les autres personnages, et on ne voit finalement pas beaucoup Anna.
Anna est la personne la moins complexe, la moins vivante, celle à qui on peut le moins s'intéresser. Tous les autres ont une vraie vie intérieure : Vronski, Stépane Arcadiévitch, Constantin Lévine, Kitty, et tous les autres.


Citation :
"Anna Karénine est l'oeuvre la plus harmonieuse de Tolstoï, la plus accomplie, parce qu'elle est entièrement soumise au plan humain, à la réalité souple des esprits, des coeurs, des corps, sans cassure théorique, sans intervention démiurgique, sans jugements de valeurs. C'est ici que l'auteur est à son maximum d'humilité", écrit Louis Pauwels dans son introduction (page X).

Il fait bien sûr allusion à La Guerre et la Paix qui, surtout dans son deuxième volume, a de nombreux passages de réflexions qui ne sont pas intégrés dans le corps du récit.

Néanmoins, à cause du personnage insupportable d'Anna, je préfère La Guerre et la Paix. Même si Anna Karenine est un très bon livre, bien sûr, malgré Anna.
Ah, si seulement Anna avait été moins pénible, quel livre ça aurait été !

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MessageSujet: Re: Léon Tolstoï [Russie]   Léon Tolstoï [Russie] - Page 5 EmptyMer 2 Nov 2011 - 6:39

De Tolstoï, existent aussi les écrits politiques... partisan d'un anarchisme chrétien et non-violent, il aurait inspiré Gandhi. Je sais que je ne lirai jamais, ni La guerre et la paix, ni Anna Karénine (car je suis paresseux, impatient et vieillissant) mais tout le reste me passionne.
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MessageSujet: Re: Léon Tolstoï [Russie]   Léon Tolstoï [Russie] - Page 5 EmptyMer 2 Nov 2011 - 7:25

toma a écrit:
De Tolstoï, existent aussi les écrits politiques... partisan d'un anarchisme chrétien et non-violent, il aurait inspiré Gandhi. Je sais que je ne lirai jamais, ni La guerre et la paix, ni Anna Karénine (car je suis paresseux, impatient et vieillissant) mais tout le reste me passionne.
Un autre extrait de la préface de Louis Pauwels, qui date de 1972 :
Citation :
"Sa fille, la fidèle Macha, la seule tolstoïenne de la famille, meurt près de son dieu vivant, à trente-cinq ans. Le dieu vivant n'éprouve rien. « On vient de l'emmener, de l'emporter pour l'ensevelir. Grâce à Dieu, je conserve le moral »"

Il y a une remarque de Gorki tout à fait étonnante. En 1900, il rencontre Tolstoï (soixante-douze ans) sur les rivages de Crimée. La passion d'absolu l'épouvante. Les grands événements à venir projettent leur ombre en avant. Il prend une leçon de Tolsto-maoïsme. Et ce qu'il note préfigure l'immense conflit présent : « Ce vieil homme ne parle que de transformer l'homme russe, jeune et talentueux, en esclave, et l'aimable Russie en province chinoise. »"

Il semble que la violence, du moins une certaine forme de violence, puisse aussi être inspirée de certaines "pensée" de notre ami Léon.
Mes ses idées ont tellement évolué (pas forcément en bien) au cours de sa vie...
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MessageSujet: Re: Léon Tolstoï [Russie]   Léon Tolstoï [Russie] - Page 5 EmptyJeu 3 Nov 2011 - 9:57

eXPie a écrit:
Néanmoins, à cause du personnage insupportable d'Anna, je préfère La Guerre et la Paix. Même si Anna Karenine est un très bon livre, bien sûr, malgré Anna.
Ah, si seulement Anna avait été moins pénible, quel livre ça aurait été !
Je te trouve bien dur avec cette pauvre Anna.
Sa vie n'est pas simple. Pour moi, elle ne maitrise pas sa destinée. Elle tente de récupérer un peu de la couverture à laquelle elle estime avoir droit. Souvenirs déjà assez lointains d'un livre qui m'avait marqué à l'époque.
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MessageSujet: Re: Léon Tolstoï [Russie]   Léon Tolstoï [Russie] - Page 5 EmptyDim 6 Nov 2011 - 20:20

Harelde a écrit:
eXPie a écrit:
Néanmoins, à cause du personnage insupportable d'Anna, je préfère La Guerre et la Paix. Même si Anna Karenine est un très bon livre, bien sûr, malgré Anna.
Ah, si seulement Anna avait été moins pénible, quel livre ça aurait été !
Je te trouve bien dur avec cette pauvre Anna.
Sa vie n'est pas simple. Pour moi, elle ne maitrise pas sa destinée. Elle tente de récupérer un peu de la couverture à laquelle elle estime avoir droit. Souvenirs déjà assez lointains d'un livre qui m'avait marqué à l'époque.

Ce qui est très curieux, c'est que Anna semble le personnage la moins fouillé, le moins complexe... Il y a au moins cinq personnages plus fouillés et complexes qu'elle, dans le roman. C'est très curieux, finalement, d'avoir donné un titre qui semble pointer vers un personnage, alors que son histoire à elle n'est que le parallèle d'une autre histoire.

Des histoires de femme mal mariée, qui n'aiment pas leur mari, on en a lu des dizaines (et vu des dizaines de films). Ce n'est pas l'histoire qui importe, c'est la psychologie, les idées, les personnages. Et sa psychologie à elle ne me semble pas apporter grand chose. Elle est beaucoup occupée d'elle-même, mais sans cette profondeur scalpélisée que l'on trouve dans Bovary.
Lévine et Kitty pensent à eux, mais aussi aux autres, à l'univers, à la vie, à son sens ou à son absence de sens, à la direction à donner à leur existence. Anna, pas vraiment. Son amour est un amour exclusif, qui la consume. Très bien. On a assez vite compris... finalement, elle m'a lassée, et je ne cessais de ma demander comment Vronski faisait pour la supporter. En fait, d'autres personnages avaient entendu dire du mal d'Anna, mais une fois devant elle, elle les charmait, par sa présence physique, son charme. Alors que, dans le même temps, Anna pensait des méchancetés. Nous, lecteur, nous lisons les méchancetés, mais nous ne percevons pas le charme d'Anna, sa présence.
C'est peut-être fait exprès, ou bien c'est moi qui le perçoit comme ça, je ne sais pas... Toujours est-il qu'on a forcément du mal à estampiller un livre de chef-d'oeuvre sans réserve quand il y a un personnage qui tape sur le système. Qu'un personnage soit antipathique, veule, tout ce qu'on veut, ça va, mais, insupportable... ça pose problème.
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MessageSujet: Re: Léon Tolstoï [Russie]   Léon Tolstoï [Russie] - Page 5 EmptyVen 2 Déc 2011 - 20:04

Je viens de lire à peu près le tiers du roman "Anna Karénine". Encore une fois je suis sous le charme de la manière d'écrire de Tolstoï qui rend tout ce qu'il décrit tellement présent que je me crois transportée à Pétersbourg au XIXème siècle...
L'auteur décrit le monde russe de l'époque presque en entier de la noblesse aux journaliers des champs. Il y en a pour tous les goûts même si l'histoire reste l'amour adultère entre Anna et Vronsky. Heureusement qu'il y a d'autres personnages plus attachants dans ce roman, parce que je me demande depuis le début "Mais qu'est-ce que l'élégante Karénine trouve à ce blondin (selon l'expression de Molière qui lui va très bien!)???" Cela en dit long sur son intelligence et sa valeur à elle... J'ai été émue par contre par des descriptions de bonheur maternel de la pauvre Dolly et ses 6 enfants qu'elle est bien obligée d'élever seule avec son mari coureur! Le personnage le plus attachant (et je crois le plus proche de Tolstoi) est Lévine, l'amoureux éconduit dans sa retraite campagnarde. Son honnêteté et sa gentillesse le serve. Mais là encore pourquoi aime-t-il cette décervelée et immature Kitty??! Le message de Tolstoï est-il que les voies du cœur son définitivement impénétrables?

Globalement je me régale!
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MessageSujet: tolstoi_temporaire   Léon Tolstoï [Russie] - Page 5 EmptyVen 2 Déc 2011 - 21:03

Cachemire a écrit:
Je viens de lire à peu près le tiers du roman "Anna Karénine". Encore une fois je suis sous le charme de la manière d'écrire de Tolstoï qui rend tout ce qu'il décrit tellement présent que je me crois transportée à Pétersbourg au XIXème siècle...
L'auteur décrit le monde russe de l'époque presque en entier de la noblesse aux journaliers des champs. Il y en a pour tous les goûts même si l'histoire reste l'amour adultère entre Anna et Vronsky. Heureusement qu'il y a d'autres personnages plus attachants dans ce roman, parce que je me demande depuis le début "Mais qu'est-ce que l'élégante Karénine trouve à ce blondin (selon l'expression de Molière qui lui va très bien!)???" Cela en dit long sur son intelligence et sa valeur à elle... J'ai été émue par contre par des descriptions de bonheur maternel de la pauvre Dolly et ses 6 enfants qu'elle est bien obligée d'élever seule avec son mari coureur! Le personnage le plus attachant (et je crois le plus proche de Tolstoi) est Lévine, l'amoureux éconduit dans sa retraite campagnarde. Son honnêteté et sa gentillesse le serve. Mais là encore pourquoi aime-t-il cette décervelée et immature Kitty??! Le message de Tolstoï est-il que les voies du cœur son définitivement impénétrables?

Globalement je me régale!

Au début aussi, je pensais que Vronsky allait être falot, mais finalement j'en suis venu à penser : "qu'est-ce que Vronsky peut bien lui trouver, à Anna ?". Et je le trouve finalement sympathique, malgré ses défauts, Vronsky. Il a pas mal de qualités qui compensent largement. Anna sait y faire en société, elle sait donner le change, elle est immédiatement sympathique, mais elle semble mépriser les autres.
Kitty va évoluer, c'est peut-être aussi un des sujets du roman, elle va découvrir qu'il y a des choses plus importantes que sa petite personne.
Mais il reste que le personnage le plus intéressant, c'est Lévine, oui. Le personnage le moins complexe, dans toute le roman (parmi les nombreux personnages principaux), c'est finalement et étrangement Anna. Ses problèmes à elle sont finalement moins complexes que ceux des autres (peut-être parce qu'elle transige moins que les autres, finalement).
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MessageSujet: Re: Léon Tolstoï [Russie]   Léon Tolstoï [Russie] - Page 5 EmptySam 3 Déc 2011 - 14:56

Cachemire a écrit:
Je viens de lire à peu près le tiers du roman "Anna Karénine". Encore une fois je suis sous le charme de la manière d'écrire de Tolstoï qui rend tout ce qu'il décrit tellement présent que je me crois transportée à Pétersbourg au XIXème siècle...
L'auteur décrit le monde russe de l'époque presque en entier de la noblesse aux journaliers des champs. Il y en a pour tous les goûts même si l'histoire reste l'amour adultère entre Anna et Vronsky. Heureusement qu'il y a d'autres personnages plus attachants dans ce roman, parce que je me demande depuis le début "Mais qu'est-ce que l'élégante Karénine trouve à ce blondin (selon l'expression de Molière qui lui va très bien!)???" Cela en dit long sur son intelligence et sa valeur à elle... J'ai été émue par contre par des descriptions de bonheur maternel de la pauvre Dolly et ses 6 enfants qu'elle est bien obligée d'élever seule avec son mari coureur! Le personnage le plus attachant (et je crois le plus proche de Tolstoi) est Lévine, l'amoureux éconduit dans sa retraite campagnarde. Son honnêteté et sa gentillesse le serve. Mais là encore pourquoi aime-t-il cette décervelée et immature Kitty??! Le message de Tolstoï est-il que les voies du cœur son définitivement impénétrables?

Globalement je me régale!

oui, c'est un grand roman !

si non, je pense que Tolstoï voulait surtout exprimer que la sensualité prédomine les sentiments amoureux (le genre de truc qui lui posera personnellement problème jusqu'à la fin de ses jours), ou alors qu'ils.. s'interpénètrent de façon irrésistible et c'est ce qui rend l'amour insaisissable et très subversif !
en tout cas que c'est un sentiment à des années lumières des convenances, de l'ordre ou de la "raison" sociale.
il faudrait que je le relise
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MessageSujet: Re: Léon Tolstoï [Russie]   Léon Tolstoï [Russie] - Page 5 EmptyDim 11 Déc 2011 - 22:29

La Guerre et la Paix (1865-1869)

Léon Tolstoï [Russie] - Page 5 Couv19

La Guerre et la Paix est un titre qui en dit long. Le Mal et le Bien, l’Activité et le Repos, la Haine et l’Amour… Les contraires se dressent l’un contre l’autre. Ils sont tout, sauf le Pire et le Meilleur, car ils se côtoient sans jamais que l’un ne soit plus respectable que l’autre.

L’histoire se déroule de 1805, lors de la guerre de la Troisième Coalition, à 1812, lors de la Campagne de Russie. Entre les batailles de Schoengraben, d’Austerlitz et de Borodino, Tolstoï nous décrit minutieusement la Russie tsariste de l’époque à travers une galerie de personnages qui comporte, parmi ceux que je trouve essentiels, Pierre Bézoukhov, André Bolkonsky et Marie Bolkonsky. Les autres personnages, dont la psychologie est moins fouillée (mais tout de même longuement abordée), gravitent autour de ceux-ci pour leur donner des occasions régulières de s’illustrer dans leur rapport avec les choses, avec les autres, avec leurs croyances et leurs valeurs. D’ailleurs, je pense aussi que ces trois personnages et toutes les histoires qu’ils nouent à leur suite servent seulement de prétexte à Tolstoï pour ce qui m’apparaît être l’objectif principal de son ouvrage : faire la démonstration de sa théorie fataliste de l’histoire.

Léon Tolstoï [Russie] - Page 5 Koutou10
Koutouzov, à la bataille de Borodino, Shepelyuk, 1952

Je pensais que Guerre et Paix serait un roman. Après lecture, je m’aperçois que ce n’est pas le cas. La question de savoir quelle nature attribuer à ce livre a été posée à de maintes reprises. Tolstoï en parle lui-même dans l’appendice :

« Qu’est-ce que « La Guerre et la Paix » ? Ce n’est pas un roman, moins encore un poème, moins encore une chronique historique. « La Guerre et la Paix » est ce qu’a voulu et a pu exprimer l’auteur dans la forme où cela s’est exprimé. »

Pour ma part, je considère ce livre comme un essai masqué s’appuyant sur la fiction (un exemple développé sur plusieurs centaines de pages ?) pour démontrer sa thèse. Le génie de Tolstoï tient au fait qu’il cherche à dissimuler son intention jusqu’à ce que les conclusions de ses démonstrations apparaissent de manière évidente.
Dans le premier livre, il est encore possible de croire que Guerre et Paix n’est qu’un roman. A partir du deuxième livre, Tolstoï se fait plus virulent. Des passages purement théoriques s’intercalent entre la fiction et viennent l’éclairer sous un autre angle. Du singulier on passe au pluriel, on prend de plus en plus de recul. Napoléon était un grand Empereur dans le premier livre. Placé au centre des conversations, on parlait de lui avec terreur ou admiration, au choix. Dans le deuxième livre, il n’a pas plus d’importance qu’une fourmi et d’ailleurs, il est une fourmi : manipulé par lui-même et par les autres, par ce qu’il veut et ce qu’il croit vouloir, par l’idée du pouvoir et de la puissance, Tolstoï, au fil de sa démonstration, le réassigne à sa juste place. Il n’est rien de plus que les autres hommes car il ne peut pas échapper à l’Histoire.

Léon Tolstoï [Russie] - Page 5 Napole10
Napoleon on his Imperial Throne, Ingres, 1806
L’intérêt que l’on accordera ou non à Guerre et Paix dépend peut-être de l’adhésion à cette théorie fataliste de Tolstoï. Je ne sais pas si elle m’a entièrement convaincue mais elle m’a plu, car ses conclusions bouleversent la conception que l’on se fait de l’homme et viennent relancer le grand débat sur l’idée du libre-arbitre. Impossible de contempler le monde de la même façon après avoir lu Guerre et Paix. Les observations de Tolstoï trouvent encore un vaste champ d’application aujourd’hui et peuvent être mises en pratique au quotidien.
Le deuxième livre me semble, pour cette raison, être le plus important. Si le premier m’a parfois intéressé pour les considérations sociologiques et psychologiques de Tolstoï sur les personnages, il n’a toutefois pas su me mettre l’esprit en ébullition comme le deuxième. Reste que ces considérations sociologiques et psychologiques sont d’une acuité qui méritent à elles seules le détour. Tolstoï montre que, s’il n’est pas schizophrène, son existence lui aura permis de nourrir de nombreuses réflexions sur les questions du rapport de chacun avec autrui, tentant peut-être de se glisser dans la peau de chaque personne qui aura eu de l’importance pour lui afin de la comprendre dans ses rouages les plus intimes -à moins qu’il ne se soit inspiré que de lui-même et de ses contradictions…

L’écriture de Tolstoï n’est pas des plus agréables, mais après coup je me dis que c’est celle qui convient le mieux à la démonstration menée dans Guerre et Paix. Cette écriture est froide, même lorsqu’elle parle des évènements les plus pathétiques, peut-être parce qu’elle est aussi monotone et impersonnelle. Si j’ai pu être rebutée par ce style au début de ma lecture, je me rends compte à présent qu’elle sert tout à fait à la compréhension car elle permet à Tolstoï de ne soutenir ni de ne condamner aucun de ses personnages. Il reste distant et se contente de décrire des faits qu’il ne cherche pas à juger. Cette absence d’engagement moralisateur donne au lecteur la possibilité de s’accrocher à l’un ou à l’autre des personnages, changeant d’attache et modifiant ses préférences au gré de l’évolution et de la maturation de chacun. Guerre et Paix se présente ici comme un vaste champ d’expérimentation qui permettrait de se glisser dans la peau d’un personnage pour un temps, pensant avoir trouvé en lui le représentant idéal de ses propres valeurs et aspirations, avant de se glisser dans la peau d’un autre, que le temps nous aura rendu plus proche. Suivre les personnages dans leurs réflexions et leurs contradictions est l’occasion d’une profonde remise en question personnelle et invite à considérer les erreurs de chacun avec plus de tolérance, voire à éprouver de la sympathie pour des individualités en proie aux tourments existentiels.

Ce livre est d’autant plus beau qu’il ne cherche pas particulièrement à l’être. Il mêle l’intelligence de Tolstoï à une pensée originale, et son caractère profondément humaniste vient apaiser la lucidité cruelle de ses propos. On alterne sans cesse entre réconfort et désespoir. J’aimerais pouvoir m’approprier ce texte et le porter en moi toute ma vie pour retrouver, à chaque fois que j’en aurais besoin, le passage de Guerre et Paix qui saurait me réconforter, me confirmer ou m’instruire de la situation –car je crois qu’il n’y a rien, dans la vie, dont ce livre ait oublié de parler.

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L'incendie de Moscou, Smirnov, 1813
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