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| Peter Hoeg - Danemark | |
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Auteur | Message |
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Thel Espoir postal
Messages : 16 Inscription le : 17/12/2012 Age : 45 Localisation : Rhône-Alpes; Loire
| Sujet: Re: Peter Hoeg - Danemark Mar 18 Déc 2012 - 14:54 | |
| Bon. Je viens me mêler à ce fil car dès que j'entends Peter Hoeg, mes oreilles se dressent. Personnellement, c'est LA rencontre littéraire de ma vie Peter Hoeg je l'ai connu en 2007 avec justement "La petite fille silencieuse" qui avait reçu une critique élogieuse (rare chose) dans le Canard enchaîné. A côté de cela, j'ai cherché des critiques sur ledit bouquin après sa lecture, pour essayer de partager et je suis tomber sur un gros néant ou une aversion totale... j'avais lu je ne sais plus où que certains l'avaient qualifié d'avant-gardiste. C'est un peu l'effet que j'ai. Cet auteur est un ovni:) La petite fille silencieuse, ça a été le coup de foudre littéralement, j'économisais le livre tellement je voulais plus le quitter. J'avais l'impression qu'on ne m'avait jamais parlé de cette manière, ce qui est toujours le cas. Bon,il a fallu que je m’équipe pour suivre le livre quand même, c'est pas un long fleuve tranquille. Il a même fallu que je fasse des fiches pour m'y retrouver dans les personnages, événements etc... Kasper Krone, le personnage principal, l'anti-héros, perçoit les musiques propres à chaque individu. Il travaille en « thérapie » avec des personnes qui ont besoin d'une aide psychologique, au delà des mots. C'est un mec qui n'a vraiment plus rien à perdre et qui est prêt à tout. C'est un personnage bien trempé (comme tous ceux qui prennent vie sous la plume de Hoeg). On a enlevé le filet sous le funambule. Moi j'adore. C'est extrême ce livre. La rencontre avec Caïn, le dialogue entre les deux: le clown et l'immonde criminel m'a fait carrément pleurer (c'est tellement juste)! Ce que j'aime aussi chez Hoeg c'est qu'il a une appréhension du monde fine: il y a le héros et la larve en chaque être, on ne peut pas trancher, la vie est compliquée. Ses lectures sont empreintes d'une philosophie singulière. Ce que je retiens de cet auteur c'est qu'il a le sens du dialogue, c'est un magicien de la parole efficace, sans fioritures, droit au but. L'incision de son écriture le rend très drôle. Et puis son univers a aussi un petit côté magique: je crois que c'est ça que j'aime tant chez lui: il a un sens de la réalité violente et brutale et à la fois une poésie, une profondeur. Il a changé ma vie, oui, je peux dire ça. Ces lectures ont changé mes perceptions du monde et des autres. Je le trouve aussi extrêmement anti-conventionnel, je me sens libre avec lui:) J'ai évidemment avalé d'autres livres de lui: le dernier "Les enfants de Cornacs" qui démarre sur les chapeaux de roue: « J'ai trouver une porte pour sortir de prison, elle ouvre sur la liberté et je t'écris ceci pour te la montrer. » "Les contes de la nuit" sont vraiment très bien écrits, "la vie des rêves danois". J'aime. C'est spirituel. Même si mon favori c'est "La petite fille silencieuse" Allez je vous colle un extrait, le rencontre entre Caïn, un homme qui se prend pour le sauveur de l'humanité et qui pour arriver à ses fins ne s'emmerde pas avec la torture d'enfants, et Kasper Krone, l'ex-clown paumé qui soigne les gens avec la musique. Kasper vient de mettre la main sur ledit fou criminel, et se fait passer incognito pour son coiffeur perso :
« Kasper saisit des ciseaux de coiffeur et un peigne sur l'étagère sous le miroir. Dans la glace, le regard de l'homme se posa sur Kasper, mais la vue de la veste blanche éteignit l'intéret dans ses yeux. C'est là que nous faisons erreur. Nous ne voyons pas la surprise si elle nous vient déguisée en quotidien. -Heidi a quelques minutes de retard, dit Kasper. Il se plaça derrière le fauteuil. L'homme avait son âge. Un corps d'athlète ou celui d'un artiste de cirque. Avec la partie large du peigne, Kasper souleva les cheveux de la nuque. L'homme ne pouvait pas le voir dans le miroir. Il coupa la touffe de cheveu au ras du cuir chevelu. Il ouvrit son écoute à la tonalité de l'autre. Il entendit son rapport au monde physique. C'était les notes basses, les fréquences qui mettent en branle la plus grande masse. Il entendit de l'argent, plus qu'il n'en avait jamais entendu auparavant. Il entendit des immeubles. Des voitures. L'avenir. Des virtualités économiques dorées. Il entendit la sexualité de l'homme, plus qu'intéressante. Masculine, avec une forte teinte féminine. Cet homme aurait pu avoir n'importe quelle femme. Et la plupart des hommes. Kasper entendit sa gamme d'émotions, ample, nuancée et explosive. Beaucoup de lumière et beaucoup d'obscurité, équitablement réparties, comme chez Mozart. Il entendit le cœur. C'était un grand son, généreux et chaleureux. Il entendit les fréquences plus aiguës, l'inventivité, l'intuition, la spiritualité. C'étaient les sons riches d'un homme vibrant de vie intérieure. Mèche par mèche, Kasper prit les cheveux de la nuque entre ses doigts. Sans hésitation, et très correctement si l'on considère que c'était la première fois qu'il le faisait sur quelqu'un d'autre, il coupa en brosse la nuque joliment cambrée sous ses yeux. Les yeux de Josef Caïn étaient distraits. Il ne se regardait pas. Son regard était tourné vers l'intérieur. Puis Kasper entendit le trou. C'était une zone d'ombre sonore interne. Une zone sourde dans le système de Caïn, quelque part entre le cœur et le plexus solaire. Kasper posa les ciseaux. Sur une étagère derrière le fauteuil se trouvaient des pots en plastique avec des pâtes de différentes nuances. Il en ouvrit un. C'était du henné. Dix ans avant que cela devienne courant, Helene Krone avait peint des motifs mauresques sur le dos de ses pieds musclés, deux fois par an. Kasper trouva un petit pinceau. Lentement, soigneusement, et toujours hors de vue du miroir, il appliqua une fine couche du pigment rouge sur la nuque en brosse. - J'ai coupé les cheveux de Wilhelm Kempff, dit-il. Au début des années soixante-dix l'époque où j'étais encore une jeune comète à l'école de coiffure. Il m'a parlé d'Hitler. Il l'avait rencontré en 1944. A Berghof. Eva Braun était parvenue à réunir Kempff et Furtwängler. Gieseking aussi. Pour organiser un concert qui ferait plaisir au Führer. Ca ne s'est jamais fait mais il avait prévu le répertoire. Les airs préférés d'Hitler : un peu d'opérette de Lehar, quelques lieder de Strauss, la Marche de Badenweiler, la Donkey Serenade, des extraits des Maîtres chanteurs de Nuremberg. Kempff a eu l'occasion d'écouter le système de Hitler. Il m'a dit que, globalement, la personnalité du dictateur était normale. Seulement, quelque part il y avait un trou, par lequel passait un vacarme collectif destructif. Tu comprends ? Des personnalités méchantes, ça n'existe pas. La tonalité de toute personnalité est fondamentalement compatissante. Ce sont les trous dans notre humanité, les endroits où nous ne résonnons pas, qui sont dangereux. Là où nous avons l'impression d'être au service d'une noble cause. Là, nous devons nous demander si la cause est aussi noble que ça. Là, nous nous faisons avoir. D'autres cultures appellent ça des démons, chez nous, les mots nous font défaut. Mais moi, je l'entends. C'est le bruit de la guerre, de la colère collective. Dans le miroir l'homme appuya son regard sur Kasper. - Qui diable es-tu ? Demanda-t-il. Sa voix était noire comme le ciel nocturne, et douce comme quatre cents mètres carrés de velours. Kasper prit un miroir à main sur l'étagère, permettant à son client de voir sa nuque. Josef Caïn ne s'y retrouva plus. Hitler aurait aussi perdu contenance, s'il s'était vu coupé en brosse et teint au henné. Bouche bée, la sonorité de Caïn s'ouvrit. Kasper s'adressa à cette ouverture. - Il y a un trou dans ta tonalité. Nous avons tous des zones abîmées. Mais chez toi, elle est importante. Sans comparaison avec Hitler, ne nous comparons pas aux grands. Mais suffisamment importante. C'est en rapport avec l'enfance. C'est toujours en rapport avec l'enfance. Peut-être que la tienne était pauvre. Peut-être que ton père était absent. Ça expliquerait la cupidité, le désir de pouvoir. Le trou concerne ces deux choses-là. Il ferme l'accès au cœur. Que t'inspirent les enfants ? Te souviens-tu de toi-même enfant ? As-tu coupé les doigts de la fillette personnellement ? » | |
| | | bix229 Parfum livresque
Messages : 24639 Inscription le : 24/11/2007 Localisation : Lauragais (France)
| Sujet: Re: Peter Hoeg - Danemark Mar 18 Déc 2012 - 15:36 | |
| Un commentaire enthousiaste vaut bien plusieurs commentaires tièdes ou négatifs... On va voir ! | |
| | | Queenie ...
Messages : 22891 Inscription le : 02/02/2007 Age : 44 Localisation : Un peu plus loin.
| Sujet: Re: Peter Hoeg - Danemark Mar 18 Déc 2012 - 19:15 | |
| J'ai lu le fil et ton commentaire Thel. C'est intrigant, surtout après la lecture de cet extrait. Je ne sais si ce livre me passionnerait (l'originalité de l'histoire, l'utilisation d'images fortes) ou m'ennuierait profondément (la peur de raccourcis psychologiques faciles - comme le coup du trauma de l'enfance ici - et d'un ton qui ferait trop poseur/donneur de leçon).
Va falloir que je vois ça de plus près.
Et toi as-tu lu cet autre livre que certains des participants sur ce fil ont apparemment beaucoup apprécié : Smila et l'amour de la neige ?
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| | | Thel Espoir postal
Messages : 16 Inscription le : 17/12/2012 Age : 45 Localisation : Rhône-Alpes; Loire
| Sujet: Re: Peter Hoeg - Danemark Mar 18 Déc 2012 - 22:22 | |
| Queenie, j'ai lu Smilla oui. J'ai beaucoup aimé. J'ai trouvé les personnages au caractère bien planté, des personnages qui n'hésitent pas à outrepasser leurs limites, très courageux. C'est aussi un thriller, comme La petite fille et Les enfants des Cornacs mêlé de beaucoup d'humanisme et d'une très grande sensibilité. Pour répondre à tes interrogations, je ne pense pas que Hoeg soit un donneur de leçon. Il émet des opinions totalement assumés. Ça ne signifie pas à mes yeux qu'il a raison en tout :). J'admire les gens qui assument leurs idées, franchement. Je ne peux pas supporter tous ces auteurs tiédasses, livres bourrés de clichés: c'est simple, si j'en tiens un dans les mains, je m'endors au bout de deux pages Je suis contente si je peux donner le goût à certains d'entre vous de s'y intéresser de plus près Et puis il a une vie pas ordinaire: marin, danseur, écrivain etc. Ça lui confère une expérience riche et forcément une vision large. Good night | |
| | | Queenie ...
Messages : 22891 Inscription le : 02/02/2007 Age : 44 Localisation : Un peu plus loin.
| Sujet: Re: Peter Hoeg - Danemark Mer 19 Déc 2012 - 10:49 | |
| Et est-ce que t'arrives à comprendre pourquoi (ici en tout cas) Smilla sort du lot ? (C'est pour que je sache si je met sur ma LAL directement La petite fille silencieuse (j'aime beaucoup le titre en plus) ou si je me penche du côté de Smilla) | |
| | | Thel Espoir postal
Messages : 16 Inscription le : 17/12/2012 Age : 45 Localisation : Rhône-Alpes; Loire
| Sujet: Re: Peter Hoeg - Danemark Mer 19 Déc 2012 - 12:49 | |
| Mon idée c'est que Smilla a reçu un gros coup médiatique (prix littéraire, film) tandis que La petite fille silencieuse est passé bien plus incognito, et a reçu une critique majoritairement négative me semble-t-il. Beaucoup de lecteurs, critiques l'ont trouvé hermétique. C'est une réalité qu'il est beaucoup plus difficile d'accès. Mais si tu rentres dedans t'as gagné le pompon. Les deux sont une excellente lecture pour l'hiver :) Perso, j'ai démarré avec La petite fille silencieuse et tu connais ma préférence maintenant. Tiens moi au courant | |
| | | Queenie ...
Messages : 22891 Inscription le : 02/02/2007 Age : 44 Localisation : Un peu plus loin.
| Sujet: Re: Peter Hoeg - Danemark Mer 19 Déc 2012 - 12:57 | |
| - Thel a écrit:
- Mon idée c'est que Smilla a reçu un gros coup médiatique (prix littéraire, film) tandis que La petite fille silencieuse est passé bien plus incognito, et a reçu une critique majoritairement négative me semble-t-il.
Hum. ça ne compte pas les avis des gens (notamment des Parf) par rapport au battage médiatique ! - Thel a écrit:
Les deux sont une excellente lecture pour l'hiver :) Perso, j'ai démarré avec La petite fille silencieuse et tu connais ma préférence maintenant. Tiens moi au courant
Si c'est à ma biblio, je jetterais un oeil rapidement. J'entame justement mes lectures d'hiver (avec un Jorn Riel que j'ai déjà mis plus d'un an à me décider à lire... alors ne sois pas trop pressée... !). | |
| | | Thel Espoir postal
Messages : 16 Inscription le : 17/12/2012 Age : 45 Localisation : Rhône-Alpes; Loire
| Sujet: Re: Peter Hoeg - Danemark Mer 19 Déc 2012 - 17:24 | |
| Ok ok, (je parlais de la résonance médiatique en général, pas juste ici :) alors en attendant c'est qui Jorn Riel, il écrit comment? (parce que j'aime bien l'univers nordique :) ) Si tu pouvais étancher ma soif de lecture, j'ai un mal fou à "tomber" dans un livre qui me plaît. | |
| | | eXPie Abeille bibliophile
Messages : 15620 Inscription le : 22/11/2007 Localisation : Paris
| Sujet: Re: Peter Hoeg - Danemark Mer 19 Déc 2012 - 17:55 | |
| - Thel a écrit:
- Ok ok, (je parlais de la résonance médiatique en général, pas juste ici :)
alors en attendant c'est qui Jorn Riel, il écrit comment? (parce que j'aime bien l'univers nordique :) ) Si tu pouvais étancher ma soif de lecture, j'ai un mal fou à "tomber" dans un livre qui me plaît. Le fil de Riel est ici, et c'est excellent. Une partie très drôle (les racontars arctique, à lire dans l'ordre, sous peine de perdre beaucoup), et quelques livres beaucoup moins drôles, mais quand même très bien. | |
| | | pia Zen littéraire
Messages : 6473 Inscription le : 04/08/2013 Age : 56 Localisation : Entre Paris et Utrecht
| Sujet: Re: Peter Hoeg - Danemark Ven 2 Mai 2014 - 13:58 | |
| La petite fille silencieuse.
Kasper Krone clown, musicien, acrobate a une ouïe surdéveloppée qu´il retraduit en métaphores et une capacité à ressentir hors du commun. Chaque personne a sa propre sonorité qui change en fonction de son vécu et de ses émotions du moment, ainsi que les objets, les plantes. Kasper donne des cours aux enfants en difficultés. Pour pouvoir survivre à ses dettes et parce qu’il aime les enfants. Un jour on lui amène une petite fille qui lui fait comprendre qu’elle a été enlevée par ses soi-disant parents et qu’elle est en danger, puis elle disparait. Il décide de la chercher et de la sauver mais les choses sont plus compliquées qu’il n’y parait. La petite fille a des pouvoirs. Le pouvoir de créer le silence, de prédire les catastrophes…comme les secousses sismique qui ont ravagé Copenhague quelques temps auparavant. Plus compliqué en effet puisqu’on se perd dans la chronologie des évènements, des rencontres. On passe du coq à l’âne, on se demande ce que ce personnage vient faire là et ce qu’il apporte à l’histoire. C’est fouillis. Tout ça sur un fond de bondieuserie musclée. Ce qui fait que malgré le fait que j’ai eu envie d’aller jusqu’au bout de ma lecture, je suis restée un peu en dehors. | |
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| Sujet: Re: Peter Hoeg - Danemark | |
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| | | | Peter Hoeg - Danemark | |
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