Amer [Hélène Cattet & Bruno Forzani)

AMER

Synopsis, via Allocine :
Ana est confrontée à la peur et au désir à trois moments clefs de sa vie. Un voyage charnel entre réalité et fantasmes oppressants où plaisir et douleur s'entrecroisent.


Ce film est une ambiance, une expérience sensorielle. Il faut ouvrir toutes les portes de la perception et se laisser aller.
Et alors là.
Bam.
La musique lourde, mystérieuse.
Les plans rapprochés sur des morceaux de corps, sur des regards, des doigts, des pieds.
Les sons hyper accentués (les respirations, les crissements, les chuintements...)
La violence des mouvements, la peur d'une porte qui s'ouvre, de pas dans le couloir.
Les couleurs, la lumière : un univers sombre et psychédélique à la fois. Du noir surgit l'horreur, l'angoisse, et on perd pied dans un tourbillon de couleurs étranges.
Une atmosphère ultra oppressante où se terre partout le danger.
Les décors, la maison immense, en décrépitude, avec son immense escalier, ses salles vides, ses bruits partout.
Un peu de violence, et de gore. Une montée qui laisse scotcher à sa chaise, et met mal à l'aise lorsque les scènes réellement violentes surgissent.
Un érotisme troublant, entouré de sadisme, de masochisme, de mille et un dangers.

Après... les acteurs sont vraiment pas géniaux (à part la gamine du début, et le grand-père qui fait froid dans le dos).
Et c'est du giallo (

wiki a écrit:

Le giallo est un genre de film d'exploitation, principalement italien, à la frontière entre le cinéma policier, le cinéma d'horreur, le fantastique et l'érotisme qui a connu son heure de gloire dans les années 1960 à 1980. Les réalisateurs phares du giallo sont Mario Bava et Dario Argento. Il emprunte son nom à celui donné en Italie au roman policier.

), donc l'image semble toujours filmée par une caméra amateur, avec les moyens du bord. (Mais ça fait aussi parti du charme, je trouve).

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Je l'ai enfin vu et je me suis régalé. Ce qui me plait c'est la façon dont ils utilisent tout cet univers fétichiste du giallo et du cinéma bis fantastique italien que j'aimais tant dans les années 80, pour en faire une rêverie abstraite qui nous plonge dans l'inconscient d'une jeune femme de l'enfance à l'âge adulte. Comme Stephen King avec Carrie, ils montrent la proximité fantasmatique qui existe entre le sexe et la violence. Les premières menstruations, le trouble érotique que provoque la présence d'hommes réduits à leurs caractères sexuels secondaires, provoquant à la fois un excitation sexuelle et une peur d'agression, de viol ou de meurtre. La première partie montre aussi les terreurs d'enfance où la sexualité et les disputes des parents, la présence du corps d'un grand-père décédé ou une vieille servante inquiétante se transforment en courtes séquences horrifiques entre films de fantômes japonais et hommage au Suspiria de Dario Argento (entre autres) dont on retrouve de nombreux plans.

Amer:



Suspiria:


Chacune des 3 parties est construite en un crescendo qui repose uniquement sur le montage de plus en plus "découpé" de l'image et du son pour atteindre un paroxysme de tension abstraite, comme une sorte de jouissance esthétique, avant de s'apaiser pour recommencer encore une fois. Jouissance de cette femme et jouissance du spectateur devant une juxtaposition de toutes les séquences qui nous faisaient triper dans les giallos.

Le sommet étant le final du 3e épisode qui pousse le procédé à son maximum en se terminant par une scène de "découpage" hallucinante où on a l'impression que toutes les scènes de meurtres des films cités se retrouvent condensées en une seule pour morceler à la fois la victime et l'image. La victime et l'agresseur semblant d'ailleurs s'inverser ou ne faire qu'un. Une pure déconstruction digne d'un Picasso!

Ce n'est donc pas un film au sens classique du terme (ce n'est pas un giallo) mais une expérience entre installation d'art contemporain et récit onirique purement abstrait.

Je pense qu'il vaut mieux être déjà passionné par ce genre de cinéma pour apprécier cet hommage qui est brillantissime plastiquement.



Il m'a juste manqué ce qui faisait aussi le charme des films d'Argento, à savoir l'existence de passages secrets derrière les murs ou sous les planchers...

Marko a écrit:

Je pense qu'il vaut mieux être déjà passionné par ce genre de cinéma pour apprécier cet hommage qui est brillantissime plastiquement.

Je vais laisser décanter le film dans ma tête cette nuit mais à priori, je suis d'accord avec ça.

Et n'étant pas passionnée par ce genre de cinéma...

Citation :

Ana est confrontée à la peur et au désir à trois moments clefs de sa vie. Un voyage charnel entre réalité et fantasmes oppressants où plaisir et douleur s'entrecroisent.

Une expérience inaboutie.

Après une nuit de réflexion, ça se confirme, ce n'est pas un film pour moi. Tout le côté expérimentation sonore qui donne la chair de poule et dilate la pupille, c'est génial mais pour le reste...disons que je suis peut être trop traditionnelle. Je n'aime pas les histoires sans queue, ni tête qui partent dans tous les sens, or, sur le moment y'a pas mal d'incompréhensions. A la fin, on comprend bien le cheminement mais faut croire que j'aime un peu plus de classicisme dans le récit.

Il y a néanmoins de très bonnes choses dans ce film : on est enveloppé dans un lit de perceptions du début à la fin. Visuellement, on pousse l'esthétisme à l'extrême, la scène de découpage est dingue. Mais surtout, il y a un travail sur les sons et les textures assez hallucinants. Le sel qui crisse, le cuir qui grince, les respirations entravées... D'ailleurs, je suis contente d'être passée lire le début de vos avis avant de lancer le film, parce que du coup, j'ai fermé les fenêtres et les volets pour me laisser englober. Le segment sur l'enfance m'a collé les miquettes grave !

Bref, il y a de l'idée, on ne peut pas reprocher le manque d'ambitions artistiques. Les gens sont morcelés, réduits à une bouche, un œil, un sein, une main, un visage... Zoom maximal, plans rapprochés souvent répétitifs, c'est beau mais ça devient vite lassant. En plus, comme tu le disais Queenie, les acteurs sont bof-bof alors on ne peut même pas se raccrocher à eux. Mais je crois que je n'avais simplement pas les bagages qu'il fallait.

Et puis, c'est quoi ce village où tout le monde se regarde en chien de faïence !?  

2,5/5