Lucian Freud [Exposition]

En ce moment sur ARTE, on en parle ici.
Rediffusion samedi 23 octobre à 02H20 et samedi 30 octobre à 14H00.

sentinelle a écrit:

En ce moment sur ARTE, on en parle ici.
Rediffusion samedi 23 octobre à 02H20 et samedi 30 octobre à 14H00.

Merci pour le lien!

lors d'autres recherches, j'ai trouvé cet auto-portrait

Citation :

Le peintre britannique est décédé le 20 juillet d'une brève maladie.

Ce petit-fils de Sigmund Freud (son père était le plus jeune fils du fondateur de la psychanalyse) avait redonné ses lettres de noblesse à l'art figuratif avec des représentations crues de corps nus.

Il était considéré comme l'artiste vivant le plus cher du monde.

Merci Marko !

Marko a écrit:

comme chez Bacon qui met en scène l'intimité et la souffrance humaines dans des triptyques proches de la tradition religieuse.

La souffrance humaine est aussi bien traduite dans les oeuvres de Jean Jansem:ICI

Merci pour ce fil sur Freud, ce peintre que je découvre en entendant la nouvelle de sa mort.

La chair est triste pour Lucian Freud. J'ai eu la chance (bien que je me demande si c'est une chance) de voir une grande partie de son oeuvre et son parti pris de mettre son savoir faire et son talent en rejetant toute exaltation de la beauté n'est sans nul doute que le reflet de notre époque si morne et désolante.

Belle pensée Gudule.
J'ai tellement de mal avec Lucian Freud de même qu'avec Bacon.
Question de bêtasse : Freud avaient-il d'autres petits-enfants et que font-ils?

Ta question m'intéresse aussi Babelle...

Je connaissais les œuvres de Lucian Freud depuis un petit moment mais je n'aurais jamais vraiment cru qu'il était le petit-fils de Sigmund Freud. Je pensais que la coïncidence aurait été trop grande, et j'ai vite balayé cette idée de ma tête lorsque j'ai découvert Lucian Freud, avant de l'apprendre sur ce fil. Je suis quand même surprise !

J'ai du mal à exprimer ce que je ressens devant une peinture mais celles de Lucian Freud me vont droit au cœur. J'aime ce qu'il fait et la manière dont il représente l'être humain. Je trouve cela très généreux de consacrer autant de temps et d'énergie à la réalisation d'un tableau représentant les hommes sous leurs aspects les plus repoussants. Un peu de difformité ne fait pas de mal de temps en temps. Son œuvre est cathartique -pour lui je ne sais pas, mais pour moi en tout cas.

Que l’œuvre de Lucian Freud provoque toujours autant de dégoût ou une fascination extrême (comme c'est mon cas) prouve qu'il a réussi dans sa démarche d'éprouver la vision des hommes. Susciter un peu de sentiment est une chose difficile, mais il triomphe avec brio dans ce domaine.

Bon, et puis, je rajoute deux images...


« Echec de la sexualité et de la vie, tristesse de la nudité, tel est le miserre d’un Freud judéo-chrétien. Le corps lui apparaissant sous le signe de la mélancolie de maison de retraite, il l’exhibe comme nudité d’une mort clinique annoncée : vieux, obèse. »
Pierre Sterckx



« La façon dont je peins me semble malaisée, un peu comme la vie peut paraître malaisée. »
Lucian Freud

« Je souhaite que les formes affectent mes sentiments et non pas que les sentiments affectent mes formes. »
Lucian Freud

« Je voudrais que la peinture soit chair, que l’image devienne à la fois réelle et visuelle. »
Lucian Freud

Ne pas oublier aussi que sa démarche est beaucoup plus claire car il a affirmé qu'il était exhibitionniste. Je pense que tout est dit par cette confidence.
De plus, ne pas oublier que notre époque est régie justement par le déballage, tout peut être montré, tout peut être dit, alors les artistes s'engouffrent dans cette mouvance qui constitue le fond de commerce de certains. Parler de la beauté est la chose la plus difficile qui soit mais évoquer le sordide est la voie royale pour les intellectuels de tous bords qui peuvent de cette manière commenter jusqu'à plus soif. Le gâteau est solide et on en vit bien dans le monde de la culture. N'oublions pas qu'aujourd'hui, on parle d'industrie de l'art et de biens culturels.

j'ai vu l'expo à Beaubourg.
C'est quand même très étrange. On ne peut pas dire que ce soit du déballage de chair crue, c'est beaucoup plus intéressant que ça. Il y a un travail sur la matière, la perspective, la couleur.
Mais c'est dérangeant c'est vrai. Je suis aperçue que j'étais la seule à regarder les tableaux de près, tout le monde s'en tenait éloigner, c'était marrant.
Ça pose la question de notre regard sur l'obscénité et la beauté.
Est-ce que le corps d'une obèse est obscène? laid? idem pour la peinture d'un corps dont on voit le sexe. Est-ce que c'est indécent ou est-ce c'est notre regard qui est perverti?
C'est extraordinaire qu'on soit si dérangé par la peinture de Freud à une époque où les images de la pornographie sont banalisées; où l'on voit des images de mode avec des gamines de 14 ans qu'on rend anorexique pour vendre des vêtements à des trentenaires. Alors où est l'immoralité? l'obscénité?

colimasson a écrit:

Que l’œuvre de Lucian Freud provoque toujours autant de dégoût ou une fascination extrême (comme c'est mon cas) prouve qu'il a réussi dans sa démarche d'éprouver la vision des hommes. Susciter un peu de sentiment est une chose difficile, mais il triomphe avec brio dans ce domaine.

tout à fait d'accord

En quoi la chair chez Freud serait plus triste que chez un classique comme Rubens? Si on enlève les franfreluches mythologiques qui entourent les personnages de Rubens? Je pose la question.

Il s'agit ici de Beaux-Arts et non d'un produit et c'est justement cela qui peut heurter la sensibilité. La peinture de Freud n'a rien d'immoral, elle représente des corps nus, rien de plus conventionnel mais c'est l'écriture du peintre qui peut heurter par son propos délibéré de ne montrer que l'aspect le plus misérable de notre sac de peau.
Le traitement de la chair par Rubens est sur un mode joyeux. Les couleurs sont nacrées, rosées, il utilise beaucoup de jaune de naples qui donne à la texture une belle harmonie. (Je n'aime guère Rubens bien que je lui reconnaisse une virtuosité inégalée). Le contexte est aussi différent car à cette époque en Flandres, les hommes ainsi que les femmes affichaient une belle corpulence, signe d'opulence.