Sunset ParkDomreader et traversay ont dit précédemment (page 29) exactement ce que j'ai ressenti à la lecture de ce roman. Il se lit avec plaisir mais il lui manque peut-être un petit quelque chose, une anomalie, pour être vraiment accrocheur.
Je me permets (histoire d'avoir quand même quelque chose à raconter) de donner ici une petite analyse (très personnelle) de
Sunset Park :
Rapidement, le lecteur comprend que Paul
Auster a l'intention de se pencher sur la question des hommes (père, frère, fils, ami, amant et autres...), sur leurs relations au monde, sur leurs manières d'exister au sein de la société américaine (une société qui ne va pas très bien, le roman se situant en pleine crise des subprimes).
Auster pour se faire n'utilise pas le vieux thème du péché originel (Adam et Eve) qui lui aurait permis de parler de la relation homme-femme, non, il choisit le meurtre fraternel d'Abel et Caïn, mettant en scène la relation d'homme à homme, avec le léger mais important décalage qu'ici ce n'est pas Caïn qui tue Abel mais l'inverse. En effet, le bon, le doué, le doux Miles dans une crise de colère dont on sait qu'elle est forcément aveuglante jette son demi-frère à terre et l'accident survient. Rapidement évacuée, cette scène fondatrice laisse la place au questionnement sur la culpabilité et sur la manière dont Miles va réagir.
Il choisit la fuite et le silence.
Tout comme les hommes qui rentrant de la guerre cherchent à reprendre une existence normale et surtout à ne jamais raconter ce qu'ils ont vécu, Miles va prendre ses jambes à son cou et se terrer dans le silence, cherchant à s'oublier.
Existe-t-il un autre choix ?
De la même manière lorsque Miles tombe amoureux d'une charmante mineure, il n'a pour choix que celui de s'enfuir et de rentrer à New-York en attendant qu'elle prenne de l'âge.
De la même manière pour clore son roman,
Auster choisit une fin ouverte qui laisse le lecteur dans une situation assez inconfortable : Miles, qui décidemment contient en lui une colère qui ne sait s'exprimer que par la violence (sans doute une manière de pallier à son mutisme sentimental), colle son poing dans la gueule d'un flic mal intentionné... il lui reste deux choix possibles : trouver un avocat (et suivre les conseils de son père) ou s'enfuir à nouveau...
En ne choisissant pas entre ces deux fins,
Auster semble dire de lui-même, qu'il est aussi un de ces hommes incapables de prendre des décisions et qu'il préfère renoncer au discours plutôt que de devoir trancher.
Constat assez flippant !
Bon, je me tais et je file...