Lecture en commun - Joseph Kessel : Belle de jour

kenavo a écrit:

je te suis dans cette vue et même si on peut se douter si de tels cas de femmes existent.. sa préface en dit autre chose.. donc.. je vais poursuivre le chemin de Séverine....

mm, faudrait peut-être que je la lise aussi cette préface. Je comptais le faire après coup.

Parce que hier justement, comme toi, je trouvais en lisant que le personnage de Sandrine manquait complètement de réalisme, même s'il doit y avoir des femmes (et des hommes) comme elle.

Nezumi a écrit:

mm, faudrait peut-être que je la lise aussi cette préface. Je comptais le faire après coup.

oui.. après coup je réalise qu'il y a quand même sa justification.. bien que je ne puisse toujours pas saisir la démarche de Séverine.. et en quelque sorte alors pas non plus celle de l'auteur

Nezumi a écrit:

Parce que hier justement, comme toi, je trouvais en lisant que le personnage de Sandrine manquait complètement de réalisme, même s'il doit y avoir des femmes (et des hommes) comme elle.

oui, elle semble se trouver dans un rêve..

Chapitre 6
Un chapitre clé, puisque Séverine, après s'être débattue avec ses états d'âme (dégout d'elle-même, culpabilité vis à vis de Pierre...) éprouve enfin du plaisir avec un client d'apparence particulièrement rude.
Et elle arrive à identifier le fond du problème:
Ce qu'elle cherche dans la sexualité, ce n'est pas la tendresse et la délicatesse que peut lui apporter Pierre, mais quelque chose de plus brutal et bestial:
"quelque chose en elle exigeait d'être rompu, soumis, dompté sans appel, pour que sa chair s'épanouit".p.99
Cette pauvre Séverine est donc masochiste. On l'avait compris depuis un moment mais bon...

cette constatation l'apaise et la soulage, elle accepte enfin d'être comme elle est, trouvant cela naturel et normal:
"Forte et sereine, elle retrouvait son unité" p100
Elle peut donc tranquillement mener de front ses deux vies, celle d'épouse de Pierre et celle où elle se prostitue quotidiennement chez Mme Anaïs.

Nezumi a écrit:

Un chapitre clé

en effet

Nezumi a écrit:

Ce qu'elle cherche dans la sexualité, ce n'est pas la tendresse et la délicatesse que peut lui apporter Pierre, mais quelque chose de plus brutal et bestial:
"quelque chose en elle exigeait d'être rompu, soumis, dompté sans appel, pour que sa chair s'épanouit".p.99
Cette pauvre Séverine est donc masochiste. On l'avait compris depuis un moment mais bon...

oui.. et en même temps, je l'éprouve maintenant beaucoup plus réelle.. elle peut être malade d'un certain point de vue, mais surtout elle semble sortir de cet était 'flou' et arrête de virevolter en pensées comme un papillon, elle réalise qui se passe en elle et l'accepte..

Nezumi a écrit:

Elle peut donc tranquillement mener de front ses deux vies, celle d'épouse de Pierre et celle où elle se prostitue quotidiennement chez Mme Anaïs.

oui, du moment qu'elle a réalisé ce qu'elle cherche chez Mme Anaïs, elle semble presque 'saine'

même si on peut prévoir que cet état ne va pas non plus durer
La prostitution quotidienne ne lui apportait que lassitude et détresse (p.102)
cela me donne l'idée qu'elle va avoir bientôt besoin d'une augmentation de stimulation pour satisfaire ses désirs de masochisme..

je reprends belle de jour, après un intermède de 3 jours pour Le coup de coeur du mois

kenavo a écrit:

même si on peut prévoir que cet état ne va pas non plus durer
La prostitution quotidienne ne lui apportait que lassitude et détresse (p.102)
cela me donne l'idée qu'elle va avoir bientôt besoin d'une augmentation de stimulation pour satisfaire ses désirs de masochisme..

Oui, tout à fait. Pas trop possible qu'elle continue à vivre ça sereinement.
Et pour la stimulation, Kessel la compare à un moment à un joueur ou un drogué, non ? Sa dépendance devrait quand même lui créér des problèmes...et comment va t'elle réussir à dissimuler tout ça à son cher et tendre ?

Le côté glauque me dérange moins maintenant, en effet Séverine est un peu plus humaine (quoique, ça reste assez extrême comme fantasme tout de même). Mais pour l'écriture...j'hésite sans cesse entre "waouh, quelle analyse troublante " et "c'est quand même bien bavard et ennuyeux".
Je dirais que Kessel est tantôt convaincant, tantôt pompeux voire un peu mélo. Je ne retrouve plus cette phrase du style "elle ne se doutait pas que sa destinée blablabla".
C'est ça qui me fait préférer la version de Bunuel, bien plus troublante et mystérieuse à cause de cet absence de discours continuel.

mimi54 a écrit:

je reprends belle de jour, après un intermède de 3 jours pour Le coup de coeur du mois

hein, tu nous fais des infidélités ?

Nezumi a écrit:

mimi54 a écrit:

je reprends belle de jour, après un intermède de 3 jours pour Le coup de coeur du mois

hein, tu nous fais des infidélités ?

oui, désolée, mais ce coup de coeur m'a happée, et je n'ai lui résister.
j'ai crée un fil, c'est un livre de toute beauté

Nezumi a écrit:

et comment va t'elle réussir à dissimuler tout ça à son cher et tendre ?

ça aussi peut être une forme de masochisme - l'anxiété qu'il trouve la vérité, bousiller son marriage 'parfait'..

Nezumi a écrit:

Le côté glauque me dérange moins maintenant, en effet Séverine est un peu plus humaine (quoique, ça reste assez extrême comme fantasme tout de même).

oui, le côté glauque devient "compréhensible" mais reste tout de même un énigme pour moi parce que je ne souhaiterais à personne d'avoir l'envie de se rabaisser de telle manière

Nezumi a écrit:

Mais pour l'écriture...j'hésite sans cesse entre "waouh, quelle analyse troublante " et "c'est quand même bien bavard et ennuyeux".
Je dirais que Kessel est tantôt convaincant, tantôt pompeux voire un peu mélo.

j'ai parfois l'impression qu'il se fait quelques plaisirs de 'fantasme masculin'

quand il parle p.ex. de l'idée de Séverine ce que Pierre ne peut pas lui donner: cette joie bestiale, admirable (p.110)
bon d'accord pour le côté bestiale.. mais en quoi cette joie est admirable??

Misère, comment je vais réussir à me concentrer sur mes copies, moi...

kenavo a écrit:

j'ai parfois l'impression qu'il se fait quelques plaisirs de 'fantasme masculin'

quand il parle p.ex. de l'idée de Séverine ce que Pierre ne peut pas lui donner: cette joie bestiale, admirable (p.110)
bon d'accord pour le côté bestiale.. mais en quoi cette joie est admirable??

Ha! Je n'osais pas le dire, mais je trouve que parfois ça a des airs de porno bien cliché, avec les dialogues pas naturels du style "il fait si chaud ici, et si tu enlevais tes vêtements, tu serais plus à l'aise !" et surtout les passages sur Charlotte et Mathilde.
Sans compter le plombier du début.
Il ne manque plus qu'un moustachu bodybuildé et on y est.

J'ai pas mal avancé hier soir dans le roman. Il m'a happé, pas tant par son style que par les interrogationsque créent Séverine. Il y a tout le début de sa prostitution, où elle se débat contre les vaines résistances de son esprit. Résistance d'autant plus forte que son activité de jour ne la satisfait pas. Puis elle trouve son but, sa jouissance : plus elle s'avilit, plus elle est en position de faiblesse plus elle trouve l'extase. En même elle s'aperçoit que sa figure n'est pas marquée du sceau de son infamie. Elle s'installe bourgeoisement dans sa vie parallèle. Bourgeoisement car c'est ça qui transpire de partout chez elle. Bien sûr, elle relève sans doute de la psychiatrie, mais elle est bourgeoise, et elle le reste même dans sa pratique. Et son assurance ressort quand il faut dominer sereinement et manipuler cet hommes simple et brutal.
Je me demande ce qu'en a fait Bunuel de ce livre ; je regrette de ne pas avoir pris la version avec dvd.
Quand j'ai quitté Séverine, hier soir, elle allait prendre une autre voie. Son mari est blessé, irrémédiablement (?) Elle va devoir le prendre en charge peut être trouver un exécutoire à son instinct maternel, et sans doute vivre avec sa culpabilité.
Le style me surprend assez, mais l'histoire a sa propre force et m'entraîne. Comme Kenavo, Kessel m'a bien trompé avec Husson ; qui n'est pas si mauvais, mais qui en voulant jouer son jeu de mauvais désigné, déclenchera la tragédie.

Nezumi a écrit:

Ha! Je n'osais pas le dire, mais je trouve que parfois ça a des airs de porno bien cliché, avec les dialogues pas naturels du style "il fait si chaud ici, et si tu enlevais tes vêtements, tu serais plus à l'aise !" et surtout les passages sur Charlotte et Mathilde.
Sans compter le plombier du début.
Il ne manque plus qu'un moustachu bodybuildé et on y est.

fallait pas te retenir.. il entre vraiment parfois dans les clichés (voyant l'année de l'écriture (1928) je lui fais quelques excuses ) et surtout l'éternel fantasme masculin: l'amour entre deux femmes, ahlala.. il n'a pas pu échapper

Steven a écrit:

Je me demande ce qu'en a fait Bunuel de ce livre ; je regrette de ne pas avoir pris la version avec dvd.

je peux te le prêter via cerclage si tu veux

Steven a écrit:

Kessel m'a bien trompé avec Husson ; qui n'est pas si mauvais, mais qui en voulant jouer son jeu de mauvais désigné, déclenchera la tragédie.

et oui, il nous a bien trompé avec ce personnage.. mais il lui donne encore un rôle important..

je viens de le terminer, tellement ce livre prend de "vitesse" à partir du chapitre 7.. et j'en ressors finalement avec une note postive

je vous attend pour en discuter quand vous avez terminé

kenavo a écrit:

il entre vraiment parfois dans les clichés (voyant l'année de l'écriture (1928) je lui fais quelques excuses ) et surtout l'éternel fantasme masculin: l'amour entre deux femmes, ahlala.. il n'a pas pu échapper

Oui, surtout qu'on ne voit pas trop ce que ça apporte à l'histoire de Séverine. J'exagérais avec cette histoire de porno bien sur, mais reste que les "expériences" de Séverine sont parfois comme un prétexte pour montrer des scènes chaudes (pour l'époque). un chouïa hypocrite.

kenavo a écrit:

Steven a écrit:

Kessel m'a bien trompé avec Husson ; qui n'est pas si mauvais, mais qui en voulant jouer son jeu de mauvais désigné, déclenchera la tragédie.

et oui, il nous a bien trompé avec ce personnage.. mais il lui donne encore un rôle important..

Husson c'est le Diable tentateur . Quand vous verrez le machiavélique Piccoli dans son rôle vous comprendrez encore mieux.

kenavo a écrit:

je viens de le terminer, tellement ce livre prend de "vitesse" à partir du chapitre 7.. et j'en ressors finalement avec une note postive

je vous attend pour en discuter quand vous avez terminé

je pense le finir dans l'après-midi. en tout cas ce soir j'aurai bien avancé.

de même, je pense le finir aujourd'hui

Nezumi a écrit:

Husson c'est le Diable tentateur . Quand vous verrez le machiavélique Piccoli dans son rôle vous comprendrez encore mieux.

je n'ai pas pu résister et avant de venir travailler, j'ai regardé la première demie heure du film.. très bien.. envie d'y retourner ce soir