Lecture en commun - Joseph Kessel : Belle de jour

j'aborde le dernier chapitre. Depuis quelques pages le rythme s'est accéléré. Séverine n'a jamais été aussi tourmentée. Mis à part le fait de trouver le contraire de ce qu"elle a à la maison, que vient elle chercher chez Mme Anais?J'avoue avoir du mal à la comprendre.......
Je pense avoir le temps de regarder le film avant de partir au concert ce soir.....

Je l'ai fini hier soir. C'est une bonne découverte.
Je vous attend aussi pour en discuter ; la scène finale notamment.

Mimi, je pense que l'auteur, en tombant quand même dans le cliché, crée un stéréotype de la femme à qui la vie offre tout ce qu'elle veut mais qui n'arrive pas à s'en satisfaire, qui se cherche un but dans la vie. Alors elle va chez Mme Anaïs, alors elle recherche les sensations qui lui manquent dans son quotidien. La ficelle sur laquelle repose l'histoire est grosse. Mais ce point admis, quel régal ce livre.

hé bien moi ça été loin d'être un régal. Déjà que j'étais fatiguée et morose, j'ai du me forcer pour le finir, l'accumulation de tourments de Séverine me semblant de plus en plus exagérée et improbable.
je suppose que son aveu final/sacrifice est censé nous bouleverser, mais moi ça a été synonyme de soulagement (enfin fini! ). Sauf les lignes de la fin, simples et fortes, aussi impressionnantes que le prologue, nous font entrevoir ce qu'aurait pu être cette histoire si elle avait été traitée de façon moins grandiloquente. Un truc comme le Mépris de Moravia, qui est dix fois plus intéressant que ce roman.
Désolée...

Et puis m'est venue une idée dans ma perplexité endormie : et s'il y avait de l'ironie dans tout cela ?
Est-ce l'auteur ne voudrait pas montrer une masochiste qui expérimente ce qu'est vraiment la pire des tortures, la souffrance morale et réalise que prendre son pied en souffrant c'est tout simplement impossible ?

J'ai lu la préface et elle ne m'a pas trop convaincue non plus. Kessel rejette par avance l'accusation de racolage (hem, il y en a quand même un chouïa...) mais surtout il dit qu'il n'a pas voulu faire une étude d'un cas pathologique. En gros il dit qu'il n'a pas voulu dépeindre un personnage crédible ?
Et si le personnage ne l'est pas, comment arriver à le comprendre en tant que lecteur et s'y intéresser ?
A la toute fin, il déclare qu'il doit être le seul à aimer Séverine, je comprends pourquoi...

ce ne fut pas un régal, mais pas un calvaire non plus. Heureusement qu'il était court.
En revanche, j'ai vu 1 h du film, et après basta, c'était suffisant.
à postériori, je vois Séverine comme une femme enfant, certes avec des blessures, mais qui n'en a pas.......Un peu trop gâtée, et qui aurait peut-être mérité que son mari soit un peu moins coulant et moins au petits soins; en quelque sorte, qu'elle se fasse un peu secouer les puces de temps en temps

Ben moi c'était limite calvaire. par contre j'aime beaucoup le film. J'espère qu'on en reparlera une fois que vous l'aurez tous vu. La comparaison sera intéressante.

Pour moi pas non plus un régal (tiens, la vue de femmes et la vue d'hommes joue un rôle aussi?? ) mais j'ai trouvé vraiment la fin d'une certaine 'vitesse', contrairement à tous ces états d'âmes et sentiments de Séverine au début, que je suis sortie avec une bonne impression du livre.

Nezumi a écrit:

J'ai lu la préface et elle ne m'a pas trop convaincue non plus. Kessel rejette par avance l'accusation de racolage (hem, il y en a quand même un chouïa...) mais surtout il dit qu'il n'a pas voulu faire une étude d'un cas pathologique. En gros il dit qu'il n'a pas voulu dépeindre un personnage crédible ?
Et si le personnage ne l'est pas, comment arriver à le comprendre en tant que lecteur et s'y intéresser ?

oui, voilà que je l'ai terminé, je me demande aussi.. il parle de 'ne pas avoir voulu montrer un monstre'.. mais bon, Séverine n'est pas un monstre, mais une femme malade.. dérangée.. masochiste, n'importe.. en tout cas rien d'un monstre. Mais comme tu dis, s'il n'a pas voulu faire une étude de cas, qu'est-ce qu'il voulait alors montrer?

Nezumi a écrit:

A la toute fin, il déclare qu'il doit être le seul à aimer Séverine, je comprends pourquoi...

Nezumi a écrit:

Ben moi c'était limite calvaire. par contre j'aime beaucoup le film. J'espère qu'on en reparlera une fois que vous l'aurez tous vu. La comparaison sera intéressante.

ah oui, j'ai adoré le début et je pense que je vais aimer le reste
(surtout sublime entrée avec cette phantaisie de Séverine avec les cochers.. je me suis demandée si Bunel n'avait pas lu le livre, Pierre n'aurait jamais fait ça.. et voilà qu'elle en rêvait.. top! )

je vais y revenir après l'avoir vu en entier

kenavo a écrit:

qu'est-ce qu'il voulait alors montrer?

Voilà, tout à fait! Agacant non ?
Je n'aime pas quand on a l'impression que l'auteur ne sait pas où il va.

kenavo a écrit:

ah oui, j'ai adoré le début et je pense que je vais aimer le reste
(surtout sublime entrée avec cette phantaisie de Séverine avec les cochers.. je me suis demandée si Bunel n'avait pas lu le livre, Pierre n'aurait jamais fait ça.. et voilà qu'elle en rêvait.. top! )

je vais y revenir après l'avoir vu en entier

Il est top le film, hein! Trop forte la séquence d'entrée...

Dans la construction du personnage de Séverine, j'ai aimé qu'elle soit bourgeoise jusque dans sa "chute", si chute on peut dire. Comme je le disais plus haut, le postulat de départ est gros, faux, exagéré. Une fois passé et accepté, le livre est arrivé à me surprendre. Je pensais qu'on s'acheminerai vers une relation quelconque entre Husson et Séverine. Faux. Une fois Séverine installée chez Mme Anaïs, je pensais bien qu'Husson, qui lui avait donné l'adresse, apparaîtrait. Que naîtrait entre les deux un semblant de liaison basé sur la domination et la souffrance. Faux. Pour tout ça, j'ai aimé le livre. Les tourments de Séverine, s'apparentent pour moi au début, à La tempète sous un crâne de Victor Hugo dans les misérables. Ensuite, ils deviennent banals, presque une pose que Séverine joue.
Contrairement à vous, (le rythme du livre a gagné en vitesse dans les derniers chapitres, c'est vrai), mon intérêt s'est émoussé, quand Marcel a fait son apparition en compagnie d'Hyppolythe. Là, ça paraissait trop à la limite du possible.
Et la fin, l'aveu de Séverine, le mal qu'elle fait à son mari, son dévouement en forme de pardon est presque aussi glaçant que la scène de prologue.

Pour l'ironie, je ne pense pas. Ou il m'a échappé.

Steven a écrit:

Contrairement à vous, (le rythme du livre a gagné en vitesse dans les derniers chapitres, c'est vrai), mon intérêt s'est émoussé, quand Marcel a fait son apparition en compagnie d'Hyppolythe. Là, ça paraissait trop à la limite du possible.

oui, genre "Pretty Woman", le client qui tombe amoureux de la prostitué et l'enlève comme prince charmant dans son château

Steven a écrit:

Et la fin, l'aveu de Séverine, le mal qu'elle fait à son mari, son dévouement en forme de pardon est presque aussi glaçant que la scène de prologue.

Bunel doit avoir été du même avis que toi, la fin a tout à fait changé dans le film.. et je ne suis pas sûre d'avoir aimé plus.. indécise pour l'instant.. même si je dois dire que c'est un bon film et qui est d'autant plus 'proche' parce que je l'ai vue à l'immédiat après la lecture


en tout cas merci à vous pour cette lecture, un plaisir de partager ainsi les impressions de lecture

Merci à vous de même.

Oui, alors que le film suit assez fidèlement le livre sur les 3/4, la fin est passablement changée! Je mets en spoiler car Steven ne l'a pas encore vu.

Spoiler:

Ce que j'ai aimé dans le film de Bunuel c'est cette espèce de ton détaché et froid qui correspond bien à l'énigme qu'est Séverine. Et puis aussi toutes ces scènes de fantasme bien surréalistes, teintées d'humour et de cruauté qui sont la marque de fabrique de ce cinéaste. La scène avec le "duc" en particulier est à la fois super glauque et marrante.
Et puis les décors et vêtements fin 60s (Deneuve est super classe), j'aime bien!

Difficile de vous rejoindre maintenant, j'ai pu lire et finir le livre mais j'ai eu très peu de temps alors impossible de venir le commenter au fur et à mesure de ma lecture.

L'écriture de Kessel a tellement vieilli que c'est bien difficile de se sentir en phase avec l'histoire, ou encore avec des personnages tellement caricaturaux, et si j'ose dire 'non finis'. Dans cette histoire, Kessel, y va avec ses gros sabots et pas une once de psychologie.

D'abord ce couple improbable, les Serizy, Pierre amoureux fou de sa poupée frigide de femme qu'il veut protéger de tout, et Séverine, la pure, la naïve...qu'on a protégée de tout, mais qui rêve inconsciemment du pire.
Elle se prostitue incognito dans une quête inconsciente du plaisir, et le trouvera enfin dans les bras des plus grossiers de ses clients, car elle a besoin d'un amour plus bestial. Mais le châtiment sera terrible !

Franchement, la trame de l'histoire est plutôt jouable (même si c'est un peu racoleur, on a vu pire depuis)et Kessel aurait pu nous y faire croire, mais tout ça est taillé à la serpe, a l'emporte pièce. On reste à distance, en se disant quel gâchis, un peu de subtilité...nom de nom ! La psychologie féminine, ou la psychologie tout court n'étaient vraisemblablement pas son fort! Même les dialogues ne sonnent plus juste du tout, on se croirait au ciné club, ils parlent tous comme dans les actualités Gaumont de l'époque !

J'ai le souvenir que Kessel était meilleur dans ses récits d'aventures. Le temps fait des ravages sur certains auteurs. Bon, mais cela valait la peine d'^tre revisité, ne serait-ce que pour se rafraîchir la mémoire. Je ne regrette rien, surtout que c'était court !

Nezumi a écrit:

Spoiler:

Spoiler:

Nezumi a écrit:

Ce que j'ai aimé dans le film de Bunuel c'est cette espèce de ton détaché et froid qui correspond bien à l'énigme qu'est Séverine. Et puis aussi toutes ces scènes de fantasme bien surréalistes, teintées d'humour et de cruauté qui sont la marque de fabrique de ce cinéaste. La scène avec le "duc" en particulier est à la fois super glauque et marrante.
Et puis les décors et vêtements fin 60s (Deneuve est super classe), j'aime bien!

oui, le ton détaché et froid est très bien rendu et donne des images fortes à cette écriture
Ah oui, ce film montre bien pouquoi elle est LA Deneuve.. et tout comme toi je la trouve très classe dans les vêtements 60s.. extra

et merci pour ton apperçu Domreadre.. je pense qu'on se rejoint un peu sur les mêmes idées..