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| Sylvia Plath | |
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Auteur | Message |
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coline Parfum livresque
Messages : 29369 Inscription le : 01/02/2007 Localisation : Moulins- Nord Auvergne
| Sujet: Re: Sylvia Plath Mer 3 Juil 2013 - 21:21 | |
| - darkanny a écrit:
- Je pense que La cloche de détresse va beaucoup te toucher.
Il a en effet beaucoup d'atouts pour me plaire a priori. Je me le garde un peu comme une gourmandise... | |
| | | tom léo Sage de la littérature
Messages : 2698 Inscription le : 06/08/2008 Age : 61 Localisation : Bourgogne
| Sujet: Re: Sylvia Plath Jeu 4 Juil 2013 - 17:26 | |
| J'ai lu enfin "La cloche de détresse" et je trouve les mots d'Arabella d'une grande justesse: - Arabella a écrit:
- J'ai terminé La cloche de détresse et j'ai du mal à trouver les mots pour en parler, d'autant plus que Darkanny a déjà magistralement résumé le livre. Bien sûr que cela parle de dépression, de souffrance psychique, c'est noir, d'autant plus qu'en connaissant un peu la vie de l'auteur et sa mort, et les liens entre ce qu'elle écrit et ce qu'elle a vécu c'est encore plus poignant. Mais en même temps il y a dans le livre un humour (noir certes), une justesse pour analyser les situations les plus désespérées, une lucidité qui même dans les moments les plus terribles ne la lâche pas, que la lecture en est un grand plaisir, malgré tout. Et quelle maîtrise de l'écriture et la structure narrative, c'est soufflant. Un très grand livre, à lire absolument, mais peut être pas dans les moments difficiles.
Dépression, lucidité, humour - quel ensemble! Cela fut malgré le destin connu de l'auteur un grand plaisir. La langue est une pure gourmandise...! | |
| | | darkanny Zen littéraire
Messages : 7078 Inscription le : 02/09/2009 Localisation : Besançon
| Sujet: Re: Sylvia Plath Jeu 4 Juil 2013 - 17:46 | |
| Et quoiqu'on lise d'elle, les mots choisis ont toujours beaucoup de sens et de charme, on n'a pas l'impression qu'elle se force, ça coule, c'est beau tout simplement. | |
| | | coline Parfum livresque
Messages : 29369 Inscription le : 01/02/2007 Localisation : Moulins- Nord Auvergne
| Sujet: Re: Sylvia Plath Jeu 4 Juil 2013 - 19:38 | |
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| | | bix229 Parfum livresque
Messages : 24639 Inscription le : 24/11/2007 Localisation : Lauragais (France)
| Sujet: Re: Sylvia Plath Jeu 4 Juil 2013 - 19:54 | |
| Commandé Dimanche chez les Minton... | |
| | | darkanny Zen littéraire
Messages : 7078 Inscription le : 02/09/2009 Localisation : Besançon
| Sujet: Re: Sylvia Plath Jeu 4 Juil 2013 - 19:57 | |
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| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Sylvia Plath Jeu 4 Juil 2013 - 20:09 | |
| De Plath, j'ai lu ArielC'est un recueil regroupant les derniers poèmes qu'elle a écrits avant de mettre fin à ses jours. On retrouve donc forcément une écriture très sombre, dénuée d'espoir, portant largement l'empreinte de la dépression dont elle a souffert. Mais de cette écriture du désastre se dégage une grande beauté. La plupart de ces poèmes ont bien entendu des résonances autobiographiques. Avec Ariel, la poétesse chante les maux de son âme et de sa vie. En voici un, La voix dans l'orme.Je connais le fond, dit-elle. Je le connais par le pivot de ma grande racine: C'est ce qui te fait peur. Moi je n'en ai pas peur: je suis allée là-bas.
Est-ce l'océan que tu entends en moi, Ses griefs, ses insatisfactions? ou la voix du néant qui en un jour t'a rendue folle?
L'amour est une ombre. Tes pleurs, tes mensonges ne sauraient le retenir Ecoute: ce sont ses sabots: il s'est enfui comme un cheval.
Toute la nuit je galoperai avec la même fougue, Jusqu'à ce que ta tête soit une pierre, ton oreiller un champ de course Où l'écho viendra retentir.
A moins que je ne t'apporte le bruit sourd d'un poison? Voici la pluie, et ce calme énorme est Son fruit, couleur de fer blanc, comme l'arsenic.
J'ai subi les atrocités des couchers de soleil, Me suis desséchée jusqu'à la racine Et mes fibres brûlent, et je lève une main de barbelés rouges.
J'explose et mes éclats volent comme des massues. Un vent d'une telle violence Ne tergiverse pas: il faut que je hurle.
La lune non plus n'a pas de pitié: elle voudrait m'attirer A elle, stérile et cruelle. Sa splendeur me foudroie. Ou peut-être est-ce moi qui l'ai attrapée.
Je la laisse partir. Je la laisse partir. Plate et diminuée comme après une cure radicale. Combien tes mauvais rêves me possèdent, me ravissent.
Je suis cette demeure hantée par un cri. La nuit, ça claque des ailes Et part, toutes griffes dehors, chercher de quoi aimer.
Je suis terrorisée par cette chose obscure Qui sommeille en moi; Tout le jour je devine son manège, je sens sa douceur maligne.
Des nuages passent et se volatilisent. Sont-ils les visages de l'amour, ces disparus livides? Est-ce pourquoi j'ai le coeur bouleversé?
C'est là toute l'étendue de ma connaissance. Qu'est-ce donc maintenant que ce visage Sanguinaire dans son étranglement de branches? -
Son sifflement de serpents acides Pétrifie la volonté. C'est la faille isolée, l'erreur lente Qui tue, qui tue, qui tue. |
| | | tom léo Sage de la littérature
Messages : 2698 Inscription le : 06/08/2008 Age : 61 Localisation : Bourgogne
| Sujet: Re: Sylvia Plath Jeu 4 Juil 2013 - 21:53 | |
| - darkanny a écrit:
- Et quoiqu'on lise d'elle, les mots choisis ont toujours beaucoup de sens et de charme, on n'a pas l'impression qu'elle se force, ça coule, c'est beau tout simplement.
Oui, en lisant le mot qui me venait à l'esprit pour parler de sa langue était "fluidité"... | |
| | | coline Parfum livresque
Messages : 29369 Inscription le : 01/02/2007 Localisation : Moulins- Nord Auvergne
| Sujet: Re: Sylvia Plath Jeu 4 Juil 2013 - 23:12 | |
| - Crysta a écrit:
- De Plath, j'ai lu Ariel
C'est un recueil regroupant les derniers poèmes qu'elle a écrits avant de mettre fin à ses jours. On retrouve donc forcément une écriture très sombre, dénuée d'espoir, portant largement l'empreinte de la dépression dont elle a souffert. Mais de cette écriture du désastre se dégage une grande beauté.
La plupart de ces poèmes ont bien entendu des résonances autobiographiques. Avec Ariel, la poétesse chante les maux de son âme et de sa vie.
En voici un, La voix dans l'orme.
Je connais le fond, dit-elle. Je le connais par le pivot de ma grande racine: C'est ce qui te fait peur. Moi je n'en ai pas peur: je suis allée là-bas. [...] Je suis terrorisée par cette chose obscure Qui sommeille en moi; Tout le jour je devine son manège, je sens sa douceur maligne. [...]
Comme c'est beau!...Je note Ariel dans "mes envies". Merci Crysta d'avoir posté ce poème. | |
| | | jack-hubert bukowski Zen littéraire
Messages : 5257 Inscription le : 24/02/2008 Age : 43
| Sujet: Re: Sylvia Plath Mar 9 Juil 2013 - 12:33 | |
| J'ai laissé retomber la poussière. Crysta nous a conviés à la poésie de Sylvia Plath. J'ai longuement marqué le coup avant de vous laisser voir ce poème que je trouve inspirant de bien des façons dans l'actualité en cours : - Sylvia Plath, Oeuvres, 2011, Quarto/Gallimard, p. 347-348. a écrit:
- «Totem»
Le moteur va tuer le rail, le rail est d'argent Et s'étire jusqu'à l'horizon. Il sera dévoré de toute façon.
Sa course est vaine. Au crépuscule il y a la beauté des champs noyés,
Et l'aube habille d'or les fermiers comme les cochons. Ils tanguent doucement dans leurs costumes solides,
Les tours blanches de Smithfield devant eux, L'esprit rempli de croupes grasses et de sang.
Il n'y a pas de pitié dans l'éclat des couperets, La guillotine du boucher qui murmure : «Avec ceci, avec ceci?»
Dans le saladier avec la vie avortée du lièvre Tout embaumé d'épices, sa tête mise de côté,
Sa fourrure, son humanité écorchées. Mangeons-le comme le placenta de Platon,
Mangeons-le comme le Christ. Voilà des gens qui étaient importants -
Leurs yeux ronds, leurs dents, leurs grimaces Au bout d'un bâton qui cliquette et claque, sornette, faux serpent.
Le capuchon du cobra va-t-il m'épouvanter - La solitude de son oeil, l'oeil des montagnes
Où le ciel défile sempiternellement? Le monde a la chaleur du sang et le monde est personnel
Dit l'aube en rougissant. Il n'y a pas de terminus, il n'y a que des valises
D'où se déplie la même identité comme un costume Brillant d'usure, aux poches pleines de voeux,
D'opinions et de billets, de court-circuits et de miroirs. Je suis folle crie l'araignée en agitant ses bras nombreux.
En vérité elle est atroce, Multipliée dans les yeux des mouches.
Elles bourdonnent comme des enfants bleus Dans les filets de l'infini,
Et finissent ligotées par la corde de la seule mort, La mort aux bâtons innombrables.
Tiré de Poèmes 1959-1963. | |
| | | coline Parfum livresque
Messages : 29369 Inscription le : 01/02/2007 Localisation : Moulins- Nord Auvergne
| Sujet: Re: Sylvia Plath Mar 13 Aoû 2013 - 23:06 | |
| - darkanny a écrit:
- Je pense que La cloche de détresse va beaucoup te toucher.
Eh oui, La cloche de détresse m'a beaucoup touchée...Trop peut-être... C'est magnifique et douloureux (en dépit des notes d'humour-presque involontaires-que tu évoques plus haut). Intelligent et remarquablement écrit. ...Je suis soulagée d'en sortir, j'ai bien étouffé sous cette cloche. | |
| | | colimasson Abeille bibliophile
Messages : 16258 Inscription le : 28/06/2010 Age : 33 Localisation : Thonon
| Sujet: Re: Sylvia Plath Mar 20 Aoû 2013 - 12:19 | |
| La cloche de détresse (1963) Sylvia Plath a brillamment réussi à réaliser ses ambitions littéraires. Dans la Cloche de détresse, elle évoque ses années de jeunesse avec un certain réalisme biographique dont nous évaluons mal les limites, mais qui s’inspire sans doute des épisodes les plus marquants de son existence. Après une reconnaissance fulgurante de ses poèmes –presque trop pour vouloir signifier quelque chose-, la narratrice Esther Greenwood est invitée à passer l’été à New-York avec les autres lauréates d’un concours littéraire. Si le passage d’une vie routinière à une existence scandée par les soirées mondaines se passe relativement bien, le retour au bercail sera le déclencheur d’une apathie dépressive. Esther Greenwood ne peut plus vivre comme avant. Tout lui semble dénué d’intérêt car si loin de la vie qu’elle aimerait mener… Les interrogations de cette jeune fille sont celles qui hantèrent réellement Sylvia Plath : comment concilier à la fois ses ambitions de femme de lettres et ses envies de fonder un foyer ? Esther Greenwood a découvert une part inconnue de la réalité mais elle s’en sent d’autant plus étrangère que cette incursion dans la vie mondaine lui semblera ensuite inaccessible. L’existence qu’elle a mené jusqu’alors l’a coincée sous une cloche de verre –sitôt découverte, celle-ci est devenue une cloche de détresse. La suite du parcours d’Esther Greenwood nous conduira de thérapeutes en infirmiers, jusque dans les salles d’électrochocs des instituts psychiatriques les plus réputés. Rien ne semble toutefois pouvoir l’aider à concilier ses ambitions et la réalité. Si les troubles psychiques d’Esther ne s’extériorisent plus, ils continuent cependant à marteler ses pensées. Ces obsessions opèrent en douce et se faufilent dans le texte avec une discrétion presque anodine. Il faudrait relire ce roman plusieurs fois pour comprendre qu’il s’agit du mode opératoire le plus radical de la dépression : elle agit dans le dos de ses victimes et essaie de taire son nom le plus longtemps possible. La cloche de détresse traduit bien l’expérience d’une dépression vécue de l’intérieur. Dans toute son indifférence et dans la sobriété mesurée de ses propos, Sylvia Plath évoque ses tourments sans complaisance. Elle nous montre que la dépression n’est peut-être pas seulement un mal individuel mais qu’il s’inscrit en continuité d’un sort communément partagé par le plus grand nombre. Ce qui différencie ses victimes, c’est la capacité ou non de chacun à se rendre compte de ses limitations et de l’étau qui restreint les possibilités de son existence. « Qu’y avait-il de se différent entre nous, les femmes de « Belsize » et les filles qui jouaient au bridge, bavardaient et étudiaient dans ce collège où j’allais retourner ? Ces filles aussi étaient assises sous leur propre cloche de verre. »Cette constatation, en regard du reste du roman, aurait dû réconforter Sylvia Plath. Et pourtant, c’est une fois arrivée à ce stade de sa réflexion qu’elle se suicidera. Peut-être est-ce là ce qui différencie la vraie dépression de la simple mélancolie lucide. - Citation :
- « C’était une des raisons pour lesquelles je ne voulais pas me marier. La dernière chose que je souhaitais, c’était bien la sécurité infinie et être l’endroit d’où part la flèche… Je voulais des changements, du nouveau, je voulais tirer moi-même dans toutes les directions, comme les fusées du 4 juillet. »
« Le silence me déprimait. Ce n’était pas le silence du silence. C’était mon propre silence. » * photo de Jacques-Henri Lartigue : Renée, Pays Basque, 1930 | |
| | | colimasson Abeille bibliophile
Messages : 16258 Inscription le : 28/06/2010 Age : 33 Localisation : Thonon
| Sujet: Re: Sylvia Plath Mar 20 Aoû 2013 - 12:35 | |
| Et merci pour vos contributions sur les autres oeuvres de Sylvia Plath... je n'ai plus que l'embarras du choix pour poursuivre. | |
| | | coline Parfum livresque
Messages : 29369 Inscription le : 01/02/2007 Localisation : Moulins- Nord Auvergne
| Sujet: Re: Sylvia Plath Mar 20 Aoû 2013 - 14:12 | |
| Je te lis attentivement colimasson, je ne suis pas arrivée encore à rédiger mon commentaire. Sinon deux lignes. C'est assez rare , je n'arrive à prendre aucune distance avec cette cloche de détresse. | |
| | | Heyoka Zen littéraire
Messages : 5026 Inscription le : 16/02/2013 Age : 36 Localisation : Suède
| Sujet: Re: Sylvia Plath Mer 21 Aoû 2013 - 20:04 | |
| Et dire que ce livre m'attend sagement dans ma PAL, je ne vais pas lui résister longtemps je crois.
Merci encore à Arabella. | |
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| Sujet: Re: Sylvia Plath | |
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| | | | Sylvia Plath | |
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