Si vous me permettez de revenir encore sur Sarinagara ( je n´ai pas de livres de chevet, mais il y a certains livres que je ne referme jamais, et celui-là en est), je crois qu´il m´a particulièrement touchée, car Forest insiste sur ce qui ne se voit pas d´emblée, par exemple: les sentiments.
Car juste avant de citer Issa dans son célèbre " monde de rosée, c´est un monde de rosée, et pourtant pourtant" précèdent quelques lignes fondamentales qui suggèrent toute la douleur de cette mère ( l´épouse d´Issa) qui serre une dernière fois contre elle le corps inerte de sa petite fille.
Et Forest dit: " Sa mère s´accrochait au corps froid de l´enfant et gémissait. Je connaissais la souffrance mais je savais aussi que les larmes etaient inutiles, que l´eau qui passe sous les ponts jamais ne revient, que les fleurs fanées sont perdues pour toujours. Et pourtant, rien de ce que j´aurais pu faire n´aurait permis que se denouent les liens de l´amour humain."
Forest décrit cet appel d´air, ce je ne sais quoi qui existe au delà de toute expression, larmes, gestes, paroles.
Cela me parait d´autant plus fondamental, dans cette société "facebook" d´apparences qui nous caracterise, où rien n´existerait s´il n´y a pas temoignage, photo ou compte-rendu et donc spectacle.
C´est comme un béance où se refugier, mais inutile à combler, car c´est un vide non creux et c´est peut-être là que niche la chance de survie.