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| OneShot - BD | |
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colimasson Abeille bibliophile
Messages : 16258 Inscription le : 28/06/2010 Age : 33 Localisation : Thonon
| Sujet: Re: OneShot - BD Lun 3 Juin 2013 - 14:16 | |
| Le Nao de Brown (2012) de Glyn Dillon Drôle de couverture pour ce Nao de Brown. On s’attend à lire des histoires de machines à laver –et il y en a, en effet- mais ce n’est pas là le plus intéressant de cet album. Notons toutefois que si Nao pouvait réellement remplacer sa cervelle par une de ces machines, elle ne refuserait pas… Anglaise fille d’une mère anglaise et d’un père japonais, Nao ne se sent pas particulièrement bien intégrée et ne se sent pas en phase avec son image de « copine exotique ». Elle a peut-être l’air marrante lorsqu’elle porte de grosses lunettes de soleil et des vêtements vifs ; elle semble peut-être originale parce qu’elle travaille dans un magasin de jouets, est illustratrice, adepte de mangas et fréquente un centre bouddhiste, mais en réalité, Nao est méchante. C’est elle-même qui le dit. Souvent, des idées criminelles lui montent à la tête au détour d’une situation anecdotique. Mieux vaut laisser les couteaux et les pointes de stylo loin de sa portée, elle risquerait de se faire du mal et d’en faire aux autres… Pour se calmer, Nao se répète frénétiquement « Maman m’aime… » et parfois, cette phrase l’aide à apaiser sa violence. Nao pourrait être n’importe qui d’entre nous ou de notre entourage. Malgré ce T.O.C. difficile à gérer, elle mène une vie plutôt ordinaire, entre colocation, amitiés, travail et famille. Mais peut-être pour se détourner d’elle-même dans l’immédiat, et pour se retrouver dans la part négligée de ses origines, elle s’intéresse avec passion aux activités de son centre bouddhiste. Nao cherche, et ses investigations ne se limitent pas à ces seuls instants qu’elle consacre à la méditation, à la peinture ou aux haïkus. Par une suite de coïncidences qui n’ont pris sens qu’en raison de son attention accrue, Nao rencontre « Le Rien » : un réparateur de machines à laver qui ressemble terriblement à ce personnage du dessin animé japonais « Itchy ».Le reste ne sera rien d’autre qu’une histoire d’amour banale entre deux personnages qui se cherchent eux-mêmes et mutuellement. Histoire tout de même relevée par beaucoup d’originalité, des machines à laver, des pintes de bière, des Dharmapalas, une attaque cérébrale et un accident de vélo… Glyn Dillon sait prendre son temps pour raconter et pour permettre à son lecteur de deviner, entre les textes et les images, ce qui peut seulement se comprendre par l’inconscient, donnant ainsi la possibilité de rejoindre Nao et « Le Rien » dans leur union insolite. Des dessins à l’aquarelle estompés, bien loin de l’iconographie japonaise moderne qu’il aurait été de mauvais goût d’accoler à Nao comme un fardeau biographique, permettent de voyager plus facilement dans la réalité de ces personnages illuminés par les histoires et par leur propre pouvoir imaginaire. « […] nous sommes très bons pour enseigner le langage, les chiffres, les jugements et les peurs, toutes ces choses dont nous avons besoin, pas seulement pour survivre, mais pour communiquer… pour raconter et comprendre des histoires »Tout le monde ne l’est peut-être pas, ou dans des mesures plus ou moins grandes, mais Glyn Dillon peut revendiquer son titre de conteur en toute légitimité. Le Nao de Brown ne semble pas inoubliable mais, qui sait… peut-être m’en souviendrais-je à nouveau un jour alors que je croirais l’avoir oublié ? L’esprit est tellement surprenant… - Citation :
- Oui, Hello Kitty semble ne pas avoir de bouche, mais Winnie l’ourson n’a pas de pantalon et Action Joe n’a pas… eh bien, il est peu probable qu’il « conclue ». Quoiqu’il en soit, selon Sanrio, elle a bien une bouche… elle est simplement cachée sous sa fourrure. Elle n’est donc jamais dessinée… mais elle existe… en théorie. Et ce que tu n’as pris en compte, c’est que l’équivalent masculin d’Hello Kitty, « Dear Daniel », n’a pas de bouche non plus… ce qui réfute ton affirmation selon laquelle Hello Kitty représenterait l’archétype de la femme japonaise et son absence de voix.
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| | | colimasson Abeille bibliophile
Messages : 16258 Inscription le : 28/06/2010 Age : 33 Localisation : Thonon
| Sujet: Re: OneShot - BD Jeu 13 Juin 2013 - 14:03 | |
| 10 petits insectes – Tome 3 : Retour vers le passé (2013) de Davide Cali & Vincent Pianina En ouvrant la première page, on tombe sur une équipe de scientifiques patibulaires qui se promènent dans un vaste dédale de tiroirs. Ils semblent se connaître de longue date et se retrouver à un point où nous les aurions interrompus. Début in medias res un peu déroutant. En fait, ce que la couverture des 10 petits insectes ne précise pas, c’est que cet album n’est pas indépendant et qu’il constitue le troisième volume d’une série. Ceci dit, l’histoire reste cependant parfaitement compréhensible.
Après avoir décongelé Monsieur Kaff Hard, conservé dans un tiroir cryogénique depuis l’année 2029 (nous sommes aujourd’hui en 2129), les scientifiques lui annoncent le programme :
- Il vous faut remonter le temps pour découvrir le fanatique qui a déclenché la catastrophe planétaire et tout faire pour l’en empêcher !
- C’est tout ? Vous voulez pas que je sorte le chien, aussi ?
- Wif !
Pour le chien, ce ne sera pas la peine. Kaff Hard sera donc balancé à nouveau en l’an de grâce 2029, juste avant que ne se produise cette fameuse catastrophe planétaire. La première partie strictement confinée dans l’habitacle scientifique permettait déjà d’assister au spectacle de petits insectes déjantés, maniant l’absurde et l’ironie avec un sérieux sans failles. La deuxième partie de l’album, centrée autour de la recherche du fanatique nucléaire, ne s’embarrasse plus des limites d’un laboratoire et cède la place au Festival des Fanatiques. Dans un futur proche, l’absence d’un consensus commun a fait exploser la multiplication des groupes indépendants : là on exacerbe la consommation de saucissons de soja, ici on valorise l’éternuement, ailleurs on recherche le nudisme… Parmi tous ces jetés, lequel peut bien être coupable de la catastrophe nucléaire ? Le dessin niais et naïf s’accorde parfaitement avec le texte plus ironique, créant un décalage semblable à celui qui caractérise le mobile de l’histoire –la recherche d’un criminel mondial caché au sein d’un festival de marginaux illuminés.
Au milieu de discrètes références faites aux Barbapapa et au président Kennedy, la recherche patine un peu et se fait parfois plus longue que prévue. Ce n’est que pour être mieux poursuivie… dans un quatrième volume sur lequel on ne se précipitera pas forcément, mais que l’on ne rechignera pas non plus à lire si de petits insectes fanatiques nous y obligent.
- 10 petits insectes a écrit:
- - Dans notre secte, nous croyons en un monde sans technologie ni médicaments.
- Oui, eh bien il ne faut pas t’étonner si t’es enrhumé. T’es sûr que tu ne veux pas au moins un mouchoir ? - Oui, la morve ça fait dégoûtant. - Noooon ! n’essayez pas de me corrompre ! Si je meurs d’une maladie c’est qu’il doit en être ainsi !
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| | | colimasson Abeille bibliophile
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| Sujet: Re: OneShot - BD Mer 26 Juin 2013 - 13:59 | |
| Vingt-trois prostituées (2012) de Chester Brown Vingt-trois prostituées ? Vraiment ? Autant ? Seulement ? Chester Brown a manipulé l’anonymat avec brio, qui parvient encore, à l’issue de la lecture, à nous faire douter du nombre exact des prostituées qu’il a rencontrées… Les scènes de l’album se focalisent particulièrement sur une douzaine d’entre elles –le nombre invoqué dans le titre doit être revu à la baisse- mais les prénoms cités s’enchaînent inlassablement et on imagine qu’au cours des quinze années sur lesquelles s’étend l’expérience de Chester Brown, il aura connu bien plus de prostituées que n’en annonce le titre –le nombre doit être revu à la hausse. C’est un budget, comme Chester Brown le calcule lui-même : « Si j’y allais toutes les deux semaines, ça ferait 26 fois par an. 26 multiplié par 160 dollars, ça fait 4 160 dollars par an… ce n’est pas rien. Toutes les trois semaines, ça ferait 17 fois par an. 160 multiplié par 17 égale 2 720 dollars par an. Ça devient déjà plus gérable. C’est sans doute ce que je devais dépenser chaque année quand je sortais avec Sook-Yin. Et on était bien loin des 17 fois par an la dernière année où on était ensemble. »Et comme le montre ce calcul, le rapport au couple amoureux traditionnel n’est jamais bien loin. C’est peut-être, d’ailleurs, ce qui rend cet album aussi passionnant. En 1996, alors qu’il vit avec sa petite amie Sook-Yin, celle-ci lui avoue s’être éprise d’un autre homme –ce qui ne l’empêche pas, évidement, d’aimer inconditionnellement son Chester, mais moins passionnément peut-être. Chester ne se sent pas jaloux ( « Le fait même que tu nies cette souffrance prouve que tu souffres », lui lancera un de ses amis). Sook-Yin finit par inviter son nouvel ami chez eux, avant de former un ménage à trois au sein duquel la contribution de Chester est pratiquement inexistante. Pour canaliser ses besoins sexuels, Chester réfute tout recours au couple traditionnel. Sa dernière expérience avec Sook-Yin lui aura suffi. Désormais, il préfèrera recourir aux prostituées. Dans un premier temps, Chester Brown s’interroge surtout concernant les questions pratiques de ce service. Si on peut avoir déjà entendu le témoignage de certaines prostituées sur leur activité, le point de vue détaillé et exclusif d’un homme à ce sujet est plus rare. Avec Chester Brown, les questions déferlent : comment choisir une prostituée ? comment lui donner son argent ? comment se comporter face à elle ? –et la question la plus angoissante : comment être sûr que le rendez-vous donné n’est pas un traquenard organisé pour subtiliser de l’argent aux clients peu consciencieux ? Avec le temps et l’habitude, ces questions disparaîtront pratiquement au profit d’une interrogation beaucoup plus intéressante sur les notions de couple et d’amour traditionnel. Chester Brown est obligé d’affuter ses arguments et ses opinions pour répondre aux attaques de ses amis pour qui la prostitution reste encore une activité « légitimement illégale » voire « criminelle ». Si le malaise de Chester Brown ne se traduit pas en termes moraux selon la dualité du bien et du mal, on sent toutefois qu’il n’a pas toujours été en de parfaits termes avec sa conscience, ce que traduit son argumentaire convaincant en dernière partie de l’ouvrage. Outre les questions débattues pour savoir s’il vaut mieux décriminaliser ou légaliser la prostitution, Chester Brown nous entraîne parfois sur des notions plus abstraites : recourir à la prostitution est-ce acheter une femme ? n’est-ce pas avilir l’estime des prostituées ? quel choix leur est laissé dans l’exercice de cette activité ? quid de la violence, de l’esclavagisme sexuel et de l’objectification ? En rapportant son expérience en même temps qu’il donne son avis sur ces questions, Chester Brown parvient à nous faire saisir leur complexité et l’impossibilité de les réduire à des positions manichéennes. Tout dépend de la prostituée et du client, et entre ces deux personnes, un lien aléatoire et unique se crée, comme dans n’importe quel autre couple plus conventionnel. « Je pense qu’avoir des relations avec des prostituées peut rendre un homme plus sensible, du moins pour certains clients…ceux qui sont ouverts à la possibilité d’apprendre des choses au contact des prostituées qu’ils rencontrent. »Chester Brown fait partie de cette dernière catégorie de personnes et son humanité se ressent dans le plaisir que nous avons à parcourir les pages de cet album. Même si toutes les prostituées sont représentées de dos et qu’aucune d’entre elles ne nous permettra de découvrir son visage, le soin qu’il prend à décrire leur personnalité, leurs habitudes et leur langage, finit cependant par nous les rendre distinctes les unes des autres. Chester Brown ne nous permet toutefois pas d’oublier que le récit de son expérience est unique et que, dans la prostitution comme dans le couple ou le mariage, si certaines associations sont fructueuses, d’autres peuvent être destructrices. L’exemple de Chester Brown et de ses prostituées constitue un témoignage qui fonctionne –mais ce n’est bien sûr pas une généralité. - Citation :
- Y a-t-il des clients goujats qui ne tiendraient pas compte de la requête ou suggestion d’une prostituée en plein coït ? Probablement. Mais il y a aussi des types qui ignorent les mêmes requêtes et suggestions lors de rapports non tarifiés. Donc si on criminalise les rapports tarifiés parce que certains types sont des rustres au lit, on devrait criminaliser les rapports non tarifiés pour la même raison.
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| | | colimasson Abeille bibliophile
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| Sujet: Re: OneShot - BD Ven 19 Juil 2013 - 13:10 | |
| Pornographie et suicide (2013) de Nicolas Mahler Malher s’en est pris plein la gueule lorsqu’il a voulu faire publier ses planches : « Nous trouvons la nouvelle histoire trop calme. » « Nous trouvons la nouvelle histoire trop contemplative. » « Nous trouvons la nouvelle histoire trop autoréférentielle ET trop calme. »Un seul moyen pour apparaître quand même sur le papier : « la manière rectale ». C’est-à-dire ? « Les mauvaises contributions entrent par derrière ». C’est un peu pornographique. Mais ce n’est pas pour cette raison que l’album se nomme Pornographie et suicide. Pour cette douce association mélodieuse, l’inspiration provient d’une des histoires rapportées par Malher au milieu d’une trentaine d’autres anecdotes qui révèlent le pouvoir énigmatique de l’esprit humain pris dans le fil des conventions culturelles. On imagine également qu’il s’agit d’un appât pour attirer le lecteur en quête de glauque (et j’en suis). Malher se représente sous la forme d’un personnage dessiné qui rappelle vaguement ceux de Mix et Remix. Ses congénères varient un peu leur forme ce qui évite de devoir loucher sur les cases trop longtemps pour comprendre le sens des interactions entre chacun. Autre ressemblance : la forme narrative brève privilégie l’étonnement en se concluant sous la forme d’une chute qui ne doit rien à l’imagination de Malher mais tout à l’absurdité et au grotesque du comportement de ceux qui l’entourent. A un interlocuteur qui lui demandait comment il arrivait à rapporter des évènements toujours étranges dans ses planches, Malher lui répond : « Il faut simplement user discrètement de son sens de l’écoute et de l’observation ». Facile ? Il faut tout de même être bien disposé… se mettre à l’écoute… et rapporter ses observations sous une forme synthétique qui n’omet rien des détails les plus curieux. Qu’il s’agisse d’un groupe de touristes ou de cosplayers dans le métro, d’une conversation d’étudiants en théâtre dans un restaurant, de conversations téléphoniques kafkaïennes avec le ministère des Arts, de séances de dédicaces désespérées (« je n’ai jamais trouvé mon bonhomme ») ou de conseils inopinés (« Niki ! J’en ai vécu des choses, dans ma vie. Mais je n’en ai tiré aucune leçon »), on finirait presque par croire que Mahler est poursuivi par l’absurde –mais peut-être ne l’est-il finalement pas davantage que nous, et sans doute se distingue-t-il particulièrement par une finesse d’observation et un sens de l’humour subtil qui rend sa lecture lentement corrosive. Enfin, une dernière petite explication en ce qui concerne le titre de cet album ? « Eh bien en fait, je voulais écrire sur les raisons pour lesquelles le suicide est interdit dans notre société. Mais à l’université, ils n’ont pas voulu. Alors ça a été la pornographie ».Et cela en dit beaucoup sur l’univers culturel viennois. Malher, lui aussi, apportera sa pierre à l’édifice de manière voilée : on rit plutôt que de pleurer. La pornographie vaut mieux que le suicide… - Citation :
- - Avez-vous lu mes livres au moins ?
- Bien sûr que non. - Je trouve ça triste, d’une certaine façon. - Comment ça ? Vous nous en demandez vraiment beaucoup, Monsieur Mahler. NOUS NE POUVONS PAS LIRE TOUT CA. - … - En outre, les bandes dessinées sont avant tout des objets visuels. On voit tout de suite si ça vaut quelque chose.
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| | | colimasson Abeille bibliophile
Messages : 16258 Inscription le : 28/06/2010 Age : 33 Localisation : Thonon
| Sujet: Re: OneShot - BD Mar 23 Juil 2013 - 12:25 | |
| L’amour infini que j’ai pour toi (2013) de Paulo Monteiro Paulo Monteiro semble avoir tellement galéré à assembler les différentes histoires constitutives de son Amour infini que j’ose à peine évoquer les sentiments que celles-ci m’inspirent. On commence dans le vif du sujet avec quatre pages consacrées au titre éponyme. Un bouc masqué galope sur quelques cases et se noie de contemplation pour une donzelle aux joues roses. Il s’agit d’en arriver rapidement à la conclusion du titre : ô l’amour infini que j’ai pour toi. Après ça, page blanche. Où est la chute ? Y en a pas. Qu’a-t-on appris ? compris ? Rien… Drôle d’apéritif. On continue. « Ta guerre est terminée » vient heureusement corriger la mauvaise impression laissée par l’histoire précédente. Comme « Parce que c’est ça mon métier », Paulo Monteiro évoque ici ses relations avec un des membres de sa famille –d’abord son grand-père, ensuite son père. Les détails choisis pour représenter leurs rapports donnent une inflexion sensible à ces histoires et ne sentent pas ce chiqué qui nous fera grimacer des pages plus loin. Pause contemplative. Repos du guerrier-lecteur avant le grand maelström de mauvais goût qui va suivre. « J’irai voir l’aimée », « La chanson du soldat », « Tes lèvres roses » et « Le pendu » se lisent avec beaucoup de souffrance. Non seulement les textes puent l’eau de rose bon marché ( « J’emporte avec moi une étincelle de ton regard et le vague souvenir de ta bouche au goût de grenade », « Elles ignorent que j’ai un rossignol à la place du cœur ») mais les dessins viennent encore alourdir le propos avec un symbolisme usé qui sent le gothique façon années collège. Grand embarras du lecteur devant cet avilissement artistique. Paulo Monteiro a voulu faire genre (genre poétique, genre romantique, genre torturé) mais il ne convainc personne. Si « Au-delà des collines » apporte un peu d’originalité au recueil et passe ainsi pour l’histoire la plus personnelle, « Je reste avec mes blattes » rend au contraire un hommage raté à la Métamorphose de Kafka –comme s’il s’agissait de remplir des cases de blattes pour égaler l’angoisse véhiculée par le maître praguois. Encore une fois, ce n’est pas le texte –du sous-Houellebecq sans ironie- qui améliorera notre ressenti ( « Je suis seul avec mes blattes. La plus grosse vient se coucher à mes côtés et pond ses œufs dans ma bouche. Ça me renvoie à ma condition : un morceau de viande qui pourrit… »). Honte. On a envie de dire à Paulo Monteiro : tu n’étais pas obligé de faire ça pour nous plaire. Pour conclure cet embêtant recueil, Paulo Monteiro a choisi d’intégrer quelques extraits de son journal de travail. On découvrira que si la lecture fut difficile, l’écriture ne le fut pas moins, et que ni la prose ni le dessin ne coulent avec fluidité de l’inspiration de Monteiro ( « J’ai dessiné de 2h00 à 5h00 du matin. Mais sans aucune envie. Quelle lutte ! »). On a parfois l’impression d’assister à une entrevue avec un psychiatre, les heures de travail étant méticuleusement soumises à un décompte pathologique. Mais ici encore, Paulo Monteiro ne peut s’empêcher de se regarder écrire, prenant des poses d’artiste torturé ou de vagabond moderne à moteur ( « J’ai quitté la maison à 3h00 du matin et j’ai roulé en voiture sans but, pendant près de 2 heures. Rien à voir avec les 400 ou 500 km que je pouvais faire quelques années en arrière. Sans destination. Rien que la route goudronnée et la nuit noire. J’ai trop pensé au livre et je n’ai pas envie de faire ça. La solution c’est de rouler en voiture sans s’arrêter. Ça me semble pas mal… »). Et puis, on tombe parfois sur quelques craintes confirmées ( « J’ai horriblement peur que tout ça ait l’air mièvre et mal fignolé ») et on ne peut s’empêcher d’éprouver l’embarras de devoir confirmer Paulo Monteiro dans ses doutes. Il avait visé juste ! Et plutôt que de se corriger, que lit-on à peine plus loin ? « Il faut que j’en finisse le plus vite possible ! » Voilà comment on en arrive sans doute à publier des ouvrages qui ont non seulement fait souffrir leur auteur, mais qui embarrassent leurs lecteurs. Toute cette souffrance productive inspire de la pitié. Pour un peu, on n’oserait presque plus dire que le boulot de Paulo Monteiro ne vaut pas grand-chose. Sauf s’il nous l’autorise… Le poseur se dessine en train de prendre la pose... | |
| | | colimasson Abeille bibliophile
Messages : 16258 Inscription le : 28/06/2010 Age : 33 Localisation : Thonon
| Sujet: Re: OneShot - BD Lun 29 Juil 2013 - 15:42 | |
| Daytripper (2013) de Fabio Moon & Gabriel Ba Brás de Oliva Domingos est un daytripper : il voyage dans le temps et réalise le fantasme le plus cher de Milan Kundera en empruntant différentes voies qui mènent sur autant de destins différents. O joie de pouvoir mener plusieurs vies ! Oui mais… là où Milan Kundera lui-même ne serait pas d’accord c’est que 1) Brás n’a pas conscience de la pluralité de ses existences ; 2) chacune d’entre elles est marquée par la mort. Volonté scénaristique permettant peut-être de conclure dignement chacune des étapes que Brás aura eu l’occasion de franchir… Vraie obsession également puisque non content de mourir dix fois dans cet ouvrage, Brás écrit pour les nécrologies d’un journal et se laisse hanter par les voix des défunts auxquels il rend hommage. Chaque chapitre de Daytripper s’ouvre à des moments différents de l’existence du personnage. A 33 ans, à 11 ans, à 21 ans ou à 76 ans, nous retrouvons la même personne mais à des étapes différentes et indépendantes. Le Brás de 33 ans n’est pas celui qui succède logiquement à celui que nous découvrirons à 11 ans, mais l’ensemble reste globalement cohérent, comme si certaines constantes ne pouvaient pas être exclues de l’infinité des univers que nous soupçonnons. Ces constantes restent l’ambition de devenir écrivain, le poids de la famille et l’attachement à certaines amitiés ou à certains amours. Brás de Oliva Domingos devient alors un personnage crédible malgré le fantastique de sa situation. On oublie même que ce qu’il vit est atypique. Sa psychologie fouillée rend ses sentiments limpides et le travail effectué sur l’expression des visages ainsi que sur les atmosphères des lieux nous donnent l’impression d’assister à des scènes d’un réalisme troublant. On le savait déjà : la bande dessinée n’est pas une technique artistique et narrative de bas niveau. Elle permet même d’éprouver les limites du genre plus noble du roman –ici, il n’aurait pas pu réaliser aussi efficacement le travail de voyage temporel effectué à travers la synergie du dessin et du texte. Daytripper est une belle œuvre mélancolique qui nous étreint des centaines de pages durant et qui nous laisse hagard. On ressort de cette lecture avec des interrogations nouvelles, meurtris par les fins monadiques mais aussi –et surtout-, impressionnés par les miracles de l’existence. - Citation :
- Des gens meurent tous les jours. C’était la pensée la plus réconfortante effleurant Bras pendant que défilaient devant lui toutes les nécrologies qu’il avait écrites pour le journal. Il venait de le comprendre : même lorsqu’il n’écrivait pas, les gens continuaient de mourir.
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| | | colimasson Abeille bibliophile
Messages : 16258 Inscription le : 28/06/2010 Age : 33 Localisation : Thonon
| Sujet: Re: OneShot - BD Dim 11 Aoû 2013 - 21:39 | |
| Archétype (2012) de Ralf König Que Noé monta dans l’Arche, Personne ne l’ignore, Que cela se fit à l’arrache, Voilà une confidence qui vaut de l’or. N’osant se départir du style poétique, La légende passe à la loupe de Ralf König, De la bouche des hommes, des animaux et de quelques autres loustics, Sera révélée cette vérité : Noé n’était pas prodigue, Mais homme envieux, à ses heures venimeux, Et encore alcoolique, trop souvent pathétique, Frappant sa femme lorsqu’elle ne se couvrait pas, Maudissant ses enfants lorsque sur sa nudité, leurs yeux ne se dérobaient pas. Pour apaiser ce triste sire, Une sentence Dieu lui balança, Pensant ainsi apaiser son ire : « Une Arche tu construiras ! » A l’idée de détruire Sodome et Gomorrhe, Ainsi que la corruption qui se répandait autour, Noé s’imaginait déjà croque-mort, Ne laissant que désolation alentours. Mais au moment de passer à l’acte, Bien peu vaillant Noé se sentit patraque : Ni menuisier dans l’âme, Ni zoologue de métier, Plutôt porté vers le blâme, Noé jure comme un charretier. Cet Archétype vaut toutes les relectures de la Bible, Flamboyante en couleurs et de caractères, Elle fera oublier toute exégèse pénible, Pour mieux nous convaincre des loufoques origines de notre terre… - Citation :
- Dieu dit : Que le trait soit !
Dieu vit que le trait n’était pas droit. Le créateur grommela : Malédiction ! Avant de reprendre derechef son action. Mais le deuxième trait pas plus ne fut réussi, Une courbe partie en biais, un poil tordu aussi. Au vu de ces deux lignes assez défaillantes, Et pour cacher sa dextérité manquante, Dieu se mit à séparer la lumière d’avec les ombres.
- Citation :
- Ils connurent qu’ils étaient nus, et conséquence directe, le sexe.
Ils trouvèrent ça particulièrement jouissif. Dieu, lui, était perplexe. Car le sexe « pour la jouissance » n’était pas prévu à terme. C’est bien pour ça qu’on trouve quelque chose dans le sperme.
Bien entendu, un couple par espèce ! Ce qui nous en fait deux pour chacun de ces Ohopipis, Dactylères du Cap, Grenouilles cornues, Grenouilles plates, Grenouilles taureaux, Grenouilles Fraises, Grenouilles transparentes, Grenouilles tueuses, Grenouilles léopards, Grenouilles Pyxie, Grenouilles des marais, Grenouilles Hohoï, Grenouilles Haloula, Dendrobates à tapirer, Alytes accoucheurs, Bufonidés, Pipides, Sooglossides, Crapauds buffles, Crapauds du nil, Crapaud de Woodhouse, Crapauds rouges de Madagascard… Les crapauds, à propos ! Crapaud Xénope, Crapaud masqué, Crapaud Pipa, Crapaud de mer nain, Bufo marinus… | |
| | | kenavo Zen Littéraire
Messages : 63288 Inscription le : 08/11/2007
| Sujet: Re: OneShot - BD Lun 12 Aoû 2013 - 7:06 | |
| ah tiens, c'est marrant de voir son nom... je n'aurais pas pensé qu'il soit autant traduit en français (ce que je viens d'apprendre de sa page Wikipédia)... je l'ai connu à partir de ses comics publié dans des journaux et magazines allemands... et naturellement son grand succès ne pouvait échapper à personne en monde germanophone - Citation :
- Der bewegte Mann (Les Nouveaux Mecs), qui le rendra définitivement célèbre. Adapté pour le grand écran en 1994, Der bewegte Mann sera un des plus grands succès publics du cinéma allemand.
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| | | Maryvonne Zen littéraire
Messages : 4259 Inscription le : 03/08/2009 Localisation : oui, merci.
| Sujet: Re: OneShot - BD Lun 12 Aoû 2013 - 11:12 | |
| - kenavo a écrit:
- ah tiens, c'est marrant de voir son nom... je n'aurais pas pensé qu'il soit autant traduit en français (ce que je viens d'apprendre de sa page Wikipédia)...
je l'ai connu à partir de ses comics publié dans des journaux et magazines allemands... et naturellement son grand succès ne pouvait échapper à personne en monde germanophone - Citation :
- Der bewegte Mann (Les Nouveaux Mecs), qui le rendra définitivement célèbre. Adapté pour le grand écran en 1994, Der bewegte Mann sera un des plus grands succès publics du cinéma allemand.
Si si, et c'est même dur de suivre les sorties. Moi, je ne savais pas qu'il y avait un film tiré des bouquins. | |
| | | kenavo Zen Littéraire
Messages : 63288 Inscription le : 08/11/2007
| Sujet: Re: OneShot - BD Lun 12 Aoû 2013 - 13:52 | |
| si si... en allemand je qualifierais ce film de Klamauk dont je trouve les traductions: chahut et boucan... | |
| | | colimasson Abeille bibliophile
Messages : 16258 Inscription le : 28/06/2010 Age : 33 Localisation : Thonon
| Sujet: Re: OneShot - BD Mer 14 Aoû 2013 - 12:42 | |
| Pas terrible ce film alors si je comprends bien ? Vu à la bibliothèque d'autres parutions de König... bien motivée pour les découvrir ! | |
| | | colimasson Abeille bibliophile
Messages : 16258 Inscription le : 28/06/2010 Age : 33 Localisation : Thonon
| Sujet: Re: OneShot - BD Dim 18 Aoû 2013 - 20:11 | |
| Jane, le renard & moi (2013) d’Isabelle Arsenault & Fanny Britt Jane Eyre est pauvre et triste. Elle n’a pas de parents et mène une vie misérable, mais sa grâce lui permet malgré tout d’être aimée comme elle le mérite. Le renard est peureux et fragile. Son poil est d’un roux flamboyant, mais ce sont surtout ses yeux à la tendresse surhumaine qui le distinguent et le transforment en animal poétique. Et moi je suis une saucisse enrubannée dans des maillots de bain trop petits, mais c’est mon imagination et le pardon que j’accorde sans concession à mes semblables qui me donneront le droit d’atteindre la grâce de Jane Eyre et du renard roux. Isabelle Arsenault à l’illustration trace des ambiances feutrées qui transcrivent la monotonie d’une vie qui, sans être inconfortable, n’est que très rarement traversée de moments de plaisir ou de bonheur. Quelques touches de couleur, discrètement relevées à l’aquarelle, soulignent parfois le soulèvement d’une émotion qui n’ose pas se montrer envahissante. Fanny Britt ajoute à ces expressions graphiques des textes qui se lisent en murmurant, retranscriptions discrètes du monologue d’une petite fille qui peine à s’intégrer socialement parce qu’elle est trop réservée, trop complexée, certainement trop sensible. Elle se perd dans la lecture de Jane Eyre pendant que ses camarades chahutent dans le bus qui doit les conduire jusqu’en Angleterre pour le voyage scolaire de fin d’année ; elle se mire dans le regard d’un renard roux tandis qu’une petite fille surgit derrière elle à grands cris pour faire fuir l’animal. Alors que les autres semblent vouloir l’extraire de son monde imaginaire et poétique, Hélène s’y accroche et suit un chemin de maturité qui lui permettra non seulement de trouver sa place parmi les siens, mais de ne pas renier sa charmante personnalité. Tout aussi mignon et rêveur que son personnage, l’album Jane, le renard & moi sera l’occasion de retrouver une part de son enfance, qu’on lira comme un souvenir nostalgique qui s’éteint peu à peu. - Citation :
- Normalement, j’ai le temps de lire environ treize pages entre l’école et la maison. Si Geneviève est dans l’autobus et que je l’entends ricaner avec les gars vers l’arrière, je tourne les pages mais je ne lis pas vraiment, je suis trop assourdie par mon cœur qui tambourine.
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| | | colimasson Abeille bibliophile
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| Sujet: Re: OneShot - BD Lun 2 Sep 2013 - 13:55 | |
| Mon ami Dahmer (2013) de Derf Backderf Un ami ? C’est vite dit… Derf Backderf aurait complètement oublié Dahmer si celui-ci ne s’était pas révélé être le fameux « cannibale de Milwaukee » qui fit parler de lui à plusieurs reprises entre les années 80 et 90 aux Etats-Unis. D’ailleurs, lorsque sa femme journaliste l’appelle pour lui annoncer que le cannibale était l’un de ses camarades de classe à Revere et qu’elle lui demande de deviner son prénom, Derf pense d’abord à un hurluberlu portant le nom de Figg. Comme il l’écrit lui-même : « Dahmer ne fut que mon deuxième choix ».L’amitié, pour Derf Backderf, ressemble à de l’acharnement sournois : léger mais continuel, joyeux et pourtant destructeur. Mais chacun reçoit l’amitié qu’il mérite : Dahmer était un personnage étrange qu’il n’était pas facile d’aborder et peut-être était-il impossible d’approcher de lui autrement qu’en imitant ses comportements imprévisibles et dénués d’émotion ? Personne, d’ailleurs, ne pouvait réellement communiquer avec Dahmer et les moqueries qu’il recevait de la part de tous étaient le seul moyen de ne pas le laisser totalement reclus dans une indifférence et une solitude qui auront malgré tout fini par l’envahir. Dahmer, solitaire ni par choix, ni par volonté –plutôt par nécessité biologique et environnementale-, ne laissait rien déborder de sa vie privée au lycée. Pour ses camarades, il était un jeune homme quelconque, à peine mystérieux, absolument pas apte à susciter l’intérêt. Lorsque Dahmer et l’identité du cannibale de Milwaukee se rejoignent, les passions à son égard se déchaînent. Derf Backderf ressent le besoin pressant d’enquêter afin de comprendre ce qui a pu se passer au cours de son existence lorsque lui et ses amis étaient absorbés par leurs cours, leurs sorties et leurs gentilles histoires de famille. Le travail rétrospectif ainsi effectué est gigantesque : Derf Backderf se plonge dans les rapports policiers et essaie de retrouver tous les personnages qui ont pu côtoyer Dahmer au cours de son adolescence. C’est ainsi qu’il parvient à reconstituer peu à peu une biographie cohérente du cannibale en formation. L’histoire retranscrite tient la route. Dahmer reste un personnage que l’on aperçoit de loin. Ses pensées ne sont pas l’objet de spéculations : celles-ci n’apparaissent pas, confirmant par la même occasion l’impression d’inhumanité d’un garçon étrange qui passait son temps à tuer les bêtes des forêts environnantes pour les dissoudre à l’acide ou pour les décapiter. S’il apparaît plutôt normal et bon élève dans les premières pages de son histoire –au début des années lycée-, Dahmer s’éloignera très vite du chemin conventionnel et ne s’écartera plus des salles de cours sans un sac rempli d’alcool. Déjà, des idées morbides semblaient l’envahir. Peut-être essayait-il également d’oublier la misère humaine qui envahissait sa demeure en rejetant loin de lui les lamentations d’une mère dépressive et égoïste et en oubliant l’absence d’un père fuyant. Le travail de reconstitution effectué par Derf Backderf est impressionnant. D’une manière construite, l’histoire progresse à un rythme qui réussit toujours à capter l’attention –et à satisfaire la fascination voyeuriste qui échoit à ce type de sujet. L’auteur n’hésite pas à nous rappeler que ses planches se proposent d’ébaucher une biographie d’après son point de vue, c’est-à-dire d’après le regard d’un adolescent un peu idiot et naïf qui ne se doutait de rien. Il devient alors intéressant de croiser ce point de vue extérieur totalement inconscient aux données récupérées suite à l’enquête approfondie menée par Derf Backdef. L’étonnement monte et finit par rejoindre la litanie des cris d’orfraie poussés par l’opinion : comment se fait-il que personne n’ait suspecté Dahmer avant qu’il ne commette ses meurtres ? « On me demande souvent pourquoi je n’ai rien dit. Pourquoi je n’ai pas essayé d’aider Dahmer. Rappelez-vous que nous étions en 1976. On ne caftait pas sur un camarade de classe. Ça ne se faisait pas. Et puis, mes amis et moi, on n’était qu’une bande de gamins pris dans le cours de nos propres vies et pas très perspicaces. Et aucun de nous n’avait la moindre idée de ce qui lui passait dans la tête. La question pertinente serait plutôt : mais que faisaient les adultes ? »Et si la vraie question pertinente était la suivante : qu’aurions-nous fait à la place des proches de Dahmer ? D’ailleurs, sommes-nous sûrs qu’un Dahmer ne rôde pas autour de nous ? N’en sommes-nous pas un, en nos fors intérieurs ? Le pouvoir d’identification de Mon ami Dahmer est intense, et c’est peut-être pour cette raison que sa lecture en est si passionnante. - Citation :
- Lucide, nul autre que Dahmer peut résumer son parcours criminel : « Je n’ai jamais pu trouver une quelconque signification à ma vie et la prison n’y a rien changé. Mon existence a été insignifiante et la fin en est encore plus déprimante. Tout ça peut se résumer en quelques mots : malade, pathétique, misérable, un point c’est tout. »
"Ce que ce jeune homme perturbé redoutait par-dessus tout, c’était de se retrouver seul avec ses voix et ses pulsions. Et voilà que sa misérable mère torturée et aveuglée par ses propres problèmes faisait de cette peur une réalité. Son père avait déménagé, ses amis l’avaient exclu, le lycée où au moins il était entouré touchait à sa fin, et maintenant sa propre mère l’abandonnait. Son isolement était total." | |
| | | colimasson Abeille bibliophile
Messages : 16258 Inscription le : 28/06/2010 Age : 33 Localisation : Thonon
| Sujet: Re: OneShot - BD Mar 10 Sep 2013 - 12:37 | |
| Vivre vieux et gros, les clés du succès – La méthode de développement personnel pour les chats (2013) de Leslie Plée Les méthodes de développement personnel sont souvent affligeantes. Lorsque celles-ci se destinent aux chats, on aimerait au moins qu’elles nous fassent sourire. Malheureusement, on ne change pas l’affliction que génère toute lecture d’un manuel de développement personnel, et lorsque cette torture s’énonce à travers la voix-off d’un gros matou d’appartement dopé aux croquettes Friskies, on frise le désespoir. Leslie Plée aurait pu nous faire rire en nous expliquant comment son chat se débrouille pour mener à bien son objectif existentiel : vivre vieux et gros. En fait, il s’agit surtout de passer en revue tous les comportements d’un chat d’appartement qui paraissent absurdes aux yeux d’un être humain. Les chapitres se suivent et se ressemblent : « le bonheur de manger », « libérez votre créativité dans les jeux », « connaître les limites de vos parents adoptifs »… et autres énoncés de programmes tous plus palpitants les uns que les autres sont construits sur un schéma identique : le chat a un comportement incohérent / le « parent » ne comprend pas et s’énerve / en fait, c’était juste pour emmerder les gens, ah, ah, ah ! Leslie Plée essaie de rendre son chat hyper-expressif en lui tirant une tronche à la mode manga. Ce n’est pas toujours réussi et si le chat parvient une ou deux fois à nous attendrir, le reste du temps on sera surtout désarçonné devant un défilé de dessins qui ne ressemblent tout simplement à rien. Puisqu’on ne peut même pas rire cinq minutes en feuilletant cette bande dessinée abrutissante, on aura tout le temps de réfléchir aux conclusions qu’elle nous révèle malgré elle sur les rapports entre les hommes et leurs animaux de compagnie. L’anthropomorphisme n’est pas dérangeant en lui-même mais ici, il l’est particulièrement car l’être humain choisi comme modèle est le parfait représentant du jeune adulte indépendant, actif, utilitariste et consommateur sur quatre roues. La vie du chat se déroule entre cinq boîtes de pâtée, deux sachets de croquettes, un bac à litière, des souris en plastique, des vaccins et des stérilisations –et c’est ainsi qu’il est heureux ! Il ne faut pas passer trop de temps à réfléchir aux implications du programme Vivre vieux et gros : l’humour risquerait vite de devenir terreur et de nous faire fondre en larmes. - Citation :
- La propreté est la base d’une bonne éducation, comme l’enfouissement de ses excréments ou l’entretien de son pelage.
- Et là, tu grattes comme un malade mental. Pour rien, comme ça. Et tu pars en courant en essayant de mettre le plus de grains hors de la litière.
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| | | Heyoka Zen littéraire
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