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Parfum de livres… parfum d’ailleurs
Littérature, forum littéraire : passion, imaginaire, partage et liberté. Ce forum livre l’émotion littéraire. Parlez d’écrivains, du plaisir livres, de littérature : romans, poèmes…ou d’arts…
Ah, si si, nombreux sont les Parfumés à l'avoir lu. Effectivement, il faudrait reparcourir les 44 pages du fil pour repointer....
il y a 91 mentions de Stupeur et tremblements sur ce fil! Mais aucun commentaire, celui de Heyoka est le premier qui va être ajouté à l'index les "ah oui, j'ai lu xy", "faut lire xy" ou "bons souvenirs de xy" ne sont pas répertoriés dans l'index
Heyoka Zen littéraire
Messages : 5026 Inscription le : 16/02/2013 Age : 36 Localisation : Suède
Elle conforte le public occidental dans tous les clichés japonais. Une petite polémique naît, je crois, à ce moment là : à quel point ce qu'elle raconte est-il vrai ?
Je ne suis pas une spécialiste du Japon mais je connais assez bien pour pouvoir affirmer que c'est quand même pas bien folichon leur relation au travail. Enfin tout dépend du point de vue où on se place, si on considère que le travail c'est la santé, on comprend pourquoi ils vivent plus vieux que nous. Mais comme tu dis c'est un roman et on sent tout de suite quand elle part dans son imaginaire alors une polémique... mouais, pas de quoi fouetter un chat non plus. Après, savoir si elle parle Japonais ou pas, on s'en fiche un peu.
Le film était pas mal non plus, d'accord avec toi.
Marie a écrit:
J'ai un excellent souvenir de Stupeur et tremblements! Rien que le titre.. Elle a un certain art pour les titres, Amélie!
Je trouve aussi.
Queenie ...
Messages : 22891 Inscription le : 02/02/2007 Age : 44 Localisation : Un peu plus loin.
Moi j'aime vraiment beaucoup l'écouter en itv. Elle me donne toujours envie de lire son livre. Elle est drôle, modeste, légèrement tarée. Je me fous de savoir si c'est un personnage travaillé pour les medias ou si c'est vrai. Ce que je veux, c'est qu'Amélie vienne dans mon salon, qu'on boive du thé et qu'on mange des petits gâteaux, pendant qu'elle me racontera une histoire ! La lire, c'est souvent agréable, parfois ronronnant (limite chiant), mais ça ne hérisse jamais mon poil de lectrice.
colimasson Abeille bibliophile
Messages : 16258 Inscription le : 28/06/2010 Age : 33 Localisation : Thonon
En 1990, au Japon, Amélie est engagée comme interprète chez Yumimoto, une entreprise d'import-export. Elle pense que son rêve de vivre comme une Japonaise va pouvoir se réaliser. Mais, très vite, elle sent bien que la réalité du système Yumimoto obéit à d'autres lois que celles des entreprises Occidentales. Le récit d'une expérience d'aliénation au sein d'une entreprise japonaise que l'auteur a choisi de traiter sur un mode humoristique, parfois ironique amenant ainsi le lecteur à rire d'événements pourtant traumatiques. Comment l'individu peut-il réagir au processus d'humiliation mené par un groupe ? Comment gérer la violence et la folie de l'Autre ? Comment leur résister avec les mots ?
Dans l'index, aucune page n'est répertoriée pour ce livre. Personne ne l'a lu ? Moi si, quand j'étais ado et je voulais voir si j'allais être moins clémente aujourd'hui envers cette auteur qui suscite des réactions virulentes sur le forum (merci d'illustrer mon propos juste au-dessus Mimi). Résultat ? Je ne doute pas que sa bibliographie glisse sur une pente descendante mais ce petit livre sorti en 1999 est plutôt intéressant.
Le principal intérêt de la lecture réside dans la découverte d'une conception radicale du monde professionnel. Un pays où le travail est garant de d'honneur voire de la dignité de l'individu et où l'entreprise est la matrice de la société. La compagnie Yumimoto mâche puis recrache les employés qui n'entrent pas dans le moule (à l'image d'Amélie) et pour ceux qui veulent/doivent à tout prix s'intégrer dans la société Nippone, ils se conforment bon an mal an. La hiérarchie en strates très organisées se chargera de les broyer en les réduisant à un moule bien trop étroit pour l'esprit humain. Ce mode de fonctionnement sonne le glas de l'existence de l'être en tant qu'individu.
En d'autres termes, une vision très éloignée de la mienne d'où la fascination (ça devrait plaire à eXPie aussi). Mais dans le tableau d'horreur qui se dessine, l'humour de l'auteur parvient à faire passer le tout de façon plutôt original et décalée. Face à la vision de ce système totalitaire collectif, l'auteur fait figure d'exception avec ses tendances nombrilistes.
" Le pire, c’est de penser qu’à l’échelle mondiale ces gens sont des privilégiés. "
Je l'avais lu aussi et j'avais apprécié. Et le film est pas mal également.
Queenie a écrit:
Moi j'aime vraiment beaucoup l'écouter en itv. Elle me donne toujours envie de lire son livre. Elle est drôle, modeste, légèrement tarée. Je me fous de savoir si c'est un personnage travaillé pour les medias ou si c'est vrai. Ce que je veux, c'est qu'Amélie vienne dans mon salon, qu'on boive du thé et qu'on mange des petits gâteaux, pendant qu'elle me racontera une histoire ! La lire, c'est souvent agréable, parfois ronronnant (limite chiant), mais ça ne hérisse jamais mon poil de lectrice.
Par contre je l'ai jamais écoutée sur itv...
eXPie Abeille bibliophile
Messages : 15620 Inscription le : 22/11/2007 Localisation : Paris
- La Nostalgie heureuse (2013). 152 pages. Albin Michel.
Amélie Nothomb retourne au Japon pour le première fois depuis seize ans, à l'occasion d'une émission de France 5 qui lui est consacrée. Comme elle est modeste, Amélie ne croyait pas qu'elle allait se faire, l'émission : qui cela pourrait-il bien intéresser ? Eh bien, si ! Elle est donc super contente d'y retourner, pour la première fois depuis si longtemps... Bien sûr, elle aurait pu prendre l'avion sans une équipe de télé suspendue à ses basques, mais elle est comme ça, Amélie. Pleine de contradictions. Le début du livre est consacré à la constatation que du temps est passé, que des immeubles se sont construits, etc. Puis, elle retrouve sa fameuse nounou, Nishio-san, du côté de Kobé.
Citation :
"La porte s'ouvre, je vois apparaître une très vieille dame qui mesure un mètre cinquante. Nous nous regardons d'abord avec terreur. Les retrouvailles sont des phénomènes si complexes qu'on ne devrait les effectuer qu'après un long apprentissage ou bien tout simplement les interdire." (page 52)
C'est bien du Nothomb. Le livre permet de savoir ce que pensait Amélie, alors que l'on a peut-être en tête les images du documentaire qui était passé à la télé. Ça fait un peu bizarre. Mais bon. Tout ça est personnel et, il faut bien le dire, pas totalement passionnant pour le lecteur, déjà celui qui a lu ses livres précédents, alors pour les autres éventuels...
Amélie interroge son ancienne nounou sur Fukushima. La vieille femme ne comprend pas.
Citation :
"À quoi sait-on qu'une personne âgée n'a plus toute sa tête ? Il y a comme un flottement. Ce n'est pas elle qui est perdue face à nous, c'est nous qui sommes perdus face à elle. Elle détient un savoir capital : elle connaît l'art de ne plus assimiler ce qu'elle refuse. Nous voudrions tous être capable de ce prodige." (page 56).
On visite l'école maternelle, c'est sympathique. Et on part pour Kyoto, "la plus belle ville du monde" (page 73).
Citation :
"En 2012, sur l'album Bangarang de Skrillex, prodige américain de vingt-quatre ans, est sortie une chanson intitulée « Kyoto ». De toute évidence, Skrillex a compris ce qu'est cette ville aujourd'hui : sa musique est d'une violence inouïe. Si on tend l'oreille, on entend la splendeur des temples, mais elle est insérée comme les bulles d'un temps autre dans la résine d'un tissu urbain délirant." (page 74).
Amusant :
Citation :
"Yumeto, le jeune interprète tokyoïte, est aussi heureux et gêné d'être là. La majesté des temples le remplit de fierté, le ton méprisant des habitants le consterne. « Quand ils m'adressent la parole, j'ai l'impression que je dois leur demander pardon », me confie-t-il. J'ai des amis romains qui, à Florence, ont eu une impression comparable." (page 75).
On a ensuite la visite de Fukushima, la zone dévastée. Cela ne dure que quelques pages, et c'est suffisant : d'autres en ont déjà parlé, en mieux.
Plus tard, lors d'une interview avec un journaliste japonais, Amélie est aidée de la traductrice Corinne Quentin (bien connue des amateurs de littérature japonaise, puisqu'on lui doit de nombreuses traductions, d'Ikezawa Natsuki, par exemple).
Citation :
"Pour traduire combien je suis nostalgique de mes jeunes années dans le Kansai, j'entends l'interprète dire « nostalgic » au lieu de l'adjectif « natsukashii », que je tiens pour l'un des mots emblématiques du japonais." (pages 89-90).
Amélie demande donc pourquoi Corinne Quentin a utilisé ce mot anglais.
Citation :
"- « Natsukashii » désigne la nostalgie heureuse, répond-elle, l'instant où le beau souvenir revient à la mémoire et l'emplit de douceur. Vos traits et votre voix signifiaient votre chagrin, il s'agissait donc de nostalgie triste, qui n'est pas une notion japonaise." (page 90).
Comme dans la plupart des Nothomb, il y a de nombreuses références et citations. J'aime bien ce passage :
Citation :
"À la question « Que lisez-vous ?», Victor Hugo [...] répondait avec hauteur : « Une vache ne boit pas de lait. »" (page 123).
Il me semble me rappeler que Kadaré avait dit dans une interview qu'il lisait peu de romans de ses confrères, car il voyait - en professionnel - les ficelles, les rouages.
Dans la suite du livre, Nothomb va retrouver Rinrin, son amour de jeunesse...
La Nostalgie heureuse, qu'Albin Michel désigne comme un "roman" (pourquoi donc ? on aimerait un éclaircissement), après un début laborieux, commence à susciter un certain intérêt - à condition d'aimer ce qui touche au Japon, bien sûr. Curieusement, il est le plus intéressant quand Amélie ne parle pas d'elle. Au final, c'est un petit livre assez anecdotique mais pas déplaisant, une sorte de long reportage de magazine, avec quelques bons passages, à réserver aux aficionados.
Dernière édition par eXPie le Mer 11 Déc 2013 - 23:00, édité 1 fois
Arabella Sphinge incisive
Messages : 19316 Inscription le : 02/12/2007 Localisation : Paris
Tout ça fleure bon la redite... va falloir passer à un livre tous les deux ans peut-être ?
ou arrêter complètement... Les premiers sont les meilleurs. J'étais fan, j'ai cessé de l'être pour cause d'enlisement. A force de creuser toujours au même endroit!
eXPie Abeille bibliophile
Messages : 15620 Inscription le : 22/11/2007 Localisation : Paris
J'avais envie d'un truc vite avalé, tranquille, sans prise de tête, à pouvoir boulotter des bouts de chocolat et boire des litres de thé. J'ai pris un Amélie Nothomb qui traînait depuis longtemps dans ma PAL.
Et ça faisait des années que je ne l'avais pas lue (depuis 2004/2005 en fait), et elle n'a pas bien changée. Sauf que ce livre-ci est franchement anodin. L'impression de tourner à vide. Difficile de parler de l'intensité destructrice et constructrice d'une histoire d'amour en quelques pages recouvertes de dialogues creux, inutiles et complètement irréels.
Mais, Nothomb touche parfois à une vérité. Sur le sentiment obsessionnel de l'amour, sur les sacrifices, l'hypocrisie, la manipulation, la mauvaise foi. Son personnage principal, je ne peux pas l'aimer même si je peux le comprendre, jusqu'à une certaine limite. Dès qu'il se met à manipuler son monde (droguer la femme de ses rêves pour la avoir des rapports sexuels avec... oua. C'est... horrible quand même ? Je me demande si des critiques ont repéré ce truc du viol ?).
Des passages sont tout de même bons et bien écrits (justement, le passage sous hallucinogène. Le terrible malaise oppressant quand on se sent observer de trop près par une personne handicapée mentalement. La colère et la haine quand on se sent rejeté. Un joli passage sur l'hiver et l'amour. (extrait peut-être) Le réalisme des descriptions de cet appart gelé, dans une situation précaire. La situation terrible de l'auteur handicapé exploité jusqu'à la torture par son éditeur.
Nothomb pourrait rendre la méchanceté sublime, l'horreur intense, l'humain complexe et torturé, la lecture obsessionnelle !
Nothomb se laisse aller à des facilités : raconter une histoire, avoir une fin, bourré de dialogue... des passages franchement sans intérêt.
Ce qui est très décevant.
Queenie ...
Messages : 22891 Inscription le : 02/02/2007 Age : 44 Localisation : Un peu plus loin.
Merci pour ce commentaire nuancé... et tu as raison, Amélie Nothomb, c'est parfait pour un moment tranquille avec du chocolat et du thé... (tea time à l'anglaise ?)
Queenie a écrit:
(droguer la femme de ses rêves pour la avoir des rapports sexuels avec... oua. C'est... horrible quand même ? Je me demande si des critiques ont repéré ce truc du viol ?).
Justement, parce que c'est Amélie Nothomb qui l'écrit, tout le monde a dû trouver cela anodin... venu comme ça, entre deux autres tentatives de digression...
Queenie ...
Messages : 22891 Inscription le : 02/02/2007 Age : 44 Localisation : Un peu plus loin.
Merci pour ce commentaire nuancé... et tu as raison, Amélie Nothomb, c'est parfait pour un moment tranquille avec du chocolat et du thé... (tea time à l'anglaise ?)
(A la Queenie !)
Citation :
Queenie a écrit:
(droguer la femme de ses rêves pour la avoir des rapports sexuels avec... oua. C'est... horrible quand même ? Je me demande si des critiques ont repéré ce truc du viol ?).
Justement, parce que c'est Amélie Nothomb qui l'écrit, tout le monde a dû trouver cela anodin... venu comme ça, entre deux autres tentatives de digression...
Ouais, ben ça m'a travaillé hier soir, après mon commentaire. Je me suis dit : comment peux-t-on écrire ce genre de scène dans un livre de pur divertissement ? J'ai beau y repenser, je ne vois pas ce qu'il y a derrière le propos de l'auteur pour ce moment. Ça me dérange franchement. Elle en parle comme si de rien, comme si c'était normal et anodin. Comme la psychologie tient sur une feuille de papier cul (et pas épaisseur triple), impossible de savoir si le regard sur son personnage est tendre ou accusateur.
En fait, c'est une scène très bien écrite (je vais vous la copier, tiens, vous pourrez me dire...), mais elle laisse un franc malaise (quand Ellis fait un personne cradingue, capable certainement du pire, on sait que c'est mal, tout en ayant une sorte de peine pour le personnage, l'apologie de la violence dans les mots du narrateur ont un sens, et en lisant, on ne pense pas une seconde que l'auteur cautionne ce genre de choses, juste qu'il les constate, et tente de les décortiquer...
Nothomb... c'est flou. Et ce flou met franchement mal à l'aise pour ce qu'il véhicule. Ce qu'il laisse passer. Ce qu'il permet.)