Refus de témoigner
Que dire après vos excellents commentaires ?
Ce qui m’ a le plus intéressé c’est que ces paroles sont celles de la fillette, puis de la femme, l’auteure prend la place que sa famille, la société, l’histoire veulent lui soustraire, parce que sous tous les cieux il semble acquis que la place de la femme doit être celle de l’acceptation, parce que secondaire. Alors sa réponse est la fuite, physique, matérielle, mentale.
La fuite mais pas l’oubli, se servir de sa mémoire pour revivre, pour contrer tous ceux qui après guerre regardent les survivants comme des coupables, (sous-entendu si les Juifs étaient dans des camps, c’est qu’il y avait bien raison) non dit-elle je ne suis coupable de rien, et encore moins de vivre. Il a fallu des décennies pour que l’holocauste porte un nom, qu’il soit reconnu crime contre l’humanité.
Les va et vient entre le passé et le présent, entre les USA et l’Allemagne montrent bien que l’auteure est toujours en recherche, sur elle-même et les autres, mais lucide, elle sait qu’elle n’est souvent pas crue, comprise.
Rebelle, sévère, la femme reflète la fillette ; les relations avec sa mère sont toujours aussi difficiles, contradictoires et là aussi la fuite s’impose.
Rhut est fidèle à ses idées, à sa non religion, à ses amies que ce soit Ditha (l’amie, la sœur des camps) ou ses amies connues aux USA.
Après avoir lu ce témoignage et parce que j’ ai vu « la Shoah de Lanzmann », la liste de Schlinder et beaucoup de reportages j’étais un peu déstabilisée par son analyse sur ce voyeurisme, même si elle n’a pas employé de mot (il me semble). Mais je me souviens qu’elle s’est à plusieurs reprises adressée à ses lecteurs et plus spécialement à ses lectrices quand elle les pensait plus concernées.
Seuls le respect pour l’auteure peut être une conclusion de cette lecture et la mémoire de ce qui fut .