Lecture en commun - Joyce Carol Oates : La légende de Bloodsmoor

Harelde a écrit:

La réédition n'a pas fait l'objet d'une nouvelle traduction ?
J'ai essayé de voir sur le site d'Amazon, mais le nom du traducteur n'est pas mentionné.

Non c'est toujours Anne Rabinovitch. Ils se contentent de rééditer les romans de sa première période qu'on ne trouvait presque plus.

J'ai lu le chapitre 6 à midi.
L'écriture n'est pas évidente. Faut entrer dedans.
Je la trouve très hachée : une ponctuation abondante, beaucoup de tirets et de parathèse "découpent" le rythme de lecture qui n'est pas fluide.
J'aime par contre le récit qui part en tout sens, sans chronologie. Les indices s'imbriquent petit à petit les uns dans les autres ce qui est plus intéressant (et plus mystérieux) qu'un récit trop bien ordonné et trop linéaire.

Harelde a écrit:

L'écriture n'est pas évidente. Faut entrer dedans.
Je la trouve très hachée : une ponctuation abondante, beaucoup de tirets et de parathèse "découpent" le rythme de lecture qui n'est pas fluide.

Elle adore nous donner plein d'informations sur les lieux et les personnages à travers des digressions qui segmentent le récit. Il faut trouver le rythme de lecture pour entrer dans la danse mais on peut aussi s'asphyxier.

Marko a écrit:

Harelde a écrit:

L'écriture n'est pas évidente. Faut entrer dedans.
Je la trouve très hachée : une ponctuation abondante, beaucoup de tirets et de parathèse "découpent" le rythme de lecture qui n'est pas fluide.

Elle adore nous donner plein d'informations sur les lieux et les personnages à travers des digressions qui segmentent le récit. Il faut trouver le rythme de lecture pour entrer dans la danse mais on peut aussi s'asphyxier.

Pour l'instant, je tiens le coup.

Harelde a écrit:

Pour l'instant, je tiens le coup.

Je crois aussi que La fille tatouée étant un hommage à Philip Roth, le style y est plus resserré et concis. Dans la légende je retrouve son rythme plus habituel. Et maintenant je vous laisse nous raconter la suite...Bonne lecture!

Marko a écrit:

Harelde a écrit:

Pour l'instant, je tiens le coup.

Je crois aussi que La fille tatouée étant un hommage à Philip Roth, le style y est plus resserré et concis. Dans la légende je retrouve son rythme plus habituel. Et maintenant je vous laisse nous raconter la suite...Bonne lecture!

La Légende est du JCO plus pur et la Fille tatouée plus atypique dans l'oeuvre de la dame ?

Harelde a écrit:

La Légende est du JCO plus pur et la Fille tatouée plus atypique dans l'oeuvre de la dame ?

Pour moi, oui. Cette frénésie un peu hystérique (et que certains doivent trouver détestable) me paraît assez caractéristique de son style habituel. Elle écrit parfois de manière plus sobre. Mais cette exubérance ne me dérange pas parce qu'elle n'est pas creuse. C'est très habité et intense.

Marko a écrit:

Harelde a écrit:

La Légende est du JCO plus pur et la Fille tatouée plus atypique dans l'oeuvre de la dame ?

Pour moi, oui. Cette frénésie un peu hystérique (et que certains doivent trouver détestable) me paraît assez caractéristique de son style habituel. Elle écrit parfois de manière plus sobre. Mais cette exubérance ne me dérange pas parce qu'elle n'est pas creuse. C'est très habité et intense.

C'est ce que je ressens effectivement en ce début de livre.

Commence hier soir et j'avance tres doucement. Le vocabulaire facon "ancien anglais" qui m'a beaucoup freine au tout debut et puis l'aspect descriptif.
Non pas que je le trouve fastidieux, mais ce n'est pas vraiment le type de language auquel j'ai a faire dans la vie courante, donc dur dur.

Mais des le debut, c'est une magnifique mise en jambe et j'aime beaucoup le ton. Je trouve notamment qu'il y a un cote tres "hors du temps" pour M. Zinn. La description de son costume, de son attitude et de son "je-m'en-fouttisme" concernant l'argent m'amuse beaucoup.

Mon precedent et unique JCO, etant "Nulle et Grande gueule", c'est vraiment un autre monde !!

Je continue ce soir !

PS : Kenavo, Merci beaucoup pour le lien, mais je crois que j'ai maintenant bien trop la flemme de rajouter les accents a la "main"
Mais comme ils disent ici "I appreciate"

Je vais lire moins vite que toi, Harelde.. Mais d'emblée d'accord avec ce que dit Marko, on retrouve le style JCO et son goût des détails.
Par exemple la description savoureuse de ce père de 5 filles ( dont une, Deidre, adoptée, pas très belle et enlevée dès la première page!) , cet inventeur génial mais qui se cache ( sans doute parce qu'il a participé à la guerre de Sécession et ne s'en est pas remis), cet homme qui justifie son manque d'attrait pour l'argent en citant Benjamin Franklin:

De même que nous tirons de grands avantages des inventions des autres, de même nous serons heureux d'avoir l'occasion de servir les autres par une invention de notre cru; et nous devons l faire librement et généreusement. .

Ce début de roman me plait beaucoup!

Shay a écrit:

PS : Kenavo, Merci beaucoup pour le lien, mais je crois que j'ai maintenant bien trop la flemme de rajouter les accents a la "main"
Mais comme ils disent ici "I appreciate"

pour nous, même pas besoin d'en ajouter.. on te comprends.. même sans accent

Shay a écrit:

Commence hier soir et j'avance tres doucement. Le vocabulaire facon "ancien anglais" qui m'a beaucoup freine au tout debut et puis l'aspect descriptif.
Non pas que je le trouve fastidieux, mais ce n'est pas vraiment le type de language auquel j'ai a faire dans la vie courante, donc dur dur.

C'est le temps pour toi d'entrer dans le livre. J'ai eu les mêmes hésitations au début. Dans quoi me suis-je fourré ? Et passé les 50 premières pages, on est dedans.


Très George Eliot comme narration.

Marie a écrit:

Je vais lire moins vite que toi, Harelde...

J'ai terminé les 16 premiers chapitres. Et j'ai un mal fou à poser le bouquin.

Marie a écrit:

5 filles ( dont une, Deidre, adoptée, pas très belle et enlevée dès la première page!)

Que tu crois !
Car l'enlèvement va se poursuivre durant 10 chapitres. JCO va conduire le rapt phrase par phrase, instant après instant, le tout distillé au compte-goutte et enrobé de disgressions aussi nombreuses que savoureuses.
C'est du grand art !

Marie a écrit:

Ce début de roman me plait beaucoup!

A moi également.

Première partie : Le ballon hors la loi.

Nous sommes en Pennsylvanie, pas très loin de Philadelphie.
L'histoire débute en septembre 1879 alors qu'une jeune fille de 16 ans (Deirdre) est enlevée, emportée dans les airs par un aéronaute mystérieux arrivé et reparti à bord d'un ballon de soie noire.
C'est la clé de cette première partie que JCO choisit de nous dévoiler tout de suite, dès la première page. Sans néanmoins s'étendre outre mesure sur l'évènement. Elle se contente d'un mot, une phrase comme si la narratrice lisait un bref entrefilet dans la presse.
Dès la page 2 les digressions commencent. Mais s'agit-il réellement de digressions ? Car au cours de ce "bavardage" qui n'a d'ailleurs rien de futile, JCO campe ses personnages, décrit les lieux, l'époque, précise mille détails sur les uns et les autres. Il en résulte une ambiance, une atmosphère tout à fait envoutante.

Mr et Mme Zinn ont 5 filles, comme le docteur March : Constance Philippa, Octavia, Malvinia, Samantha et Deirdre la petite dernière. Deirdre est une enfant adoptée à l'âge de dix ans à la mort brutale de ses parents biologiques victimes d'une épidémie de fièvre typhoïde. Les 4 enfants Zinn rejettent cette pièce rapportée, sauf peut-être Octavia qui a une bonne âme, plus généreuses que ses soeurs. Deirdre reste à l'écart et ne s'intègre pas à sa nouvelle famille. Elle ne semble se lier qu'à son père adoptif.
Mr Zinn est un inventeur de génie. Un homme extrêmement brillant reconnu de ses pairs. Mais il n'est pas riche car il invente pour inventer, pour le bien de l'humanité et non pour le lucre. Il ne dépose que rarement ses brevets quand son épouse le harcèle en lui rappelant qu'il a une famille et cinq filles à doter. C'est beau papa, riche homme de lois en retraite qui met la main à la poche pour soutenir les finances du couple. Mais Mme Zinn a conscience que la patience de son père s'épuise.

Deirdre est une enfant mystérieuse. Elle fait de terribles cauchemars et en sa présence, des spectres viennent troubler la famille. Le père cartésien rejette le surnaturel et tente de rassurer les siens en affirmant que ces manifestations ont une explication rationnelle (qu'il ignore). Puis, un soir de septembre, après un fastueux banquet au château des grands-parents, Deirdre est enlevée par un ballon qui, manifestement, n'était pas là par hasard.

Affaire à suivre...

Dans cette famille harmonieuse, bien élevée, on sent comme une fêlure qui va aller en s'agrandissant. Est-elle due à la présence de Deirdre, décrite comme différente, malheureuse, butée ? Elle semble être un sujet de discorde entre les soeurs, et une source d'inquiétude pour tous. Un autre Heathcliff ?

krys a écrit:

Un autre Heathcliff ?

Oui, tu as raison.
La comparaison est bonne.