Parfum de livres… parfum d’ailleurs
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 Henning Mankell [Suède]

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Igor
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Igor


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MessageSujet: Re: Henning Mankell [Suède]   Henning Mankell [Suède] - Page 6 EmptyVen 5 Nov 2010 - 8:07

traversay a écrit:
Henning Mankell [Suède] - Page 6 Arton19737-799f7

L'homme inquiet

Citation :
Grand-père d’une petite Klara, Wallander a réalisé ses rêves : vivre à la campagne avec son chien. Après avoir évoqué avec le commissaire la guerre froide et une affaire de sous-marins russes dans les eaux territoriales suédoises, le beau-père de sa fille Linda, ancien officier de marine, disparaît, puis c’est le tour de la belle-mère. Soupçons d’espionnage. Au profit de la Russie ? Des États-Unis ? Parallèlement à la police de Stockholm et aux services secrets, Wallander mène sa dernière enquête. C’est alors qu’il amorce sa propre plongée en profondeur : les années écoulées et les femmes de sa vie défilent. Et la petite Klara devient son ultime balise.

"Il pense qu'il avait tendance à se souvenir de ce qu'il aurait voulu oublier et à oublier ce dont il aurait voulu se souvenir."

Cette fois, c'est fini. Avec L'homme inquiet, Henning Mankell donne congé au commissaire Wallander. Nous ne le reverrons plus, ce compagnon bourru de nos lectures, depuis près de 20 ans. Et c'est triste, comme de perdre un vieil ami, qui donnait régulièrement de ses nouvelles, et que l'on aimait bien, malgré son caractère de cochon et sa misanthropie qui ne faisait que croître, au fil des années. Adieu, cher commissaire.

C'est un Wallander mal en point et le plus souvent pathétique, il vient d'avoir 60 ans, que nous dépeint Mankell dans L'homme inquiet. Qui a conscience d'être arrivé à un point de non retour en entrant pour de bon dans un monde de ténèbres, celui de la vieillesse. Solitude, auto-apitoiement, désenchantement, mélancolie aigüe, alcoolisme épisodique, le héros a du plomb dans l'aile. Et physiquement, les alertes se multiplient : diabète, hypertension, problèmes cardiaques, pertes de mémoire ... Il n'est pas à l'article de la mort, non, mais c'est comme si sa vie défilait devant ses yeux hagards avec la réapparition pitoyable de ceux, et surtout celles, qui ont compté dans son existence : notamment son ex-femme et son grand amour de Lettonie. Seul rayon de soleil : il est grand-père d'une petite Klara. Pour l'ultime apparition de Wallander, Mankell a imaginé une sorte de requiem pour homme au bout de rouleau. Terrible.

Et l'aspect polar dans tout cela ? Au second plan. L'enquête du commissaire s'emballe, s'arrête un moment, resurgit et finit plus ou moins en queue de poisson. Elle n'est pas inintéressante pourtant, légèrement bâclée, mais peu importe. Elle renvoie aux années de la guerre froide, au personnage controversé d'Olof Palme, époque pendant laquelle la pseudo-neutralité de la Suède était un leurre alors qu'espions soviétiques et américains pullulaient dans les cafés du vieux Stockholm. Même cette enquête est douloureuse pour Wallander qui s'aperçoit, un peu tard, qu'il a été incapable de comprendre la politique de son pays et qu'il a vécu des années avec des oeillères. Pauvre de lui !

On l'a compris, l'écrivain ne fait pas de cadeau à son héros récurrent, au moment de l'abandonner. Pas plus qu'à son propre pays, d'ailleurs, dont il dénonce, ce n'est pas la première fois, l'hypocrisie et les dérives sécuritaires et xénophobes.

Les amateurs de thriller pur ne trouveront pas leur compte dans ce dernier Wallander. Ceux qui considèrent que Mankell est bien plus qu'un simple auteur de polars auront, eux, le bonheur de découvrir l'un de ses plus beaux romans. Noir et désespéré, au plus profond d'une nuit d'hiver scanienne.


Quand le polar laisse la place à la littérature...
Un éclairage qui me donne encore plus envie de le lire, merci.
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mimi54
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MessageSujet: Re: Henning Mankell [Suède]   Henning Mankell [Suède] - Page 6 EmptyMar 30 Nov 2010 - 22:50

Profondeurs

Profondeurs, au pluriel….un titre quelque peu énigmatique ; une couverture à dominante sombre, un rivage désert, une barque en premier plan…………..voilà qui est bien intrigant.

Profondeurs, comme celles de la mer dont le Capitaine Lars Tobiasson-Svartman, est chargé par son état-major de répertorier afin de permettre aux navires de guerre de circuler en toute sécurité.
Nous sommes à la veille de la première guerre mondiale, la Suède est neutre, mais se tient prête face à la marine Russe, et à la marine Allemande.
Le capitaine est amené à partir en mission secrète afin de mener à bien sa mission. La mort rôde, elle est partout.
Il règne une ambiance froide, glaçante, humide, hostile. L’auteur s’attarde sur les longues nuits suédoises, et les hivers extrêmes. Les hommes boivent, trompent leur ennui comme ils peuvent.
Le capitaine n’est pas en reste ; il s’invente une autre vie, vit une double vie.

Profondeurs, que le capitaine a inexorablement creusées après sa rencontre avec Sara Frederika ; comme l’abîme dans laquelle s’enfonce inexorablement le capitaine, sa femme. Son imagination, ses mensonges l’entraineront dans les profondeurs océaniques et dans les profondeurs de l’âme humaine

Une fois n’est pas coutume, c’est pour un livre à ambiance que j’aurai un gros coup de cœur. En dépit d’une quatrième de couverture inappropriée et trop révélatrice, ce livre m’a véritablement happée, au point qu’il m’a été difficile de le lâcher. J’ai trouvé l’écriture concise, les phrases courtes, et efficaces. Les chapitres sont courts, et le livre bien équilibré en dix parties. Tous ces éléments en rendent la lecture agréable, et lui donne un rythme soutenu.

« Parfois je suis quelqu’un d’autre, peut-être mon père, peut-être quelqu’un dont je n’ai pas idée. Je cherche quelque chose qui n’a pas de fond, dans la mer, comme en moi-même. »

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MessageSujet: Re: Henning Mankell [Suède]   Henning Mankell [Suède] - Page 6 EmptyMar 30 Nov 2010 - 22:59

Il n' écrit pas que des polars, Mankell, c' est un peu pour cela qu' il abandonne Wallander...
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MessageSujet: Re: Henning Mankell [Suède]   Henning Mankell [Suède] - Page 6 EmptyMar 30 Nov 2010 - 23:02

Superbe commentaire Traversay ! Je débute seulement la série ( le prochain sur ma liste est la cinquième femme ), mais tu me donnerais presqu'envie de lire tout de suite le dernier ! J'aime de plus en plus cet auteur, justement parce qu'il écrit bien plus que des polars.
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Marie
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MessageSujet: Re: Henning Mankell [Suède]   Henning Mankell [Suède] - Page 6 EmptyMar 4 Jan 2011 - 3:41

J'ai lu aussi L'homme inquiet, et je ne vois pas ce que je pourrais ajouter à l'excellente critique de Traversay. Il est bien sombre, Mankell, et pas tendre avec le destin de ses héros. Wallander va me manquer!
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MessageSujet: Re: Henning Mankell [Suède]   Henning Mankell [Suède] - Page 6 EmptyVen 28 Jan 2011 - 21:00

Je n'ai aucun souvenir moi de ces affaires de sous-marins (années 80) dans L'Homme inquiet. Et vous? C'est véridique?
- Un soir, Wallander a une "absence", qui le mène à sortir pour dîner dehors. Le lendemain il a tout oublié, ou presque.
On n'oublie pas comment son père partait marcher dans la campagne en perdant tout repère.
- La petite fille de Linda n'a pas de prénom, plusieurs semaines après sa naissance. Selon le droit suédois ça peut durer combien de temps?
Spoiler:
Bien sûr il y a de la place pour les réminiscences, mais encore beaucoup de pages me pèsent comme précédemment, écrites comme pour meubler dans l'attente du dénouement alors que tout a été cousu d'avance. On voudrait donc aller plus vite.
Avant les disparitions, c'est la première fois me semble -t-il que Wallander a des intuitions. Dommage qu'il ne s'en serve pas pour interroger et suivre de plus ses protagonistes.
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MessageSujet: Re: Henning Mankell [Suède]   Henning Mankell [Suède] - Page 6 EmptyVen 4 Fév 2011 - 21:18

Wallander va me manquer aussi. Hors du champ de ses activités professionnelles et de l'énigme à élucider, j'ai pris l'habitude de me retourner sur son état : son taux d'insuline, ses angoisses, ses regrets, ses amours ratées, les trains qu'il n'a pas pris, les chemins au creux desquels il s'engouffre encore, portable coupé, malgré son risque d'AVC.
Il nous fait un peu trembler ce dernier Wallander. Il prend des risques, il ment par omission, il omet d'évoquer ses troubles de la mémoire à son médecin, il ne surveille pas son taux d'insuline et commande un dessert sucré dans les restos où il dîne.
Sa crainte de "finir tout seul" est au sommet bien qu'elle soit relativisée par d'autres portraits; celui de celles et ceux, de 60 ans et plus, qu'il vient interroger : la femme du camarade d'école obèse qui en a bavé, la vieille dame qui pleure sur sa propre solitude, l'ancien demandeur d'asile qui accumule les détritus dans sa maison et a déjà perdu ses dents...
Le face à face avec ses congénères le porte à prendre de bonnes résolutions et à relativiser ses propres petites misères mais il poursuit sa prise de risque, même durant son temps de vacances à la saint Jean.
C'est un personnage récurrent qui s'est inscrit dans son époque. Avec ses contradictions, ses manques, ses maladresses, son expérience et sa maturité. Toujours indigné par l'injustice qui touche le plus faible sur une scène de crime.
J'en voudrais d'autres.

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MessageSujet: Re: Henning Mankell [Suède]   Henning Mankell [Suède] - Page 6 EmptyDim 6 Fév 2011 - 16:07

L'homme inquiet

Ce dernier Wallander laisse forcément la sensation d'un manque une fois la dernière page refermée...ce constat d'une finitude reste d'ailleurs en permanence la raison d'être du roman : Mankell insiste encore davantage sur un douleur sourde qui mine ses personnages, interroge les perspectives et les désillusions de chacun, s'accorde des pauses d'introspection en déroulant son intrigue sur un faux rythme, lancinant d'amertume.
La puissance de l'écriture se révèle dans ce lien entre l'intimité et la trame policière, les deux registres s'imbriquant l'un dans l'autre et n'exprimant qu'une seule voix.
Au-delà de la noirceur coutumière du récit, et de l'angoisse d'une désagrégation sociale, Mankell se fie malgré tout à l'impératif d'une transmission...d'où l'impression d'une conclusion nuancée, peut-être un peu forcée en voulant refermer toutes les portes de l'existence de Wallander. C'est mon seul regret.
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MessageSujet: Re: Henning Mankell [Suède]   Henning Mankell [Suède] - Page 6 EmptyMar 5 Juil 2011 - 11:03

Le Cerveau de Kennedy
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Kathel avait lu et aimé, pour moi c'est plutôt moyen.

Ce n’est pas une enquête de Wallander, et donc pas un roman policier à proprement parler, disons qu’il s’agit d’un thriller. En voici brièvement le sujet. Une archéologue suédoise, Louise Cantor, rentre de fouilles en Grèce et trouve son fils de 36 ans mort dans son appartement. La police conclut à un suicide, mais Louise ne veut rien en croire. Louise commence alors un long travail de recherche qui la mènera à découvrir tout un pan de vie qu’elle ignorait de son fils, presque une double vie, tout cela sur fond de SIDA en Afrique et de laboratoires pharmaceutiques peu scrupuleux.
On reste un peu sur sa faim avec ce ‘thriller’ plutôt prévisible, on espère toujours découvrir plus que ce qu’on a déjà deviné, mais cela n’arrive pas vraiment. Il reste plaisant à lire mais sans grand intérêt.
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MessageSujet: Re: Henning Mankell [Suède]   Henning Mankell [Suède] - Page 6 EmptyLun 19 Sep 2011 - 19:12

Le 6 octobre :

Henning Mankell [Suède] - Page 6 Arton210

Citation :
En janvier 2006, 19 membres d’une même famille (les Andrén) sont massacrés à l’arme blanche dans un village isolé du nord de la Suède. La policière Vivi Sundberg penche pour l’acte d’un déséquilibré. Birgitta Roslin, juge à Helsingborg, s’intéresse à l’affaire car les parents adoptifs de sa mère sont parmi les victimes. Elle mène une enquête parallèle. Un ruban rouge retrouvé sur les lieux du crime la met sur la piste d’un mystérieux Chinois qui aurait séjourné la nuit du massacre dans un hôtel voisin, où il a été filmé par une caméra de vidéosurveillance.
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MessageSujet: Re: Henning Mankell [Suède]   Henning Mankell [Suède] - Page 6 EmptyMar 20 Sep 2011 - 11:31

Quoi déjà un nouveau ?
Je me rends compte que je n'ai pas encore lu L'homme inquiet.... Rolling Eyes
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Harelde
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MessageSujet: Re: Henning Mankell [Suède]   Henning Mankell [Suède] - Page 6 EmptyLun 26 Sep 2011 - 15:14

Les Chaussures italiennes

Fredrik Welin vit sur une île de la mer Baltique, en Suède, au Sud de Stokolm. Il y vit seul depuis douze ans. Depuis qu’il a abandonné sa profession de chirurgien orthopédiste. Les journées de Fredrik se suivent et se ressemblent, ponctuées par les saisons, le rythme des marées et du passage de Jansson le facteur (cinq jours sur sept en été et trois seulement en hiver). Il se laisse vivre, et ne fait plus rien de sa vie. Un homme détruit par une catastrophe que le lecteur découvre peu à peu. Mais un jour, la routine est rompue par l’arrivée de son ancienne fiancée qu’il a abandonné 37 ans plus tôt sans même dire au revoir.
Henning Mankell nous fait suivre l’itinéraire d’un homme vieillissant (66 ans au début du livre) et qui a toujours fuit devant les difficultés. Ce n’est pas un homme réellement bien. Il n’assume pas ses erreurs, se retire dans la solitude au moindre problème, est atteint d’une très vilaine curiosité (il a l’habitude de fouiller dans les affaires des autres)… Je n’ai personnellement jamais éprouvé une profonde sympathie pour le bonhomme. Mais il tient méticuleusement un journal dans lequel il ne consigne que les évènements sans importance : la température, l’état de la glace l’hiver… Si bien que le lecteur plonge rapidement dans l’ambiance âpre de la Scandinavie. Atmosphère austère et quelque peu envoutante dans ce récit de la reconstruction d’un homme en marche vers la rédemption.
Un livre agréable qui a toute fois su éviter le happy end gentillet que j’ai crains un instant de voir s’imposer.
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MessageSujet: Re: Henning Mankell [Suède]   Henning Mankell [Suède] - Page 6 EmptyMer 28 Sep 2011 - 8:24

Les chaussures italiennes

Depuis douze ans, Fredrik Wellin vit sur une île suédoise, dans la maison qui appartenait autrefois à ses grands-parents, perdu au milieu de la glace et de la neige. Son seul contact avec le monde extérieur est le facteur, qui vient trois fois par semaine dans son hydravion, n'apportant jamais aucun courrier. Pour cet ancien chirurgien, cet isolement glacé est sa protection face à la vie qu'il a voulu fuir, parce qu'il y a douze ans justement, une catastrophe est survenue. Il observe les oiseaux, nourrit son chat et son chien, note d’anodins petits faits quotidiens dans son journal, et la vie passe ainsi… Au moins elle ne risque pas de le blesser.

«
Citation :
Dans les villes, on ne voit plus les étoiles, c'est pour ça que j'habite ici. Quand j'étais en ville, le silence me manquait, mais plus encore la lumière des étoiles. Je ne comprends pas comment personne ne s'aperçoit que nous avons dans ce pays des ressources naturelles fantastiques qui n’attendent que d'être exploitées. Qui vend le silence comme on vend le bois ou le fer ?
Je comprenais ce qu'elle voulait dire. Pour beaucoup de gens, le silence, la nuit étoilée, peut-être aussi la solitude n'étaient plus des biens accessibles. J’ai pensé que Louise me ressemblait peut-être, malgré tout. »

Mais Hariett, un amour de jeunesse qu'il avait autrefois abandonnée dans des circonstances pas très flatteuses pour lui, vient le sortir de sa retraite paresseuse. Il va lui falloir se confronter au monde, à la réalité, aux émotions qui font que la vie est à la fois heureuse et douloureuse,. Elle est sacrément décidée, Hariett, malgré son cancer en phase terminale et son déambulateur…

Ce retour au monde l'amène à des rencontres. Des femmes (sur lesquelles je ne dirai pas plus), qui contrairement à lui, ont choisi leur destin, ont trouvé à se protéger autrement que dans le retrait.

Citation :
« - Pourquoi n'y a-t-il personne de normal ici ? Pourquoi tous les gens sont-ils si étranges ? (…)
- Il n'y a pas de gens normaux. C'est une fausse image du monde, une idée que les politiques veulent nous faire avaler. L’idée que nous ferions partie d'une masse infinie de gens ordinaires, qui n'ont ni la possibilité ni la volonté d'affirmer leur différence. Le citoyen lambda, l'homme de la rue, tout ça - c'est du flan. Ca n' existe pas. C'est juste une excuse que se donnent nos dirigeants pour nous mépriser. »

Il apprend qu'on peut exister sans fuir la responsabilité et les sentiments. Quoique fasciné par ce qu'il rencontre, il adopte une fois de plus sa technique favorite de la fuite, pour se retrouver à nouveau seul, isolé dans son île, décontenancé, mais tenté cette fois-ci par le monde extérieur

Citation :
« Comment j'allais me débrouiller avec ma vie, après tout ce qui s'était passé, je n'en avais aucune idée.
Là, tout à coup, sur la jetée, j'ai fondu en larmes. Chacune de mes portes intérieures battait au vent, et ce vent, me semblait-il ne cessait de gagner en puissance. »
Et ce monde auquel il s’est confronté le rattrape peu à peu, des liens se tissent, douloureux ou réconfortants, mais au moins des liens sont là, des chemins se présentent, des décisions sont à prendre. Il est confronté à la vie, à la souffrance et à la mort, c'est peut-être douloureux mais il redevient maître de ses choix.

Citation :
« J'ai vu ma vie.
J'étais parvenu à ce point de l'existence. Il restait peut-être un ou deux carrefours en perspective, mais pas beaucoup plus. Et pas beaucoup de temps. »

Les personnages de Henning Mankell refusent tous notre monde moderne et violent, chacun à sa façon. Fredrik n'est pas le plus adroit, ni le plus sympathique, c'est un perdant, un rustre déboussolé, auquel les femmes ouvrent peu à peu les yeux. Ce livre nous parle de lâcheté, du pardon, de la solitude et de la mort. D’un certain cheminement que l'on peut faire pour se réconcilier avec soi-même, sans pour autant devenir un héros et trouver des solutions à tout. Pas forcément trouver la paix, mais souffrir un peu moins, s’ouvrir à l'autre. La nature sauvage est un refuge, une nourriture pour l’homme égaré. Fredrik a trouvé ce bout du monde perdu dans les glaces, cette maison de l'enfance qu’il croyait être un rempart face a ses propres vérités. Il a bien failli se perdre lui-même ; les femmes déterminées qu'il rencontre lui montreront qu’un rapprochement est possible avec lui-même et les autres. Malgré les erreurs, malgré la douleur de vivre parfois, il faut savoir accueillir des émotions autres que celles du vent qui passe. La vie reste une impasse mais on aura su la rendre plus légère.

Les chaussures italiennes est le roman d'éducation d'un homme adulte, qui a failli, s'est puni lui-même, mais va entrer dans la vieillesse après que des femmes l’aient non pas sauvé, mais apaisé.
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MessageSujet: Re: Henning Mankell [Suède]   Henning Mankell [Suède] - Page 6 EmptyMer 28 Sep 2011 - 8:26

Les chaussures italiennes

Citation :
« Des promesses, a-t-elle dit, on n'en reçoit tant. On s'en fait à soi-même. Les autres nous en font. On a les politiciens qui nous parlent d'une vie meilleure pour les vieux, d'un hôpital où personne n'aura plus d’escarres ; on a les banquiers qui nous promettent des intérêts plus élevés, les produits qui nous promettent de perdre du poids, les crèmes qui nous promettent une vieillesse avec moins de rides. Vivre, au fait, ce n'est jamais qu'avancer dans son petit bateau au milieu d'un flot de promesses variées à l'infini. »

Citation :
« La chienne dormait. La chatte était dehors, au clair de lune. Je suis allé dans la pièce où se trouve encore le métier à tisser de ma grand-mère avec, dessus, un tapis de lirette inachevé. Il n'y a pas d'image plus nette à mes yeux : la mort ressemble toujours à ça. Quel que soit le moment où elle vient, elle dérange. Comme nos vies, ce tapis ne sera jamais achevé. »

Que me conseillez vous pour poursuivre avec Mankell, dans son versant non-policier?
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MessageSujet: Re: Henning Mankell [Suède]   Henning Mankell [Suède] - Page 6 EmptyMer 28 Sep 2011 - 8:48

Je te conseille "Le fils du vent", un roman africain, très beau et très dur.
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