shanidar Abeille bibliophile
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| Sujet: Théo Ananissoh [Togo] Dim 27 Juin 2010 - 19:31 | |
| - Citation :
- Théo Ananissoh est un écrivain togolais, né en 1962 en Centrafrique. À l'âge de 12 ans, fuyant Bokassa, il rejoint le Togo. En 1986, il se rend à Paris pour y suivre des études de lettres. Il obtient une Maîtrise de Lettres Modernes et un doctorat en Littérature Générale et Comparée à l'université Paris III - Sorbonne Nouvelle. De 1991 à 1994, il enseigne le français dans des collèges de l'académie de Versailles. De 1996 à 2001, l'université de Cologne, en Allemagne, l'engage pour enseigner la littérature africaine francophone. Il vit depuis près de Düsseldorf.
source Un reptile par habitant (continents noirs-Gallimard) Le roman d' Ananissoh est un roman policier assez court (106p.), qui se lit d'une traite et que je vous conseille d'emmener à la plage, en cette période estivale. L'histoire tient en une intrigue plutôt concise : Narcisse est appelée par l'une de ses innombrables maîtresses, sur le carrelage d'Edith il découvre le corps de Katouka, qui était comme le vice-président du pays... Narcisse s'enfuit, mort de peur mais le sous-préfet (lui aussi amant d'Edith) le force à enterrer le corps et éloigner la voiture de Katouka. Ce roman dont on nous promet " un admirable suspense serti d'érotisme" se réduit en réalité à peu de choses et n'a d'intérêt que dans ces dernières pages (vous me direz que le propre d'un roman policier est de se finir par un coup de théâtre, ou au moins une scène finale qui dévoile le tueur). Certes, mais ici il ne s'agit pas de cela, comme si l'intrigue, pas franchement folichonne, ni les personnages (plutôt légers voir inconsistants), n'offent au lecteur que peut d'attrait, non, il semblerait que le but du livre tienne dans le discours produit par l'un des personnages à la fin du récit. Un discours très intéressant sur le rôle de l'Africain dans l'histoire (comme une réponse à un certain président...), un discours qui invite le peuple africain à devenir acteur de son histoire, acteur de ses désirs, de ses révoltes, de son passé. Dans la lignée d'un Jean Ziegler qui est convaincu que c'est seulement lorsque les peuples du sud feront une relecture/appropriation de leur passé, qu'ils pourront enfin devenir les acteurs de leur présent, Ananissoh dévie la haine séculaire du noir contre le blanc, en haine du noir contre le noir (du noir moderne contre le noir ancien, asservi, sans esprit, inconscient de son existence). Dommage que ses pages soient si courtes car elles laissent un goût d'inachevé... | |
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