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| Andrée Chedid | |
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+6Cassiopée zazy MartineR coline swallow mimi54 10 participants | |
Auteur | Message |
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coline Parfum livresque
Messages : 29369 Inscription le : 01/02/2007 Localisation : Moulins- Nord Auvergne
| Sujet: Re: Andrée Chedid Jeu 30 Aoû 2012 - 17:34 | |
| Pour ré-écouter la voix et les mots d'Andrée Chédid: Une anthologie parlée. Un regard démesuré.
franceculture.fr/personne-andree-chedid]France Culture
C'est un rendez-vous radiophonique pour le moins déroutant que présente France Culture. Pour son émission La poésie n'est pas une solution, Franck Smith présente une anthologie parlée d'Andrée Chedid sur France Culture, à travers un recueil d'entretiens de la poétesse puisés dans les archives sonores de l'INA puis assemblés comme une longue discussion post-mortem. Andrée Chedid évoque son parcours, décline son processus de création et son rapport au verbe égrainant ses sources d'inspirations. Disparue le 6 février 2011, la romancière d'origine libanaise est la mère de Louis Chedid et la grand-mère du chanteur Mathieu Chedid pour qui elle a écrit la chanson Je dis aime...
L'émission démarre sur cette complicité transgénérationnelle. Elle partageait avec son petit-fils ce goût pour l'effervescence des mots conjugués aux maux existentiels. Une de ses chansons rend hommage à cette grand-mère pygmalion : Délivre, extrait de l'album Mister Mystère s'étire entre deux entretiens, comme une complainte. Romancière et poètesse née au Caire, elle s'installe à Paris en 1946. « Le désir d'être ailleurs m'a hanté très jeune... l'errance est indispensable pour un écrivain », ajoute-t-elle. Ses nombreux écrits questionnent la condition humaine, les liens entre l'homme et la marche du monde. Pour résumer son attachement viscérale à la poésie, elle cite Saint-John Perse : « A la question posée pourquoi écrivez-vous... il répondait « pour mieux vivre »... et c'est ainsi que je le ressens ».
Les entretiens s'enchaînent, entrecoupés d'extraits de ses textes et de musiques. On se laisse bercer par les mots à fleur de peau de cette grande dame jusqu'au terme de cette anthologie parlée passionnante, à poursuivre au fil des pages de ses livres. Source | |
| | | Cassiopée Main aguerrie
Messages : 347 Inscription le : 28/07/2011 Localisation : France
| Sujet: Re: Andrée Chedid Jeu 30 Aoû 2012 - 20:42 | |
| L’espérance
J’ai ancré l’espérance Aux racines de la vie
Face aux ténèbres J’ai dressé des clartés Planté des flambeaux A la lisière des nuits
Des clartés qui persistent Des flambeaux qui se glissent Entre ombres et barbaries
Des clartés qui renaissent Des flambeaux qui se dressent Sans jamais dépérir
J’enracine l’espérance Dans le terreau du cœur J’adopte toute l’espérance En son esprit frondeur.
Andrée Chedid
Demain, pré rentrée à l'école... Dans leur pochette individuelle, mes enseignantes vont trouver ce poème... | |
| | | zazy Sage de la littérature
Messages : 2492 Inscription le : 19/03/2011 Age : 75 Localisation : bourgogne
| Sujet: Re: Andrée Chedid Jeu 30 Aoû 2012 - 22:18 | |
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| | | coline Parfum livresque
Messages : 29369 Inscription le : 01/02/2007 Localisation : Moulins- Nord Auvergne
| Sujet: Re: Andrée Chedid Ven 31 Aoû 2012 - 13:55 | |
| - Cassiopée a écrit:
- L’espérance
J’ai ancré l’espérance Aux racines de la vie
Face aux ténèbres J’ai dressé des clartés Planté des flambeaux A la lisière des nuits
Des clartés qui persistent Des flambeaux qui se glissent Entre ombres et barbaries
Des clartés qui renaissent Des flambeaux qui se dressent Sans jamais dépérir
J’enracine l’espérance Dans le terreau du cœur J’adopte toute l’espérance En son esprit frondeur.
Andrée Chedid
Demain, pré rentrée à l'école... Dans leur pochette individuelle, mes enseignantes vont trouver ce poème... Un beau message pour une pré-rentrée... | |
| | | coline Parfum livresque
Messages : 29369 Inscription le : 01/02/2007 Localisation : Moulins- Nord Auvergne
| Sujet: Re: Andrée Chedid Sam 16 Fév 2013 - 15:41 | |
| Les saisons de passage
« Nos saisons de passage vont, viennent, apparaissent puis disparaissent, périssent puis ressuscitent. Saisons de l’existence, des passions, du regard, des ténèbres ou de la joie… Tous ces instants pêle-mêle incisent le tissu du passé. Réalité et imaginaire s’entrelacent. »
Dans ce livre écrit après la mort de sa mère à 96 ans, Andrée Chédid lui rend pudiquement un tendre et émouvant hommage . Alice Godel*. Une femme magnifique, élégante, de culture limitée mais intelligente, indépendante, fantasque parfois… Andrée Chédid cependant ne fait pas l’hagiographie de sa mère. Elle met en évidence aussi des éléments de caractères très forts dont elle eut à se protéger. Mais Alice Godel fut douée d’un appétit extraordinaire pour la vie et le bonheur. Parce que « vivre, malgré tout, c’est si beau ! ». Et sa vie, jusqu’au bout, elle aura cherché à l’enchanter toujours, malgré ses angoisses devant la vieillesse et la mort. Ses angoisses qu’elle masquait pudiquement.
« Ai-je assez mesuré la peine qu’elle prenait pour ne pas alourdir ou entraver nos existences ? L’effort qu’elle s’imposait pour adopter ce ton assuré, réconfortant ? Ai-je assez apprécié le souci, l’attention soutenue que cela lui causait ? Ai-je assez reconnu le courage qu’elle déployait pour cacher cette détresse intime attachée à l’acte de vieillir ? » se demande Andrée Chédid.
Les souvenirs reviennent, sans aucun ordre chronologique. Parfois, dans le visage et les attitudes de la vieille dame, transparaît encore la belle et vive jeune femme qu’elle fut. Remontent les souvenirs… Andrée Chédid évoque les lieux (L’Egypte, Paris) où elle partagea le temps de celle qui fut une mère, et plus encore qu’une mère, une « compagne » à qui elle doit beaucoup. Surtout, dit-elle, « cet esprit d'indépendance semé en moi comme un germe, de femme à femme. »
Les souvenirs sont ce qu’ils sont…On les voudrait fidèles mais ils ont été marqués par la force des émotions et de l’imaginaire. « C’est vaste, un être humain, indéchiffrable. Inattendu. On croit le saisir à travers mots et jugements, le façonner à la mesure de nos récits. Subitement, le voilà ailleurs ! Il nous devance sur des chemins imprévisibles ; raille notre outrecuidance, nos prétentions à le fixer en tel lieu, telle circonstance, tel chagrin ou telle joie. Lorsque je crois t’étreindre, tu te dégages. Quand je te détermine, tu t’esquives. Si je t’enclos dans un souvenir, tu décampes. Quand je t’amarre à une page, tu fugues, tu t’en échappes, tu me nargues. Tout cela me trouble ; mais me conforte en même temps. C’est ainsi que je te souhaite : insaisissable, autonome, au large de toute définition. »
Andrée Chédid parle de sa mère, mais elle évoque aussi la discrétion de son père, « quelqu’un qui s’écarte de toutes les avant-scènes et se retire de la parade sur la pointe des pieds. ». Est présent également le brillant second mari d’Alice Godel, elle qui osa, chose incroyable à l’époque, divorcer ! Pour un cardiologue, philosophe, helléniste et passionné des Indes.
Et sans vraiment le vouloir, c’est aussi d’elle que l’auteur parle, tout en nostalgie douce et poétique. De ce qu’elle a reçu, de ce qu’elle a voulu transmettre. D’elle arrivée déjà, au moment où elle écrit, à l’âge de la vieillesse : « Ces plages de bonheur dont on prévoit le crépuscule ; cette heure ensoleillée sur laquelle plane la chape grise. J’échappe de moins en moins aux chouettes du temps, celles qui tissent en sourdine notre habit de vieillesse. »
« Peut-on s’en consoler ? Il nous reste à changer de vitesse, à convertir notre regard ; à tenter de rejoindre cet autre soi avec lequel nous voisinions par moments. Cet autre soi qui se rythme, loin des années, à l’autre versant de nous-mêmes. Cet autre soi plus intime, plus libéré, au revers de tous nos miroirs. » Un très beau et touchant portrait de femme… ou plutôt de femmes… mère et fille liées tendrement, indépendantes et proches sur « leurs propres et dissemblables chemins », fortes, différentes, opposées parfois mais sans rancune ni amertume et sachant l’essentiel : au cours de nos toutes nos saisons de passages : « Aimer la moindre chose, c’est ça le salut. Le seul ! »
•Des poèmes d’Alice Godel ont été publiés en 1981 et 1985 : L’aube ne ressemble pas à l’aube et L’Aube (éditions Cahiers des Brisants).
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| | | zazy Sage de la littérature
Messages : 2492 Inscription le : 19/03/2011 Age : 75 Localisation : bourgogne
| Sujet: Re: Andrée Chedid Jeu 21 Mar 2013 - 22:47 | |
| J'ai terminé "message". Qu'est-ce que j'aime lire les ouvrages de cette auteure !!! Tandis qu’elle avançait à grands pas la jeune femme sentit soudain, dans le dos, le point d’impact de la balle. Un mal cuisant, aigu, bref. Il lui fallait à tout prix arriver à l’heure dite. La rue était déserte. Elle continua sa marche, comme si rien ne s’était passé. L’illusion ne dura guère. Dès le début, nous sommes au cœur du sujet. Marie court rejoindre Steph à l’entrée d’un pont, comme s’il leur fallait passer de l’autre côté, sur l’autre rive, celle d’une nouvelle vie. Ils s’aiment et osent enfin se le dire en face. Dans une avenue vide, Marie est fauchée par une balle dans le dos, tirée par on ne sait qui. Anton et Anya s’enfuient de leur immeuble, mais devant la détresse de Marie, Anton va veiller sur elle alors qu’Anya va au rendez-vous. La trame est simple : Unité de lieu, peu de personnages, c’est une tragédie antique qui se joue. Le lieu est indéfini, ce pourrait n’importe où dans le Sud, l’écriture se fait patiente, douce, baignée dans le soleil qui les brûle, comme les mots d’Anton et Anya pour soutenir Marie jusqu’à l’arrivée de Stéphane. Je les soutiens dans la lente agonie de la jeune femme, dans son désir de vivre jusqu’à l’arrivée de son amour, moi aussi, je l’espère. Steph se voit dans les deux silhouettes Il leva les yeux vers Anton et sa femme, tous les deux debout à une certaine distance se tenaient par la main et les regardaient. Il eut soudain l’impression de se refléter dans ce couple, qu’ils auraient pu devenir, si la vie leur en avait laissé le temps. Anya se retrouve dans Marie lorsqu’elle court à la recherche de Steph : Anya dévore l’espace, dévore le temps. Ses rides se dissipent, ses mains se lissent, ses cheveux ne sont plus gris mais châtains. Son cœur s’électrise, s’enflamme. A-t-il jamais cessé de brûler ? Gorgio, franc-tireur, peut-être celui qui a blessé mortellement Marie est un jeune homme de 20 ans tout au plus (un gamin pour moi) « sa bouche esquisse une moue enfantine, presque tendre » « Gorgio et sa mitraillette ne faisait plus qu’un ! Elle avait métamorphosé son existence » Ange déçu ou déchu ? Il s’est enrôlé dans le camp adverse des siens, vit en haut d’un immeuble déserté, dans un appartement bourré de livres qu’il feuillette pour en extraire des phrases complètes qu’il note sur un carnet qui ne le quitte jamais. Pour lui, la guerre n’a pas de visage puisqu’il vise et tire du haut de son « bunker » « Ayant décidé une fois pour toutes que ceux qui passaient dans cette rue étaient des ennemis, ou du moins des adversaires, Gorgio n’éprouvait aucun scrupule à les descendre, il en ressentait plutôt de la fierté. Ennemi de qui ou de quoi ? Il préférait ne pas trop s’interroger à ce sujet. ». Découvrant le visage de Marie, la guerre prend un autre sens pour lui, mais la rédemption est trop tardive. Dans ce livre, Andrée Chedid démontre l’inanité, l’absurdité de la guerre. Des chapitres courts, une écriture nerveuse, sèche, sans fioriture sauf lorsqu’elle parle de l’amour. Tous les personnages de ce drame sont le noir ou le blanc : l’amour perdu et l’amour toujours, la jeunesse et la vieillesse, l’ange et le guerrier, la tendresse et la dureté. La poésie, pour mon plus grand plaisir, est encore et toujours présente dans ce livre. Un livre court mais intense que j’ai aimé lire et que j’aurais aimé garder | |
| | | shéhérazade Agilité postale
Messages : 926 Inscription le : 01/11/2009 Age : 41
| Sujet: Re: Andrée Chedid Mer 10 Avr 2013 - 16:34 | |
| Je suis en plein dans Les saisons de passage et c'est beau que c'est beau ! J'ai envie de noter toutes les phrases, de toutes les relever !! Ce livre est une merveille !! | |
| | | GrandGousierGuerin Sage de la littérature
Messages : 2669 Inscription le : 02/03/2013
| Sujet: Re: Andrée Chedid Mer 10 Avr 2013 - 17:18 | |
| Merci à shéhérazade de m'avoir donné envie de parcourir ce fil !
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| | | unmotbleu Sage de la littérature
Messages : 1329 Inscription le : 08/03/2013 Age : 65 Localisation : Normandie Rouen
| Sujet: Re: Andrée Chedid Mer 10 Avr 2013 - 21:31 | |
| Ah oui! Andrée Chédid... je n'y pensais pas. je vais tout de suite ajouter "les saisons de passage" et "le message" à ma LAL. quelle bonne idée d'avoir déroulé ce fil! je m'aperçois que je n'ai jamais lu aucun de ses livres. je vais me rattraper | |
| | | zazy Sage de la littérature
Messages : 2492 Inscription le : 19/03/2011 Age : 75 Localisation : bourgogne
| Sujet: Re: Andrée Chedid Mer 10 Avr 2013 - 22:03 | |
| unmotbleu, parfum sert à nous faire connaître des auteurs, des livres. C'est une mine incroyable | |
| | | coline Parfum livresque
Messages : 29369 Inscription le : 01/02/2007 Localisation : Moulins- Nord Auvergne
| | | | zazy Sage de la littérature
Messages : 2492 Inscription le : 19/03/2011 Age : 75 Localisation : bourgogne
| Sujet: Re: Andrée Chedid Sam 13 Avr 2013 - 22:13 | |
| Coline, tu prêches une convertie !!! | |
| | | coline Parfum livresque
Messages : 29369 Inscription le : 01/02/2007 Localisation : Moulins- Nord Auvergne
| Sujet: Re: Andrée Chedid Dim 14 Avr 2013 - 20:53 | |
| - zazy a écrit:
- Coline, tu prêches une convertie !!!
Oui, j'avais remarqué! | |
| | | swallow Sage de la littérature
Messages : 1366 Inscription le : 06/02/2007 Localisation : Tolède. Espagne.
| Sujet: Re: Andrée Chedid Sam 6 Juil 2013 - 9:18 | |
| FOUILLES. Fouiller les sols Jusqu´à saisir leur âme Se déplacer dans l´espace De notre terre Face à l´infini cosmos Se mouvoir d´un lieu À l´autre Faire face à l´énigme Dans sa complexité Épouser ses silences Découvrir ses replis Plonger dans ses secrets Accéder au mystère. Andrée Chedid- L´Étoffe de l´univers. | |
| | | coline Parfum livresque
Messages : 29369 Inscription le : 01/02/2007 Localisation : Moulins- Nord Auvergne
| Sujet: Re: Andrée Chedid Sam 6 Juil 2013 - 12:17 | |
| Andrée Chédid, j'aime beaucoup parce que je le ressens aussi fortement, est très imprégnée des lieux et de l'espace...
La moelle des villes
S’enfoncer dans l’étau d’une ville Longer les parois de sa nuit Marcher sur sa membrane d’asphalte Avancer sous la dalle de son ciel Arpenter ses méandres Tressaillir de son cri
Forer l’os des solitudes Se heurter au mutisme des seuils Frôler l’arbre aux aguets
Se glisser dans la texture Des pierres Pénétrer la trame Des murailles S’imprégner des noces Du fleuve et des pavés
Débusquer ses lueurs Puiser sources sous son gravier Faire émerger la Ville De ses suaires
S’infiltrer dans sa moelle Lui faire jour Se faire jour !
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| Sujet: Re: Andrée Chedid | |
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| | | | Andrée Chedid | |
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