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Parfum de livres… parfum d’ailleurs
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Messages : 16258 Inscription le : 28/06/2010 Age : 33 Localisation : Thonon
Sujet: Re: Art brut Ven 24 Juin 2011 - 21:05
Des peintures de Gaston Chaissac :
Sans titre, 1944
Sans titre, 1938
Sans titre, 1957
On le voit ci-dessous photographié par Robert Doisneau en 1952 :
« Les tableaux abstraits de Chaissac révèlent un peintre qui sait manier les lignes et les couleurs avec une parfaite maîtrise. Mais ils sont peu nombreux dans une œuvre vouée tout entière à l’expression de la vie précaire. C’est de ce Chaissac-là que Dubuffet s’est emparé au début des années 60 lorsqu’il a commencé à peindre la longue série de l’Hourloupe. Chaissac, quand il en vit les premiers tableaux, crut à un canular ou à un hommage que désirait rendre un ami proche. Puis, comme la série ne cessait de croître et d’embellir, lui le naïf trop confiant, devint fou de rage d’être ainsi dépouillé de son bien. »
Et ci-dessous, quelques extraits de la fameuse série de l'Hourloupe :
krys Sage de la littérature
Messages : 2093 Inscription le : 06/09/2009 Age : 65 Localisation : sud ouest
Sujet: Re: Art brut Ven 24 Juin 2011 - 21:17
le portrait du milieu est excellent
colimasson Abeille bibliophile
Messages : 16258 Inscription le : 28/06/2010 Age : 33 Localisation : Thonon
Sujet: Re: Art brut Ven 24 Juin 2011 - 22:00
krys a écrit:
le portrait du milieu est excellent
Surtout quand on le compare aux "originaux"
kenavo Zen Littéraire
Messages : 63288 Inscription le : 08/11/2007
Sujet: Re: Art brut Sam 25 Juin 2011 - 9:47
Else Blankenhorn (1873 - 1921) est une artiste-peintre allemande du XIXe siècle, internée en asile psychiatrique.
Ses toiles sont considérées comme ayant influencé la peinture moderne, et notamment le peintre expressionniste allemand Ernst Ludwig Kirchner
source: wikipedia
colimasson Abeille bibliophile
Messages : 16258 Inscription le : 28/06/2010 Age : 33 Localisation : Thonon
Sujet: Re: Art brut Dim 26 Juin 2011 - 21:05
Antonio Ligabue:
« Antonio Ligabue s’est inséré dans l’art et la culture de notre siècle en se désintéressant totalement de l’un et de l’autre. »
Antonio Ligabue pris en photo pour son permis de conduire
« Il était d’une malpropreté légendaire et, s’étant inventé une origine aristocratique qu’un nez aquilin aurait, à son avis, confirmée, il blessait le sien à coups de pierre afin de le rectifier. Il se blessait aussi le front et les tempes, siège des forces mauvaises, de telle sorte que son visage sans cesse sanguinolent effrayait. Il en était conscient, et avait peur de la peur que les femmes ressentaient à son égard, les fuyant pour qu’elles n’aient pas à le fuir. Marzio Dall’Acqua, son meilleur biographe, voit dans le comportement de Ligabue une attitude magique. Son corps malodorant incrusté de mucus et de crasse était, selon lui, le garant de ses forces actives qu’il se devait de sauvegarder ; la salive qu’il mêlait à sa peinture avait pour but de conjurer le sort et, en s’automutilant, à la fois bourreau et victime, il provoquait chez les autres la haine, la répulsion, le dégoût qui avaient la valeur d’un acte sacrificiel. »
Autoportrait, avant 1965
« Au commencement était l’œil. Et il en allait semblablement pour toute figure. L’image se construisait autour de ce centre. L’œil en tant que principe générateur, soleil, lumière absorbée et projetée. Sur l’iris, notamment dans les portraits, Ligabue inscrivait toujours une tache blanche, reflet de cette lumière : une tache qui paraissait parfois avaler la pupille. Des yeux faits pour magnétiser, exorciser, bloquer la réalité : épouvantés, agressifs, impérieux, secs, supprimant tout écart entre regard animal et regard humain, pleins d’un émerveillement attentif. Leur vie et leur inquiétude secrète animent les muscles des traits, donnent quelque épaisseur à toute fibre. Des yeux qui ne lâchent point le spectateur, quasiment en trompe-l’œil, et nullement par goût du baroque, mais pour qu’ils dominent tout dans la toile. » Marzio Dall’Acqua
Lion, avant 1965
Autoportrait avec un chien, avant 1965
Portrait d’Elba, avant 1965
Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
Sujet: Re: Art brut Dim 26 Juin 2011 - 23:42
Henry Darger
Un artiste dont la vie et l'oeuvre pourraient faire un film passionnant. Il existe d'ailleurs un DVD documentaire assez complet:
Citation :
Henry J. Darger, né le 12 avril 1892 et mort le 13 avril 1973 fut un écrivain et peintre américain.
Sa principale œuvre, composée tout au long de sa vie de solitude, est un récit épique illustré de 15 143 pages appelé The Story of the Vivian Girls, in What is known as the Realms of the Unreal, of the Glandeco-Angelinnian War Storm, Caused by the Child Slave Rebellion. Il y raconte la violente guerre entre les Angéliques et les Hormonaux. Plus de 300 compositions (aquarelle, dessins, collages) l'accompagnent et le complètent, donnant naissance à une œuvre graphique unique et originale, proche de l'Art brut ou outsider Art.
La découverte de cette oeuvre a été très immédiatement postérieure à l'invention par le critique d'art new-yorkais Roger Cardinal du concept du "Outsider Art".
Sa biographie peu banale:
Citation :
Henry J. Darger voit le jour le 12 avril 1892. Sa mère meurt lorsqu’il a quatre ans.
Du témoignage même de Darger, il fut bien traité par son père avec lequel il vécut jusqu'en 1900. Dans les temps précédents sa mort, ce dernier était trop faible pour s'occuper de son fils qui est pris en charge par l'établissement catholique qu'il fréquentait alors. Son comportement perturbe ses camarades qui ne tardent pas à le traiter de fou. Il parle seul, de manière irrépressible et inopinée. Il est probablement affecté par le syndrome Gilles de la Tourette. Persuadé d'avoir un don lui permettant de savoir quand les adultes lui mentent, il se montre très rétif à toute forme d'autorité. Sa pratique ponctuelle mais récurrente de l'onanisme en public (self-abuse comme le diagnostiquent pudiquement les docteurs qui l'examinent) finira par le faire interner en 1905. Il séjournera plus de 7 ans à l'Institut Lincoln (Illinois), réputé pour la sévérité des traitements que les internés y reçoivent. Il tenta de s’en évader à plusieurs reprises. C'est lors d'une de ces fugues, en 1908, qu'il est témoin d'une puissante tornade qui ravage alors le Comté de Brown dans l'Illinois. Ce cataclysme laisse des traces prégnantes dans l’imaginaire de Darger comme en témoigne le motif récurrent de la tempête à l’intérieur de ses tableaux.
À 16 ans, lors de sa troisième tentative d'évasion, il parvient à regagner Chicago. Il y trouve l'aide et le réconfort de sa marraine. Elle lui trouve un emploi de portier dans un hôpital catholique où il travaillera jusqu'à sa retraite, en 1963. Il commence alors à régler sa vie selon un emploi du temps immuable. Catholique dévot, il assiste à la messe jusqu'à cinq fois par jour. Il collectionne pour les amasser des détritus de toutes sortes (jouets, figurines religieuses, images de saints, chaussures, pelotes de ficelles, magazines et bandes-dessinées). Il consignait quotidiennement, dans un journal, l'état de l'atmosphère et les erreurs commises par les météorologues dans leurs prévisions. Cette vie de réclusion et de solitude est à peine infléchie par la seule amitié qu'on lui ait jamais connue et qui le lie à William Scholder. Tout deux s'investissent dans des œuvres de charité dédiées aux enfants abandonnés ou maltraités. Scholder décède en 1959.
De 1930 à 1973, Darger occupe la même chambre à Chicago, au 851 W Webster Avenue, non loin du Lincoln Center Park, dans le quartier de North Side. C'est là qu'il se consacre secrètement à l'écriture et à la peinture. Personne ne sait combien de temps lui ont demandé la composition de son œuvre. Outre les royaumes de l'irréel, il a rédigé son autobiographie (L'Histoire de ma vie, 5084 pages). Ce n’est qu’après sa mort que l’œuvre à laquelle il avait travaillé toute sa vie fut découverte. En 1973, Nathan et le Kiyoko Lerner, les propriétaires de l’appartement loué par Darger, mettent au jour les réalisations de l’artiste. Lerner est un photographe accompli et reconnu, ayant notamment travaillé pour le New York Times. Il perçoit immédiatement l'intérêt du travail de son locataire et se charge de créer une fondation destinée à mettre ce fonds en valeur. Il aidera beaucoup à la réalisation du documentaire de Jessica Yu sur la vie et l'œuvre de Darger.
Henry Darger est inhumé au cimetière All Saints de Des Plaines (Illinois), dans le carré réservé aux personnes âgées des petites sœurs des pauvres. Sur sa pierre tombale, il est décrit comme un artiste et un « protecteur des enfants ».
Une oeuvre au croisement d'Alice au pays des Merveilles et d'épisodes bibliques où des petites filles souvent nues sont menacées par des forces maléfiques. Il y a quelque chose d'un peu scabreux dans cet univers mais il a inventé un monde étrangement fascinant. J'aurais bien vu David Lynch s'intéresser à cet artiste... Il faudrait lui souffler.
Bande annonce du DVD:
Il a même sa chanson: The Ballad of Henry Darger de Natalie Merchant
Who'll save the poor little girl? Henry Darger Henry Darger
Who'll save the poor little girl? O, Henry...
Who'll tell the story of her? Henry Darger Henry Darger
Who'll tell it all to the world? O, Henry...
Who'll buy the carbon paper now? Henry Darger Henry Darger
Who'll trace the lines of her mouth? O, Henry...
Who will conquer foreign worlds Searching for the stolen girls?
Princesses you'll never fear The patron saint of girls is here!
Who will draw the calvary in Risk his very own precious skin To make our Angelinia a free and peaceful land again?
Henry
Who'll love a poor orphan child? Henry Darger Henry Darger
Lost, growing savage and wild? O, Henry O, Henry O, Henry
colimasson Abeille bibliophile
Messages : 16258 Inscription le : 28/06/2010 Age : 33 Localisation : Thonon
Sujet: Re: Art brut Lun 27 Juin 2011 - 20:58
Très intéressante ta présentation d'Henry Darger, Marko ! Je ne connaissais pas...
Adolf Wölfli :
« L’un des artistes malades mentaux les plus célèbres est, à juste titre, Adolf Wölfli, peintre, écrivain, poète et musicien. Outre ses textes en prose, ses poèmes et ses partitions musicales qu’il était seul capable de déchiffrer, il produisit, pendant plus de vingt ans, des dessins aux crayons de couleur d’une invention constante qu’il accompagnait, au verso, d’une notice explicative. »
Adolf Wölfli, devant la pile de ses cahiers autobiographiques
« La vision du monde –ou « des » mondes- de Wölfli est la démesure, on le constate dans ses textes en prose, où tout ce qu’il décrit est gigantesque. Il dit avoir vu dans ses voyages des falaises de plus de 350 lieues de haut, 25 millions de lieues de long et 900 000 lieues de large, ainsi que la grande caverne de l’univers longue de 24 millions de lieues, large de 500 000 lieues et haute de 250 000 lieues. Il parle aussi d’arbres dont le tronc a un diamètre de 12 000 lieues et dans la frondaison desquels poussent plusieurs trillions de fruits d’une taille si monumentale qu’y prennent place « d’innombrables et très-respectables plateaux et terrasses, des caves géantes, des fortifications, des vallées géantes et des vallées transversales, ainsi que d’innombrables villes-géantes ». »
Côte ouest-européenne ou Océan Atlantique, 1911
Cambridge, 1 483 000 âmes, 1910
L’escalier des pauvres diables à Saint-Adolf-Höhn, 1914
Grande grande déesse Regenittia, 1915
A propos de cette œuvre : « [Elle] semble accueillir les bêes du paradis terrestre venues se placer sous sa protection. Il n’y a plus ici ni gigantisme ni démesure, mais un apaisement en même temps qu’une invention touchante, comme si l’œuvre provenait, par-delà les siècles, d’un mystérieux bestiaire médiéval. »
La tour Ysaar. Saint Adolf prisonnier, 1916
Santta-Maria château raisin géant : pesant unitif colère de tonnes, 1915
Pour la petite histoire d’Adolf :
« Au fil des ans, passionné par la création de son œuvre à laquelle il travaillait d’arrache-pied, il put être considéré guéri, si bien que le Dr Morgenthaler lui proposa insidieusement, quelques années avant sa mort, de recouvrir la liberté. Proposition à laquelle Wölfli rétorqua que cela ne se voyait peut-être pas, mais qu’il continuait à être réellement fou et devait, par conséquent, rester interné à Waldau. Sa cellule était devenue son atelier : artiste désormais reconnu, il avait le privilège d’être logé, nourri, blanchi par l’Etat mécène. Pourquoi y aurait-il renoncé ? »
colimasson Abeille bibliophile
Messages : 16258 Inscription le : 28/06/2010 Age : 33 Localisation : Thonon
Sujet: Re: Art brut Mar 28 Juin 2011 - 20:57
August Neter :
« Les médecins diagnostiquèrent un processus schizophrénique aigu avec représentations délirantes dont la principale était une « apparition » qu’il disait s’être produite dans le ciel, près d’une caserne, un lundi à midi, dans la capitale d’une principauté. Cette apparition demeura dans son esprit et il la décrira en des termes identiques à différents moments de sa vie. »
Tête de sorcière, avant 1919
Berger merveilleux, avant 1919
Berger merveilleux, détail
« d’abord, il y avait un serpent à lunettes dressé en l’air, avec des reflets vert et bleu. Puis est venu s’ajouter le pied. Puis l’autre pied. Un navet a servi à le former. A ce deuxième pied est apparue la tête de mon beau-père de M. : la merveille du monde. Le front de l’arbre a été cassé sur le devant, de sorte que la fente a formé la bouche du visage. Les branches de l’arbre ont formé les cheveux. Puis est apparu, entre la jambe et le pied, un sexe féminin, celui-ci casse le pied de l’homme, c’est-à-dire que le péché arrive par la femme et provoque la chute de l’homme… L’un des deux pieds se dresse contre le ciel, ce qui signifie la chute en enfer. Puis est venu un Juif, un berger, ceint d’une peau de brebis. Il y avait de la laine dessus, rien que des W, ce qui veut dire que beaucoup de maux viendront… Ces W ont été transformés en loups ; c’étaient des loups féroces. Et ces loups ont été transformés en brebis : c’étaient des loups déguisés en brebis. Et puis les brebis ont couru autour du berger. C’est moi le berger…le Bon Dieu !... Les loups, ce sont les Allemands, mes ennemis… » August Neter, à propos du Berger Merveilleux
Bombardier, 1915
« Neter est mort à l’institution Rottweil, où il était interné, près de Rottermünster, dans le Wurtemberg, en 1933 ; ainsi, il n’eut pas à subir le sort que les nazis arrivés au pouvoir réservèrent aux malades mentaux, à savoir l’euthanasie, l’assassinat ou la déportation. Le comparant aux surréalistes, et notamment à Max Ernst, le psychiatre Henry Ey écrira : « Je ne connais rien de plus fantastique que cette production. » »
Marko Faune frénéclectique
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Sujet: Re: Art brut Mer 29 Juin 2011 - 13:21
colimasson a écrit:
Adolf Wölfli :
« L’un des artistes malades mentaux les plus célèbres est, à juste titre, Adolf Wölfli, peintre, écrivain, poète et musicien. Outre ses textes en prose, ses poèmes et ses partitions musicales qu’il était seul capable de déchiffrer, il produisit, pendant plus de vingt ans, des dessins aux crayons de couleur d’une invention constante qu’il accompagnait, au verso, d’une notice explicative. »
Je vais aller voir l'expo Wölfli en fin de journée au LAM. Le musée d'art moderne a fait un dossier pédagogique intéressant qu'on peut charger gratuitement ici: Adolf Wölfli
Et en vidéo: Rétrospective au LAM
colimasson Abeille bibliophile
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Sujet: Re: Art brut Mer 29 Juin 2011 - 21:00
Merci pour le lien vers le dossier pédagogique Marko. Et hâte de lire tes commentaires concernant cette exposition
Je reviens un peu sur Aloïse...
Aloïse à l’hôpital psychiatrique de la Rosière à Gimel, en Suisse
« [Aloïse] utilisait se scrayons jusqu’au bout et lorsqu’ils étaient devenus trop courts, en cassait l’enveloppe et réduisait la mine en poudre colorée qu’elle étendait du bout des doigts. Elle avait recours aussi, afin d’obtenir des transparences, à des sucs de pétales et de feuilles qu’elle trouvait dans le parc de l’asile. Il lui arrivait également d’utiliser de la pâte dentifrice et, durant les dernières années, des craies grasses, que lui apportait Mme Porret-Forel ; mais elle renonça, après quelques essais, à la gouache, trop compacte à son goût. »
Les premiers pas du roi de Rome, avant 1964
« [Aloïse] utilisait le bleu pour les yeux de ses personnages, car « au théâtre, on a toujours les yeux bleus », le vert, le brun, le jaune pour « la terre royale jetée dans l’espace » ; sa prédilection allait cependant au rouge, couleur de l’amour et de la puissance. « Le rouge, je dois obéir », revenait sur ses lèvres lorsqu’elle commençait un dessin et discutait avec elle-même. Ou encore : « Le rouge, vous savez, c’est beau pour les schizophrènes ». Ses amoureuses royales, en effet, portent des capes écarlates, et leurs amants des manteaux garance doublés d’hermine, et même le pape abandonne sa robe blanche pour des vêtements de pourpre somptueux. »
Château de Blümenstein, avant 1964
« Aloïse peignait apparemment ce qui lui suggéraient ses hallucinations, car elle disait : « Je copie ce que j’entends dans ma lunette à visions », mais non sans puiser parfois dans les images festives ou publicitaires des journaux. »
Adoration des mages, avant 1964
« Coloriste née, capable aussi bien de juxtaposer des tons violents que de créer des harmonies savantes, Aloïse s’apparente à la peinture fauve. Les visages, dans ses œuvres, sont orange ou jaune citron, les perruques mauves, les éléphants roses, leurs pattes bleues ou vertes. Malheureusement, durant les derniers mois de sa vie, un ergothérapeute lui imposa de travailler au marker sur du bristol blanc glacé. Exigence absurde, car le support buvant l’encre synthétique des feutres, toute trace du travail de la main disparaissait du même coup. Aloïse, à en croire ses biographes, exécuta quelques œuvres sans intérêt qui n’exprimaient plus que de vagues réminiscences formelles. Elle mourut peu après cette expérience malencontreuse, en 1964, à l’âge de soixante dix-huit ans. »
Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
Sujet: Re: Art brut Jeu 30 Juin 2011 - 0:04
Géniale l'expo Wölfli. J'y reviens dès que j'ai un peu de courage (déjà que j'ai 3 bouquins au moins non commentés encore...). J'ai pris quelques photos sur place ( C'était pas autorisé mais j'ai fait le naïf)
colimasson Abeille bibliophile
Messages : 16258 Inscription le : 28/06/2010 Age : 33 Localisation : Thonon
Sujet: Re: Art brut Jeu 30 Juin 2011 - 21:00
T'as bien fait ! J'ai hâte de lire ton résumé !
Des travaux d'Oscar Deitmeyer :
Sans titre, non daté
Sans titre, vers 1893
L’homme représenté comme à la fois victime et bourreau des rapports qu’il entretient avec les femmes…
shanidar Abeille bibliophile
Messages : 10518 Inscription le : 31/03/2010
Sujet: Re: Art brut Jeu 30 Juin 2011 - 21:39
J'aime beaucoup les dessins d'Aloïse que tu présentes Colimasson. Des sujets un peu enfantins mais un trait extrêmement mature, sûr de lui, séduisant. Les couleurs sont attachantes, lumineuses, elles donnent envie de toucher, de saisir la matière du dessin. Quelque chose de très manuel, artisanal (je ne sais pas comment le dire autrement) est à l'oeuvre ici, quelque chose de palpable, de prégnant. C'est touchant.
colimasson Abeille bibliophile
Messages : 16258 Inscription le : 28/06/2010 Age : 33 Localisation : Thonon
Sujet: Re: Art brut Jeu 30 Juin 2011 - 21:52
C'est vrai que les couleurs sont flamboyantes ! Et après un petit tour sur Google Images, on en ressort les yeux ébahis !
colimasson Abeille bibliophile
Messages : 16258 Inscription le : 28/06/2010 Age : 33 Localisation : Thonon
Sujet: Re: Art brut Sam 2 Juil 2011 - 20:58
Joseph Sell :
Projet CNL Niveau (détail), 1916
Projet Canal Niveau, 1916
« Sell signait ses nombreuses lettres adressées à des administrations et à des princes du nom de Niveau, Prince Niveau, Niveau de la Couronne de marbre ou Niveau, directeur mondial de la nature. Elles rapportent comment on lui enjoint de gouverner, depuis l’asile d’aliénés, une foule de dames mariées voulant être satisfaites et comment, dans la mesure où il n’y consent pas, on l’importune au moyen de ce qu’il appelle « l’appareil à comprimis ». Comment aussi on le nourrit, durant la nuit, d’odeurs de cadavres et lui fait subir les tortures les plus abjectes. Ses souffrances, qui sont constantes, lui sont envoyées, selon lui, par propagation des étincelles radio et s’accompagnent de sensations douloureuses, parmi lesquelles une forte démangeaison aux nerfs optiques, une électrisation de ses extrémités, un craquement des os crâniennes, des vertèbres cervicales et du dos, un chatouillement dans les paupières, les narines, le pharynx, le larynx et les organes génitaux. Il se plaint aussi d’odeurs de vomi, d’organes génitaux féminins, qui lui sont transmises électriquement, parle de l’injection ininterrompue qui lui est faite de vents intestinaux lui inoculant un cancer du rectum et l’empêchant pratiquement de marcher… »
Envers de l’univers (détail), non daté
« En bas, à gauche, c’est moi dans le bain, c’est terrible ce qu’on peut y subir : un vrai supplice ! […] On vous fait mariner cinq jours dans le bain, avec un vieux repas avarié qui nage à la surface ; l’acide de la salade entre par les pores et, en plus, l’acide d’orange si on attrape une écorce sur la tête –une mouche, si on l’asperge avec, meurt après quelques tours sur elle-même. L’univers se retourne, de sorte que toute la surface extérieure devient une surface d’estomac. Quand on a subi ça, l’envers de l’univers est pire qu’un Christ à l’agonie. » Joseph Sell