Parfum de livres… parfum d’ailleurs
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 Art brut

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colimasson
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MessageSujet: Re: Art brut   Art brut - Page 3 EmptySam 2 Juil 2011 - 21:00

Franz Pohl :

Art brut - Page 3 Animau10
Animaux fabuleux, non daté

« Grand amateur de théâtre et de maisons closes, pour lesquels Franz Pohl dépensait beaucoup d’argent, il vit son délire de persécution prendre de l’ampleur au cours de l’hiver 1897-1898, alors qu’il vivait à Hambourg. Il rapportait à lui-même ce qu’il subissait au théâtre, où il croyait entendre de tous les côtés des injures qui lui étaient adressées. Il était certain que les gens l’épiaient à travers sa serrure, de telle sorte qu’il se trouva contraint de déménager. Dans le tramway qu’il prenait pour rentrer à son domicile, lorsque le receveur criait en bout de ligne : « Terminé ! », il comprenait : « Il est toqué », ce qui le poussait à s’en prendre à lui. »

Art brut - Page 3 Autopo10
Autoportrait, non daté

« Pohl avait bénéficié d’une formation complète dans le domaine des arts avant de se détourner du monde. Peu après son internement, il se mit à dessiner des scènes de la vie asilaire : séance de rasage dans une cellule, devant une fenêtre grillagée, où l’on voit un malade de dos, assis sur une chaise, accompagné d’un infirmier qui tient un rasoir à la main ; études d’attitudes de malades qui posent pour lui ; vue intérieure d’une salle de repos avec son mobilier et quelques aliénés hagards ou affalés… »

Art brut - Page 3 Esquis10
Esquisse décorative, 1904

« Au premier plan, un sorcier –ou une sorcière- aux yeux multiples est entouré de gnomes déjà formés ou en cours de formation qui naissent de la vapeur maléfique d’une casserole dont le mystérieux contenu bout sur un fourneau. A l’arrière-plan, un champ limité par un mur et une maison battue par la pluie ajoutent à ce qu’il comporte d’obsessionnel. Preuve que la psychose, au lieu de démanteler un savoir-faire artistique assez médiocre au départ, peut, au contraire, l’exalter. »

Art brut - Page 3 Laange10
L’ange exterminateur (détail), non daté

« L’ange, couronné de rayons étincelants, fait irruption d’en haut –son bras gauche terminé par une main crochue, tendue vers l’avant ; dans la main droite, une épée qu’il tient obliquement à hauteur de visage, presque pensivement. Entre ses bras, on aperçoit son pied gauche posé sur la gorge d’un homme qui porte la main droite à son cou et de sa main gauche tente de repousser celui qui fond sur lui. Les jambes de la victime, qui sont tordues et vues de dos, s’agitent le long du bord droit. La brutalité de l’horreur n’empêche pas une composition magistrale de l’enchevêtrement des membres. »
Prinzhorn
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MessageSujet: Re: Art brut   Art brut - Page 3 EmptyDim 3 Juil 2011 - 21:00

Louis Soutter :

Art brut - Page 3 Photog10
Photographie de Louis Soutter

« Soutter semble avoir présenté tous les symptômes de ce que Freud appelle la mélancolie, et c’est sans doute pour sauver les apparences que sa famille choisit de le placer dans une maison de repos plutôt que dans une institution psychiatrique. »

Art brut - Page 3 Seuls_10
Seuls (détail), 1937

Art brut - Page 3 Saut_a10
Saut à la croix (détail), 1937

« Sa grande période créatrice est la seconde : celle des dessins aux doigts. Atteint d’une baisse de la vue et d’une sclérose qui lui raidissait les doigts, Soutter se mit à en tremper le bout dans un encrier et à les utiliser comme un pinceau. Ces dessins expriment, noir sur blanc, la nuit mentale : ils montrent de longs corps décharnés, ayant à peine forme humaine, qui marchent et gesticulent dans un espace vide. »

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MessageSujet: Re: Art brut   Art brut - Page 3 EmptyDim 3 Juil 2011 - 21:02

Michel Nedjar :

Art brut - Page 3 Sans_t12
Sans titre, avant 1986

« L’âme de la poupée – « la chair d’âme », comme Nedjar dira plus tard- est d’autant plus fascinante qu’elle se dérobe ; c’est elle que, dans son enfance déjà, il tentait de saisir inconsciemment. Aussi n’est-il pas surprenant que, dès son passage à l’âge adulte, les poupées aient constitué la première forme de son expression artistique. »


Art brut - Page 3 Sans_t13
Sans titre, avant 1986

« Les poupées de Nedjar sont le fruit du tissage, du piquage, du ficelage, elles ont pour matériau des tissus usés, des chiffons, des toiles de sac, le tout malaxé et imprégné de terre jusqu’à n’offrir plus qu’une vague apparence humaine –sinon celle des momies ou des cadavres. »

Art brut - Page 3 Sans_t14
Sans titre, avant 1986

« Après les poupées viennent les masques, sortes de gargouilles monstrueuses détachées d’impossibles cathédrales. Que l’homme y soit déjeté serait peu dire : il est méconnaissable, malgré son nez, sa bouche parfois, son front, ses orbites vides, et surtout il y est éliminé. […] Que s’est-il passé sur la scène du siècle pour que le visage humain soit, à ce point, dénaturé ? Nedjar aborde aux rives métaphysiques du mal. Ses masques occupent une place à part dans l’art brut : ils font de l’esprit une passion inutile, ils extirpent de nos vies tout espoir. »
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MessageSujet: Re: Art brut   Art brut - Page 3 EmptyDim 3 Juil 2011 - 21:05

En architecture aussi, l'art brut fait des merveilles ! dentsblanches

Simon Rodia :

Art brut - Page 3 Les_to10
Les tours de Watts (environs de Los Angeles)

« L’art brut, différent en cela de l’art des malades mentaux, isolés du monde par leur détention asilaire, a donné également naissance à des monuments de grandes dimensions, comme les Tours de Watts, élevées dans un faubourg de Los Angeles par Simon Rodilla, dit Sam Rodia, un maçon italien immigré aux Etats-Unis […] »

Art brut - Page 3 Les_to11
Les tours de Watts, vue rapprochée

« Au nombre de sept, les Tours de Watts culminent à 30 mètres et sont reliées entre elles par un lacis d’arceaux. Les trois plus grandes portent les noms des caravelles de Christophe Colomb : Nina, Pinta et Santa Maria. Emergeant d’un immense ensemble de banlieue industrielle, dans le lointain d’un paysage triste de slum en décomposition, elles tiennent du prodige. L’ensemble comprend une grande variété d’éléments, les principaux étant l’enceinte recouverte de motifs d’une particulière richesse et l’entrée surmontée d’un porche. »

Art brut - Page 3 Les_to12
Les tours de Watts, vue rapprochée

« L’édifice est paré de matériaux variés tels que pierres, débris de mosaïque et de vaisselle, coquillages, fonds de bouteilles, verre pilé, dont résulte une brillante polychromie comparable à celle des constructions du parc Güell de Gaudi, à Barcelone. Rodia s’en allait faire sa récolte à la nuit tombante, un sac sur l’épaule, dans le but de transformer les déchets de la grande ville en une œuvre de beauté. »

Art brut - Page 3 Les_to13
Les tours de Watts, vue rapprochée
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MessageSujet: Re: Art brut   Art brut - Page 3 EmptyLun 4 Juil 2011 - 20:56

Le facteur Cheval :

Art brut - Page 3 Photog11
Photographie du Facteur Cheval

« Un jour du mois d’avril 1879, en faisant ma tournée de facteur rural, à un quart de lieue avant d’arriver à Tersanne, je marchais très vite lorsque mon pied accrocha quelque chose qui m’envoya rouler quelques mètres plus loin. Je voulus en connaître la cause. »
Le Facteur Cheval

« Il remarqua alors, au milieu du chemin, une pierre revêtue des marques du songe. Il avait dépassé depuis trois ans « ce grand équinoxe de la vie qu’on appelle la quarantaine », c’est-à-dire la moitié des jours qu’il lui était donné de vivre. »

Art brut - Page 3 Le_pal10
Le palais idéal, construit entre 1879 et 1912

« La pierre était de forme si bizarre qu’il la ramassa et l’emporta ; puis, le lendemain, revenu au même endroit, il en trouva d’autres. C’était le début d’un long charroi qui dura vingt-sept années au cours desquelles le Facteur Cheval transporta les concrétions, fossiles et quartiers de tuf, qu’il découvrait au hasard de sa tournée, soit dans ses poches, soit dans un panier ou une hotte, et finalement au moyen d’une brouette, ce qui faisait dire alentour : « C’est un pauvre fou qui remplit son jardin de pierres. » »

Art brut - Page 3 Les_tr10
Les trois géants César, Vercingétorix, Archimède, façade Est du Palais idéal

« Entre les façades est et ouest se trouve une galerie de 20 mètres de long et 2 mètres de large et qui donne accès à chacune de ses extrémités à un labyrinthe aux sculptures hétéroclites : dans cette hécatombe on y trouve une foule de variétés que j’ai sculptée et façonnée moi-même rappelant assez les temps anciens, tels que cèdres, ours, éléphants, bergers des landes, cacasdes ; dans l’autre, on y remarque sept figures d’Antiquités au-dessus des autruches, des flamands, des oies, des aigles… On se demande si l’on n’est pas emporté dans un rêve fantastique chimérique dont les limites dépasseraient l’imagination : est-on dans l’Inde, en Orient, en Chine, en Suisse ? On ne sait, car les styles de tous les pays et de tous les temps sont confondus et mêlés. »
Le Facteur Cheval

Art brut - Page 3 Animal10
Animal chimérique (détail), façade nord

Art brut - Page 3 Oiseau10
Oiseau (détail), façade nord

Art brut - Page 3 La_tou11
La tour de Barbarie (détail)
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MessageSujet: Re: Art brut   Art brut - Page 3 EmptyLun 4 Juil 2011 - 23:44

colimasson a écrit:
Michel Nedjar :

Art brut - Page 3 Sans_t12
Sans titre, avant 1986


Art brut - Page 3 _mg_2710

J'aime beaucoup cet artiste qui s'est inspiré de poupées rituelles du Mexique et du Guatemala pour créer ces figures inquiétantes dont il nous dit qu'elles lui ont permis d'exorciser des images obsédantes de camps de concentration découvertes dans "Nuit et Brouillard" de Resnais lorsqu'il avait 14 ans. J'ai pris ces 2 photos au LAM mais elles sont floues:

Art brut - Page 3 Img_1210 Art brut - Page 3 Img_1211

Mais ce qu'il peint et dessine est aussi intéressant, quelque part entre l'art aborigène ou indien et la peinture de Basquiat (en moins puissant). Ses influences sont ethniques et primitives en tout cas.

Art brut - Page 3 Nedjar10 Art brut - Page 3 Nedjar11 Art brut - Page 3 Daff2410 Art brut - Page 3 Image110







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MessageSujet: Re: Art brut   Art brut - Page 3 EmptyMar 5 Juil 2011 - 9:35

Madge Gill, née en 1882 à Londres et morte en 1961 à Londres, était une peintre-médium britannique.

L'ampleur de son oeuvre la place parmi les plus emblématiques créateurs d'Art brut et médiumnique.

Art brut - Page 3 A80

Art brut - Page 3 A81

Art brut - Page 3 A82


Biographie
Née enfant illégitime à East Ham (Londres) en 1882, elle est cachée par sa tante et sa mère jusqu'à ses 9 ans, où elle est alors placée en orphelinat.
Après un séjour au Canada où elle travaille dans une ferme, elle revient à Londres à 19 ans, où elle travaille comme infirmière. Habitant avec sa tante, cette dernière l'initie à l'Astrologie et surtout au Spiritisme.
En 1907, elle épouse son cousin avec qui elle aura trois fils et surtout une petite fille mort-née, ce qui manque de l'emporter elle aussi : elle reste alitée plusieurs mois et perd l'usage de son oeil gauche. En retrouvant la santé, elle se plonge dans une oeuvre médiumnique remarquable, qu'elle va poursuivre les 40 années suivantes.
En 1958, à la suite de la mort de son premier fils, elle se met à boire et arrête totalement le dessin. Ce n'est qu'après sa mort, en 1961, que l'on découvre l'ampleur de son travail : des centaines de dessins (dont certains atteignant plusieurs mètres de long) sont retrouvés dans sa maison.

Art brut - Page 3 A83

Art brut - Page 3 A84

Art brut - Page 3 A85

Son oeuvre
Madge Gill se disait guidée par un esprit du nom de "Myrninerest" (que l'on a l'habitude de considérer comme la transcription de My Inner Rest [Self] : Mon Moi Profond).
Elle travaillait la nuit, très faiblement éclairée, rapidement, de manière quasiment hallucinée, au crayon noir ou de couleur. Elle a aussi produit des broderies et des écrits. L'un de ses chefs-d'oeuvre est une robe, que l'on peut voir à la Collection de l'art brut de Lausanne.
Sa manière consiste en un enchevêtrement vertigineux d'ornementations instinctives et proliférantes parsemé de visages féminins (que l'on a pu interpréter comme des autoportraits ou des représentations de sa fille disparue).

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En 2005, l'artiste Ikue Mori a composé l'album Myrninerest en hommage à Madge Gill (Collection Tzadik - Label Orkhestra)

Art brut - Page 3 A89

Source texte: wikipedia
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MessageSujet: Re: Art brut   Art brut - Page 3 EmptyMar 5 Juil 2011 - 21:06

Merci Marko d'avoir également présenté des dessins de Michel Nedjar.

Quant aux dessins de Madge Gill présentés par Kenavo, on s'y perd ! surpris Il y a un tel entremêlas de lignes, c'est diablement complexe !

Et j'avais envie de vous montrer quelques œuvres de Chomo :

Art brut - Page 3 Chomo_10
Chomo, devant une peinture à la gouache brûlée lors du tournage du film réalisé par Clovis Prévost en 1989
« Chomo, autant qu’un bâtisseur, se veut un prophète, un mystique. Non seulement il croit à la réincarnation de l’homme dans le cosmos, mais il pense que nous sommes gouvernés par l’Invisible, qui nous donne des ordres, le libre arbitre n’étant qu’un vain mot. L’inconscient joue, selon lui, un rôle primordial, car il nous met en relation avec cet Invisible ; il est frappant de constater que sa conception est très proche de celles des romantiques allemands : Carus, ami de Goethe et inspirateur lointain de Freud, qui fut le premier à en introduire la notion, écrit en effet : « L’inconscient n’est que le terme subjectif pour ce que nous désignons objectivement comme Nature. » »


Art brut - Page 3 Chomo_11
Chomo, derrière une de ses pierres polies en 1989

Chomo est principalement connu pour son œuvre majeure : le Village d’art préludien :

Art brut - Page 3 Le_vil10
Le Village d’art préludien

« Le Village d’art préludien comprend aujourd’hui un ensemble de trente mille œuvres –mais peut-être Chomo en exagère-t-il le nombre- et plusieurs bâtiments, dont le « Sanctuaire des bois brûlés », l’ « Eglise des Pauvres » et ce qu’il appelle le « Refuge », au toit constitué de capots de voitures accidentées et aux fenêtres faites de bouteilles entassées, goulots dirigés vers l’extérieur, et fixées les unes aux autres au moyen de staff, c’est-à-dire de toile d’emballage trempée dans du plâtre. Chomo reçoit des visiteurs le samedi et le dimanche, contre modeste obole, et c’est dans le Refuge qu’il les baptise au Vin Sauvage, breuvage de son invention composé de baies écrasées, mûres noires, sureau, et orties blanches fermentées dans un mélange d’eau et de miel. »

Art brut - Page 3 Daesse10
Déesse, vers 1985
« La raison, le raisonnement conduisent, selon Chomo, à une destruction des forces de l’être et de la force matérielle de l’homme : il donne l’exemple d’un arbre de huit mètres de long qu’il transporta à lui seul sans plus réfléchir, après avoir considéré que la chose était impossible. »

Art brut - Page 3 Chomo_12
Chomo, devant un bas-relief représentant une super-conscience

« Ses œuvres –anneaux oculaires, croix, visages, tracés vibratoires, mains qui semblent vues dans un miroir convexe, sarcophages, « machâmes »- sont effectivement « folles ». Le monde qu’elles expriment n’est pas le nôtre, mais celui qui fera place à la civilisation scientifique et industrielle lorsque celle-ci sera détruite, inéluctablement, tant elle gaspille les richesses de la terre et efface en nous toute trace de spiritualité. »

Art brut - Page 3 Tates-10
Têtes-totems, vers 1984

« Chomo est, comme Ligabue, un adepte de la crasse : il avoue ne jamais se baigner, se laver avec parcimonie et ne guère aimer changer de vêtements. Quand il est propre et habillé de neuf, l se plaint que ses abeilles et ses oiseaux de basse-cour qui picorent un peu partout dans le Village ne le reconnaissent pas. »

Art brut - Page 3 Person10
Personnage (détail), vers 1975)
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MessageSujet: Re: Art brut   Art brut - Page 3 EmptyLun 22 Aoû 2011 - 14:12

Guillaume Pujolle 1893-1971

Citation :
Ebéniste par son père, G. Pujolle va exercer ce métier jusqu’à l’âge de 18 ans, mais des conflits familiaux vont l’entraîner dans la violence, il sera interné en 1926 à l’hôpital de Braqueville, à Toulouse.
Il commence à dessiner en 1935 en utilisant des produits pharmaceutiques ; il fabrique également les pinceaux avec ses cheveux et du papier qu’il roule en guise de manche.
Le Dr Deckequer dira de son œuvre qu’elle est d’une beauté fantastique et inquiétante.
Guillaume Pujolle ne travaille que d’après l’image qu’il tire de magazines, puis s’appuyant sur son métier d’ébéniste, il opère comme avec une marqueterie ; découpe, morcelle, désarticule le motif pour le recomposer, réajuster les pièces de ce puzzle dont lui seul détient la clé.
Dans ses compositions, il utilise volontiers le principe du cadre découpé, selon certains modèles de marqueterie, l’on remarque également qu’il lui arrive de travailler comme s’il s’agissait d’un plateau de guéridon, ce qui pourrait expliquer que certaines compositions donnent la sensation de tourner sur elle-même, cependant que son dessin s’étire en flammes ou en volutes cernées d’un trait noir fait de pleins et de déliés : technique identique qu’il utilise pour les légendes au bas de ses œuvres.
Si Guillaume Pujolle fut tout d’abord contraint à utiliser des produits pharmaceutiques en guise de couleurs, il eut par la suite la possibilité de travailler avec des moyens plus orthodoxes.
Vers 1950 il abandonne le dessin, confectionne quelques bagues d’aluminium et de cuivre puis taille dans du bois quelques menus objets : revolver, avion, etc.

source

Art brut - Page 3 A608

Art brut - Page 3 A609

Art brut - Page 3 A610
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MessageSujet: Re: Art brut   Art brut - Page 3 EmptyLun 22 Aoû 2011 - 20:32

Je me demande à quoi ressemblaient ses premières peintures aux produits pharmaceutiques... attentif (j'imagine que les images que tu as postées sont celles issues de son oeuvre plus "orthodoxe" ?)
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MessageSujet: Re: Art brut   Art brut - Page 3 EmptyMar 23 Aoû 2011 - 8:20

malheureusement on est toujours contraint dans de telles recherches - l'internet n'offre pas trop d'autres de ses tableaux, donc, je ne pourrais pas te montrer plus Wink
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MessageSujet: Re: Art brut   Art brut - Page 3 EmptyMar 23 Aoû 2011 - 21:56

C'est déjà pas mal Kenavo. A moi de mener ma petite enquête maintenant que tu m'as lancée sur la piste...
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MessageSujet: Re: Art brut   Art brut - Page 3 EmptyMar 24 Jan 2012 - 12:12

Je remercie Bix qui m'a fait découvrir ce livre merveilleux...

Voyage à travers la folie (1971) de Mary Barnes et Joseph Berke

Art brut - Page 3 Barnes10

Sombrer au plus profond de la folie pour s’en débarrasser totalement… Telle fut la voie suivie par Mary Barnes pour retrouver une vie normale, à supposer que la folie est un terme galvaudé qui ne désigne, finalement, rien d’autre que l’état de lucidité et d’honnêteté le plus criant d’un individu.

Mary Barnes est née en 1923 en Angleterre. Son éducation se fera d’une manière aussi convenable que la famille dont elle est issue. Mais en réalité, sous ses apparences irréprochables, la famille de Mary Barnes se cannibalise à force de non-dits, de rancœurs et de frustrations ravalées qui finissent par créer une ambiance délétère. Malgré tout, Mary poursuit sa route et se lance dans une multitude d’activités : elle fait des études d’infirmières, rejoint l’armée britannique en Afrique pendant un an, donne des cours en tant qu’enseignante et connaît une période mystique lorsqu’elle tente de se faire admettre dans un couvent de Carmélites. Il n’empêche, ce flux d’énergie qui se manifeste à travers tous les projets menés par Mary ne parvient pas à surmonter les nombreuses crises de dépression qui n’auront cesse de rythmer sa vie. Les premiers symptômes de la schizophrénie surviennent alors qu’elle a 42 ans. Mary Barnes n’évite pas des périodes d’hospitalisation psychiatrique où on lui fait subir les traitements classiques des électrochocs et de l’insuline, mais ce mode de prise en charge ne lui convient pas. Elle s’informe alors des différents mouvements psychanalytiques, écrivant même à Anna Freud, et finit par être mise en relation avec Ronald Laing, le chef de file du mouvement antipsychiatrique. Au sein de Kingsley Hall, le centre que ce dernier vient de mettre en place, Mary Barnes aura la possibilité de « régresser » jusqu’à des stades primitifs de sa vie affective. Alors qu’on peut croire qu’elle a atteint le point de non-retour, délaissant tous les aspects de sa personnalité sociale pour n’en laisser s’exprimer que ses composantes les plus primitives, les mois et les années nous prouvent au contraire que Mary Barnes renaît de ses cendres. Non seulement elle se retrouve telle quelle l’était avant son expérience de régression, mais en plus les symptômes de la schizophrénie ont disparu. A travers cette mort symbolique, Mary a su se défaire des nœuds de conflits relationnels qui l’avaient emprisonnée jusqu’alors et apprendre ce qui faisait sa singularité et ce qui la distinguait des autres.

Art brut - Page 3 49759110
Le livre reste un peu trouble lorsqu’il s’agit d’évoquer les premières étapes de la régression. Joseph Berke, psychiatre à Kingsley Hall aux côtés de Ronald Laing, a suivi Mary Barnes sur toute la durée de cette période. Jamais il ne semble avoir encouragé Mary Barnes à suivre telle voie plutôt que telle autre dans la poursuite de sa guérison. Il semblerait que, du début jusqu’à la fin, Mary ait été seule commandant à bord du vaisseau, connaissant instinctivement ce qui lui permettrait de retrouver un équilibre mental, et profitant des conditions de vie et de l’équipe médicale attentive du Kingsley Hall pour mener à bien son projet. Si Joseph Berke parle de régression, ce n’est qu’a posteriori, lorsque Mary, ayant franchi les étapes de sa reconstruction, parvient enfin à mener une vie normale en-dehors de Kingsley Hall. La fonction des thérapeutes de l’antipsychiatrie est alors difficile à définir : servent-ils seulement à permettre à leurs « malades » de franchir eux-mêmes les étapes de leur « guérison », si tant est que ces termes aient encore un sens ? La question reste ouverte. Au-delà de cet aspect, l’antipsychiatrie innove surtout dans la vision qu’elle propose de la maladie, des malades et de la relation thérapeute/patient. Les opinions livrées par Joseph Berke s’éclairent à la lecture du récit de Mary Barnes, qui commence par évoquer le milieu familial dans lequel elle a grandi avant de décrire les étapes de sa régression. Ce regard porté sur le passé permet de comprendre les difficultés présentes de Mary. Elle prouve bien que la folie vient de l’extérieur, mais elle révolutionne le regard porté sur le fou en montrant combien il s’agit, en réalité, de la personne la plus sensible et la plus lucide du milieu pathogène qui l’entoure.

« Le plus souvent, une personne cataloguée comme « malade mentale » est le bouc émissaire sur lequel se déchargent les troubles affectifs de sa famille ou de son entourage, alors qu’en réalité elle peut être le membre « le plus sain » du groupe. »

Ce livre, publié en 1971, a été écrit par Mary Barnes alors que sa guérison était accomplie. Il ne s’agit pas de faire de Mary une femme-dieu triomphante qui vainc dans tous les domaines et s’accomplit à chaque instant de sa vie, mais une femme capable de vivre de manière indépendante, en toute sérénité d’esprit. Capable d’avoir des projets et de mener une vie sociale satisfaisante. Bien sûr, il reste toujours à Mary le regret de n’avoir pas su dépasser son appréhension de la maternité pour fonder une famille, mais cette déception ne vire pas à l’obsession et Mary peut se satisfaire de la reconnaissance dont jouissent ses œuvres d’art jusqu’à la fin de sa vie. C’est dans ce contexte d’un équilibre mental retrouvé que Mary Barnes décrit son parcours. Elle l’analyse avec tout le recul nécessaire et sans omettre de livrer la moindre de ses pensées, aussi impudiques et incorrectes qu’elles puissent paraître. C’est en se montrant franche avec elle-même et avec ses proches que Mary a réussi à se reconstruire, et cette habitude ne l’aura certainement jamais quittée. Le récit de Mary Barnes est entrecoupé de parties écrites par Joseph Berke qui nous permettent de lire son histoire sous un autre angle et d’éclairer notre vision de la folie.

« On me demande souvent : « Mary est-elle guérie, son traitement est-il terminé ? »
En fait, comme le souligne David Edgar dans sa pièce, on « traite » les cuirs et les peaux. Il serait donc plus raisonnable de formuler ainsi les interrogations : « Mary peut-elle se faire facilement des amis et lier connaissance ? », « Peut-elle vivre et travailler d’une manière créatrice ? », « Peut-elle trouver un sens et une satisfaction à sa vie ? ».
Je pense qu’elle le peut. »


Ce Voyage à travers la folie est fascinant de bout en bout, non seulement parce qu’il donne à considérer le monde d’une autre façon, mais aussi parce qu’il évoque d’une manière éclairée les difficultés qui naissent de la vie en société et des relations nouées avec autrui. Le ton est parfaitement neutre, objectif : jamais Mary Barnes ne s’apitoie sur son sort ni sur son passé. Lorsqu’elle parle de sa famille, elle ne renie pas son caractère pathogène mais elle ne l’en accuse pas, pas plus qu’elle ne lui en veut de l’avoir rendue si fragile. Quant à Joseph Berke, sa fonction le limite à tenir le rôle de simple témoin. Il accompagne Mary Barnes mais ne cherche jamais à l’influencer ou à la guider suivant ses jugements de valeur ou ses opinions.
La force de ce livre tient en ce qu’il fait la démonstration implacable qu’il est possible d’atteindre la déchéance apparente la plus totale pour se reconstruire. Il montre que la puissance se trouve en chaque individu, que l’épanouissement s’atteint à travers l’autonomie et la lucidité. Appliquée à l’échelle universelle, cette pensée devient une utopie, mais elle est porteuse de promesses si lumineuses qu’il est difficile de ne pas la cautionner.
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MessageSujet: Re: Art brut   Art brut - Page 3 EmptyMar 24 Jan 2012 - 12:15

Et puisque Mary Barnes s'est illustrée à travers ses peintures, en voici un petit aperçu :


Art brut - Page 3 Corpus10
Corpus Christi, 1969

Art brut - Page 3 Crucif10
Crucifixion, 1967

Art brut - Page 3 Going_10
Going through the red sea

Art brut - Page 3 Saint_11
Saint Joseph, 1968

Art brut - Page 3 The_ki11
The king and the donkey


Le dessin qui illustre le livre, au titre très évocateur pour qui s'est plongé dans le récit de Mary Barnes :

Art brut - Page 3 Me_hat10
Me hating my mother


Deux photos de Mary Barnes devant ses oeuvres :

Art brut - Page 3 Photo310 Art brut - Page 3 Photo510
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MessageSujet: Re: Art brut   Art brut - Page 3 EmptyMar 24 Jan 2012 - 17:21

Tu es une fine lectrice, Coli et merci pour les oeuvres de Mary Barnes, je ne les connaissais pas, mais c' est vrai qu' avec Internet, on trouve presque toujours à satisfaire notre curiosité...
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MessageSujet: Re: Art brut   Art brut - Page 3 Empty

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