Parfum de livres… parfum d’ailleurs
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 Fédor Dostoïevski [Russie]

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Harelde
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MessageSujet: Re: Fédor Dostoïevski [Russie]    - Fédor Dostoïevski [Russie] - Page 17 EmptyVen 22 Oct 2010 - 14:40

Premières Miniatures

Recueil regroupant 4 nouvelles : Le Bouffon, Le Voleur honnête, Roman en Neuf Lettres et Un Sapin de Noël et un Mariage.
Quatre courts récits de moins de 30 pages chacun dans lesquels les personnages connaissent des destins fort douloureux. Peu de pages mais beaucoup de souffrance. Et une écriture que j'apprécie de plus en plus.

Le Roman de 9 lettres met en scène la correspondance de 2 associés (un financier et un exécuteur). Cette correspondance polie au début s'envenime rapidement.

Dans le Bouffon, c'est l'histoire de l'arroseur arrosé qui se retrouve le bec dans l'eau, pris à son propre piège.

Le voleur honnête (le titre peu paraître oxymorique) est un pauvre diable qui se débat contre une spirale qui l'avale inexorablement et contre laquelle il ne semble rien pouvoir.

Le Sapin de Noël diffère, selon moi, des trois autres. Car la victime est une vraie victime. Innocente, dont le bonheur à été sacrifié pour une grosse somme d'argent.

Des contes de jeunesse que j'ai beaucoup aimé, qui se lisent très vite et que je n'hésite pas à recommander.
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MessageSujet: Re: Fédor Dostoïevski [Russie]    - Fédor Dostoïevski [Russie] - Page 17 EmptyVen 22 Oct 2010 - 14:44

bix229 a écrit:
Dans mon souterrain

Ainsi le narrateur de ce livre est négatif, un négateur. Son seul privilège consisterait à etre lucide,
meme si cette lucidité ne cesse de le tourmenter.
Il paraître être le seul à être à ce point lucide. Ce qui, je trouve, lui confère un certain complexe de supériorité.
C'est, du coup, le récit de la vie d’un homme odieux et agressif.
Il en veut à la Terre entière : personne ne parvient à le comprendre, il est un génie ignoré. Il souffre énormément de sa solitude et cherche à le faire payer à tous les autres. Il se montre en plus, incapable de renverser la vapeur. Il avait les moyens de changer et d'être heureux avec Lisa. Mais impossible de s'avouer l'amour qu'il a pour elle. Impossible de reconnaître que le bonheur est finalement à sa porté et qu'une bonne chose peut surgir de son entourage.


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Emmanuelle Caminade
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MessageSujet: Re: Fédor Dostoïevski [Russie]    - Fédor Dostoïevski [Russie] - Page 17 EmptyVen 22 Oct 2010 - 15:02

Harelde a écrit:
bix229 a écrit:
Dans mon souterrain

Ainsi le narrateur de ce livre est négatif, un négateur. Son seul privilège consisterait à etre lucide,
meme si cette lucidité ne cesse de le tourmenter.
Il paraître être le seul à être à ce point lucide. Ce qui, je trouve, lui confère un certain complexe de supériorité.
Ce qui, pour moi, fait le principal intérêt de ce livre, c'est bien cette lucidité poussée à l'extrème par le héros.
Les contradictions et les hypocrisie de la Société , de ses semblables, il les traque aussi chez lui, car il n'est pas dupe de ses propres contradictions et dérobades.
C'est ce que je trouve très fort dans ce livre qui pose une question essentielle : peut-on vivre sans illusions ?

Ce héros est comme affecté par une maladie contre laquelle il ne peut rien : la lucidité absolue ( il détecte le mensonge même sous ses atours les plus aimables ) .
Cette conscience aiguë le rend différent des autres et lui confère une supériorité manifeste - ce qu'il pense - ou une infériorité, une difficulté à vivre...
C'est cette conscience, cette lucidité, qui lui donne l'orgueil de vouloir maîtriser son destin, et ,à défaut de pouvoir être un surhomme, de choisir l'abjection.
Une affirmation de son entière liberté, un refus de toute dépendance qui lui confère une puissance dont il tire volupté. Il ne peut pas s'abandonner à l'amour d'Anna, il ne peut en tirer de plaisir, car ce dernier le rend dépendant d'elle.
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MessageSujet: Re: Fédor Dostoïevski [Russie]    - Fédor Dostoïevski [Russie] - Page 17 EmptyVen 22 Oct 2010 - 15:18

Emmanuelle Caminade a écrit:
Les contradictions et les hypocrisie de la Société , de ses semblables, il les traque aussi chez lui, car il n'est pas dupe de ses propres contradictions et dérobades.
Il a conscience de ces propres contradictions ?
Je ne me souviens plus de cela...
jemetate

Dans mes souvenirs, il était arrogant et pensais, seul, posséder la vérité.
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MessageSujet: Re: Fédor Dostoïevski [Russie]    - Fédor Dostoïevski [Russie] - Page 17 EmptyVen 22 Oct 2010 - 15:28

Il est arrogant certes et meme agressif, mais en fait il se déteste profondément lui meme et
dans son attitude, il y a beaucoup d' auto dérision et de désespoir.

Il se bat contre le monde entier tout en sachant que sa cause est une cause perdue.
Cela, c' est pous son attitude personnelle, mais tout ce qu' il dit par ailleurs sur l' homme qui ne veut pas etre formaté, une machine à produire, mais un etre libre, meme si cette liberté est incertaine,
tout cela transcende le livre. Et personnellement, j' aime beaucoup quand il souligne
que le but de la vie, c' est la vie et non une finalité quelconque.
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MessageSujet: Re: Fédor Dostoïevski [Russie]    - Fédor Dostoïevski [Russie] - Page 17 EmptyVen 22 Oct 2010 - 15:58

bix229 a écrit:
Et personnellement, j' aime beaucoup quand il souligne
que le but de la vie, c' est la vie et non une finalité quelconque.
J'ai apprécié le livre, mais pas le personnage.
Trop sombre pour moi, incapable de se montrer heureux et de se donner une chance de le devenir.
Vivre pour vivre ?
Certes, mais n'est-ce-pas passer à côté de l'essentiel ? Car son extrême lucidité le condamne à la marginalité.
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MessageSujet: Re: Fédor Dostoïevski [Russie]    - Fédor Dostoïevski [Russie] - Page 17 EmptySam 23 Oct 2010 - 12:06

Oh tu as lu du Dostoïevski,récemment, Harelde ? Je suis en train de lire Les Démons, les personnages sont tellement cinglés que parfois on a l'impression de soi-même devenir instable Laughing (je crois que c'est toi, Queenie, qui disais cela quand tu as lu ce roman).
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MessageSujet: Re: Fédor Dostoïevski [Russie]    - Fédor Dostoïevski [Russie] - Page 17 EmptyMar 26 Oct 2010 - 9:52

Fantaisie héroïque a écrit:
Oh tu as lu du Dostoïevski,récemment, Harelde ?
Récemment, non.
Pas depuis le printemps.
Mais ça me démange : j'ai Crime et Châtiment qui m'attend toujours sur une étagère chez moi et je le regarde souvent en ce moment. Le jour J approche !
dentsblanches
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MessageSujet: Re: Fédor Dostoïevski [Russie]    - Fédor Dostoïevski [Russie] - Page 17 EmptyLun 8 Nov 2010 - 22:24

J'ai envie de mettre une partie de mon récit de voyage à Saint Petersbourg dans ce fil de Dostoïevski. La ville et l'écrivain sont intimement lié. J'avais donc visité son dernier appartement, changé en musée. Cela pourra intéresser ici, les grands lecteurs de cet auteur:

Le premier jour de mon séjour j’avais été à un lieu qui m’était particulièrement cher, et même si Marko en a parlé aussi dans le fil "Saint Petersbourg", je « dois » y revenir. De VOIR le musée Dostoïevski, c’est à dire son appartement si simple, reconstruit assez fidèlement, puis la salle des documents à coté, m’a touché beaucoup. Bien sûr que les Parfumés savent que cet écrivain tient une grande place dans mon cœur. Mais après avoir lu pratiquement tout son œuvre, de voir alors des signes, des traces d’une vie – c’est encore autrement émouvant.

Pour placer le musée/la maison dans le contexte de la ville, je montre
la rue
 - Fédor Dostoïevski [Russie] - Page 17 P1040422

l’église qui se trouve à deux cents mètres (alors très probablement un lieu que Dosto a fréquenté)
 - Fédor Dostoïevski [Russie] - Page 17 P1040423

le musée de l’extérieur avec l’entrée en bas :  - Fédor Dostoïevski [Russie] - Page 17 P1040424

Une sculpture à cent mètres de la maison (elle me plait)  - Fédor Dostoïevski [Russie] - Page 17 P1040425

Qui s’intéresse à plus d’informations sur le musée voir :
http://www.russie.net/russie/musee_dostoievski.htm

« Comme son nom l’indique, le musée-appartement de Dostoïevski (Мүзей-қвартира Достоевского) est l’ancienne demeure de l’écrivain russe éponyme. De 1878 à 1881, il a en effet habité cet appartement.

Totalement réaménagées pour servir d’appartement communautaire sous le régime soviétique, les différentes pièces du musée ont été restaurées dans les années 1960 d’après des archives familiales, de façon à recréer le cadre de vie de l’écrivain.

Aujourd’hui les différentes salles de l’appartement – vestibule, chambres, salle à manger, cabinet d’écrivain – vous ouvrent les portes de l’univers de Dostoïevski. Le plus remarquable de cette collection réside notamment dans l’impressionnante bibliothèque qui regroupe la quasi-totalité des éditions des œuvres de l’écrivain. Vous ne verrez en revanche que quelques effets personnels de Dostoïevski et de sa famille : son chapeau et sa boîte à tabac.

Dans l’appartement voisin, est installée une petite exposition en lien avec les univers de ces romans. Enfin, le musée renferme une petite salle de cinéma.

A noter : dans chaque pièce, vous trouverez des panneaux explicatifs en français. »
(Source : http://www.linternaute.com/voyage/russie/saint-petersbourg/musee/musee-appartement-de-dostoievski/)


Des photos de l’intérieur ne m’ont pas tellement réussi, mais je mets une photo de photos (on en trouve plusieurs et elles indiquent bien des amitiés et sources d’inspirations…) spéciale prise dans une chambre.. Qui les reconnait ?

 - Fédor Dostoïevski [Russie] - Page 17 P1040426

C’est Sofija Tolstaya, femme de l’écrivain (on ne trouve pas de photo de lui !) et le fameux Vladimir Soloviev, écrivain, philosophe, ami de Dostoïevski. Ils échangèrent beaucoup et s’inspirèrent l’un l’autre. Ensemble (voir les Frères Karamasov) ils visitèrent un monastère, l’Hermitage d’Optina, et dans l’échange, Dosto parla de ses idées sur le cycle de romans à venir.

Il y a un livre sur leur amitié et leur relation :
Marina Kostalevsky - Dostoevsky and Soloviev: the art of integral vision
Yale University Press, 1997 - 224 Seiten
This is the first book in any language to examine the friendship and the interrelated thought of two giants of Russian culture: Fedor Dostoevsky (1821-1881), one of Russia's greatest novelists, and Vladimir Soloviev (1853-1900), Russia's most influential philosopher. Marina Kostalevsky provides biographical details and a wide-ranging comparative analysis of their principal works from philosophical, literary, historical, and religious perspectives.
For Soloviev and, even more, Dostoevsky, the tasks of literature and philosophy so converged that their writings marked a significantly new level of unity in these fields, argues Kostalevsky. This unity became the source of a vital and continuing current in Russian philosophical and artistic thought, seen today in the uneasy post-Soviet process of restoring the cultural tradition of the pre-Soviet past. Kostalevsky discusses the intricate interaction between Dostoevsky and Soloviev, focusing on their philosophical and novelistic treatments of the themes of Godmanhood, theocracy, and ethics. She contends that Soloviev's vision of the world -- a vision grounded in the Christian religion and built on the general idea of Godmanhood -- is paralleled in Dostoevsky's major works. Further, she finds that Soloviev's own interpretation of Dostoevsky inaugurated a Russian tradition of Dostoevsky criticism that culminates in the work of Mikhail Bakhtin.

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MessageSujet: Re: Fédor Dostoïevski [Russie]    - Fédor Dostoïevski [Russie] - Page 17 EmptyLun 8 Nov 2010 - 23:09

tom léo a écrit:
J'ai envie de mettre une partie de mon récit de voyage à Saint Petersbourg dans ce fil de Dostoïevski. La ville et l'écrivain sont intimement lié. J'avais donc visité son dernier appartement, changé en musée. Cela pourra intéresser ici, les grands lecteurs de cet auteur:
Merci, Tom Léo !
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MessageSujet: Re: Fédor Dostoïevski [Russie]    - Fédor Dostoïevski [Russie] - Page 17 EmptyLun 8 Nov 2010 - 23:21

Intéressant ce musée, ainsi que tes impressions. Merci Tom Léo.
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MessageSujet: Re: Fédor Dostoïevski [Russie]    - Fédor Dostoïevski [Russie] - Page 17 EmptyMar 9 Nov 2010 - 9:25

tom léo a écrit:
J'ai envie de mettre une partie de mon récit de voyage à Saint Petersbourg dans ce fil de Dostoïevski. La ville et l'écrivain sont intimement lié. J'avais donc visité son dernier appartement, changé en musée. Cela pourra intéresser ici, les grands lecteurs de cet auteur:
Tu as bien pensé : ça nous intéresse.
J'aime cette ville que je n'ai jamais vu de mes propres yeux, mais que j'ai visité avec Anna Karénine, et au travers de livres de Dosto, de Troyat et d'autres encore.
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MessageSujet: Re: Fédor Dostoïevski [Russie]    - Fédor Dostoïevski [Russie] - Page 17 EmptyDim 14 Nov 2010 - 23:51

Les frères Karamazov: Livres I et II: L'hystérie avant Freud / La théocratie

 - Fédor Dostoïevski [Russie] - Page 17 Hysthz10  - Fédor Dostoïevski [Russie] - Page 17 50258410

Bref récit de l'enfance des trois fils du débauché et égocentrique Fiodor Pavlovich Karamazov nés de deux unions différentes (Dmitri étant le demi-frère d'Ivan et d'Aliocha). Rencontre avec le starets, le plus ancien d'un monastère orthodoxe, qui donne la bénédiction et écoute les femmes de toutes conditions de son peuple qui se confessent et le considèrent comme un Saint.

 - Fédor Dostoïevski [Russie] - Page 17 16607510  - Fédor Dostoïevski [Russie] - Page 17 Staret10

Ces deux premières parties sont sous le signe de l'Hystérie et des "hurleuses" à travers différentes descriptions de femmes (la mère d'Ivan et d'Aliocha morte après un accès de fureur hystérique, une cour des miracles de fidèles qui se pressent devant le monastère...) et l'histrionisme masculin incarné par Fiodor Pavlovich qui cherche à attirer l'attention de façon spectaculaire et pitoyable.

Freud qui admirait Dostoïevski ne peut que s'être inspiré de ces descriptions très précises et surtout des interprétations subtiles et documentées que l'écrivain russe en donne 15 ans avant les fameuses "Etudes sur l'hystérie (1895)" en collaboration avec Breuer. Tout ce passage est non seulement très spectaculaire mais fait surtout preuve d'une incroyable compréhension, pour l'époque, du psychisme et de ses mécanismes de défense. Je suis curieux de voir ce que Zola en dit dans son livre sur "Lourdes".

Le starets se plaça sur la marche supérieure, revêtit sa chasuble et commença à bénir les femmes qui se massaient devant lui. On lui tendit une hurleuse en la tenant par les deux bras. Cette dernière, à peine eut-elle vu le starets, se mit soudain, en poussant des glapissements absurdes, à hoqueter et à trembler, comme dans une crise d'éclampsie. Le starets lui posa la chasuble sur la tête, lut sur elle une courte pièce et elle se se tut et s'apaisa immédiatement. Je ne sais ce qu'il en est de nos jours, mais dans mon enfance, il arrivait souvent dans les villages et dans les monastères de voir et d'entendre ces "hurleuses". On les amenait à l'office, leurs hurlements, leurs aboiements de chiens emplissaient toute l'église mais, quand on leur présentait les sacrements, la "possession" s'arrêtait tout de suite et les malades se calmaient toujours pour un certain temps. Moi, enfant, cela me frappait et m'étonnait beaucoup. Mais j'entendais répondre par certains propriétaires et par mes professeurs de la ville, à mes questions, que ce n'était qu'une comédie pour ne pas travailler, qu'on pouvait toujours l'extirper par la sévérité requise, ce qu'ils vous confirmaient en racontant toujours différentes anecdotes. Or, par la suite, j'appris de plusieurs spécialistes médecins qu'il n'y avait là aucune comédie, que c'était une maladie féminine terrible, et, surtout, semblait-il, chez nous en Russie, qui témoignait du pénible destin de nos femmes paysannes, une maladie qui provenait des travaux épuisants imposés trop tôt après des couches difficiles, mal pratiquées, sans la moindre assistance médicale; en outre, cela venait d'un malheur sans issue, des coups, etc., que certaines natures féminines, quoi qu'on en dise, malgré l'exemple général, n'arrivent pas à supporter. Quant à cette étrange guérison instantanée de la femme possédée et écumante sitôt qu'on lui amenait les sacrements, qu'on m'expliquait par la comédie ou par un tour de prestidigitation organisé quasiment par les "cléricaux" eux-mêmes, elle avait lieu très vraisemblablement, elle aussi, d'une façon des plus naturelle, et les commères qui les amenaient jusqu'aux sacrements, comme, surtout, la malade elle-même, croyaient complètement, comme une vérité établie, que l'esprit malin qui avait pris possession de la malade ne supporterait jamais qu'elle, la malade, quand on l'aurait amenée devant les sacrements, soit inclinée vers eux. Et c'est pourquoi il arrivait toujours (et il devait arriver) dans cette maladie qui, nerveuse, est aussi, évidemment, psychique, chez la femme malade, une espèce, pour ainsi dire, de bouleversement devant les sacrements, un bouleversement appelé par l'attente du miracle imminent de la guérison, et par la foi totale, au fond d'elle-même, que cette guérison aurait lieu. Et elle avait bien lieu, ne serait-ce qu'un instant. C'était exactement ce qui venait de se passer, sitôt que le starets avait recouvert la malade de sa chasuble.

Ensuite vient le magnifique épisode de la jeune femme n'acceptant pas la mort de son enfant malgré les paroles réconfortantes du starets. Dostoïevski cite l'épisode du Massacre des innocents et de Rachel "qui pleure et ne veut pas être consolée".

 - Fédor Dostoïevski [Russie] - Page 17 Cognie10  - Fédor Dostoïevski [Russie] - Page 17 Rubens12

"Ainsi parle le Seigneur : Écoutez ! à Rama on entend des plaintes, des pleurs amers : c'est Rachel qui pleure à cause de ses fils ; elle refuse d'être consolée, parce qu'ils ne sont plus. Ainsi parle Adonaï : que ta voix cesse de gémir et tes yeux de pleurer, car il y aura une compensation à tes efforts, parole d'Adonaï, ils reviendront du pays de l'ennemi. Et il y a de l'espoir pour ton avenir, parole d'Adonaï, tes enfants rentreront dans leur domaine." Jérémie 31, 15

Là encore, le starets parvient à trouver les mots pour apaiser la jeune femme, dans un échange qui anticipe les futures psychothérapies dont les prêtres ont été longtemps les dépositaires avant l'ère de la psychologie ou de la psychanalyse. La foi étant néanmoins ici la valeur de référence suprême. S'ensuit d'ailleurs toute une réflexion assez complexe entre le starets et la famille Karamazov autour de la relation supposée, et mise en avant par Ivan, entre christianisme et socialisme. Ils exposent une conception théocratique de l'organisation du pouvoir comme un idéal à atteindre...

Comme dans l'Idiot, l'intrigue se poursuit de façon captivante, entrecoupée par ces digressions théologiques et philosophiques passionnantes. Elles peuvent intimider mais on peut aussi les parcourir plus légèrement en attendant les prochains rebondissements de l'intrigue. Quel départ en tout cas!



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MessageSujet: Re: Fédor Dostoïevski [Russie]    - Fédor Dostoïevski [Russie] - Page 17 EmptyLun 29 Nov 2010 - 1:41

Les frères Karamazov, Livres III et IV: L'influence de Friedrich Von Schiller et les tableaux d'Yvan Kramskoï

Le livre III permet d'approfondir les relations père/fils, notamment à travers leurs rivalités sentimentales autour de Katérina Ivanovna et de Grouchenka. On retrouve pas mal de situations et d'oppositions déjà présentes dans "L'Idiot". Aliocha, comme Mychkine, sert de messager candide entre les différents protagonistes qui usent de sa générosité. Il commet des impairs par excès de naïveté, ne comprenant pas pleinement tous les enjeux et les comportements de chacun. Il absorbe douloureusement la souffrance des uns ou la violence des autres en tentant de les réparer. Il est aussi partagé entre ses idéaux et son appel à la vie amoureuse. Tous les personnages semblent dans les deux cas incarner des valeurs morales et spirituelles antagonistes comme s'ils étaient l'illustration des conflits intérieurs de Dostoïevski lui-même. Finalement ces romans étant en quelque sorte la somme de ses réflexions sur la nature humaine et les déchirements métaphysiques qui l'animent.

Fiodor Pavlovitch, le père, se réfère plusieurs fois à une pièce de théâtre de jeunesse de Schiller, Les Brigands, où un père est victime d'un complot par ses deux fils aînés. Fiodor projette sa propre déliquescence morale sur son fils aîné Dmitri qui lui voue une haine tenace. Il s'érige en victime comme une sorte de Roi Lear incompris , faisant preuve d'un égocentrisme et d'une mauvaise foi absolues. Il n'arrive à affronter sa propre monstruosité qu'en présence d'Aliocha dont il perçoit bien la pureté.

 - Fédor Dostoïevski [Russie] - Page 17 14543010

Dmitri de son côté se réfère également à Schiller dont il récite des poèmes et notamment Festin d'Eleusis dans un long monologue où il confie les tourments que la passion génère en lui, le rendant victime de ses propres pulsions jusqu'à l'autodestruction. Toujours cette figure du ""damné" poursuivi par une hérédité qui le rattrape malgré lui.

Ce qui est affreux, c'est que la beauté, non seulement c'est une chose terrifiante, mais c'est une chose qui a un secret. Le diable et le bon Dieu qui luttent ensemble, avec, pour champ de bataille, le coeur des gens.

Il y a ensuite la description des domestiques et surtout du fils bâtard de Fiodor, Smerdiakov (fils de Lizavéta la puante, morte en couche) que Dostoïevski compare à ce tableau d'Yvan Kramskoï, Le contemplateur. Ce passage montre sa force d'évocation aussi bien dans l'analyse de ce tableau que dans le portrait psychologique qu'il suggère de ce personnage.

 - Fédor Dostoïevski [Russie] - Page 17 Kramsk10
Le contemplateur

Le peintre Kramskoï a un tableau remarquable qui s'appelle "Le contemplateur": on y voit représentée une forêt en hiver, et, dans la forêt, sur une route, vêtue d'un petit caftan et chaussé de laptis troués, complètement seul au monde, dans la solitude la plus totale, une espèce de petit paysan, arrivé là, et qui se tient là, comme pensif, mais il ne pense pas, non, il "contemple" on ne sait quoi. Vous le pousseriez, il tressaillerait et vous regarderait comme si vous veniez de le réveiller, sans rien comprendre. Certes, il reprendrait tout de suite ses esprits, mais, vous lui demanderiez pourquoi il restait là et à quoi il pensait, sans doute n'arriverait-il pas à se souvenir de quoi que ce soit, mais sans doute aussi cacherait-il au fond de lui l'impression sous laquelle il se trouvait pendant toute sa contemplation. Ce sont ces impressions qui lui sont chères, et il les accumule, comme un avare, sans s'en rendre compte, sans même en avoir conscience - et pourquoi, dans quel but, cela non plus, il n'en sait rien: peut-être, d'un coup, après avoir accumulé ces impressions pendant de nombreuses années, il laissera tout tomber et partira pour Jérusalem, errer et faire son salut, ou si ça se trouve, il mettra soudain le feu à son village natal, et, si ça se trouve, il fera les deux choses ensemble. Des contemplateurs, dans le peuple, il y en a à foison. Smerdiakov était sans doute l'un de ces contemplateurs, et, lui aussi, il accumulait les impressions avec avidité, lui aussi, quasiment, sans trop savoir encore pourquoi.

La plupart des tableaux de Kramskoï pourraient d'ailleurs illustrer la plupart de ses romans (et des romans de l'époque). Il a du y puiser d'autres visages, d'autres atmosphères certainement.

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Le livre IV est à nouveau consacré à l'évocation de plusieurs figures d'hystérie avec notamment la description étonnante de Katérina Ivanovna qui se consume d'amour pour Dmitri qui la délaisse. Ivan lui-même amoureux d'elle se résigne non sans oublier de tendre un miroir cruel à Katérina, lui révélant son propre comportement hystérique.

Et maintenant, je repars, mais sachez le, Katérina Ivanovna, que, réellement, vous n'aimez que lui. Et, plus il vous humilie, plus vous l'aimez, de plus en plus. Voilà en quoi elle consiste, votre hystérie. Vous l'aimez précisément tel qu'il est, vous l'aimez quand il vous humilie. S'il s'amendait, vous, vous l'abandonneriez tout de suite, vous ne l'aimeriez plus. Mais vous avez besoin de lui pour contempler sans cesse l'exploit de votre fidélité et lui reprocher son infidélité. Et tout cela vient de votre orgueil. Oh, il y a là beaucoup d'abaissement et d'humiliation, mais tout cela vient de l'orgueil...

Et enfin, cette partie s'achève sur des chapitres merveilleux entre le père d'Ilioucha et Aliocha dont l'enfant a mordu cruellement le doigt pour se venger de l'humiliation que Dmitri a fait subir à son père. Je me souviens qu'en visitant le musée Dostoïevski à St Pétersbourg, on apprenait que l'écrivain avait perdu son fils adoré pendant l'écriture des Frères Karamazov. On sent que ces descriptions père/fils, pleines de tendresse et de noblesse, devaient lui tenir particulièrement à coeur... Elles sont magnifiques.

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Au prochain épisode... "Le grand inquisiteur"! Very Happy


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MessageSujet: Re: Fédor Dostoïevski [Russie]    - Fédor Dostoïevski [Russie] - Page 17 EmptyLun 29 Nov 2010 - 9:23

Marko a écrit:
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Celui-ci illustre la couverture d'Anna Karénine. La version poche Folio Classique si je ne me trompe pas.
sourire
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