Sugarland Express
Grâce à la tv, je découvre des films dont je ne connaissais même pas l'existence.
D'abord, je ne suis pas une grande fan du cinéma de Spielberg (si l'on excepte les (évidents) attachements à des films de mon enfance/adolescence comme E.T, Les dents de la mer, Les Goonies (scénario).
Je le trouve souvent trop dans le spectaculaire, le bon sentiment, la morale, le tout propret et bien fabriqué. Une grosse machinerie prévisible et mièvre.
Bref, aucune raison d'aller fureter dans sa filmographie.
Et puis il y a des découvertes qui sont de vraies surprises, et me rappellent pourquoi ce réalisateur arrive parfois à me faire rester 1h30 les yeux collés à l'écran (comme Duel, par exemple).
Alors, Sugarland Express.
Lou Jean rend visite à son mari Clovis, en centre de pré-sortie de prison. Alors qu'il ne lui reste que 4 mois à tirer, elle l'oblige à s'évader pour aller récupérer leur fils Langston mit en famille d'accueil. Clovis n'a pas le choix : soit il la suit, soit il perd la femme de sa vie. La décision est vite prise. Et tant pis si c'est absurde à quelques semaines d'être enfin libre.
D'une situation à l'autre, ils finissent par croiser le chemin d'un jeune flic qu'il prenne en otage, et dans la voiture de fonction de ce dernier, les voilà en route pour Sugarland. Seulement, très vite, les flics de tous les états vont les suivre à la trace pour les arrêter, et récupérer sain et sauf leur collègue.
Film américain classique du road-movie de petites frappes, en cavale. A croire que pour beaucoup de réalisateur c'était devenu un passage obligé.
Avec de franchement drôles situations glissées de-ci de-là qui fait que cette histoire ne va pas du côté du sombre, du violent, du subversif, mais bien du côté de l'attendrissant, décalée, et divertissant.
Comment ne pas trouver des qualités à un film où l'on voit des paysages désertiques américains, de longues routes droites, une enfilade de voiture. Le ciel qui se teinte de sombre alors que se détachent les enseignes à néon des stations services au milieu de nulle part. Les petits bleds où des foules s'amassent en parade pour saluer le passage des deux fugitifs. Plus de deux cents voitures de flics à la queue leu leu, de toutes les teintes, de tous les états, suivant à une vitesse de croisière le trio insolite. Un couple de paumé, fou amoureux, qui veut juste être réuni comme une famille normale.
Clovis qui noue une relation presque fraternelle avec Slide, le flic. Paumé il se dit qu'il pourrait même devenir patrouilleur, lui aussi ("Mais tu peux pas, t'as un casier judiciaire mec" "Ah ouais."). Il est gentil Clovis, le bon gars qui a juste fait des boulettes, qui ne réfléchit pas beaucoup, et qui suit sa femme partout où elle le mène.
Lou Jean, délurée, déconnectée de la réalité, timbrée. Qui profite de "l'escapade" pour récupérer des bons d'achats, qui demande des bigoudis et de quoi se coiffer à une épicière, qui pense qu'une fois récupérer Langdon, tout rentrera dans l'ordre.
Slide, le flic, droit dans ses bottes. Jeune et qu'on sent plein d'idéal. Qui s'attache à ce couple, gentil mais perdu.
A partager du poulet frit affalés sur les sièges des fauteuils de la voiture, pour éviter de se faire canarder, ou de se faire repérer en train de copiner.
Un regard sur l'Amérique, avec les mecs qui sortent les gros fusils et veulent faire la loi à la place des flics, avec la glorification des rebelles jusqu'à les accueillir en rock star, avec les flics silencieux, taciturnes, qui en ont vu des vertes et des pas mûres mais n'ont jamais tué qui que ce soit.
Avec la poussière, les crissements de pneu, des paysages magnifiques, des cadrages qui marquent l’œil.
Bémols : Goldie Hawn qui, pour moi, est vraiment une tête à claque. Impossible de l'apprécier.
Le film ne parvient pas réellement à décoller de son rythme tranquille, ce qui est, je pense, surtout dû aux personnages et aux acteurs. A très peu de moments, j'ai senti ce petit trépignement à être avec eux. Le film ne les rend pas viscéralement attachants. Pas assez fous, pas assez rock'n roll. Le fait d'avoir voulu en faire de "vrais gentils perdus" ?
Mis à part ça, c'est un chouette film, pour qui aime ce genre d'histoire de cavalcade, de poussière, de course-poursuite, de balade, de flingues, de situations cocasses.