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Messages : 3501 Inscription le : 03/01/2011 Age : 39 Localisation : Cergy
Sujet: Re: Romeo Castellucci Mer 12 Nov 2014 - 1:12
Très beau texte Marko ! Une oeuvre dense mais aussi très fluide, à la fois violente et libératrice. Les tableaux se succèdent en formant des contrastes qui peu à peu prennent sens dans l'expression d'une fragilité émotionnelle. Castellucci interroge sans cesse la représentation de l'humain et la séquence finale scelle une étrange harmonie qui s'enrichit de la conscience de la perte et de la création d'un lien.
Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
Sujet: Re: Romeo Castellucci Mer 12 Nov 2014 - 23:59
Ce qui ramène à la première scène où les personnages semblent mimer de façon abstraite et chorégraphiée ces gestes d'union et de désunion, d'interrogation et de quête de sens dans un espace mystérieux et intemporel. Une illustration de la religion finalement dans sa dimension étymologique.
Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
Sujet: Re: Romeo Castellucci Sam 15 Nov 2014 - 18:35
Bon allez, j'y retourne à Anvers la semaine prochaine. Il y aura peut-être quelques variantes...
coline Parfum livresque
Messages : 29369 Inscription le : 01/02/2007 Localisation : Moulins- Nord Auvergne
Sujet: Re: Romeo Castellucci Dim 16 Nov 2014 - 12:21
Marko a écrit:
Bon allez, j'y retourne à Anvers la semaine prochaine. Il y aura peut-être quelques variantes...
Tu es incroyable!
Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
Sujet: Re: Romeo Castellucci Dim 16 Nov 2014 - 16:41
D'un lieu de représentation à un autre Castellucci apporte des modifications à ses spectacles. Par exemple ici 2 scènes de Go Down Moses qui ne sont pas dans la version de Paris:
J'en ai profité pour ajouter quelques nouvelles photos disponibles dans mon premier post sur le spectacle.
Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
Sujet: Re: Romeo Castellucci Lun 17 Nov 2014 - 0:25
L'an dernier Romeo Castellucci a reçu le Lion d'Or à la Biennale de Venise pour l'ensemble de son œuvre. Bel hommage:
Citation :
The Golden Lion for lifetime achievement will be presented to Romeo Castellucci "for his ability to create a new theatrical language which blends theatre, music and the plastic arts. For creating worlds in his theatrical representations that achieve the excellence of dreamlike states, perhaps the best compliment one can pay a theatrical work. For having created a scenic representation of something as impossible to represent as the nightmare. For having made us doubt, interrogating us with seemingly harmless scenes, then letting us discover that behind every sheepskin there's a wolf, or a hundred, or a thousand of them. For having transported us into parallel worlds, bringing us back to revisit our own worlds, finding them changed. For having been able to elevate us, wrap us up in his stories, often making us forget we were sitting in a theatre. For having joined his name so closely to that of Art. For having made of Italy an international reference point through the creation and representation of his works at the end of the 20th century and the beginning of the 21st century. For having remained scenically vibrant after all these years of work, continuing with the same freshness with which he started 30 years ago. And for being a great source of inspiration for the later generations, who have received from him a magma of new scenic languages".
coline Parfum livresque
Messages : 29369 Inscription le : 01/02/2007 Localisation : Moulins- Nord Auvergne
Sujet: Re: Romeo Castellucci Dim 21 Déc 2014 - 23:56
Le sacre du Printemps
Concept et mise en scène : Roméo Castellucci Son :Scott Gibbons Musique : Igor Stravinsky – Enregistrement par MusicAeterna, sous la direction musicale de Teodor Currentzis Collaboration artistique, Silvia Costa Programmation ordinateur, Hubert Machnik Assistant scénographie, Maroussia Vaes Assistant lumière, Marco Giusti
Trois spectacles de Romeo Castellucci ont été programmés dans le cadre du Festival d’automne à Paris. - Schwanengesang D744 (voir en pages 4 et 5 du fil Roméo Castellucci nos commentaires postés lorsque Marko et moi l’avons vu au Festival d’Avignon en 2013) ici ! - Go down Moses (voir page 6, le commentaire de Marko) ici ! - Le Sacre du Printemps
Je suis donc allée voir Le sacre du Printemps samedi dernier à La grande Halle de la Villette et je suis heureuse de me dire : j’y étais ! Ce n’est pas à un ballet de danseurs que j’ai assisté sur la musique de Stravinsky mais à un ballet de cendres ! Je vois bien ce qu’il peut y avoir de déroutant à lire ces mots et à constater mon enthousiasme. Mais c’était grandiose, stupéfiant de beauté et de sens ; il me sera difficile de trouver des mots pour l’exprimer.
Qu’ai-je vu ?
Pendant que nous nous installions, nous pouvions discerner, en miroir, l’ensemble des spectateurs sur les gradins, de façon floue, et l’image étrange, assez belle, retenait le regard, appelait déjà à la concentration. Cette image apparaissait, nous le constaterons après, sur une paroi en plastique transparent qui séparait en fait le public de la scène où aurait lieu le spectacle.
Peu à peu la musique commença doucement à s’élever et sans précipitation le noir se fit dans la salle, laissant apparaître la scène comme un cube noir où clignotaient, tout en haut, des lumières rouges : des lumières de contrôle qui donnaient à voir plus que ce qu’elles sont…l’imagination était à l’œuvre…
Voulez-vous écouter la musique de ce moment-là ? L’adoration de la terre : clic!
Puis le cube est passé du noir au blanc et une machinerie extraordinaire de bras articulés projetait une matière poudreuse en accord plus que parfaits avec l’alternance des rythmes frénétiques et doux de la musique de Stravinsky. La musique n’était pas jouée en direct, c’était un enregistrement du Sacre joué par MusicAeterna, sous la direction musicale de Teodor Currentzis. Les faisceaux de lumière, dont les teintes variaient, contribuèrent à l’animation de ce qui jouait sous nos yeux. Le spectacle subjugue. Des images fugaces s’impriment à nos esprits. Les émotions sont grandes.
Voici quelques photos qui ne peuvent rendre le caractère magistral et éblouissant du spectacle :
Et un peu de musique encore pour les accompagner : Les augures printaniers:clic! Rondes printanières :clic !
Peu à peu, au centre de la scène se souleva un tertre de cendres tandis que les machines s’abaissaient lentement créant un espace à l’aspect futuriste. Le métal jusque-là cantonné en haut de la scène envahit l’espace puis remonta. Alors un rai de lumière éblouissant se dessinait à l’horizontale en fond de scène.
Performance technique et technologique bien sûr. Le ballet aura duré 35 minutes. Performance esthétique aussi. Mais voici que s’étire encore un voile recouvrant la paroi plastifiée. Les mots viennent s’y inscrire, expliquant le côté technique puis l’intention de l’artiste, tandis que l’on écoute la partie « Sacrifice » du Sacre. Sacrifice: clic !
Les cendres (6 tonnes) étaient celles de 75 bovins ! Dans la pratique habituelle, elles sont nettoyées et calcinées plusieurs fois afin de servir de fertilisant, sur les sols épuisés ou acides. Ce spectacle est la triste métaphore d’une bien sombre réalité: pour qu’il y ait printemps, il y a sacrifices ! Et si l’homme est aux commandes de ce qui se passe par l’intermédiaire d’ordinateurs et de machines sophistiquées, le ballet de ses bras oeuvrant sur la nature pourrait ne plus avoir cours, sa présence effective n’être plus vraiment nécessaire…comme celle des danseurs sur la musique de Stravinsky.
Lorsque Le Sacre du Printemps est terminé, la boîte du spectacle redevient blanche ; le spectacle se prolonge sur une composition musicale de Scott Gibbons. Vision post-apocalyptique!
Se dessinent alors des silhouettes d’hommes qui avancent et se font de plus en plus précises. Armés de pelles, ils sont couverts de combinaisons blanches étanches et de masques …Ce sont des fantômes presque, et l’image nous vient inévitablement d’autres calcinations de l’Histoire des hommes.
Les spectateurs, sidérés, demeurent sur les gradins puis peu à peu, en silence, descendent, et pour beaucoup s’approchent de l’avant de la scène. On est passé de l’éblouissement esthétique à une réalité qui fait naître un sentiment de malaise et de tristesse. Les applaudissements seraient malvenus. Ils ne retentissent pas. Il ne s’agit pas de mécontentement ou de désapprobation mais d'un réel choc devant la puissance, la beauté et le message.
Les hommes en blanc remettent la cendre dans les machines, elle servira au prochain spectacle…A un cycle de spectacles, évocateurs d’un autre cycle, infernal celui-là, mis en place par l’homme, où en certains lieux, l’industrie est nécessaire pour que renaisse un printemps. Où la survie de la nature passe à grande échelle par la mort d’animaux.
Source La Terrasse Pourquoi cette poussière? « Parce que la poussière d’os d’animal qu’on trouve sur le marché pour fertiliser les sols est le dernier stade du sacrifice. Tout d’abord, l’homme a sacrifié son semblable dans des rituels publics, puis ce fut interdit. Ensuite, il a sacrifié des animaux pour amadouer le ciel, puis ce fut aussi interdit. Aujourd’hui, cette poussière d’os qui est le résultat de plusieurs combustions animales est dispersée sur la terre pour enlever aux sols leur acidité. L’industrie a pris le relais du spirituel et il n’y a plus, entre l’homme et le ciel, la crainte que la prière ne soit pas exaucée. C’est une manière orgueilleuse de régler cette affaire de fertilisation, la violence demeure, mais elle est muette. » (RC)
vidéo: Roméo Castellucci parle du Sacre du Printemps+ extraits du spectacle
Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
Merci pour ton commentaire Coline. Quel regret de ne pas avoir pu y assister !! J'aurais adoré vivre cette expérience. Par contre je suis souvent frustré lorsqu'un spectacle utilise la musique classique amplifiée et non jouée en direct par les musiciens. Le rendu est très différent. J'ai un mauvais souvenir d'un Romeo et Juliette de Prokofiev qui perdait de sa magie à cause de cette musique amplifiée. Est-ce que c'était gênant pour ce spectacle ?
J'espère que d'autres parfumés tenteront un jour un spectacle de cet artiste génial qu'est Castellucci. Probablement un des plus créatifs et inspirés d'aujourd'hui, toutes catégories artistiques confondues.
coline Parfum livresque
Messages : 29369 Inscription le : 01/02/2007 Localisation : Moulins- Nord Auvergne
je suis souvent frustré lorsqu'un spectacle utilise la musique classique amplifiée et non jouée en direct par les musiciens. Le rendu est très différent. [...] Est-ce que c'était gênant pour ce spectacle ?
L'enregistrement ne nuisait en rien au spectacle...L'humain était totalement absent, il y aurait sans doute eu discordance à voir les musiciens. J'ai trouvé le choix très cohérent et l'amplification contribuait aussi à la force du spectacle.
Moi aussi j'espère que des Parfumés se laisseront un jour tenter par une expérience Castellucci. (En tous cas nous aurons bien oeuvré pour cela! )
Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
Sujet: Re: Romeo Castellucci Lun 18 Mai 2015 - 15:46
Rendez-vous en décembre 2015 au Théâtre de l'Odéon pour L'Orestie selon Castellucci. 2h30 de spectacle. Le commentaire promet!! Réservation à partir du 07/10/2015.
Citation :
Ramener sur scène l’animal
Hérauts d’un théâtre «émotionnel avant d’être culturel», Romeo Castellucci et sa compagnie retrouvent la scène de l’Odéon, qui avait accueilli avec le Festival d’Automne six de leurs travaux entre 2000 et 2006. Cette fois-ci, ce sera pour revenir à l’une des recherches fondatrices de la Socìetas Raffaello Sanzio (ainsi nommée en hommage à Raphaël, chez qui «le tourment est aussi violent que chez Michel-Ange, mais il ne se fait pas voir») : vingt ans après la création d’une Orestie qu’il avait sous-titrée «une comédie organique ?», Castellucci reprend son dialogue avec Eschyle afin d’explorer, à travers l’œuvre du premier des Tragiques, les fondements occidentaux de la représentation. Depuis 1981, la Socìetas Raffaello Sanzio poursuit un travail d’une originalité sans équivalent, éprouvant, interrogeant, ébranlant la plupart des distinctions établies sur lesquelles reposent traditionnellement la production et la réception d’œuvres théâtrales.
Dans sa relation au répertoire, tout d’abord. La Socìetas ne met pas en scène des textes, elle remonte pour ainsi dire plus haut. Romeo Castellucci et son équipe n’ont jamais abordé d’œuvres classiques qu’en vue d’opérer grâce à elles une véritable conversion de l’origine, qui n’est plus, pour reprendre leurs termes, tournée vers le passé, mais doit s’enraciner dans l’avenir et se nourrir à son tour du temps qu’elle inaugure. Aussi le terme de «pré-tragique» revient-il souvent dans leur réflexion, qui est aussi une quête de la puissance et de l’effroi que la tragédie attique, à leurs yeux, a fixés et adultérés en leur donnant la forme représentative qu’a recueillie la tradition théâtrale d’Occident. Par delà la représentation et la «communication», la Socìetas vise donc à en retrouver les matériaux et à réveiller le niveau nerveux, organique, où conceptuel et sensible, mental et perceptif hésitent encore à distinguer leurs voies. Pour y parvenir, Castellucci et ses compagnons pratiquent un rapport très particulier aux images, aux interprètes, et enfin à leurs propres œuvres.
Aux images : évocatrices ou provocatrices, le plasticien iconoclaste qu'est Romeo Castellucci, en les mettant au point, semble doser finement les archétypes les plus profondément enfouis avec des éléments empruntés à la technologie la plus contemporaine. Le clinique et le corrompu, le pur et l’obscène, le rituel et le dérisoire paraissent parfois s’y greffer l’un sur l’autre pour produire des créatures scéniques inouïes.
Aux interprètes : la Socìetas a souvent donné à voir des corps (malades, blessés, souffrants, difformes) dont la censure est si profondément ancrée dans nos habitudes et nos modes courants de représentation qu’elle semble aller de soi. Ce retour de l’organique, subvertissant le primat du «beau corps» de l’être humain adulte, rationnel et doué de langage, se complète naturellement d’une présence accrue de l’animal ou de l’enfantin : «le geste polémique que nous avons à l’égard de la tragédie attique», écrit Castellucci, «est de ramener sur scène l’animal en faisant un pas en arrière. [...] Un théâtre prétragique renvoie, tout d’abord, à un théâtre enfantin».
Enfin, la remise en cause et l’examen critique de toutes les fondations de l’art théâtral, tel que l’opèrent les membres de la Socìetas, passent également par un approfondissement de leurs propres pratiques. La réinvention de l’Orestie pourrait constituer à cet égard le point de départ d’une nouvelle réflexion sur ce que Castellucci appelle «une amnésie essentielle tant du théâtre que de l’immense archive du geste occidental». Quelle étape marquera ce travail de retour sur soi dans l’histoire de l’une des compagnies européennes les plus extraordinairement innovantes des trente dernières années ? Une chose est sûre : la puissance évocatoire, les chocs et le trouble, l’étrangeté radicale qui font la marque des créations de la Socìetas seront présents au rendezvous à l’Odéon.
Certaines scènes de ce spectacle peuvent heurter la sensibilité des plus jeunes, il est déconseillé aux moins de 16 ans
Dernière édition par Marko le Lun 18 Mai 2015 - 16:03, édité 1 fois
Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
Sujet: Re: Romeo Castellucci Lun 18 Mai 2015 - 16:01
Romeo Castellucci a écrit:
L’Orestie traverse le miroir Je trouve vaines et insupportables toutes les tentatives de rendre l’empreinte du coquillage vivant. Rendre un texte tragique «contemporain» est un faux, d’autant plus pathétique que ce sont les poètes qui le font. Ceci traduit une intention missionnaire chez celui qui le réalise ; une tentative de «reconstruire le véritable esprit de la tragédie» dans le contemporain. Comme si la tragédie était une intrigue à jouer dans les hautes sphères de la poésie. Mais nous savons tous parfaitement que la tragédie n’est pas de la poésie ! Le noyau de la tragédie n’est pas tragique : il est pré-tragique, et se soustrait continuellement à lui-même comme l’œil de la limace. Les noms, à nouveau, veulent essuyer ce qu’il y a de muqueux et de rythmé dans la figure. La puissance nucléaire de la tragédie consiste, comme quelqu’un l’a fait remarquer, dans ce qu’elle nie : le silence du héros, et les figures de fable qui sont peu nombreuses et effrayantes. Le Chœur de la tragédie attique manque de nerf. En effet, c’est le contrepoint castré et civilisé du héros. Il y a l’image de la lâcheté : le Lapin. Mais le Lapin, ou le Lièvre, est aussi une figure initiale dans le contexte de la fabula de l’Orestie. Il apparaît en effet dans la battue de chasse néfaste que mène Agamemnon en ouverture de la tragédie des Atrides ; c’est la cause-prétexte du tragique. Un sort feint qui voit une jeune vierge impliquée : Iphigénie. Mais le Lapin apparaît aussi en tant qu’incipit dans le livre de Lewis Carroll. Là aussi une jeune vierge suit le destin de cet animal que les Anciens voyaient surchargé d’attributs sexuels. À l’ascension verticale d’Iphigénie correspond la chute d’Alice, de l’ordre supérieurà l’ordre inférieur : dans tous les cas un enlèvement. Avec Iphigénie-Alice, cette Orestie veut jeter dans un mouvement puéril de descente aux enfers, un mouvement mystérieux où le monde fait allusion au théâtre, où le langage doit nécessairement renaître en passant par sa propre mort, en passant à travers les choses, les animaux, les sons, les êtres et les lieux, en se privant de sa royauté codifiée. Le langage gît sur le même plan que les éléments. Il devient à son tour élémentaire, chose qu’on ne peut nommer, parce que les noms se soustraient : en un mot, l’Orestie traverse le miroir. De l’autre côté du miroir j’ai trouvé Antonin Artaud sans le vouloir et sans le chercher, donc en dehors de l’académie. Artaud, en effet, traduisit Humpty Dumpty de Carroll à Rodez, dans les dernières années de folie. Le texte tragique d’Eschyle subit une espèce de déraillement sur d’autres quais de rêve. D’Eschyle à Carroll, de Carroll à Artaud, et d’Artaud au silence.
« Romeo Castellucci », in Les Pélerins de la matière, traduction française Karin Espinosa, Besançon, Les Solitaires Intempestifs, 2001, pp. 55-57
Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
Sujet: Re: Romeo Castellucci Mar 9 Juin 2015 - 19:13
Fin d'année Castellucci donc avec 4 spectacles dont la mise en scène de l'opéra de Schoenberg "Moses Und Aron" à Bastille.
Pour le festival d'automne:
Odipus/ Le Metope/ Orestie
Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
Sujet: Re: Romeo Castellucci Lun 12 Oct 2015 - 23:19
A l'opéra de Paris dans quelques jours... Je serai au rendez-vous.
Avec un article formidable sur ce créateur de génie: ICI
P.S. Commentaires sur le fil opéra...
Dernière édition par Marko le Lun 9 Nov 2015 - 22:17, édité 1 fois
Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
Sujet: Re: Romeo Castellucci Lun 9 Nov 2015 - 22:16
Oedipus arrive bientôt chez nous... Et forcément j'ai hâte. Surtout après ce commentaire que j'ai parcouru en diagonale pour ne pas trop en (sa)voir..
Castellucci: Oedipus
Marko Faune frénéclectique
Messages : 17930 Inscription le : 23/08/2008 Age : 56 Localisation : Lille
Sujet: Re: Romeo Castellucci Mer 11 Nov 2015 - 11:49
Souvenir de son précédent spectacle Go Down Moses avec cet extrait de la scène finale dans la grotte qui suit la séquence de sépulture pour l'enfant mort: