Cher livre ... nous nous quittons

J'ai bien trouvé un fil pour noter les premières phrases, celle qui commence à nous attirer vers les profondeurs du livre, ce bon début alors qu'il me manque un fil de la dernière phrase. Quelquefois la dernière phrase s'imprime dans notre mémoire autant que la première.

Pour commencer je vous donne ces deux qui me viennent spontanément à l'esprit car apprises par cœur à force de les lire et relire...

Ce que j'étais capable de dire a été dit ; ce que je pouvais apprendre a été appris. Occupons-nous pour un temps d'autres travaux.
(Marguerite Yourcenar, Mémoires d'Hadrien)

I said yes I will Yes.
Oui j'ai dit oui je veux bien Oui.
(James Joyce, Ulysses)

De mémoire, je ne dois être capable que d'un seul exemple.
La dernière réplique de Cyrano qui meurt au moment où le rideau tombe :
"Mon panache".

(pièce lue une dizaine de fois).

C'est ainsi que le peintre Wang-Fô et son disciple Ling disparurent à jamais sur une mer de jade bleue que Wang-Fô venait d'inventer. (Marguerite Yourcenar, Comment Wang-Fô fut sauvé)

Elle est si belle.

Le Pendule de Foucault, Umberto Eco

Très bonne idée de fil !
J'y reviendrai !

ah ah, bien cachée nous avions la frappe de la belle chute

animal a écrit:

ah ah, bien cachée nous avions la frappe de la belle chute

En effet, profondément cachée...

Justement, animal, tu vas certainement reconnaître cette fin-ci qui peint si bien le paysage vaudois.

La mousse, d'un pinceau lent et minutieux, a peint en jaune vif, en gris sur gris, en toute sorte de verts, les plus gros des quartiers de roc ; ils nourrissent dans leurs fissures diverses espèces de plantes et de buissons, airelles myrtilles, épine-vinette aux feuilles dures, aux fruits ligneux, que le vent fait tinter comme des clochettes.
(C.F.Ramuz, Derborence)

héhé.

et ça fait des mois que je me retiens de lire directement Ramuz !

On avait la rubrique "Un bon début ça aide" mais je n'ai pas trouvé de fil sur les fins de romans. Ces fins qui font décoller le livre une dernière fois et qui nous laissent admiratifs ou émus...

Je commence avec Mémoires d'Hadrien de Yourcenar qui se termine par:

Petite âme, âme tendre et flottante, compagne de mon corps, qui fut ton hôte, tu vas descendre dans ces lieux pâles, durs et nus, où tu devras renoncer aux jeux d'autrefois. Un instant encore, regardons ensemble les rives familières, les objets que sans doute nous ne reverrons plus ... Tâchons d'entrer dans la mort les yeux ouverts ...

Comment Wang-Fô fut sauvé:

Le sillage s’effaça de la surface déserte, et le peintre Wang-Fô et son disciple Ling disparurent à jamais sur cette mer de jade bleu que Wang-Fô venait d’inventer.

Le temps retrouvé de Marcel Proust:

Aussi, si elle m'était laissée assez longtemps pour accomplir mon oeuvre, ne manquerais-je pas d'abord d'y décrire les hommes, cela dût-il les faire ressembler à des êtres monstrueux, comme occupant une place si considérable, à côté de celle si restreinte qui leur est réservée dans l'espace, une place au contraire prolongée sans mesure puisqu'ils touchent simultanément, comme des géants plongés dans les années à des époques , vécues par eux si distantes, entre lesquelles tant de jour sont venus se placer - dans le Temps.

Marko a écrit:

mais je n'ai pas trouvé de fil sur les fins de romans.

je l'ai retrouvé pour toi

kenavo a écrit:

Marko a écrit:

mais je n'ai pas trouvé de fil sur les fins de romans.

je l'ai retrouvé pour toi

C'etait difficile à trouver ! et il a besoin d'être étoffé!