Frappe moi !La narratrice, jeune femme que rien ne prédisposait à vivre une passion destructrice, rencontre un homme au téléphone.
Au fil de leurs rencontres, l'homme va l'entraîner vers une jouissance dans la souffrance, l'attente et l'absence. Abolissant toute dignité, la narratrice va tout accepter de cet homme pour devenir la soumise idéale. De cette soumission librement consentie, elle va tirer sa force et sa détermination dans l'amour paradoxal qu'elle voue à cet homme. Confrontée à l'angoisse de l'abandon de l'être aimé, elle va demander toujours plus à ce maître bientôt effrayé par la démesure de sa soumise.
Et lorsqu'il veut cesser le jeu, il est déjà trop tard pour lui... Un très beau texte sur le dépassement de soi et l'absolu dans l'amour. Une progression du désir physique rarement rendue de manière aussi forte portée par une écriture, elle aussi, de la démesure. Roman d'amour, de sexe et de folie, « Frappe-moi ! » s'inscrit dans la lignée des grands textes de la littérature sadomasochiste et trouve sa place aux côtés d'Histoire d'O, du Lien ou de Dolorosa soror. Mon avisAvant d'ouvrir ce livre, il faut tout d'abord savoir que c'est bien un livre relatant le sadomasochisme, nous pénétrons dans cet univers sans tabous, les scènes sont décrites par la narratrice sans aucune retenue, aussi, je peux dire que « Frappe-moi » est un livre pour public averti n'ayant pas peur d'être choqué...
Mais là n'est pas l'atout majeur de ce roman, puisque Mélanie Muller opte pour un personnage féminin non adepte de ce milieu, personnage qui prendra du plaisir dans la souffrance jusqu'à ce que sa vie entière soit transformée.
L'élève dépassera le maitre dans une recherche perpétuelle de nouveaux plaisirs et de vices.
Mélanie Muller pose une évidence sur papier, combien avons-nous de plaisirs méconnus ?
Connaissons-nous nos limites?
Jusqu'où serions-nous prêts à aller par amour?
Ce livre met en avant que le sadomasochisme n’est pas exclusivement une forme de sexualité, il y a bel et bien des tas de nuances qui se regroupent dans ce mot.
Tout d’abord, nous comprenons au fil des pages que c’est avant tout une philosophie de vie, étant donné que le rapport dominé/dominant n’existe pas simplement lors de rapports sexuels mais dans un quotidien.
L’humiliation du soumis, par exemple, ne subsiste qu’au milieu d’une osmose parfaite dans une relation, il est le personnage majeur, la pièce maitresse dans ce jeu, il n'y a donc pas de perte d'identité comme pourrait le sous-entendre le mot " dominé ».
Reste à comprendre que cette pratique est voulue et surtout souhaitée quelle que soit sa position au sein de la relation, et qu’elle devient une dépendance.
Mais je crois que le but de « Frappe-moi! » n’est pas tant de démontrer que tous, nous pouvons dès demain être sadomasochiste, non...il questionne sur le fait que surement, nous ne connaissons pas nos limites, que des plaisirs que nous ne soupçonnons pas existent.
Certains y verront un monde d’avilissement, de perversité, mais d’autres trouvent le plaisir par la souffrance, l’humiliation recherchée, le bondage ...
Pratique très ancienne au final que l’on retrouve dans diverses cultures, qui font également partie de divers arts comme le kinbaku-bi ou shibari en japonais, qui est très représenté en fait au travers des mangas.
Puis le Japon est reconnu également pour sa pratique du hojojutsu qui est une pratique ancestrale (plus connue sous l'arme martiale) du bondage.
Un livre qui en apprend beaucoup sur les limites de tout à chacun et qui interroge sur le dépassement de soi au travers de ce personnage lâchant prise devant l’apprentissage de plaisirs insoupçonnés au travers d’une passion, au point d’en devenir dépendante…