Parfum de livres… parfum d’ailleurs
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 Julio Llamazares [Espagne]

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bix229
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MessageSujet: Re: Julio Llamazares [Espagne]   Julio Llamazares [Espagne] - Page 4 EmptyVen 8 Aoû 2014 - 16:20

Belle idée que la tienne, Bédou ! Remonter à la source vers ses racines...
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Bédoulène
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MessageSujet: Re: Julio Llamazares [Espagne]   Julio Llamazares [Espagne] - Page 4 EmptyVen 8 Aoû 2014 - 16:58

je l'ai regardé et écouté, l'émotion était là ! Coline

merci Bix j'en reparlerai dans quelques mois
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coline
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MessageSujet: Re: Julio Llamazares [Espagne]   Julio Llamazares [Espagne] - Page 4 EmptyVen 8 Aoû 2014 - 17:05

Bédoulène a écrit:
je l'ai regardé et écouté, l'émotion était là ! Coline


Oui, ça passe, même sans connaître la langue...ça ne m'étonne pas! Je l'ai regardée hier soir. content 
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bix229
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MessageSujet: Re: Julio Llamazares [Espagne]   Julio Llamazares [Espagne] - Page 4 EmptyLun 26 Sep 2016 - 18:31

Julio Llamazares [Espagne] - Page 4 Llamaz10

SCENES  DE  CINEMA  MUET

"Elle est étrange, la manière dont s’éclaire et se manifeste la mémoire. Quand j’ai commencé à écrire ces notes (légendes personnelles de photographies pour cet album perdu de mes années à Olleros), je ne croyais me rappeler que quelques noms et quelques images lointaines miraculeusement arrachées à la voracité du temps qui passe. Mais au fur et à mesure que je les contemple – et surtout que je cherche au-delà –, mes yeux s’illuminent, les photos s’animent, elles retrouvent vie comme ces affiches que je voyais à la vitrine du Minero. Sauf qu’étant celles de ma vie, moi seul ai le pouvoir de leur attribuer son et mouvement.
C’est ce qui se passe avec les souvenirs. Parfois – la plupart du temps – ce ne sont que des affiches, des scènes d’un film réduit à quatre ou cinq moments, auxquels seul peut donner vie le projecteur déformant de la machine du temps. Une machine aussi vieille, aussi capricieuse parfois, que celle que monsieur Mundo allumait, quand commençait le film, dans l’obscurité tiède de la cabine, et qui me transportait bien loin de ce pauvre cinéma de campagne. Toutefois on ne peut comme lui arrêter ou supprimer à discrétion les souvenirs.
Les souvenirs simplement se succèdent. Ils apparaissent soudain au détour d’une photo, ensuite ils passent lentement devant nous puis disparaissent (parfois, souvent, pour toujours). C’est pourquoi, afin de ne pas les perdre à nouveau, je me suis mis aujourd’hui à écrire, après tant d’années passées sans les regarder, les légendes de ces photographies que ma mère a rangées et conservées jusqu’à sa mort et qui, comme de vieilles affiches, résument à travers leurs images le film d’un temps qui, sans que j’en aie eu conscience, s’est enfoncé dans l’oubli au plus profond de ma mémoire, comme les bobines inutilisables et brûlées sous les combles de la cabine du Minero. Celle-ci par exemple : une après-midi d’hiver au Tercero d’Olleros (ainsi s’appelait la montagne à l’entrée du village), mes amis glissent sur la neige tandis que je les regarde de loin, assis, au premier plan, sur la borne kilométrique en pierre.
Ainsi, à première vue, c’est tout ce dont je me souviens, tout ce que je pourrais écrire sur cette image que le photographe a prise à notre insu (si l’on en juge d’après le cadre, il a dû le faire de la colline qui se trouvait au bout de la pente). Mais à mesure que je la contemple, les figures s’animent et retrouvent vie, et le paysage acquiert insensiblement dimensions et relief. C’est la machine du temps qui se met en marche, le projecteur de la mémoire éclaire le film de cet après-midi d’hiver et l’envoie sur l’écran flou des souvenirs et des songes.
— Viens, Julio, n’aie pas peur."


Il y a des écrivains dont la vie et l'oeuvre sont tissées dans l'étoffe même de la mélancolie.
La mélancolie est au coeur de toute l' oeuvre de Llamazares. Et dans ce récit Scènes de cinéma muet.

Au début, dès l'enfance, dans ce village minier de la province espagnole du Leon. Dans cet espace en noir et blanc. Comme les photos de
l'album qu'il feuillette.Et notamment la dernière.

"Bien sûr, les souvenirs, comme les photographies, perdent insensiblement la couleur, mais de surcroît, celle-ci appartient encore
au temps où ma vie n'était tournée qu'en noir et blanc, les deux couleurs d'Olleros : le blanc des étendoirs et de la neige et le noir
du charbon. Celle du charbon, qui était la plus persistante, était toujours dans l'air, on la respirait, tandis que celle de la neige n'arrivait
qu'avec l'hiver, à rebours de celle des étendoirs qui n'apparaissait que lorsqu' il faisait soleil...
Dans tous les  cas, chaque fois que que je me rappelle Olleros, maintenant comme toujours, les images m'apparaissent
en noir et blanc et me renvoient inévitablement à ces films où paysages et acteurs semblaient des ombres qui représentent toujours à mes yeux le vrai
cinéma : celui qui, comme nous, ne savait pas que le monde était en couleurs."


Ainsi défilent les personnages et l'auteur, vivants ou morts, mais devenus des ombres fixes. C'est à travers eux qu'il nous fait connaître
la condition des hommes de la mine, qui meurent souvent à quarante ans et crachent leurs poumons avant de mourir.
Mais si le noir, celui du deuil, du charbon et de la suie et des morts violentes l'emporte souvent à Olleros, il y a aussi des moments
de pure joie, d'exultation, ceux de l'enfance et de ses jeux, du cinéma.
Et aussi cette fête grandiose qu'apporte un jour au village un grand orchestre venu tout exprès de Santiago de Compostela.
Les villageois font au triomphe aux musiciens qui le leur rendront bien de jour comme de nuit et sans ménager leur énergie.
Tel sera le meilleur souvenir de l' auteur.

"Les photographies, comme les souvenirs, racontent le monde non tel qu'il était, mais tel qu'une fois il fut et, donc à quel point il aurait pu être différent."

Mais c'est ainsi que Llamazares cherche à sauver de l' oubli les hommes, les paysages et leur histoire. Le village où il est né. Et qui a
disparu sous les eaux d'un barrage.
Et c'est ce qui fait la force de ce récit d'exposer ainsi les mécanismes de la mémoire dont le temps est le personnage principal.[/i]
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