Expositions vues par les parfumés

Je serai bien plus modeste dans la mise en avant d'une expo photos à Guingamp.



Une mise en jambe photographique, pour un retour dans la blogosphère littéraire.
Etrange? Pas tant que cela: chaque photographie de l'exposition "Bretonnes" est une histoire, sans parole, relatée par l'artiste Charles Freger.
La coiffe est à l'image de chaque terroir breton, est une des racines, profondes, qui font la Bretagne et sa culture, qui font ce que les Bretonnes sont. La féminité est à l'honneur pour le plus grand bonheur de l'amateur de belles choses, l'amoureux de jolis moments passés en bonne compagnie.
L'invitation à déambuler entre terre et mer, de Saint-Brieuc à Pont-l'abbé en passant par Rennes et Guingamp.
On notera l'excellente idée d'avoir mis quelques photos de "Bretonnes" sur le parvis de la gare guingampaise: c'est un appel aux esprits curieux, une invitation au voyage qui se vit à l'espace François Mitterrand, près de la mairie.

La photo de l'affiche rappelle les portraits du peintre allemand Hans Holbein (1497-1543) tout en subtilité, la coiffe est un de ces éléments subtils.

Une mise en bouche: un triptyque "Picasa3" avec la photo qui m'a fait fondre, la coiffe vue de dos où la dentelle est d'une beauté époustouflante, où le bleu du ruban est mis en abyme avec la mer.

Dans les combles du Château de Chaumont sur Loire, Fleurs fantômes, une exposition-intallation de l'artiste Gabriel Orozgo.

Citation :

Artiste en constant déplacement, sans atelier fixe, vivant entre le Mexique, les États-Unis et la France, Gabriel Orozco rejette les identifications nationales ou régionales et puise son inspiration dans les différents lieux où il vit et voyage.

Fasciné par les papiers peints anciens qui ornaient les murs des appartements des invités du Prince et la Princesse de Broglie - derniers propriétaires privés du château - abandonnés depuis 1938 et ouverts pour les artistes contemporains depuis 2011, le grand artiste mexicain Gabriel Orozco, dans le cadre d’une commande spéciale de la Région Centre, s'est longuement imprégné du palimpseste des tapisseries subsistant sur ces murs anciens.
Les œuvres qui jalonnent les « chambres des invités » du château reprennent des détails et des blessures de ces papiers anciens, reconstitués par l'artiste grâce à un procédé unique et lent de projection à jet d'huile sur toile. Le tremblé de l'impression est à l’aune du trouble qui saisit le visiteur en ces lieux, face au dialogue lié par ces œuvres et les murs imparfaits qui s'offrent au regard.

Une étrange communication entre oeuvres et lieu, couleur et temps...

Germaine Krull (1897-1985)
Un destin de photographe
du 02 juin
au 27 septembre 2015

Citation :

Germaine Krull (1897-1985) est une des photographes les plus connues de l’histoire de la photographie, pour sa participation aux avant-gardes des années 1920-1940, et l’une des femmes-photographes les plus célèbres. La publication de son portfolio Métal en 1928, sa présence à l’exposition « Film und Foto » en 1929 sont les événements le plus souvent rappelés, qui l’inscrivent de fait comme l’une des égéries de la « modernité » photographique.

la suite : jeudepaume.org

Pas inintéressant de suivre ce parcours très riche, parfois mouvementé, toujours sur le fil de la nouveauté et finissant par être oublié ?

Au niveau des photos présentées s'il y a de belles choses entre l'artistique et un documentaire moins maniéré je n'ai pas non plus été marqué. Il m'a manqué un déclic, même devant des superpositions ou des visions très géométrique auxquelles je suis facilement sensible. Pour les adeptes il y a des portraits fort réussis dont certains sont connus. Portraits de visages mais aussi de mains.

Finalement j'ai plus accroché aux photos de Valérie Jouve qui sont en ce moment aussi au Musée du Jeu de Paume (alors que normalement j'aurais du y être moins réceptif).

Pour Germaine Krull en survolant ce que propose internet possible aussi que les choix faits pour l'expo pèsent dans la balance (du manque de réceptivité).

j'aime beaucoup les photos de Germaine Krull... mais ce qu'on peut trouver sur internet ne me semblait jamais assez pour lui ouvrir un fil... mais elle appartient certainement aux femmes photographes qu'il faut retenir

Avec du retard (et de toute façon l'expo est finie), j'ai vu l'expo L'Inca et le Conquistador au Quai Branly.
L'intérêt n'était pas exceptionnel (on est loin de l'expo sur les Mayas il y a peu ou celle sur Teotihuacan il y a quelques années). L'essentiel de l'expo, c'était du texte à lire, ce qu'on peut aussi faire avec un livre ou quelques notices Wikipedia.
Le parti-pris n'était pas inintéressant : aborder le point de vue des deux "camps", raconter un même événement des deux points de vue. C'est vrai que généralement, on a la vision du vainqueur, et pas du vaincu.
Mais il y avait pas mal de redites, et artistiquement, pas grand chose à se mettre sous la dent. Très peu d'oeuvres de l'époque ; il y avait sans doute plus de toiles du XIX° siècle, tendance recréation fantaisiste.

Donc, pour ceux qui s'intéressaient déjà un peu au sujet, l'expo n'apportait pas beaucoup.

Vu cet été une exposition :



à la fondation Hélène et Edouard Leclerc à Landerneau. Ma foi, si les épiciers reconvertissent une part de leurs bénéfices dans ce genre d'institution, je pense qu'il leur sera beaucoup pardonné dans l'au-delà . Je n'étais pas trop enthousiasme pour aller voir cette exposition, c'était bien parce qu'il pleuvait et que les personnes qui m'accompagnaient souhaitaient la voir. Un peu comme pour Bonnard : Bof, j'ai déjà vu plusieurs expositions de cet artiste. Et puis à l'intérieur, la magie opère immédiatement et me voilà pris au piège une nouvelle fois  
Bref, un beau panorama de l'oeuvre du sculpteur avec des oeuvres de grande qualité provenant de la fondation Giacometti. La présentation est sobre, façon Beaubourg. Seul petit bémol : un parcours qui mélange chronologie et thématique et qui n'est pas toujours évident (ainsi une vitrine expliquant les méthodes de travail de l'artiste qu'on attendrait plutôt au départ et qui se retrouve à la fin). Que cette petite réserve ne vous empêche pas, si vous en avez l'occasion, de visiter l'exposition qui se termine le 25 octobre. En plus, la fondation est installée dans un beau bâtiment de l'ancien couvent des Capucins. Voici quelques photos pour vous donner envie :













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FRAGONARD - Luxembourg


A ne pas rater !

Des peintures qui sont des merveilles de couleur, de lumière et d'espièglerie !

Des gravures fougueuses et drôles.

Héritier de Boucher, mais aussi des Téniers et autres Rubens, Frago a un talent unique pour les carnations moelleuses, faussement candides, mises en scène dans des décors confortables.

Tantôt privés (les fameux boudoirs du 18è) ou champêtres (comme l'île d'amour).

Les thématiques à la fois pastorales et libertines disent tout d'un siècle qui se cherche dans les plaisirs, qui médite sur les sens et la beauté.

La femme est prise et convoitée mais aussi complice de jeux vénusiaques subtils.

La touche, totalement libre, presque esquisse, est hyper moderne. Quasi de l'action painting ! C'est l'impulsion de l'artiste, à l'état brut, dans sa pureté géniale.

Peu de couleurs. Brun, blanc (il est virtuose !!) et une belle note bleue ou cramoisie. On n'égare pas le spectateur, plus occupé à savourer les épisodes montrés (allant du baiser à la franche culbute !) qu'à chercher des effets de style.

Toutefois, la manière du peintre et ses sujets sont plus sophistiqués qu'il n'y paraît.

J'y ai vu comme une "urgence de vivre". A replacer dans un contexte historique et face à une clientèle aisée, mais inquiète.

La lecture, au passage, est associée à certaines langueurs. Mais le roman pervertit, on le sait tous ici.


Pour les amoureux de ce 18è si singulier, c'est un bonheur.

Comme je lis Sade en parallèle, je suis en pleine ivresse !!!



A noter : la dernière salle montre une belle ouverture au romantisme à venir.


Un vrai peintre.

et le genre de chose à essayer parce qu'on se sentirait réticent à ce siècle ?

Splendeur du portrait à la cour des Médicis - J. ANDRE


Peu d'oeuvres, mais d'une splendeur.
Je suis de toute façon totalemement subjuguée par le maniérisme (il faut dire manière moderne maintenant) et j'y allais spécialement pour revivre cet art très codifié, sophistiqué mais aussi audacieux dans ses cadrages, ses accords chromatiques et son sens pénétrant de la psychologie.

Mon chouchou : BRONZINO.  

Petite exposition (et ce n'est pas si mal car le portrait est un genre à consommer avec modération, en captant les moindres détails), mais très didactique et nous rappelant l'exceptionnel destin de cette famille Médicis qui intronisa deux papes et deux reines, tout en étant mercantile et violente (l'un n'excluant pas l'autre).

L'expo réfléchit sur l'image. La com., on dirait aujourd'hui.

D'abord rigoriste sous "l'ère Savonarole", avec visages graves et impassibles (et bûcher des vanités...). Puis militaire avec Cosme 1er. Ce sont des conquérants. Ils revinrent au pouvoir après 18 ans d'errance. Vasari ou Salviati sont convoqués pour marquer l'événement, avec armures flamboyantes. Et déjà Bronzino pointe son nez. Quelle claque ! Des couleurs... Du panache ! Le chantre de la gloire !

Puis, à l'arrivée d'Eléonore de Tolède dans la famille, se développe le portrait d'apparat (de facture très impressionnante). Le vrai portrait aulique. Aux tissus et perles chatoyants. La carnation est d'une blancheur de colombe, si fragile... Là, virtuosité (encore Bronzino). Et on se tait.

J'eus ma minute d'extase face à un portrait de dame aristocratique, avec chien (fidélité), chapelet (piété) et livre (culture), dont les narines frémissaient littéralement de vie. J'en eus presque peur. Mais son imperceptible sourire hautain me faisait de l'oeil. Comme une copine...

On finit les dernières salles avec les portraits de cour, des thuriféraires, qui plus discrètement, soulignent de leurs gants satinés et dentelles élégantes, qu'ils sont de "la haute".

Enfin, Santi di Tito nous laisse des témoignages des derniers rejetons de la famille. Des bambins joufflus, écrasés de costumes munificents. Mais là encore, le peintre veille et ce sont bien des yeux malicieux qui nous fixent candidement.

A voir pour les amoureux de l'Italie, de Florence.


DOSSIER DE PRESSE : http://www.musee-jacquemart-andre.com/sites/default/files/dp-mja-florence-medicis.pdf


Avec la "DAME EN ROUGE" en deuxième page....

animal a écrit:

et le genre de chose à essayer parce qu'on se sentirait réticent à ce siècle ?

Pardon panda, je ne t'ai pas répondu.
Ben oui, Fragonard, immanquable !

tina a écrit:

FRAGONARD - Luxembourg


A ne pas rater !

Des peintures qui sont des merveilles de couleur, de lumière et d'espièglerie !

Des gravures fougueuses et drôles.

Héritier de Boucher, mais aussi des Téniers et autres Rubens, Frago a un talent unique pour les carnations moelleuses, faussement candides, mises en scène dans des décors confortables.

Tantôt privés (les fameux boudoirs du 18è) ou champêtres (comme l'île d'amour).

Les thématiques à la fois pastorales et libertines disent tout d'un siècle qui se cherche dans les plaisirs, qui médite sur les sens et la beauté.

La femme est prise et convoitée mais aussi complice de jeux vénusiaques subtils.

La touche, totalement libre, presque esquisse, est hyper moderne. Quasi de l'action painting ! C'est l'impulsion de l'artiste, à l'état brut, dans sa pureté géniale.

Peu de couleurs. Brun, blanc (il est virtuose !!) et une belle note bleue ou cramoisie. On n'égare pas le spectateur, plus occupé à savourer les épisodes montrés (allant du baiser à la franche culbute !) qu'à chercher des effets de style.

Toutefois, la manière du peintre et ses sujets sont plus sophistiqués qu'il n'y paraît.

J'y ai vu comme une "urgence de vivre". A replacer dans un contexte historique et face à une clientèle aisée, mais inquiète.

La lecture, au passage, est associée à certaines langueurs. Mais le roman pervertit, on le sait tous ici.


Pour les amoureux de ce 18è si singulier, c'est un bonheur.

Comme je lis Sade en parallèle, je suis en pleine ivresse !!!



A noter : la dernière salle montre une belle ouverture au romantisme à venir.


Un vrai peintre.

Merci Tina. Ton commentaire donne envie de voir cette exposition. Je te rejoints complètement sur la liberté de touche de Fragonard. Pour qui aime la "peintoche" matériellement, sensuellement, c'est tout bonnement extraordinaire

tina a écrit:

Je suis de toute façon totalemement subjuguée par le maniérisme (il faut dire manière moderne maintenant) et j'y allais spécialement pour revivre cet art très codifié, sophistiqué mais aussi audacieux dans ses cadrages, ses accords chromatiques et son sens pénétrant de la psychologie.

Mon chouchou : BRONZINO.  aime

Idem. Je trouve que le manièrisme est l'un des mouvements les plus fascinant dans l'histoire de la peinture. Personnellement, j'ai plutôt un faible pour Rosso Fiorentino ou Pontormo

Pas de Fragonard mais j'ai fait séance rattrapage pour ce qu'on aurait du voir le mois dernier... je tâcherai de trouver le temps pour en glisser deux mots de cette collection suisse à baver partout et des estampes de Kuniyoshi.

Maline a écrit:

Réjouissez-vous ! Le musée Marmottan à Paris présentera depuis le 10 septembre 2015 et jusqu'à la mi-février 2016 :

Henri Manguin (1874-1949), Le Thé à la Flora, 1912

La collection particulière Arthur et Hedy Hahnloser-Bühler de la villa Flora à Winterthur

Chefs-d’œuvre d’exception : Bonnard, Cézanne, Manet, Matisse, Renoir, Vallotton, Vuillard, Van Gogh…


Edouard Manet (1832-1883), Amazone, 1882

Cette exposition passe actuellement - et jusqu'au 16 août 2015 - à la Kunsthalle de Hambourg. J'ai été la voir aujourd'hui et c'est un délice.

     

Je me suis réjoui et me réjouis encore !

Mais pas facile d'en dire succinctement quelque chose. Bizarrement sur l'affiche se sont les noms de Manet, Renoir, Cézanne et Van Gogh qui ont le dessus alors que ce sont Hodler, Vallotton, Bonnard et Vuillard qui ont le dessus dans l'exposition... sans oublier des à côtés non négligeables comme Manguin ou Giovanni Giacometti, ni Redon.

L'exposition regroupe les toiles par peintre et les panneaux dressent un historique de la rencontre du couple avec l'oeuvre et le peintre. A voir  (ou revoir pour certaines) toutes ces belles ou très belles toiles on peut dire qu'ils "avaient du goût" ou que ce sont de bien belles choses, ça ne serait sans doute pas faux. On peut aussi se trouver fasciné par des éléments comme par l'ensemble, il y aurait tout un tas de bonnes raisons. On peut même rêver un peu à imaginer ce qu'a pu être cette vie bourgeoise tournée vers l'art...

A regarder ces extraits de carrières picturales agrémentés de sujets plus personnels (la villa, les portraits du couple, un bouquet reçu puis peint,... ) on a en condensé une impression vive des styles et des manières de ces artistes maintenant définitivement sortis du lot. Vivacité d'autant plus facile à ressentir que les nabis savaient utiliser des couleurs franches et lumineuses en plus de compositions osées ou énigmatiques (Vuillard ou Bonnard ont une science du camouflage).

Ça fait déjà beaucoup, surtout que natures mortes, paysages, portraits, vous avez droit à tout.

Il resterait la question de la "collection" et donc de la présence de la génération précédente (Cézanne, Van Gogh et les autres), on retrouve cette idée que l'acquisition n'est pas l'accumulation ou pas seulement le soutient généreux à un artiste par simple bonté d'âme. Il y a une recherche de quelque chose, peut-être de cette question de l'art et du beau, mais quelque sentiment dynamique mouvant, attentif.

C'est à dire qu'avec plus d'évidence que devant certains sujets il y a quelque chose de vivant dans l'expérience de l'exposition. La reconnaissance maintenant établie des artistes n'efface ni la question du pourquoi ni la résonance des œuvres entre elles, dans cette collection.

Et il y a une foule de choses tranquillement exceptionnelles.

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j'aime bien le tableau du jeu de dames en vue plongeante..