Expositions vues par les parfumés

Michelangelo Pistoletto : Le Labyrinthe (au 104).

Citation :

L’artiste italien Michelangelo Pistoletto - notamment connu pour son appartenance, dans les années 1960, au mouvement Arte Povera - conçoit Le Labyrinthe (1969-2010) comme "une route sinueuse et imprévisible qui nous amène jusqu’à un espace de révélation, de connaissance". Composé de carton ondulé de différentes longueurs, Le Labyrinthe est un espace fait de déplacement, de confusion et de peur. Le miroir, situé à son extrémité, devient "la réflexion de la méditation, qui oscille entre la peur et la sécurité, l’égarement et l’adéquation avec soi-même, le doute et la certitude, une ruelle sombre et une route éclairée". Un filtre contre la banalité de l’existence dans lequel on voit notre image "purifiée de toute difformité qui aurait pu se loger en notre âme". Lui seul permet de trouver la sortie du Labyrinthe.

source : Le site du 104

Voici comment cela se présente : on descend.

De près :


Et là, on se rend compte à quel point l'artiste s'est planté. Lui, ou bien les gens très intelligents qui ont écrit le texte-pensum (l'art contemporain doit toujours s'accompagner d'un mode d'emploi) :
"Le Labyrinthe est un espace fait de déplacement, de confusion et de peur"
C'est donc la théorie. En pratique, les adultes n'ont pas peur, puisqu'ils dominent l'oeuvre, et voient en permanence la sortie.


Les seuls à ne pas la voir, la sortie, ce sont les gosses.
Et, eux, ils s'éclatent. Ils courent dans tous les sens, ils se perdent, perdent leurs parents, c'est super marrant :

Et les parents se disent : "Chouette, bon débarras!"

Pas trop bruyant quand même?

Esperluette a écrit:

Et les parents se disent : "Chouette, bon débarras!"

Pas trop bruyant quand même?

Pour le bruit, comme juste au-dessus il y avait une séance de danse hip-hop (ou autre nom), on ne s'en rendait pas compte. Et puis, c'était le week-end, il y a toujours plein de gosses.

J'espère que l'exposition Keith Haring sera plus consistante.

Hein? Quelle idée étrange cette association, mais pourquoi pas!

J'espère pour toi, que tu te régaleras davantage avec ta prochaine expo.

Vu L'impressionnisme et la mode à Orsay (qui finit le 20/01/2013).
Très bien.
On peut voir des Manet, Renoir, Tissot, Caillebotte... Ainsi que des robes, gants, chapeaux de l'époque.


Manet : Jeune dame, dite aussi la femme au perroquet (New York, The Metropolitan Museum of Art).

L'accent est donc mis sur les vêtements, surtout féminins, puisque les masculins sont tout noirs (mais le problème de la représentation des ces habits sombres, et donc a priori inintéressants, est également abordé).

Certaines toiles, exécutées à plusieurs années de distance, représentent une femme portant la même robe. En effet, certains peintres avaient des robes pour leurs modèles, comme James Tissot :
  
Bord de mer, 1878 (Cleveland Museum of Art), très belle toile, on remarquera les deux petits personnages qui se promènent sur la plage en haut à gauche ; Portrait, 1876 (Tate Gallery)

J'aimais moins les autres Tissot, même si certains ont des qualités, comme La Demoiselle de Magasin (il est vrai qu'un monsieur fait du lèche-vitrine en regardant une dame...)


Il n'était pas possible de prendre des photos. Du coup, pour avoir une bonne idée de la mise en scène, vous pourrez aller voir sur : http://aurorartandsoul.com/2012/10/29/limpressionnisme-et-la-mode-au-musee-dorsay/

Quel plaisir de voir des toiles que l'on connaît bien, mais en vrai !
Par exemple, Rue de Paris, temps de pluie, 1877 (Chicago Art Institute), de Caillebotte:

On est frappé par les dimensions (et la qualité ! une sacrée toile !). Le couple au premier plan est quasiment à l'échelle 1. Du coup, on est devant eux comme dans la rue.

Renoir : la Loge (Courtland Institute Gallery, Londres).

Les commentaires expliquent qu'il y a une incohérence entre la robe de la dame et le vêtement de l'homme. Elle devrait avoir les épaules dénudées (il y a des codes). Bien sûr, le propos de Renoir est de faire de l'art, pas du reportage.

Et puis tant d'autres belles toiles (Madame Charpentier...)

On notera aussi un portrait de Manet par Fantin-Latour (Art Institute of Chicago)


En repartant, du côté du Louvre, j'ai vu un chien sauteur et farceur.
  
Tout était bien.

Joel Meyerowitz à la Maison Européenne de la photographie.
Cela devrait plaire aux amoureux de la photo (en couleur) et des ambiances américaines.






Joel Meyerowitz (né en 1938) a débuté en photographiant New York en noir et blanc sous l'influence de Robert Franck. Très vite, la couleur lui apparaît comme étant une façon de mettre plus en valeur la ville et ses motifs. Il se pose ainsi en précurseur car dans les années 60, la photo couleur n'est pas encore perçue comme de l'art. Elle est jugée un peu vulgaire, tout juste bonne pour la pub et les cartes postales.






Il se promène donc avec deux appareils (l'un pour le noir et blanc, l'autre pour la couleur) avant de décider, à partir du début des années 70, de se consacrer uniquement à la couleur.





La rétrospective de la Maison Européenne de la Photographie présente ses premiers travaux et son oeuvre actuelle en passant par ses clichés des ruines du World Trade Center.



Une photo spécialement pour pour Kenavo:






La suite sur:

http://labougeotte-impressionsdevoyages.blogspot.fr/#!/2013/02/joel-meyerowitz-le-triomphe-de-la.html

Madame B. a écrit:

Joel Meyerowitz à la Maison Européenne de la photographie.
Cela devrait plaire aux amoureux de la photo (en couleur) et des ambiances américaines.

mais oui.. il a même son fil
si tu veux, tu peux y ajouter ton commentaire

kenavo a écrit:

La Valise mexicaine
Capa, Taro, Chim
Les négatifs retrouvés de la guerre civile espagnole
27 février 2013 – 30 juin 2013

Citation :

La légendaire valise de Robert Capa, contenant des négatifs de la guerre d’Espagne, était considérée comme perdue depuis 1939. Miraculeusement retrouvés il y a quelques années au Mexique, ces documents, restitués à l’ICP (International Center of Photography) en 2007, ont fait l’objet d’une exposition présentée à New York en 2010, puis aux Rencontres internationales d’Arles en 2011. Après l’Espagne (Barcelone, Bilbao et Madrid), l’exposition La Valise mexicaine est présentée pour la première fois à Paris, au MAHJ, dans une nouvelle scénographie conçue par Patrick Bouchain.

source et suite

Quelle chance vous avez de voir cette expo... quelqu’un (eXPie??) pourra nous en parler??

ça va être difficile de développer beaucoup parce que c'est franchement copieux comme programme d'expo ! Une présentation chronologique avec un texte explicatif du "moment" historique et quelques considérations (influences, particularités) sur la série de négatifs présentés : planches en petit et quelques agrandissements. Plus des cartes et des journaux avec les photos utilisées et les textes de ces journaux. Ce qui frappe d'abord et au moins autant que le reste c'est l'engagement de ces trois photographes : Capa, Taro et Chim, un engagement politique et physique. Quelque chose de concret, violent.

Ensuite il y a la fracture de cet engagement, de cette guerre qui déborde largement des frontières de l'Espagne. On est partagé entre les tirages en grands (surtout des tirages numériques récents mais pas que) et la vision plus complète, en petit des planches de négatifs. Le témoignage historique, en fait de l'instant, est saisissant (violent aussi), écrasant au fil de la visite.

Et. A tout ça s'ajoute immanquablement le fait que pour faire dire plus efficacement ou faire dire quelque chose aux photos elles sont travaillées, choisies avant même les recadrages. Elles sont ce mélange d'instantané, d'opportunité ou de recherche de la vue et d'un travail, d'une part d'esthétique, du moment comme personnel et de sensationnel, peut-être.

Il y a un peu de frustration de ne pas pouvoir voir toutes celles que l'on voudrait en grand et plusieurs interrogations qui perdurent. Il reste aussi une forme d'inaccessible de cette confrontation qui dépasse l'imaginaire.

Connaissant assez mal l'histoire j'ai beaucoup pensé au roman de Malraux (présent avec d'autres sur certaines des photos) qui colle de près, s'inscrit aussi à sa manière dans cette démarche.

Pas tout assimilé, pas tout digéré non plus. Avec une semaine de recul j'apprécie un peu plus je crois. Je crois aussi que ça a altéré certaines de mes réticences vis à vis de la photo, du rapport à l'instant et d'une signification par ce qui ressemble à de l'excès.

C'est costaud mais ça vaut le coup.

kenavo a écrit:

Madame B. a écrit:

Joel Meyerowitz à la Maison Européenne de la photographie.
Cela devrait plaire aux amoureux de la photo (en couleur) et des ambiances américaines.

mais oui.. il a même son fil
si tu veux, tu peux y ajouter ton commentaire

Je l'ai vue samedi dernier, elle est formidable, on ressort de l'expo avec une envie folle de faire des photos. Intéressant le moment où il passe du noir et blanc à la couleur. A ne pas manquer pour ceux qui le peuvent.

Merci Animal et Domreader pour vos impressions

domreader a écrit:

kenavo a écrit:

Madame B. a écrit:

Joel Meyerowitz à la Maison Européenne de la photographie.
Cela devrait plaire aux amoureux de la photo (en couleur) et des ambiances américaines.

mais oui.. il a même son fil
si tu veux, tu peux y ajouter ton commentaire

Je l'ai vue samedi dernier, elle est formidable, on ressort de l'expo avec une envie folle de faire des photos. Intéressant le moment où il passe du noir et blanc à la couleur. A ne pas manquer pour ceux qui le peuvent.

Oui, c'est assez euphorisant comme expo. Contente de voir que tu as apprécié.

Dali à Beaubourg (18 mars 2013).

(exposition du 21/11/2012 au 25/03/2013).


Les oeuvres que l'on a le droit de photographier étaient ultra-minoritaires (les droits dépendent des politiques des musées d'où elles proviennent). Mes photos concernent donc un tout petit échantillon des oeuvres présentées. Pour certaines, j'ai pris des reproductions disponibles sur la Toile.

Au début (après 45 minutes de queue), ça commence bien, avec quelques toiles de Dali qu'on n'a pas l'habitude de voir. On me dira que ce n'est pas original. Certes. Mais c'est vraiment pas mal du tout.


Portrait de mon père (1925).

Rapidement, il y a foule, et le Dali de série commence.



La Vache spectrale, 1928.

Un titre un peu énigmatique, des trucs bizarres et/mais très signifiants ou bien grotesques posés ici et là, et le tour est joué. Il peut en faire des centaines comme ça. D'ailleurs, il ne s'en est pas privé.


Bureaucrate et machine à coudre. 1933.
Bien sûr, il dessine très bien.
Concernant sa peinture, elle perd moins à être reproduite que celle d'autres peintres : elle est plus lisse.

Parfois, on tombe sur des petites oeuvres (en taille) qui sont vraiment très bien, comme cette Charrette fantôme, 1933 (photo prise sur la Toile)

Et puis on retombe dans les trucs faits en série.

Architecture surréaliste, 1932.


Image médiumnique-paranoïaque. Vers 1934.


Ossification matinale du cyprès. Vers 1934.


Symbole agnostique. 1932.

Parfois, c'est quand même différent :


Et puis il y a les hommages.


L'Angelus, vers 1932.

Un thème largement décliné...


Parmi une masse de toiles bric-à-brac, certaines tiennent bien la route ;

Métamorphose de Narcisse, 1937.

Le thème de la guerre est bien sûr présent.

Conquête de l'air. 1937.


La Foi. 1943.

Dans une salle se détache une toile immense : Paysage avec jeune fille sautant à la corde, 1936 (301,4 x 466,5 x 10,5 cm).

Une sorte de croisement de Wyeth (pour le personnage féminin) et de Chirico (pour le bâtiment, les teintes).


Très bien (pas le droit de photographier... mais de loin ?)


Nous continuons.


Tête explosive. 1950.

Ah, une toile connue.


Construction molle avec haricots bouillis (prémonition de la guerre civile). 1936. Philadelphia Museum of Art.

Excentricité mélancolique. 1938.


La Tentation de Saint-Antoine fait partie des oeuvres qui "fonctionnent" vraiment bien.



Devant cette toile, Le visage de la guerre (1940), une petite fille demande à son père : "C'est les Pink Floyd, hein ?"

Quelques oeuvres religieuses, et notamment une belle sanguine (étude pour le fameux Christ de Saint Jean de la Croix, malheureusement resté à Glasgow).


Plusieurs oeuvres sont ainsi dans une vitrine. Il y a un miroir au milieu. On est censé approcher sa tête jusqu'à toucher le verre, et on doit voir l'oeuvre en relief. Me concernant, ça n'a pas été très concluant.


L'Ascension du Christ, Pietà. 1958.



Le Christ de Gala. 1978.


On arrive vers la fin.


La Pêche au thon. 1966-1967. Huile sur toile et collage. Société Ricard, Marseille.


Une queue se forme pour aller s'installer sur le canapé-lèvres de l'installation "Mae West"... et se photographier à l'écran.

Et on finit avec trois célèbres photos de Halsman-Dali :


Dehors, il pleut.


Un haut-parleur informe que le temps d'attente est maintenant de 1h30...



Pour conclure : beaucoup de toiles qui tournent à vide, avec des titres "n'importe-quoi", des trucs super-signifiants, dont on ne sait pas s'il nous manque des clefs ou s'il s'agit d'oeuvres "gratuites" (mais sans doute très chères) de Dali. Et puis, quelques oeuvres qui valent le coup (mais qui perdent moins que beaucoup d'oeuvres à être reproduites).
Et beaucoup de monde... (dont moi, bien sûr).