Expositions vues par les parfumés

Et la photo d'eXPie sur le canapé-lèvres, tu l'as oubliée?

topocl a écrit:

Et la photo d'eXPie sur le canapé-lèvres, tu l'as oubliée?

Non, mais je ne l'ai pas faite !

Comme vous, j'en suis venue à laisser tomber la plupart des expos parisiennes. C'est intenable.
Enfin, j'ai quand même pu voir celle que je voulais au Louvre : De l'Allemagne, 1800-1939. De Friedrich à Beckmann.

On débute l’exposition aux alentours de 1800, avec un rêve d’artiste : l’idéal Grec. La première œuvre montrée est le célébrissime portrait de Goethe, par Johann Heinrich Wilhelm Tischbein , dans un cadre classicisant.

On poursuit ensuite avec le mouvement Nazaréen, autour de Franz Pforr, Overbeck (entre autres), qui intègrent les leçons de Raphaël et de Dürer, en posant déjà certains traits germaniques, comme l’amour du détail, la sobriété et un trait assuré. Les canons antiques sont omniprésents.

Impossible de capter les différentes évolutions de l’époque sans réfléchir sur la politique très morcelée de ce qui fut le St Empire Germanique et n’est, à la fin du 18è, qu’un ensemble de principautés (Saxe, Prusse, etc…).

L’art et le concept de kultur vont servir de dénominateur commun pour définir une identité proprement Allemande.

Deux voies s’offrent : un pré-romantisme déjà empreint de mélancolie, baigné de lumières crépusculaires, autour de motifs typiques : cathédrales, églises… Une solitude toute monacale imprègne ces œuvres magnifiques.

Egalement, un mouvement aux accents chevaleresques, avec des décors de châteaux, chevaliers, etc. C’est original, nouveau, différent.

Déjà une future constante de l’art germanique (concept qu’on peut utiliser à présent) : grande place du paysage et particulièrement de l’élément minéral, souvent la montagne, et botanique.

Une salle nous présente d’ailleurs l’esprit encyclopédique de Goethe : ses herbiers et sa collection minéralogique. Ainsi que ses dessins de plantes ou d’insectes et évidemment, ses recherches chromatiques. Très émouvant, surtout quand il y a un poème à côté. Il y aussi ses dessins de brumes, nuages. Il se demandait en effet comment représenter l'évanescence.
Goethe est le point focal de l’exposition, symbolisant si bien les aspirations d’un peuple en construction de lui-même, avec l’amour du savoir, la réflexion et la sagesse qui rejoint celle de Friedrich : ne voyez pas une peinture avec vos sens, mais avec votre esprit.

Carus et Friedrich sont largement présents, pour le plus grand éblouissement du spectateur. J’ai eu un vrai choc au cœur. C’est un moment de recueillement intense, même s’il ne faut pas se tromper sur une iconographie apparemment spirituelle. Elle est aussi très engagée idéologiquement (voir l’arbre au corbeau du Louvre par exemple). La grande figure de Carus est un peu éclipsée par Friedrich, à tort. Immense peintre.

Vers la fin du 19è, la facture se libère. Böcklin est un bon exemple de ce renouveau technique, avec beaucoup d’humour en plus. Je pense à un génial tableau montrant deux hommes se battant pour une femme. Elle : goguenarde et provocante, eux : de vrais primates. C’est très drôle. Mais quel pinceau ! On parle alors d’une peinture dyonisiaque…(et que dire de ses naïades s'ébattant dans une mer tumultueuse, c'est gai, voluptueux... Il est géant ce peintre !)

Le réveil du début du 20è est brutal quand on arrive aux grands maîtres de ce temps : d’Otto Dix à Beckmann, qui reflètent la guerre, la violence et comme la stupéfaction de ce moment. J’ai eu un coup d’arrêt là aussi, car le pire est à venir…

Je ne peux pas citer tous les grands noms exposés, mais il y aussi Georges Grosz, Paul Klee, Otto Runge (un graphisme d'une qualité !)...

Si cette exposition est assez ardue, car il faut pas mal de connaissances historiques, elle reste riche d’œuvres sublimes et vraiment, il faut y aller pour être étonné, transporté ou secoué.


Savoir se battre pour écarter les importuns...

Venez à Berlin pour voir l'expositions d'un peintre, caricaturiste et lithographe français dont on ne parle plus assez. Pourtant les aperçus parisiens d'Honoré Daumier restent d'actualité.
Jusqu'au 2 juin 2013 à la maison de Max Liebermann, entre la porte de Brandebourg et l'ambassade de France.

Je recommande vivement l'expo Dynamo au Grand Palais. Très riche, interactive, ludique, instructive, méditative... Avec notamment 2 installations souveraines du génial James Turrell. Allez y!
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Marko a écrit:

Je recommande vivement l'expo Dynamo au Grand Palais. Très riche, interactive, ludique, instructive, méditative... Avec notamment 2 installations souveraines du génial James Turrell. Allez y!
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Je l'avais bien notée !! Ce sera peut-être pour ce week-end.

Marko a écrit:

Je recommande vivement l'expo Dynamo au Grand Palais. Très riche, interactive, ludique, instructive, méditative... Avec notamment 2 installations souveraines du génial James Turrell. Allez y!
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Excellente vidéo!

du monde en dirait plus ? 

Oui je l'ai vue jeudi dernier, c'est une exposition vraiment sympa, qui explore la lumière, l'espace, le mouvement. Donc les œuvres très nombreuses sont souvent en mouvement, ou changent de couleur, clignotent ou changent de forme lorsque l'on tourne tout autour. Beaucoup d'illusions optiques en tous genres. C'est extrêmement riche et parfois magnifique. Quelques noms d'artistes : Jesus rafael Soto, Julio Le Parc, François Morellet, Ann Veronica Janssens, Jeppe Heins, James Turell, Anish Kapoor, Alexander Calder... (J'en ai oublié plein)

Difficile d'en rendre une impression réaliste de l'expo avec des photos, cependant je te mets ICI un autre lien avec un diaporama qui te donnera une idée en complément du lien de Marko sur le site du Grand Palais. En plus à la fin de l'expo tu auras l'explication des adhésifs orange fluo que nous avons vu des ouvriers poser sur les murs extérieurs du Grand Palais lors de ta dernière visite à Paris ! J'en suis sortie avec un grand sourire.

merci, je tenterai ptet bien le coup ! (il y avait du monde ?)

(on n'a pas de fil alors... )



Les picassos sont là

Là c'était donc à Bâle (qu'est ce que c'est beau...). Je connais très mal Picasso et j'étais un peu désarmé, la phase cubiste (ou surréaliste en fin de compte ?) me motive généralement peu et c'est bien ce qui est emblématique de ce peintre...


Néanmoins l'exposition proposée regroupe et rapproche de très beaux échantillons de tout ce qu'à pu faire Picasso, tristesse émouvante de période bleue, mais surtout rapidement dans les toiles comme les dessins et gravures qui tiennent une place importante dans l'exposition, ce qu'on pourrait appeler des formes antiques. Des formes de statuaire et des couleurs gris roses qui définissent un volume. C'est très particulier parce que devant le noir et blanc il n'y a que la dynamique du trait et pourtant on pressent cette forme.


C'est par ces lignes peut-être brisées et mélangées dans le cubisme (belles natures mortes au passage) que les torsions et les déformations (c'est ça sa période surréaliste ?) apparaissent. Et d'une manière débarrassée d'un souci de... d'apparat ? ou de flatteur, il subsiste la tension et l'obsession de la forme. (Et du motif aussi, femmes notamment).


C'est bien par la correspondance (dans les deux sens) de ces œuvres là avec le reste qu'il y a un intérêt d'évidence à voir, parce qu'on a les ressemblances. Sans oublié que cette cohabitation est baignée dans les dessins, et gravures (minotaures) qui sont des expressions très vivantes, avec un certain esprit, souvent charnelles, inquiètes, pas sans naïveté non plus, provoquant à la fois une immédiateté et un plongeon dans l'image pour ces détails et pour ce qu'il y a d'histoire des formes dedans.


Au final très marquant.

@animal
Merci pour cet aperçu de l’exposition des Picasso bâlois. Car pour la petite histoire il faut peut-être raconter que pour cette fois l’exposition ne réunit que des tableaux des collections de Bâle (Kunstmuseum, Fondation Beyeler, collectionneurs privés). Et que l’anecdote fondatrice suivante se raconte partout :

Citation :

La ville de Bâle a noué un lien particulier avec Picasso depuis la légendaire « Année Picasso 1967 ». La population bâloise, lors d’une votation populaire, a alors décidé de débloquer un crédit de 6 millions de francs (suisses) pour le Kunstmuseum, tandis qu’une levée de fonds extraordinaire récoltait auprès des citoyens bâlois 2,4 millions de francs (suisses), tout cela afin de permettre l’acquisition des peinture Les deux frères et Arlequin assis. Picasso fut si touché par cette déclaration d’amour issue directement du peuple, qu’il offrit à la ville trois toiles et un célèbre dessin préparatoire aux Demoiselles d’Avignon. [Source : Kunstmuseum]

Aaaaaaah, grand merci pour cette précision !

j'ai profité de la nuit des musées pour y aller et si j'ai apprécié que les œuvres représentent quelques décennies et certaines d'entre elles dans l'ensemble j'ai trouvé ça décevant, les illusions d'optique ça va mais pas forcément pour 50% d'une expo d'art même moderne ? et avec quelques exceptions comme Calder pour lequel je garde un certain intérêt c'est dans ce qu'il y a de mieux ?

en fait je pense souvent à des impressions données par l'architecture directement ou des objets ou matériaux à vocation avant tout industrielle (d'utilité ou de consommation bête et méchante) et je me désintéresse très rapidement de 4 tubes de néon colorés ou de petits bazars agités par un ventilo.

je te rejoins sur pas mal de ces points... mais aussi pour Calder, que j'aime bien, et dont j'ai entendu encore récemment une belle citation

“To most people who look at a mobile, it’s no more than a series of flat objects that move. To a few, though, it may be poetry.”
Alexander Calder