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| Hector Bianciotti | |
| | Auteur | Message |
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kenavo Zen Littéraire
Messages : 63288 Inscription le : 08/11/2007
| Sujet: Hector Bianciotti Mer 27 Juin 2012 - 16:20 | |
| Ecrivain, journaliste et académicien français Né le 18 Mars 1930, décédé le 12 Juin 2012 Originaire de 'La Pampa', l'auteur italo-argentin commence en 1945 à étudier la langue française en confrontant quelques textes en prose de Paul Valéry à leur traduction espagnole. En février 1955, il quitte l'Argentine et arrive à Paris, après une escale en Italie puis en Espagne. Il rédige alors des rapports de lecture pour les éditions Gallimard puis devient journaliste littéraire au Nouvel Observateur. D'abord écrivain dans sa propre langue, Hector Bianciotti n'écrit plus qu'en français à partir de 1982. En 1977, le prix Médicis étranger lui est remis pour 'Le Traité des saisons'. Même succès pour 'L' Amour n'est pas aimé', couronné en 1983 par le prix du Meilleur livre étranger et 'Sans la miséricorde du Christ', son premier roman français, qui obtient le prix Femina deux ans plus tard. En 1993, l'ensemble de son oeuvre est salué par le prix Prince Pierre de Monaco et le Prix de la langue de France l'année suivante. Outre son statut de critique littéraire pour 'Le Monde', Bianciotti est membre de l'Académie française depuis 1996. Son dernier ouvrage, 'Lettres à un ami prêtre' (2006), regroupe une cinquantaine de lettres qu'il échangea entre 1989 et 1994 avec Benoît Lobet, un jeune théologien. Il meurt à Paris en juin 2012, à l'âge de 82 ans, des suites d'une longue maladie. source: evene.fr | |
| | | kenavo Zen Littéraire
Messages : 63288 Inscription le : 08/11/2007
| Sujet: Re: Hector Bianciotti Mer 27 Juin 2012 - 16:20 | |
| Différentes manières de faire connaissance avec un auteur. Le nom d’Hector Bianciotti, je ne l’ai lu que le jour de son décès. Quelques commentaires et quelques résumés plus tard, je voulais savoir plus et me suis hébergée Le pas si lent de l’amour sur ma tablette. Je suis à moitié et cela me plait très bien.. je voulais déjà lui ouvrir le fil, peut-être il y a d’autres parfumés qui connaissent depuis plus longtemps et ont lu des livres de lui…
Le pas si lent de l’amour fait en tout cas partie de son autobiographie (2e volet) dont le premier est Ce que le nuit raconte au jour et celui avec le joli titre: Comme la trace de l’oiseau dans l’air est le dernier. J’ai bien envie de les découvrir par après. | |
| | | kenavo Zen Littéraire
Messages : 63288 Inscription le : 08/11/2007
| Sujet: Re: Hector Bianciotti Sam 30 Juin 2012 - 8:39 | |
| Le pas si lent de l’amour - Citation :
- Présentation de l'éditeur
A l'aube du 18 mars 1955, le paquebot à bord duquel le narrateur était monté quinze jours auparavant à Buenos Aires mettait le cap sur Naples. Il allait avoir vingt-cinq ans lorsqu'il entreprit ce voyage - qu'il voulait sans retour - les poches vides, mais fort d'une double conviction : son destin l'attendait en Europe, et - c'était là sa devise - pour tenir debout, il fallait apprendre à tomber. Auto-fiction" d'un moraliste autant que récit picaresque peuplé de personnages hors du commun, ce livre nous entraîne des bas-fonds de Naples à Rome, où l'auteur fait longtemps l'expérience de la faim ; de l'Espagne noire de Franco - où il restera quelques années, toujours talonné par la misère - à Paris où il éprouve que le voyage, enfin, s'achève. Sans soupçonner qu'un autre l'y attendait qu'il effectuera à son insu : le lent passage de sa langue d'enfance à celle de son pays d'élection. Et tout au long de ce parcours, les figures tutélaires de la vie d'un homme se redressent, éveillées par les soleils de sa mémoire." Je ne lis que très rarement des autobiographies mais en voulant découvrir cet auteur, c’est le résumé de ce livre qui m’a donné le plus envie d’aller à sa rencontre. Et cette rencontre, elle s’est faite. Surtout à cause de la prédilection de l’auteur pour les anecdotes. À travers des rencontres avec des personnes de tout genre, des moments mémorables, descriptions des villes dans lesquelles il a séjourné il crée un roman plus qu’une biographie. Une écriture soignée en fait de ce livre une lecture très agréable. Extrait : Ainsi du français. Jamais je ne saurais s’il m’a vraiment accepté, mais que tel le lierre qui s’enroule autour d’un arbre il a desséché en moi l’espagnol, de cela je suis convaincu. Pour l’amour de Valéry et de Verlaine, et pour seules armes quelques ouvrages confrontés à leur traduction, un dictionnaire bilingue et une ferveur entêtée, je me suis initié à leur langue. Je ne soupçonnais pas que chaque langue est une façon singulière de concevoir la réalité, que ce qu’elle nomme suscite une image qui lui appartient en propre. Si je dis oiseau, j’éprouve que les voyelles que sépare en les caressant le s, créent une petite bête tiède, au plumage lisse en luisant, qui aime son nid ; en revanche, si je dis pájaro, à cause de l’accent d’intensité qui soulève la première, ou la pénultième syllabe, l’oiseau espagnol fend l’air comme une flèche. Il m’est arrivé d’avancer que l’on peut se sentir désespéré dans une langue et à peine triste dans une autre ; je ne renie pas cette hyperbole.un commentaire à la hauteur de ce livre, à lire iciles premiers 10 chapitres à lire ici | |
| | | Sigismond Agilité postale
Messages : 875 Inscription le : 25/03/2013
| Sujet: Re: Hector Bianciotti Mar 31 Déc 2013 - 3:17 | |
| La nostalgie dans la maison de Dieu (paru en 2003) Court roman (140 pages environ), peu subdivisé en chapitres non numérotés ni intitulés. C'est l'histoire d'un adolescent, prodige du piano, qui a rendez-vous avec son père, dans la maison familiale désertée depuis des années, située au bord d'un fleuve et au milieu de nulle part en Argentine (vraisemblablement). Roman écrit au "je" narratif, et c'est l'adolescent en question qui tient la plume. Son père est aussi musicien professionnel (violoncelliste), et a le même maître de musique que lui, un certain Alberto Savinio. Dans cette entrée du roman, le style est très léché, les phrases ciselées, les mots polis et vernissés. C'est un peu académiquement vôtre, se dit-on, narquois, normal, pour un académicien, avec toutefois cette considération pour la langue de Bianciotti (le français n'est pas sa langue maternelle, et du coup on craint qu'il n'en fasse un peu trop). Puis le roman, jouant avec le temps, nous amène à Paris, où, de passage, le jeune virtuose retrouve la gouvernante de la maison du bout du monde, Lucienne, et où entre en scène une certaine Madame Detrez, dont on découvre qu'elle a une communauté de destin avec Lucienne. Là, le langage se déboutonne comme si le roman se mettait à l'aise et l'on passe à un style pseudo-dialoguant, constitué de monologues entrecoupés en fait, je trouve ça crevant, je n'aime pas particulièrement cette forme. Mais de bien belles pensées (sur des sujets aussi universels que l'amour, la vie le destin...) l'ornent. Puis le final, avec Alberto Savinio en intervenant principal, dans un train de nuit, continue sur ce style du "monologue entrecoupé", avec cette fois-ci encore de magnifiques (ou extravagantes, enfin, chacun se fera son opinion) considérations sur la musique, l'art, la communauté des hommes, le christianisme. Le contenu sauve le contenant. Dans le fond j'étais plus à l'aise avec le beau style académique des premières pages. Autre singularité: En principe, dans un roman écrit au "je", je parviens toujours, fut-ce à mon corps défendant, à éprouver une forme d'empathie, sur une gamme allant de la vive sympathie à la détestation, pour le narrateur. Et, avec ce jeune virtuose-là, ça ne marche pas, je ne sors pas d'une certaine indifférence: comme si son portrait était insuffisamment brossé, ou le caractère pas assez approfondi à mon goût (on ne se départit pas d'un narrateur-témoin, bien qu'il soit en plein centre du roman). C'est d'autant plus curieux que la matière du roman est de toute richesse. A vrai dire je ne me l'explique pas. A ce niveau de perplexité, si quelque autre Parfumé l'a lu ou souhaite l'entreprendre, un léger éclairage de ma lanterne (suis-je passé à côté du livre ?) est vraiment bienvenu ! | |
| | | Sigismond Agilité postale
Messages : 875 Inscription le : 25/03/2013
| Sujet: Re: Hector Bianciotti Mar 10 Juin 2014 - 0:52 | |
| Ce que la nuit raconte au jour (1992) Vous trouverez une très intéressante entrevue avec l'auteur à propos de cet ouvrage sur cette vidéo de l'Ina. Au reste, celle-ci suffit à une présentation réussie du livre (ce qui m'épargne bien du commentaire ), elle n'en dit pas trop, et pourrait bien donner envie à nombre de Parfumés de se plonger dans ces 270 pages (environ), divisées en 60 chapitres (donc plutôt brefs). Ce que la nuit raconte au jour est l'un des trois livres autobiographiques signés par Bianciotti, avec Le pas si lent de l'amour, présenté plus haut dans la page par Kenavo, le troisième opus étant Comme la trace de l’oiseau dans l’air (1999). Le genre est plus qu'exploré, il est rebattu - combien de gens, ayant accédé à une parcelle de notoriété et dépourvus de talent littéraire s'attifent en auto-mémorialistes et garnissent les rayonnages des librairies, maisons de la presse, halls improbables de tous les types et même médiathèques ? De sorte que, chacun ses référents et ses attitudes, mais, pour ma part, tout se fait à l'aune des deux maîtres du genre - du moins les deux que je considère comme la suprême référence, à savoir Proust et Chateaubriand, mais d'autres lecteurs auront d'autres référents en matière d'écriture autobiographique, sans aucun doute ! Et la petite échelle de valeur -encore une fois, toute personnelle - serait ceci: Ce qui compte, c'est la qualité introspective liée à la qualité narrative; là plus qu'ailleurs, l'exploration intime doit s'allier au style, à la plume, et ceux-ci doivent briller, le passable est déjà mauvais. Le contenu proprement dit -l'histoire, l'action, le déroulé, le synopsis, les éventuels thrills et suspenses sont secondaires: ce n'est pas leur lieu d'expression littéraire naturelle (même si, chez Chateaubriand...mais ceci est une autre histoire). Avec Bianciotti, je suis un peu toujours entre l'attirance et le repoussoir; cette lecture fait, incontestablement, pencher la balance du côté de l'attirance -oui, je vais me procurer d'autres ouvrages de lui. Je suis souvent perplexe vis-à-vis de sa plume: est-elle charmante, ou juste charmeuse ? Elle a un côté précieux, tendant parfois à une artificialité aggravée par le fait qu'elle paraît surannée, pas contemporaine aux dates d'écriture et d'impression de ses livres; mais, justement, n'est-ce pas là tout son intérêt ? Je l'ai toujours soupçonné de vouloir en faire un peu trop dans ce domaine, le français n'étant pas sa langue natale, comme s'il avait à prouver... Mais prouver quoi ? La joliesse de sa maîtrise, sa rareté scripturale compte tenu de l'époque, son grand raffinement ? Dans Ce que la nuit raconte au jour nous avons une belle introspection, certes par instant exaspérante, histrionnante, égotique, cédant à la complaisance et enjolivant sans doute certains aspects tout en en laissant d'autres dans l'ombre la plus totale: mais ceci est la loi du genre, Proust et Chateaubriand n'ont pas fait mieux dans ces domaines, s'ils n'ont pas fait pire, et vous pouvez largement faire pleuvoir les mêmes épithètes sur A la recherche du temps perdu et sur Mémoires d'outre-tombe. Mais une belle introspection, disais-je, avec des réflexions méditatives à chaque page, certaines de haute et même de très haute volée, souvent très originales (Bianciotti ne me rappelle pas untel ou untel, et ça, c'est très bon signe). Cette introspection débouche sur un constat sans éloge de fuite zig-zaguante, vécue comme une nécessité plus qu'un choix, alliée à une sensualité très prégnante, et un goût révérencieux pour les auteurs, les poètes et les musiciens (quand Bianciotti parle musique, c'est souvent pur délice). Quelques personnages, parfois étonnants et caricaturaux (La Pinotta en particulier, qui sera "la passeuse", celle qui révèlera au petit Hector l'existence d'un autre monde), Florencio, le gaucho-enfant et sa fin inouïe, comme si elle était irréelle, la mère, une Madonne de sagesse, son père emporté, fat, travailleur acharné et ridicule, la fratrie, très peu dévoilée (deux soeurs apparaissent, et encore, pour l'une d'entre elles, ce n'est qu'à l'âge de poupon), les frères restent anonymes sous ce pluriel de "les frères", sauf un, nommé ici tout simplement l'Aîné, pour une scène d'importance, initiatique sexuellement. Les quelques maîtres (d'école, ou au séminaire) sont le plus souvent ridicules, mais peints sans que l'on ne sente la moindre sévérité, plutôt de la tendresse. Ce qui n'est pas le cas d'un employeur, notaire véreux. Quant aux rencontres de Buenos-Aires en période historique trouble... Une grande musicalité sourd de ces pages, à peu près perdue ou en tous cas peu usitée dans les Lettres françaises de la fin du siècle écoulé. C'est très composé, avec parfois un terme rare et brillant, (rare et brillant parce qu'approprié, en plus), je ne sais pas, par exemple rhumb, ou flaccidité, ou encore épeire, etc... J'ai lu ce livre avec beaucoup de lenteur, une lenteur de dégustation. Au reste, une fois bien calé dans le rythme, les chapitres sont courts et se prêtent bien à une lecture aérée, espacée en petits bouts. Une lecture plus rapide m'aurait fait passer à côté de la plupart des méditations, illustrations et réflexions de l'auteur, bref, de tout le suc de cette recommandable autobiographie, qui va de l'enfance au départ pour l'Europe (une contre-migration en somme, voir ce que Bianciotti en dit sur la vidéo de l'Ina, lien au début du message). | |
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