Bruno Podalydès

ArenSor a écrit:

Cela m'a fait penser au cinéma d'Iosseliani

C'est très vrai! Son cinéma a pas mal de points communs. Iosseliani stylise peut-être un peu plus.

ArenSor a écrit:

, même si je trouve que le scénario aurait gagné à être un peu "resserré".

Voila, c'est tout à fait ça. Merci d'avoir trouvé les mots!

Comme un avion

J'ai aimé le film, fidèle à l'univers des frères Podalydès tout en trouvant un équilibre particulièrement séduisant. Une sensation de flottement est présente de bout en bout et maintient un rythme continu, très fluide et qui évite le risque de l'anecdote. Davantage qu'une légèreté hédoniste, Bruno Podalydès vit des moments de suspension, des parenthèses où l'hésitation ne se confond pas avec l'immobilisme.

Le regard émerveillé, constamment décalé de l'acteur trouve une belle adéquation avec la simplicité rêveuse de la mise en scène. Comme un avion exprime ainsi une harmonie envoûtante, même si celle-ci ne peut être que passagère et le fruit d'une évasion. Les seconds rôles, à la fois indispensables et lointains, participent à ce ballet d'abord improbable avec beaucoup d'aisance et de spontanéité.

Comme un avion

J'ai pris un plaisir fou à  ce film, léger, dans le meilleur sens du terme. Et c'est périlleux : un cinquantenaire qui n'a toujours pas quitté le monde des rêves d'enfants, qui préfère voyager dans sa tête, plutôt que d'essayer de réaliser ses rêves, au risque de les briser ou de les user. Ce n'est pas foncièrement original, et cela aurait pu sombrer dans le cliché ou le trait épais.

Mais il n'en est rien, grâce aux acteurs en premier lieu, et surtout Bruno Podalydès lui même qui donne la sensation, non pas de jouer un rôle, mais d'être ce personnage, comme sur un registre un peu différent, Jacques Tati donnait la sensation d'être M. Hulot, la frontière entre fiction et réalité s'estompant, même si évidemment c'est en partie un artifice, mais un artifice qui donne l'illusion du vrai.

Alors bien sûr, pas de questions sociales, ni de réalités difficiles, un monde comme à part des réalités angoissantes, une bulle. Mais comme cela fait du bien de temps en temps de respirer un peu dans une bulle, pleine de fraîcheur et de poésie, et de rire sans arrière pensée, car le film est vraiment drôle (cela faisait longtemps que je n'avais pas rit autant au cinéma), sans que le rire survienne au détriment des personnages, mais comme un moment de complicité avec eux.

Arabella a écrit:

Alors bien sûr, pas de questions sociales, ni de réalités difficiles, un monde comme à part des réalités angoissantes, une bulle. Mais comme cela fait du bien de temps en temps de respirer un peu dans une bulle, pleine de fraîcheur et de poésie, et de rire sans arrière pensée, car le film est vraiment drôle (cela faisait longtemps que je n'avais pas rit autant au cinéma), sans que le rire survienne au détriment des personnages, mais comme un moment de complicité avec eux.

Voilà, merci pour tes impressions, Arabella! J'ai ressenti exactement la même chose que toi, comme celle d'être dans une bulle échappée du temps et du réel, et cela fait un bien fou

:-D

Comme un avion

Même plaisir à ce film qui n'est pas sans défauts mais qui est une proposition d'utopie légère et d'invitation au badinage (et même à un libertinage décomplexé) assez rafraichissante. Car finalement le film montre un "vieux" couple qui profite d'une brève séparation pour s'envoyer littéralement en l'air (les pieds au plafond de Sandrine Kiberlain à son pseudo-cours de yoga et l'envol sans ailes de Podalydès qui fait du surplace pour mieux savourer un déjeuner sur l'herbe en bonne compagnie). J'aime l'idée de ce couple que la routine ne dérange pas vraiment (en surface). Ils s'inventent des moyens d'évasion très simples et jouissent de l'instant tout en gardant une tendresse manifeste. A l'image de tous ces objets (le "matos") parfaitement inutiles et grotesques mais en même temps sublimés avec la candeur de l'enfance et la gourmandise de l'instant présent. ça me plait beaucoup comme philosophie de vie à la fois modeste et ludique qui masque forcément des choses plus mélancoliques sous-jacentes. Mon petit bémol va au jeu de certains acteurs qui est un peu paresseux. J'aurais aimé qu'ils s'amusent avec ce texte de façon plus dynamique. Et Denis Podalydès aurait était peut-être plus drôle (et meilleur acteur que son frère) dans le rôle principal. C'est relatif et ce film fait du bien.

Aeriale a écrit:

C'est toujours pareil quand on fait un com, si on y a pris du plaisir, on le dit trop et les autres en reviennent déçus.

Même pas déçue. Grande amatrice de projets avortés (qui peuvent se quantifier en regardant les guides de voyages qui n'auront jamais servis !), j'ai beaucoup aimé.

Et je rejoins Marko (oui, je bouffe à tous les râteliers), derrière cette légèreté, le couple est interrogé, la notion (relative) de fidélité aussi.