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| Paul Morand | |
| | Auteur | Message |
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jack-hubert bukowski Zen littéraire
Messages : 5257 Inscription le : 24/02/2008 Age : 43
| Sujet: Paul Morand Lun 16 Juil 2012 - 10:03 | |
| - Citation :
- Paul Morand, né le 13 mars 1888 à Paris 8e et mort le 23 juillet 1976 à Paris, est un écrivain, diplomate et académicien français.
Considéré comme un des pères du « style moderne » en littérature, il s'est imposé comme l'un des grands écrivains français du XXe siècle. Son œuvre a eu une large influence sur les Hussards, en particulier Roger Nimier. source: wikipedia Tout au plus, je mentionnerai l'existence de Paul Morand. Cet auteur s'est illustré dans plusieurs registres. Il est surtout connu pour L'homme pressé et ses récits de voyage, dont Venises. Il fut diplomate de profession en plus d'avoir publié au-delà de 50 livres au cours de sa vie (1888-1976). | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Paul Morand Lun 1 Juil 2013 - 15:53 | |
| Je commence à peine le court roman Hécate et ses chiens. Publié l'année où Simone de Beauvoir triomphe avec Les Mandarins et Françoise Sagan avec Bonjour tristesse, à défaut de tomber dans « l'immortalité secrète » qu'il espérait, le roman de Morand passe complètement inaperçu, même l'immoralité de sa prose ne choque pas, elle est simplement ignorée. Il est vrai que sa réputation est sérieusement écornée - et pour cause ! Céline prend pourtant déjà figure de grand classique, pour Morand, les choses vont autrement. Je ne connaissais cet auteur que de nom, on m'a mis Hécate entre les mains, et je me décide donc à le lire. L'histoire se déroule en terre étrangère, sous le soleil brûlant de la Tunisie et sous fond de présence coloniale, elle tourne autour d'un couple adultère formé d'un banal fonctionnaire banquier, manquant singulièrement d'épaisseur et de profondeur ( il se pose d'ailleurs presque comme un narrateur anonyme), et une femme « bien à la main », Clotilde, qui semble bien plus complexe et dangereuse qu'elle n'y paraît. Entre eux, tout n'est pratiquement que sexe, ce qui plaît à notre homme au départ, avant que celui-ci n'en soit complètement terrifié. Je n'en suis qu'au début, mais je trouve déjà l'écriture très fluide, sobre et extrêmement élégante. Le chapitre 7 « Rien ne s'apprend plus vite, en terre d'Afrique, que l'art de se laisser vivre. Clotilde m'instruisait à accepter sans agacement le décalage des heures de travail, l'anarchie d'un commerce ouvert jour et nuit, ce désordre organique qu'est l'Orient. Les moments que je passais à caresser ses cheveux qui avaient l'odeur et la rouille violette de l'héliotrope, sa peau blonde qui ne prenait pas le soleil, s'allongeaient insensiblement. J'allai moins régulièrement à mon bureau, où d'ailleurs il ne se passait rien ; j'acceptai même que mon drogman m'apportât chez Clotilde le courrier que je signais, étendu sur une de ces ottomanes de harem, en paille comprimée, tendue de damas jaune. De la part de Clotilde, jamais un reproche, une critique, une moue, une fâcherie, une question inopportune ; elle ne croyait pas que, pour s'être donnée, elle avait acquis, du jour au lendemain, des droits sur mes cravates, mon passé, mon avenir, ma correspondance ou mes week-ends. Femme idéale, bien à la main, à la fois compagnie et compagne, amante et amie, dame et maîtresse, toujours libre, jamais pesante, avec cette suave indifférence et cet heureux équilibre si agréable chez les égoïstes. » |
| | | GrandGousierGuerin Sage de la littérature
Messages : 2669 Inscription le : 02/03/2013
| Sujet: Re: Paul Morand Lun 1 Juil 2013 - 16:00 | |
| Merci Crysta ... Comptes-tu nous faire part de tes impressions au fur et à mesure de ta lecture ? Pour ma part, je serais preneur de commenaires pris sur le vif, selon l'humeur ... Fais comme tu veux ... Ce que tu produis pour l'instant me plait bien, donc si tu continues ... | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Paul Morand Lun 1 Juil 2013 - 16:32 | |
| Cela se lit tellement facilement que je le finirai très vite.
Je donnerai bien entendu mes impressions, qui seront sûrement finales.
Tu soulignes un truc intéressant car parler d'un livre quand la lecture est en cours et quand la lecture est terminée offre des points de vue souvent très différents.
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| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Paul Morand Dim 7 Juil 2013 - 19:45 | |
| L'idylle amoureuse entre Clotilde et son amant est toujours plus torride, nul sentimentalisme romantique dans cette histoire de corps. La femme est éreintante et bien plus complexe qu'elle ne le semblait au départ. chapitre 19 Ces bonnes manières n'empêchaient pas ma maîtresse de m'aimer. Il y en a toujours l'un des deux qui aime plus que l'autre ou, du moins, qui aime le premier ; c'était elle ; et je le dis aujourd'hui sans vanité, parce que cela le fut. Et parce qu'ensuite, ce fut le contraire. Ce chassé-croisé a été mon drame. J'avais du muscle en amour ; comme les Musulmans faisaient leur prière le matin, à midi et le soir, nous faisions les nôtres sur le même rythme, et le chant du muezzin, seul moment où la voix arabe ne soit pas rauque et où monte le magnifique appel vers un ciel sourd, accompagnait souvent nos terrestres cris. Je m'endormais après cette bonne séance de culture physique ; la chose finie, je n'y pensais plus.Tout le drame du narrateur est en fait de ne pas penser, l'amour étant également un art cérébral. On sent l'inquiétude pointer, Clotilde s'avère dangereuse, monstrueuse même. A ce stade de la lecture, le lecteur est à la fois très curieux d'en savoir plus et avance à reculons par "crainte" de faire une horrible découverte. Il est comme le narrateur, on veut continuer à l'aimer (le lecteur masculin dira plus volontiers "fantasmer" je pense) alors on préfèrerait ne pas savoir. |
| | | GrandGousierGuerin Sage de la littérature
Messages : 2669 Inscription le : 02/03/2013
| Sujet: Re: Paul Morand Sam 21 Nov 2015 - 21:48 | |
| L’homme presséPierre Niox est un homme pressé. On pourrait même dire qu’il cristallise en lui cette urgence et mérite amplement de remplacer l’article indéfini par son alter-ego défini. Antiquaire parisien, il parcourt le monde à la recherche de minuscules objets datant de l’antiquité ou au plus du haut Moyen-Age. Mais il ne lambine pas, il court, court et ne sait pas s’arrêter … En visite, il est bien souvent au milieu de la pièce alors que la sonnette d’entrée vient tout juste de retentir. Pour s’habiller, il se chronomètre pour améliorer son temps dans des gesticulations et une célérité qui n’auraient rien à envier au célèbre artiste Arturo Brachetti… En tout, il faut donc gagner du temps : il faut donc conduire vite, manger tous les plats en même temps au restaurant et ne pas perdre de temps dans des tâches aussi dispendieuses que la lessive, le rangement. Comme vous pouvez l’imaginer, cet empressement déborde sur sa vie sociale et amoureuse. Comme par hasard, son entourage se révèle être lent ou au mieux posé, ce qui suscite un ouragan d’impatience et d’exaspération de la part de Pierre Niox. La plupart n’y résiste pas : Niox agit comme une force centrifuge qui rejette loin tout ceux qui pourrait ou souhaiteraient interagir avec lui …. Et sa vie sentimentale ne fait pas exception, bien au contraire ! Ainsi il demande la main de sa future femme dès le premier soir et ne reprend contact avant des semaines. Une fois mariée, sa femme en attente des joies promises de l’alcôve se réveille quelque peu désenchantée par le trop grand empressement de son mari. Une fois enceinte, Pierre souhaite à tout prix connaître le sexe de l’enfant et même déclencher l’accouchement car il trouve que cet enfant ne vient pas assez vite. Proche de la caricature, ce portrait de l’homme pressé se révèle au final assez amusant avec un style riche comme toute œuvre littéraire se le devait à l’époque. J’ai tout de même ressenti un léger fléchissement an milieu de ma lecture : le cycle des situations où l’homme pressé passait comme un ouragan déjà bien établi, j’ai apprécié lorsque le récit s’est infléchi sur sa vie maritale et surtout ses réactions de futur père. La fin en soi est assez prévisible et se donne au final des allures de conte philosophique Morand a été l’un de ceux qui a exercé une certaine influence sur le groupe des Hussards. Ayant lu dernièrement Les enfants tristes de Roger Nimier, figure de proue du mouvement et émule de Morand, on ne peut s’empêcher de comparer les deux ouvrages. Chacun porte des thèmes comme la vitesse, la vie bourgeoise, l’attractivité de l’Amérique, le cynisme … Morand a écrit son roman en 41 et Nimier en 51. Si Morand donne à son roman des allures quasi comiques et ironiques, Nimier, comme le titre de roman le laisse imaginer, ne joue pas du tout dans ce registre et a produit une œuvre bien plus cynique. Au final, les deux auteurs arrivent au même constat, démontrant qu’une vie où obtenir plus, aller plus vite, plus loin, plus haut ne mène qu’à l’échec, à la déception : … Si le héros de Morand s’éteint comme une chandelle qu’on aurait oublié d’éteindre, d’avoir trop consommé, celui de Nimier finit sa trajectoire en pleine vitesse dans un accident de voiture… Nimier pousse le propos plus loin : cette vie trépidante vous consume de l’intérieur comme chez Morand mais elle n’est aussi et surtout qu’une illusion dévastatrice. Chez Morand, la vitesse semble intimement reliée à Niox qui ne peut ni ne veut y échapper alors que chez Nimier, on cherche à s’y perdre et à repousser ses limites … Pour compléter la filiation, il me faudra lire Chardonne … Et comme Sagan (du moins Françoise, pour Carl, c’est déjà dans la PAL) explore des thèmes proches à ces deux auteurs, il serait intéressant d’y voir cette expression sous la plume d’une femme. | |
| | | shanidar Abeille bibliophile
Messages : 10518 Inscription le : 31/03/2010
| Sujet: Re: Paul Morand Dim 22 Nov 2015 - 10:11 | |
| Merci pour ce commentaire GGG, j'ai lu L'homme pressé il y a quelques années parce que ce livre trainait depuis une éternité sur une étagère, j'y allais donc un peu à reculons pour finalement trouver très attachante cette fable sur la rapidité, la vitesse, ce qui caractérise le début du XXème siècle...
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| | | GrandGousierGuerin Sage de la littérature
Messages : 2669 Inscription le : 02/03/2013
| Sujet: Re: Paul Morand Dim 22 Nov 2015 - 20:19 | |
| - shanidar a écrit:
- Merci pour ce commentaire GGG, j'ai lu L'homme pressé il y a quelques années parce que ce livre trainait depuis une éternité sur une étagère, j'y allais donc un peu à reculons pour finalement trouver très attachante cette fable sur la rapidité, la vitesse, ce qui caractérise le début du XXème siècle...
J'ai été moi-même surpris du ton léger de ce roman ... Cela se lit vite aussi | |
| | | colimasson Abeille bibliophile
Messages : 16258 Inscription le : 28/06/2010 Age : 33 Localisation : Thonon
| Sujet: Re: Paul Morand Dim 22 Nov 2015 - 23:04 | |
| ça prend combien de temps pour le lire ? | |
| | | GrandGousierGuerin Sage de la littérature
Messages : 2669 Inscription le : 02/03/2013
| Sujet: Re: Paul Morand Lun 23 Nov 2015 - 22:01 | |
| - colimasson a écrit:
- ça prend combien de temps pour le lire ?
Tout dépend de ta vitesse de lecture qui ne tient sûrement pas du colimaçon ! Environ 250 pages en tout cas ... | |
| | | pia Zen littéraire
Messages : 6473 Inscription le : 04/08/2013 Age : 56 Localisation : Entre Paris et Utrecht
| Sujet: Re: Paul Morand Mer 25 Nov 2015 - 9:56 | |
| Merci pour ton commentaire GGG. On peut toujours le lire en mangeant et en écoutant le journal! | |
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| Sujet: Re: Paul Morand | |
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| | | | Paul Morand | |
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