Antoine Furetière

Citation :

Antoine Furetière, né le 28 décembre 1619 à Paris où il est mort le 14 mai 1688, est un homme d'Église, poète, fabuliste, romancier et lexicographe français.

Biographie

Né dans une famille de la petite bourgeoisie parisienne le 28 décembre 1619, Furetière se destine de prime abord à une carrière dans le droit tout en s'intéressant vivement à l'histoire antique et aux langues orientales.

Il est reçu au barreau de Paris en 1645 et s'achète une charge de procureur fiscal auprès de l'abbaye de Saint-Germain-des-Prés, ce qui le conduit rapidement à vouloir entrer dans les ordres. En 1662, il est nommé abbé de Chalivoy, dans le diocèse de Bourges et prieur de Chuisnes.

Parallèlement, il s'intéresse à la littérature et publie des romans, des fables et des poésies, ce qui lui vaut l'attention de l'Académie française, dont il est élu membre en 1662.
source: wikipedia

Le roman bourgeois

Furetière est une personnalité remuante et cinglante.
D'abord, parce qu'il a rédigé, tout seul, une encyclopédie, et ce, dans le dos de ses collègues Académiciens. S'ensuivit une sacrée tourmente...
Ensuite, parce qu'il n'a cessé de se fâcher avec son entourage. Notamment avec Jean de La Fontaine.
Enfin, parce que c'est un novateur, un peu solitaire dans sa démarche, avec ce roman particulier, au titre malvenu puisque ce n'est pas un roman !

Disons qu'il y a une petite trame : en gros, les amours de Javotte, Nicodème et quelques autres. Mais ce n'est pas le but de l'ouvrage.

Celui-ci est satirique.

D'abord, et pour rebondir sur l'intrigue, AF se moque des écrivains de son temps, ceux qui dominent dans le genre héroïque (genre Mlle de Scudéry), avec des histoires d'amour à rebondissements, aux longueurs oiseuses (selon lui) et aux tirades fatigantes.

Ensuite, l'auteur règle son compte à la société du moment, en priorité à cette classe émergente qu'est la bourgeoisie, qui n'a pas le savoir-vivre de l'élite aristocratique mais prétend la singer. Du coup, l'auteur dénonce son comportement vaniteux, pompeux, précieux et donc vide. On assiste à des dialogues mondains, pseudo-littéraires, plutôt savoureux.

On est donc un peu dans l'esprit de Molière, avec la distance d'un La Rochefoucauld.
Je trouve aussi qu'il possède la verve d'un Laurence Sterne, avec une façon très vivante d'apostropher régulièrement le lecteur (je ne sais pas vous, mais j'adore ce procédé !).

Son ouvrage est un peu une suite d'idées, de portraits, de scènes et se présente donc comme décousu à qui ne fait pas l'effort de comprendre que c'est précisément en cela que Furetière innove.

A mon sens, cette oeuvre compte pour l'histoire littéraire. Elle ne sera pas comprise du vivant de l'auteur (il en vendra peu), mais sera bien digérée par le 18è siècle, toujours friand d'originalité.

A réserver aux puristes car la langue est sublime.

tina a écrit:

A mon sens, cette oeuvre compte pour l'histoire littéraire. Elle ne sera pas comprise du vivant de l'auteur (il en vendra peu), mais sera bien digérée par le 18è siècle, toujours friand d'originalité.

A réserver aux puristes car la langue est sublime.

Lien vers le texte : http://fr.wikisource.org/wiki/Le_Roman_bourgeois

Citation :

Je chante les amours et les advantures de plusieurs bourgeois de Paris, de l’un et de l’autre sexe ; et ce qui est de plus merveilleux, c’est que je les chante, et si je ne sçay pas la musique. Mais puisqu’un roman n’est rien qu’une poésie en prose, je croirois mal débuter si je ne suivois l’exemple de mes maistres, et si je faisois un autre exorde : car, depuis que feu Virgile a chanté Ænée et ses armes, et que le Tasse, de poëtique memoire, a distingué son ouvrage par chants, leurs successeurs, qui n’estoient pas meilleurs musiciens que moy, ont tous repeté la mesme chanson, et ont commencé d’entonner sur la mesme notte.

Ah oui !
Je comprends mieux ta remarque.

A noter que folio a modernisé la langue, sans en altérer la saveur.